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constance: elles dilatent, dit-on, leurs lèvres, font avancer la bouche, écartent les dents saisissent l'aliment, et l'avalent en rapprochant les dents. Je n'ai jamais Je n'ai jamais vu naître des sangsues dans des bocaux de verre quelque attention que j'aie apportée, ni observé des sangsues saisir avec leur bouche des substances nutritives différentes du sang, et les avaler ; enfin jamais je n'ai remarqué dans les estomacs des sangsues d'autres substances nutritives que du sang.

Jetez dans l'eau pure une sangsue dont vous aurez coupé les lèvres, la bouche, les dents et l'extrémité postérieure ; renouvelez l'eau tous les deux ou trois jours, au bout de huit mois la sangsue aura à peine diminuéde volume; ses mouvemens seront presque aussi prompts et aussi forts qu'avant d'être mutilée; cependant il est comme démontré qu'elle n'a pris ni avalé aucune substance nutritive, et que l'eau avalée, ou passée des vaisseaux absorbans des tégumens dans les grands vaisseaux sanguins, est incapable de la nourrir.

De la digestion.

La digestion est le changement du sang:

contenu dans les estomacs de la sangsue, en matière réparatrice, et en matière excrémentielle.

La digestion est très longue, et présente plusieurs phénomènes qu'on a cherché vainement à expliquer.

La sangsue, aussitôt après avoir satisfait son appétit, détache ses lèvres et tombe. A-t-elle avalé beaucoup de sang, et l'a-t-on mise dans un bocal rempli d'eau pure? elle reste quelque temps à ne faire que des mouvemens légers, et elle vomit plus ou moins de sang. En a-t-elle sucé une trop grande quantité? ordinairement elle meurt de réplétion, à moins qu'elle ne vomisse une partie du sang renfermé dans ses estomacs. Si on l'expose sur des cendres chaudes, elle rend beaucoup de sang par la bouche, et, étant jetée dans l'eau pure souvent renouvelée, elle reprend en peu de temps sa première vigueur et digère tranquillement le reste du sang.

Lorsque la sangsue n'a pris qu'une médiocre quantité de sang, elle le conserve ou elle en vomit très peu ; les premiers jours elle ne fait que des mouvemens lents, ensuite ils deviennent par degrés aussi rapides que chez les sang

,

sues effamées depuis deux ou trois mois. Cette sangsue peut vivre pendant trois ou quatre ans et même au delà, sans sucer du sang, pourvu qu'on ait soin de changer l'eau pure où elle est contenue tous les deux ou trois jours; au bout d'un an, on s'aperçoit sensiblement qu'elle diminue de volume; la seconde et la troisième année, elle paroît beaucoup plus petite; elle reste long-temps dans un parfait repos, et se meut plus lentement. Pendant ces trois années, elle rend la bouche et par la surface de la peau des matières muqueuses plus ou moins transparentes, et par l'anus une matière brune ou noirâtre, sous forme d'un fil qui se contourne à mesure qu'il sort; mais ces déjections sont rares et peu abondantes, et elles sont d'autant plus foncées, que la sangsue n'a pas avalé de sang depuis long-temps.

par

Lorsque la sangsue gorgée de sang vomit sans être irritée, elle ne fait pas de mouvemens violens; mais la place-t-on sur des cendres; elle s'agite, et par intervalles, se raccourcit.

Ouvrez une sangsue deux ou trois mois après s'être remplie de sang, on trouve dans ses estomacs un sang fluide d'un rouge vif, et dans le grand conduit excrémentiel une médiocre

pre

quantité de matière brune. Faites l'ouverture des sangsues affamées depuis un an, les miers estomacs contiennent beaucoup moins de sang; il n'a pas autant de fluidité; il est d'une couleur plus foncée, particulièrement dans les derniers estomacs, et le grand conduit excrémentiel renferme davantage de matière excrémentielle. Vers la fin de la seconde année et principalement de la troisième, les estomacs contiennent très peu de sang, particulièrement les premiers; il a une couleur foncée; il est plutôt épais que fluide, et quelquefois celui qui est contenu dans les derniers estomacs donne une odeur fétide.

Les sangsues ont beau être affamées et renfermées depuis long-temps dans un bocal dont l'eau est souvent renouvelée, on ne trouve jamais dans le canal alimentaire et dans les estomacs ni eau, ni aucune autre espèce de substance nutritive que le sang.

Le canal alimentaire, situé depuis la bouche jusqu'à l'extrémité de la queue, proche de l'anus, reçoit et fait passer le sang avalé dans les estomacs, où il est conservé pour être changé en matière réparatrice et excrémentielle'; il jouit de plusieurs mouvemens; l'un contribué

à faire couler le sang de la bouche dans toute la longueur du canal; l'autre détermine le passage du sang dans les estomacs; de troisième tend à faire rejeter par la bouche le sang expulsé des estomacs. Ces mouvemens du canal alimentaire sont en partie exécutés par sa tunique musculeuse; ils sont partiels ou généraux. Par la contraction partielle des fibres circulaires de la tunique musculeuse, à commencer du côté de la bouche, le sang marche de l'extrémité antérieure du canal alimentaire vers son extrémité postérieure ; et par la contraction générale de la tunique musculeuse de ce canal, le sang passe dans les estomacs.

Le sang, quoique renfermé dans les estomacs, y est mis en mouvement par la tunique musculeuse circulaire propre à chacun des estomacs, et située entre les deux membranes qui les composent et qui ne sont qu'un repli de la tunique interne du canal alimentaire. Ce sang est encore agité toutes les fois que la tunique musculaire cutanée fait exécuter au corps diffé rens mouvemens: ces mouvemens, quelque doux qu'ils soient, peuvent contribuer à maintenir la fluidité du sang; réunissez à cet effet la douce chaleur dont le sang jouit dans les