OBSERVATIONS SUR LES ECRITS MODERNES TOME TROISIE ME, A PARIS, Chez CHAUBERT, à l'entrée du M. DCC. XXXV. Avec Privilege & Approbation. tion de E fuis entierement plongé Defcrip MONSIEUR, depuis quel- PEmpire ques jours dans la lecture de la d'un Livre auffi agréable & Chine, auffi curieux, qu'il est étendu & important. C'eft la Defcription Géographique, Hiftorique, Chronologique, Politique, Phyfique de l'Empire de la Chine & de la Tartarie Chinoife, par le P. J. B. du Halde de la C. de J. Marco Polo Venitien, qui à la fuite de quelques Tartares, avoit parcouru une partie de la Chine, eft le premier Auteur qui aiɛ écrit fur ce vafte Empire. Mais fon * * A Paris, chez P. G. Le Mercier, Impri meur-Libraire,rue S, Jacques, au Livre d'Or. 2733. in fol. 4, vol. Ajj M180156 * Ouvrage qui parut à la fin du treiziéme fiécle, paffa alors pour un Roman. On ne put s'imaginer en Europe, qu'il y eut à l'extrêmité de l'Afie, & au-delà de tant de pays barbares, une grande Nation polie & fçavante, cultivant les arts & le commerce, & gouvernée par des loix anciennes, auffi fages que celles de Solon, de Licurgue & de Numa. Vers la fin du quinziéme fiécle, plufieurs Européens, & fur-tout de fçavans & zélés Miffionnaires, ayant pénétré dans la Chine dont l'entrée avoit été jufqu'alors fermée à tous les Etrangers, ont connu enfin par leurs relations, que celle de Marco Polo n'étoit point une fable; & on fut très - furpris de voir leur témoignage unanime s'accorder avec celui du voyageur Vénitien, dont jufqu'alors on avoit fait fi peu de cas. Mais en même tems, on paffa à une autre extrêmité. On avoit long-tems refufé d'ajouter foi à un rapport fincere & fidéle: Tout-à-coup on devint crédule à l'excès; un grand nombre de Relations, faites fans difcernement par des Voyageurs mal informés, qui avoient Marco Polo revint de fes voyages l'an $295. à peine féjourné quelques mois à un port de la Chine, pafferent pour des vérités inconteftables, & furent la fource de mille préventions, dont bien des gens font encore aujourd'hui entêtés : par exemple, que l'Hiftoire de la Nation Chinoife remonte au-delà du Déluge, & même de la Création du mon de. Cependant rien n'eft plus faux : fi quelques Chinois ont eu cette idée, elle eft traitée de chimérique par tous les Sçavans de cette Nation, & regardée à peu près comme l'eft parmi nous l'opinion de ceux qui ont écrit que les François defcendent des Troyens, & Pharamond d'Antenor. En général tous les Chinois, méprifant des conjectures qui n'ont aucun appui, s'en tiennent à leur Hiftoire autentique, qui fixe le commencement de leur Empire à Fo-hi leur bonne foi & la droiture de leur jugement leur font même regarder comme très - obscur tout le tems qui s'est écoulé depuis Fo-bi jufqu'à Yao, qui commença à régner l'an 2357. avant Jefus Christ, Quoiqu'il y ait fix Empereurs entre Fohi & Tao, ce n'eft que depuis ce der nier que leur Chronologie leur paroît certaine. |