Images de page
PDF
ePub

Testament, ont fait des rapprochements de mots et des applications inexactes, dans le but de montrer aux Juifs qu'ils voulaient attirer à l'Evangile les nombreuses relations qui existaient entre la prédication nouvelle et l'ancienne loi que les Juifs vénéraient comme divine. Ce sont des faits qu'il faut reconnaître, en en signalant le but et sans y mettre trop d'importance. Voyez Matth. II, 15, comparé avec Osée XI, I; Matth. II, 17, 18, avec Jérémie xXXI, 15; Matth. vIII, 16, 17, avec Esaïe, LIII, 4, 5; Matth. 11, 23: Il sera Nazaréen, en parlant de Jésus, est cité comme un oracle, et ces mots ne se trouvent dans aucun prophète. Cette manière de citer l'Ancien Testament se retrouve dans les Epîtres; saint Paul, Eph. Iv, 8, parle de l'inégale distribution des dons spirituels, et à ce sujet, il cite ces mots : c'est pourquoi l'Ecriture dit, étant monté en haut, il a emmené captive une multitude de captifs, et il a distribué des dons aux hommes; ces paroles sont tirées du Ps. LXVIII, 18, et elles se rapportent au transport de l'arche sur le mont de Sion; il y a dans l'original, il a reçu les dons des hommes, ce qui est très-différent ; et l'auteur de l'Epître aux Hébreux, x, 5, voulant prouver la nécessité du sacrifice de Jésus-Christ, cite des mots qui ne sont pas dans le texte, mais tu m'as donné un corps, au lieu de tu m'as ouvert les oreilles.

Esaïe avait annoncé la tribu et la famille d'où le Messie devait sortir; Es. XI, 1-9.

Michée, v, 2, avait nommé le lieu où devait naître le Messie, et c'est là qu'est né Jésus-Christ, Luc 11,4-7.

Daniel, IX, 24-26, avait désigné le temps auquel apparaîtrait le Messie, et cet oracle, prononcé pendant la captivité, écrit en chaldéen dans les liv r hébreux, entendu comme nous l'expliquons à Babylone, à Jérusalem et à Rome, s'est accompli précisément.

Esaïe, LIII, 4, 5, 9, 10, avait prédit les souffrances, la mort, la sépulture, la résurrection du Messie, et les détails annoncés par le prophète se retrouvent dans la passion du Sauveur et dans ses suites glorieuses. Dans le même oracle, Esaïe avait présagé les obstacles apportés au succès de la prédication du Messie par sa douceur et sa patience, et chaque trait annoncé a son corrélatif dans l'histoire du ministère de Jésus-Christ.

C'est en vain qu'on a essayé d'appliquer cet oracle à Jérémie, à Josias, à Esaïe, au peuple juif captif et triomphant de son retour; Jésus est le seul auquel conviennent non pas seulement quelques-uns des traits dessinés à l'avance, mais tous les détails du chapitre. Ainsi, Jérémie n'a pas été patient, sa durée n'est point illimitée, aucun peuple n'est son partage.-Ainsi, Josias n'est point d'une naissance obscure, il ne fut point méconnu, il ne fut pas exempt de fautes, et sa mort, qui fut une cause de désastres, ne sauva pas le peuple.-Ainsi, Esaïe était reconnu pour être du sang royal, sa

durée n'est pas éternelle, il n'a pas eu une nombreuse postérité.-Le peuple juif, dit-on, est souvent appelé serviteur de Dieu, ce nom lui est donné dans la Bible comme aux prophètes et à ceux dont Dieu se sert pour exécuter ses ordres ; mais rien ici n'indique une multitude; c'est un seul personnage, distinct du peuple pour lequel il se dévoue. Les Juifs ensuite ne furent point remarquables par leur douceur et leur fidélité. Ce peuple de col roide ne fut jamais une brebis muette, et c'est par ses fautes qu'il a mérité les châtiments de Dieu.

I

Dewette croit que l'on pourrait appliquer cet oracle au corps des prophètes que les Saints Livres appellent aussi serviteurs de Dieu, Es. XLIV, 26. Mais les prophètes ne formèrent jamais un corps, et bien des traits de l'oracle ne leur conviennent pas; tandis que tous les versets sont applicables à Jésus, et les écrivains du Nouveau Testament les ont cités à plusieurs reprises, 1 Pierre 11, 24 ; Jean XII, 38; Act. VIII, 27; Rom. x, 16. Dans l'histoire de la passion, on en retrouve jusqu'aux moindres détails, Matth. XXVI, 15, 57, 60; Marc xv, 24, 28, 46; Luc XXIII, 34, 53; xxiv, 46, 47; Jean XIX, 41; XX, 9. Cet accord des Evangélistes et des Apôtres est bien différent d'une allusion faite en passant, par l'un d'eux, sur laquelle aucun autre n'appuie. Aussi nous savons que les plus anciens docteurs juifs avaient entendu cet oracle du Messie; le paraphraste chaldéen débute sur ce chapitre par ces mots : « Voici mon serviteur le Messie. » Le Talmud de Babylone dé

signe le Messie en empruntant les paroles d'Esaïe dans ce chapitre, et plusieurs Pères de l'Eglise ont déclaré que cet oracle était le plus clair de tous ceux qui concernaient Jésus-Christ; ce n'est pas sans motif qu'on lui a donné le nom d'Evangile anticipé.

Nous comprenons maintenant le début de l'Epître aux Hébreux: Dieu ayant autrefois parlé à nos pères en divers temps et en diverses manières, nous a parlé en ces derniers temps par son fils. Dieu voulait qu'il n'y eût pas possibilité d'erreur volontaire dans une affaire qui est liée au salut ; il a dit: voici à quoi vous reconnaîtrez mon envoyé; et les couleurs étaient si contrastantes qu'elles ne pouvaient que difficilement se concilier et se réunir en un seul être. Tant de puissance d'une part, tant de dédain de l'autre, une mort ignominieuse et une gloire inconnue jusque-là, l'extrême de la honte et une auréole divine en même temps sur un même front, Jésus seul a présenté tout à la fois ces contrastes; les critères sont si resplendissants et si fortement burinés, qu'il est impossible à un cœur chrétien de ne pas répéter comme le précurseur de Jésus: Voici l'agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde; et comme le peuple de Jérusalem le jour des Rameaux: Hosanna au fils de David! béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur, paix dans le ciel et gloire dans les lieux très - hauts! Luc XIX, 38.

JÉSUS-CHRIST, PERSONNAGE HISTORIQUE.

Jésus-Christ existait dans le ciel avant que de descendre sur la terre; l'Ecriture enseigne cette vérité, Jean III, 13; vI, 62; VIII, 58; XVI, 28; XVII, 51.

Jésus naquit l'an 749 de la fondation de Rome, mais notre ère ne commence en fait que l'an 753; il s'est glissé dans les calculs une erreur de quatre

années.

Sa mère était Marie, de race royale, de la postérité d'Abraham, Luc 1, 35; III, 23; Rom. Ix, 5. L'enfant qu'elle a conçu, dit Matth. 1, 20, vient du Saint-Esprit, c'est-à-dire de la puissance immédiate de Dieu; les symboles anciens admirent cette formule pour combattre les Ebionites, Carpocrate et Cérinthe, qui prétendaient Jésus né comme les autres hommes, d'un père et d'une mère, de Joseph et de Marie.

Jésus, fils de l'homme, homme né de femme, Matth. XXVI, 72; Marc xv, 39; Luc XXIII, 47; Jean VIII, 40, eut un corps humain, sujet comme le nôtre aux besoins, aux souffrances de l'humanité; il crut en stature ; il supporta les fatigues, il mangea, but et dormit comme les hommes, semblable à eux en toutes choses, excepté dans le péché, Jean, 1, 14; Phil. 11, 8; Rom. vIII, 3.

1 Voy. mon essai sur la Trinité, p. 178-187.

« PrécédentContinuer »