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l'air. Cesse-t-on de faire mouvoir les pistons, malgré que le vide se soutienne presque au même degré, la plupart des sangsues se jettent à l'eau et y exécutent les mêmes mouvements que la sangsue renfermée dans un bocal dont l'eau est exposée à l'action de l'air libre. Si depuis le second jour jusqu'au douzième on maintient le vide dans le récipient autant qu'il est possible, les sangsues paroissent jouir d'une bonne santé; seulement toutes les fois qu'on fait un plus grand vide, elles portent leur tête et une partie de leur corps hors de l'eau, sans donner de nouvelles bulles d'air. Mettez ces sangsues dans l'eau pure, que vous exposerez à l'action de l'air libre, elles auront presquela même force pour mordre un vaisseau sanguin que les sangsues les plus vigoureuses.

Les sangsues mises à sec sous le récipient de la machine pneumatique, donnent le premier jour, par les pores de la peau, plus ou moins de sérosité muqueuse, accompagnée de quelques bulles d'air de peu de durée à la surface de la peau; elles s'agitent, s'alongent, se replient et exécutent plusieurs autres mouvements. Le second jour, lorsqu'on fait le vide plus parfait, elles rendent par la bouche un

peu de sang et de mucosité, et par la peau très peu de bulles d'air, elles se meuvent à peine. Le quatrième et le cinquième jour elles paroissent presque immobiles; ce n'est qu'en faisant le plus grand vide qu'on s'aperçoit d'un léger mouvement. Le sixième, ou le septième jour ordinairement elles meurent; la privation presque entière de l'air extérieur, et celle de l'eau dont elles peuvent encore tirer de l'air non compressible et uni à l'eau, semblent être la cause d'une mort si prompte,

Placez une sangsue dans un bocal rempli d'eau, qu'on fait congeler par degrés, au moment où l'eau est prête à se glacer autour de la sangsue, il s'échappe de son corps une grande quantité de bulles d'air, et il sort par la bouche une matière visqueuse et limpide et un peu de sang: l'air qui sort de la sangsue étoit vraisemblablement renfermé dans des cavités propres aux téguments.

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Renfermez une sangsue dans un bocal rempli d'huile d'olive et bien bouché, elle y meurt sans laisser échapper de son corps des bulles d'air, et sa mort est beaucoup plus prompte que celle de la sangsue mise dans un bocal seulement rempli aux trois quarts d'huile; cette

Y

expérience ne prouve pas que les téguments n'offrent aucun réservoir à l'air extérieur, il y a lieu de croire plutôt que l'huile bouche l'ouverture externe de ces réservoirs, supposé qu'ils existent.

Plongez une sangsue dans de l'eau tenant en solution de l'alkali végétal; avant de mourir elle laisse échapper de son corps beaucoup de bulles d'air: vraisemblablement que la tunique musculaire cutanée en se contractant avec force chasse l'air contenu dans les cavités de la à mesure que leurs ouvertures extérieures se relâchent.

peau

La sangsue dont on a coupé la tête et l'extrémité de la queue, et qu'on conserve dans un bocal rempli d'eau pure, a souvent, dès le second mois, la partie postérieure de son dos couverte de plusieurs bulles d'air retenues plus ou moins de temps par une humeur visqueuse; cette sangsue porte fréquemment hors de l'eau la partie antérieure de son corps, et la fait adhérer aux parois du vase, ainsi que l'extrémité postérieure située dans l'eau. La section de la tête et de l'extrémité de la queue n'empêche point la sangsue de désirer peut-être plus souvent l'air extérieur que la sangsue entière, et

de vivre par l'action de cet air presque autant que cette dernière.

Dans toutes les expériences, on voit ordinairement les bulles d'air se former sur le dos de la sangsue, et plus sur la partie postérieure que sur l'antérieure: je ne me rappelle pas avoir vu sortir des bulles d'air de la surface du ventre.

Toutes ces expériences démontrent bien d'une manière évidente qu'il se trouve de l'air logé dans des conduits et cavités propres aux téguments de la sangsue; que cet air est doué de toutes ses propriétés; qu'il sort à la volonté de la sangsue, et que pour l'ordinaire elle ne le rend involontairement que lorsqu'elle est dans un état de maladie ou prête à expirer; mais la dissection la plus répétée et la plus exacte ne nous a jamais fait découvrir des organes uniquement destinés à recevoir l'air extérieur, à le conserver long-temps et à volonté, et à en absorber une partie avant d'expulser le reste.

L'air extérieur peut pénétrer par la bouche et de là passer dans le canal alimentaire et les estomacs, pour y être en partie décomposé par la chaleur et le mouvement des estomacs. Cet air ainsi décomposé et mêlé avec le sang lai

la

sang

conserve sa fluidité, retarde sa décomposition, et le rend plus propre à réparer ce que sue perd journellement.

Pour obtenir dans les estomacs une substance réparatrice, il faut que le sang y éprouve à l'aide de l'air et de la chaleur une fermentation ou un mouvement intestin particulier; cette substance réparatrice étant formée, les vaisseaux absorbants la transportent dans les vaisseaux sanguins, où elle subit une nouvelle fermentation avant de se changer en fluides réparateurs sécrétoires et excrétoires. Peut-être l'air combiné avec le sang contenu dans les estomacs, et avec celui des vaisseaux sanguins, s'y épuret-il au point de devenir fluide nerveux.

L'air extérieur pénètre encore dans la cavité des mamelons où se filtre l'humeur séreuse muqueuse qui lubrifie la peau. L'air se décompose en grande partie dans ces cavités à mesure qu'il se combine avec d'autres fluides; il est absorbé et transporté dans les vaisseaux sanguins, où il s'unit avec le sang et les autres humeurs pour donner à chacune ses qualités essentielles. L'ou. verture extérieure de chaque mamelon est douée d'un sphincter que la sangsue dilate pour recevoir l'air, qu'elle referme pour le conserver, et

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