Images de page
PDF
ePub

malade, fatigués de la longueur de la succion et de la douleur qu'elle cause, arrachent la sangsue de vive force: comme cette extraction violente produit une vive douleur, et qu'elle est fréquemment accompagnée d'une inflammation plus forte que lorsque la sangsue se détache naturellement, on a prétendu prétendu qu'on devoit attribuer cette grande inflammation, ainsi que nous l'avons déjà dit, aux dents de la sangsue restées dans la plaie, et que la présence des dents dans la plaie rendoit aussi l'hémorragie plus forte.

L'expérience et l'observation nous ont prouvé que les sangsues fortement attachées aux téguments et arrachées avec violence ont toujours conservé leurs dents intactes, et que l'hémorragie n'étoit pas plus abondante que si la sangsue étoit tombée d'elle-même ; ce n'est pas que les sangsues ne fassent de grands efforts pour résister avec les lèvres à la force qu'on emploie pour les séparer des téguments. Cette extraction que plusieurs tentent afin d'exciter une inflammation plus considérable dans la partie mordue est très rarement avantageuse.

Pour retarder la chute de la sangsue, laissezla libre de faire ses volontés,ne l'abandonnez

pas à son propre poids lorsqu'elle est gorgée de sang et que le disque n'adhère à aucune partie; faites-la reposer sur un corps solide et incapable de l'irriter; c'est particulièrement vers le milieu du temps employé pour la succion qu'il faut, autant qu'il est possible, se garder de toucher la sangsue ou de l'exposer à l'action des corps qui lui sont nuisibles.

Moyens pour faire écouler des morsures des sangsues une plus grande quantité de sang.

Après la chute de la sangsue il est assez commun de voir le sang cesser de couler, ou s'échapper avec peine ou en petite quantité, au moment où il seroit nécessaire qu'il sortît abondamment; cela peut provenir, soit de la petitesse du vaisseau, soit de la trop prompte coagulation du sang, soit enfin de la trop grande sensibilité et irritabilité de la partie mordue.

Le sang s'écoule-t-il avec peine, et croiton que cela dépende de la petitesse du vaisseau ou de celle de la morsure, ou bien de toute autre cause qui ne peut tomber sous les sens, lavez d'abord la plaie avec de l'eau chaude,

ou exposez-la à la vapeur de l'eau bouillante; la ventouse mise sur l'endroit où sont les morsures quelquefois fait couler le sang en plus grande quantité. Si vous ne voyez pas le sang sortir plus abondamment, faites aussitôt mordre de nouvelles sangsues; les autres moyens que vous emploieriez pour augmenter la quantité de sang vous feroient perdre un temps précieux.

Le sang se coagule-t-il trop promptement, lavez sans cesse les morsures avec de l'eau chaude, faites en même temps recevoir sur la partie mordue la vapeur de l'eau bouillante; un instant d'interruption est souvent cause que le sang se coagule dans la plaie de manière que les lotions et les frictions les plus fortes ne peuvent détacher le caillot. On conseille, pour empêcher le caillot de se former, et pour accélérer le cours du sang, d'approcher de l'endroit mordu un grand nombre de bougies allumées ou un corps solide d'une grande chaleur ces moyens ne l'emportent point sur les lotions et les frictions continuelles avec l'eau chaude, qui doivent elles-mêmes, en cas d'insuffisance, être suppléées promptement par Papplication des ventouses sur les morsuresce nie

Quelques uns prescrivent de faire, sur la partie mordue et aux environs, de longues et fortes frictions sèches avec des linges ou des étoffes de laine aussi chauds qu'il est possible; ces frictions irritent, et enflamment pour l'ordinaire sans rétablir l'hémorragie ou sans l'ac'croître. Plusieurs font frotter avec force les environs de la partie mordue, et même les plaies, avec de l'eau chaude, tenant en suspension plus ou moins de moutarde pulvérisée : la moutarde irrite et enflamme tellement qu'elle arrête l'hémorragie plutôt qu'elle ne l'augmente. Certains emploient les ligatures au-dessus de la partie mordue après la chute des sangsues mises aux bras ou aux extrémités inférieures; très rarement ils obtiennent une plus grande évacuation de sang ou le renouvellement de l'hémorragie. Parmi ces derniers moyens, préférez l'application des ventouses; elles sont ordinairement avantageuses pour favoriser et accroître l'évacuation sanguine quand le sang n'est pas coagulé dans la plaie; elles rendent en même temps la dérivation et la révulsion plus fortes et plus promptes.

Les praticiens, qui font continuellement recevoir sur les morsures et sur les environs la

vapeur de l'eau bouillante, doivent être imités; cette vapeur irrite et enflamme moins que les frictions et les ventouses sur la partie mordue, telles que les hémorroïdes, les bords de l'anus, etc. Il est des circonstances où l'on retire de grands avantages de l'immersion dans l'eau chaude de la partie mordue et des environs; par exemple, aussitôt après la succion des sangsues aux bras, aux cuisses ou aux pieds, plongez-les dans l'eau chaude, faites des frictions douces et continuelles sur les plaies pendant tout le temps du bain, vous empêcherez le caillot de se former; les frictions sont inutiles si le sang n'est pas disposé à se coaguler; entretenez la chaleur de l'eau au même degré tant que le sang coule facilement; augmentez la chaleur dès que vous verrez l'écoulement se ralentir et diminuer.

L'accroissement de la sensibilité et de l'irritabilité par les morsures des sangsues diminuet-il ou suspend-il le cours du sang, faites prendre, lorsque les sangsues ont été appliquées aux extrémités inférieures, ou aux bords de l'anus ou aux environs, un bain jusqu'à la région épigastrique, d'une douce chaleur et d'aussi longue durée qu'il faut pour soutenir l'hémorragie. Le

,

« PrécédentContinuer »