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Ceux qui recommandent de faire mordre des sangsues sur le périnée, sur le scrotum lorsque le scrotum ou les testicules sont enflammés, ou le long du canal de l'urètre, sur les parois internes de la vulve, sur les bords de l'orifice extrême de l'urètre ou sur le prépuce enflammés par quelque cause que ce soit, ou malades sans être enflammés, ignorent que les morsures de ces insectes rendent ces organes plus malades, ou en augmentent l'inflammation souvent jusqu'à y déterminer la suppuration et quelquefois la gangrène : au lieu de les appliquer sur ces parties, il faut placer les sangsues aux bras. Si le praticien s'opiniâtre à mettre les sangsues à la vulve ou aux bords de l'orifice externe de l'urètre, qu'il les fixe contre une de ces parties. par le moyen d'un cylindre creux pendant la morsure et la succion; il s'opposera de cette manière à leur entrée dans le vagin, dans le canal de l'urètre ou dans l'anus..

L'application des sangsues aux extrémités inférieures est celle que les praticiens observateurs mettent le plus souvent en usage ; ils la prescrivent ordinairement à la face interne et supérieure de la cuisse; les téguments y sont minces, souples, les veines petites, nombreuses

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et superficielles : quelquefois les sangsues refusent d'y mordre, lorsque l'espèce d'humeur transpiratoire qui s'exhale continuellement proche du scrotum ou des grandes lèvres a beaucoup d'acrimonie et une odeur forte; alors il faut appliquer les sangsues indifféremment le long de la face interne de la cuisse : éloignezles de l'aine ou des environs, crainte qu'elles n'y entament la veine crurale externe, de petites artérioles, ou des rameaux nerveux, et qu'elles ne causent par-là une inflammation plus moins susceptible de s'étendre sur la cuisse: ne les placez sur la face antérieure externe ou postérieure de la cuisse, dont les téguments sont épais et les vaisseaux veineux, petits et profonds, que lorsque l'humeur rhumatismale affecte depuis long-temps le muscle et l'aponévrose du fascia lata, les muscles antérieurs, externes ou postérieurs de la cuisse; lorsqu'il est nécessaire d'augmenter la sensibilité et l'irritabilité de ces parties; lorsqu'il importe d'y rappeler une humeur dartreuse ou une autre espèce d'humeur morbifique, enfin lorsque les vaisseaux veineux de l'intérieur de la cuisse sont variqueux ou qu'ils donnent trop de sang.

Les praticiens qui font mordre des sangsues

à la face interne des jambes et sur les malléoles obtiennent certainement une prompte morsure des veines, une forte succion et une abondante évacuation de sang; mais ils s'exposent souvent à voir les morsures s'enflammer et suppurer, particulièrement si le malade est âgé, dartreux ou scrofuleux, cacochime, ou affecté de varices ou d'ulcères aux jambes, s'il mène une vie trop sédentaire, s'il a naturellement les jambes gorgées de sang ou démateuses, et s'il exerce un métier qui le tienne assis, les jambes toujours pendantes ou dans un mouvement presque continuel.

Le praticien exige-t-il qu'on fasse mordre les sangsues à la jambe, appliquez-les sur la face moyenne et externe ou sur le gras de la jambe; prenez garde qu'elles ne mordent au jarret, elles peuvent y intéresser des veines considérables, ou des artérioles, ou des branches nerveuses, y faire naître une vive dou leur, une forte inflammation et une suppuration de très longue durée.

Précautions pour faire mordre les

sangsues.

Les précautions à prendre à l'égard des sang

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sues pour les faire mordre promptement à l'endroit indiqué se réduisent, 1° à se pourvoir de sangsues de moyenne grosseur, moyenne grosseur, très vigoureuses, retirées depuis peu de temps des étangs ou des marais, ou conservées dans des bocaux remplis d'eau pure souvent renouvelée ; 2° à les appliquer aussitôt après les avoir sorties du bocal; 3° à les contenir sur l'endroit où on veut les faire mordre par le moyen d'un vase de verre ou de terre cuite, d'une forme semblable à celle d'un verre à boire; à l'appuyer avec assez de force contre les téguments pour empêcher les sangsues de passer entre les bords du vase et la peau. Une multitude de praticiens est en usage de mettre les sangsues à sec pendant plusieurs heures dans un vase; ils prétendent qu'elles mordent avec plus de force et de promptitude que si on les appliquoit au sortir de l'eau ; l'expérience prouve le contraire; elles mordent et sucent toujours avec plus de lenteur c'est lorsqu'elles restent douze ou vingt-quatre heures dans un bocal à sec qu'on s'aperçoit plus sensiblement de la diminution de leurs forces pour mordre

et sucer.

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Ayez encore la précaution de vous munir

d'un plus grand nombre de sangsues qu'on ne se propose d'en appliquer : car sur douze sangsues qu'on croit voraces et fortes, il ne s'en trouve ordinairement que dix ou onze qui mordent et sucent avec activité : pour lors il faut remplacer les sangsues impuissantes par autant de vigoureuses.

Dès que la peau est préparée, appliquez-y le vase où sont renfermées les sangsues; maintenez-le en situation jusqu'à ce qu'elles aient toutes mordu et sucé quelque temps, alors soulevez doucement le vase et détachez de ses parois l'extrémité de la queue de chaque sangsue qui y adhère, portez ensuite vers les parties voisines de la morsure cette extrémité pour qu'elle adhère à une portion des téguments, et que la sangsue puisse sucer tranquillement, ce qu'elle fera jusqu'à ce qu'elle soit gorgée de sang: alors évitez de la troubler et de l'irriter; au bout de trois quarts d'heure, d'une heure, deux heures pour le plus tard, comme nous Pavons déjà rapporté, elle se détache et tombe.

N'appliquez point les sangsues les unes après fes autres, excepté proche des ouvertures où Fon craint qu'elles ne pénètrent; en les faisant

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