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les espèces de maladies inflammatoires où la saignée est indiquée, s'attachent plus à la qualité du sang évacué qu'au pouls, à la respiration et aux forces musculaires: dès la première saignée par les sangsues, si le sang est couenneux, ils répètent la saignée jusqu'à ce que la couenne disparoisse, à moins que les saignées multipliées n'abattent les forces musculaires au point de troubler entièrement le travail de la nature. Quelques uns d'eux, moins entichés de leur opinion, recommandent de ne pas faire de nouvelles applications de sangsues, lorsque le troisième jour on commence à s'apercevoir de la diminution de la couenne.

Ne regardez jamais la présence de la couenne dans le sang tiré par les sangsues ou par la lancette comme un signe qui annonce la nécessité de saigner encore!

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Premièrement l'espèce de maladie inflammatoire où l'on fait ordinairement mordre les sangsues ne présente pas toujours un sang couenneux; souvent le premier jour le sang n'offre point de couenne, les jours suivants la couenne paroît et elle augmente à mesure qu'on réitère la saignée jusqu'au quatrième, cinquième jour et même au-delà, quelquefois le sang n'est point couen

neux pendant tout le cours de la maladie : communément la couenne, malgré les saignées répétées, varie chaque jour de la maladie, pour la densité, l'épaisseur et la couleur; fréquemment le sang est couenneux le premier, le second, le troisième et quatrième jour; le cinquième jour la couenne diminue, rarement elle disparoît.

Secondement la couenne n'est pas seulement propre aux maladies inflammatoires, mais encore elle s'observe souvent dans des maladies qui n'ont rien d'inflammatoire, telles que plusieurs espèces d'hydropisie, le rhumatisme chronique, l'asthme séreux ou pituiteux, etc.

En troisième lieu la couenne est d'ordinaire plus considérable dans les maladies inflammatoires violentes, même quand il n'y a pas surabondance de sang, que dans les maladies inflammatoires légères.

En général les divers degrés d'épaisseur et de densité de la couenne peuvent quelquefois servir à reconnoître la violence et le danger plus ou moins grands de la maladie inflammatoire; mais ils sont incapables de contribuer à fixer la quantité de sang qu'il faut évacuer à chaque saignée et en total. Il y a donc de l'entêtement à soutenir que la couenne, dont on

ignore absolument les principes constituants, doive servir de boussole pour laisser évacuer des morsures des sangsues plus ou moins de sang, soit dans les maladies inflammatoires soit dans les autres espèces de maladies.

Moyen d'arrêter le trop de sang qui s'écoule des morsures des sangsues.

Après la chute des sangsues, le sang qui s'écoule des morsures, ou s'arrête de lui-même, ou il faut suspendre son cours dès que l'évacuation sanguine commence à devenir trop abondante on emploie pour cela différents topiques; les plus usités sont l'agaric de chêne préparé, l'amadou, le lycoperdon, le linge brûlé, la térébenthine, la colophane, la poussière de tan, le vinaigre, les feuilles fraîches de grande ortie broyées, la charpie râpée et imbibée d'esprit-de-vin, soutenus par des compresses graduées et par un bandage contentif.

On se sert aussi de l'alun, du vitriol vert, du vitriol bleu, du vitriol blanc, du colcotar; mais il ne faut recourir à ces dernières substances que dans les hémorragies qui résistent aux topiques ci-dessus.

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Il est facile d'arrêter le sang qui sort d'une veine petite et superficielle, soit aux bras, soit aux extrémités inférieures; après avoir lavé avec de l'eau fraîche la partie mordue, on applique à l'instant sur chaque morsure un morceau d'agaric de chêne sur lequel on met de petites compresses graduées et un bandage contentif. Si la veine est grande, comprimez-la plus que la veine d'un petit diamètre, et si la sangsue a entamé un artériole, faites la compression encore plus forte avec le bandage contentif.

Ne peut-on se procurer de l'agaric, substituez-y l'amadou, et de préférence le linge brûlé, dont on forme de petites boules bien serrées ; appliquez-en une sur chaque morsure, maintenez-les avec de petites compresses graduées et le bandage contentif. Quelques uns introduisent dans la morsure de la térébenthine; mais ce topique ne réussit pas aussi souvent que les précédents.

L'hémorragie continue-t-elle malgré l'application de ces substances, ayez recours au colcotar, à l'alun, au vitriol vert, ou bleu, ou blanc, réduits en poudre subtile; renfermez une de ces poudres dans un petit nouet de charpie; donnez-lui une forme ronde, appli

quez un de ces boutons sur chaque ouverture, et comprimez-les avec les doigts jusqu'à ce que le sang soit arrêté; dès-lors substituez aux doigts les compresses graduées et le bandage contentif. C'est ainsi qu'il faut se comporter pour l'ouverture de la veine jugulaire externe, quand l'agaric de chêne fortement comprimé avec le doigt n'a pu suspendre l'hémorragie. Ceux qui emploient les compresses graduées et le bandage contentif doivent toujours craindre de trop comprimer le larynx ou la trachée-artère, les veines jugulaires et les artères carotides; ils éviteront les accidents graves qui résultent d'une forte compression, en faisant continuellement comprimer le bouton astringent avec les doigts par des serviteurs intelligents; l'hémorragie étant parfaitement arrêtée, appliquez sur le bouton de petites compresses graduées que vous comprimerez légèrement avec le bandage contentif. Lorsque l'hémorragie de la veine jugulaire externe ne cède à aucun de ces topiques, tentez, comme dernière ressource, de dilater avec la lancette la portion des téguments qui environne la morsure et forme ses bords; ensuite appliquez immédiatement sur l'ouverture de la veine le bouton de vitriol

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