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furent supérieurs aux théologiens de leur siècle. Plusieurs papes se sont élevés contre ce qu'ils appelaient la tendance raisonneuse des scolastiques. Ce qu'on peut leur reprocher avec raison, c'est le manque presque complet d'exégèse.

Quoi qu'il en soit, les scolastiques ont rendu un grand service en ramenant la science et un peu d'examen dans la religion; ils ont fait à peu près ce que firent au second siècle Athenagore et Justin Martyr, en se déclarant les partisans de la philosophie.

Ce fut au seizième siècle que la dogmatique prit de nouvelles forces et brilla d'un grand éclat. Il suffit de nommer Luther, Melanchton', Chemniz2 et Calvin 3.

Pendant le dix-huitième siècle, il y eut un si grand nombre de théologiens, que nous nous bornerons à indiquer, pour la dogmatique, Toellner, Michalis, Stoeudlin, Doederlein, Ernesti, Seiler, Storr, et, de nos jours, Ammon, Bretschneider, Röhr, Schleiermacher, Dewette, Twesten et Hase*.

1 Loci communes. Witt. 1521.

2 Loci theol. Francf. 1591.

3 Institut. rel. chrét.

"Toellner, à Francfort-sur-l'Oder, en 1775. Système de théologie dogmatique.

Stoeudlin, partisan de Kant. Goettingen 1791.

Michalis, Gottingen 1760. Abrégé de théologie dogmatique.

Ernesti, Principes théologiques. Leipsick 1785.

Seiler, Théologie dogmatique polémique.

Doederlein, Institution du théologien chrétien. 1787.

Ces derniers théologiens regardent le sentiment comme la base de la dogmatique chrétienne; Schleiermacher, en particulier, ne voit dans la dogmatique que « l'expression de la foi d'une Eglise », et Twesten n'approuve pas une théologie philosophique et rationnelle, qui devient selon lui une critique du fond de la dogmatique; il pense qu'alors la philosophie devient tout et l'EcritureSainte peu de chose, et qu'elle ne satisfait pas la foi, qui doit reposer sur des bases plus solides que les assertions controversées et contraires des phi-. losophes. Je respecte un homme aussi habile et un docteur aussi consommé; mais je ne saurais souscrire à son point de vue, qui me paraît dépouiller la dogmatique de son côté le plus utile, en le restreignant à l'histoire et à la dogmatique biblique. Ces deux parties de la science sont essentielles sans doute, mais elles ne font pas toute la science, et la partie philosophique et critique me semble indispensable dans la dogmatique chrétienne. Si vous montrez, disent ces savants, l'accord de la narration mosaïque, par exemple, avec les faits et l'état de la nature, vous faites de la géologie et non de

Storr, partie théorétique de la doctrine chrétienne. 1793.

Ammon et Dewette ont écrit avec science et talent à peu près şur tous les points de la théologie.

Bretschneider, Manuel de théologie dogmatique luthérienne. 1814, etc. etc.

Schleiermacher, Dogmatiq. Der christ. glaube. Berlin 1821. Zwei Sendschr. u. s. Glaubens, lehre on Lücke, 1829. (Stud. u. Krit.).

la dogmatique! Mais le théologien, dont le principal but est de consolider la foi et de découvrir la vérité dans les Saints Livres, cherche ses preuves partout où il espère les rencontrer; et quel poids immense ne place-t-il pas du côté de la révélation, quand il montre le vieux Moïse, radieux au milieu d'une ignorance profonde, et au niveau des sciences naturelles, qui, de nos jours encore, ont fait de si grands progrès? N'y a-t-il pas là de quoi augmenter notre respect et notre confiance pour la révélation? « La philosophie devient tout, dit Twesten, et l'Ecriture peu de chose. » Ne grandit-elle pas, au contraire, cette Ecriture, quand on voit la science, d'accord avec elle, mettre à ses pieds, pour ainsi dire, ses découvertes et lui en faire hommage? Sous quel prétexte négligerait-on la Bible, quand c'est par elle qu'on doit commencer, quand c'est elle qu'on doit apporter comme preuve, et quand on parvient ainsi à faire mieux sentir tout le poids de son autorité? Il faut l'apprécier, et pour le faire exactement au milieu de principes et de gloses différentes, il importe que la philosophie de la dogmatique ne soit pas négligée; c'est elle qui change en conviction de l'esprit la douce persuasion du cœur; c'est elle qui estime le prix et la portée des avis des docteurs'. Par exemple, à s'en tenir à la Bible, il est difficile de tirer une conséquence positive sur la personnalité du Saint-Esprit, puisqu'il

1 Wolff a eu une grande influence sur la dogmatigue, à cause

est représenté, par un nombre égal de passages, comme une personne ou comme une puissance et une faculté. Ce sera la discussion philosophique du dogme qui fera ressortir la contradiction qui existe dans les symboles et les théologies trinitaires; ce sera la partie critique qui prouvera qu'il n'y a pas moyen d'échapper à ce dilemme le trinitaire est sabellien, ou il admet trois dieux. Et l'on ne peut déduire cette conséquence rigoureuse qu'après avoir défini les termes de substance et d'essence, et qu'après avoir prouvé qu'une même essence ne peut être commune à trois personnes.

de son esprit méthodique; il a contribué à mieux définir et à mieux prouver.

Reusch a fait usage des idées de Leibniz; il procède avec rigueur dans ses déductions.

Semler s'éloigna de la théologie symbolique; sa dogmatique fut surtout historique, exégétique et critique.

Storr, Seiler et Mareinecke suivent le système symbolique de l'Eglise.

Schott et Doederlein s'attachent avant tout à l'Ecriture-Sainte comme au document de la révélation.

Steinbart, Henke et Wegscheider suivent une doctrine philosophique. Wegscheider adopte ce qu'il trouve de satisfaisant dans l'Ecriture, ce qui est clair et populaire. Dans des temps difficiles, il a empêché peut-être une scission entre la science et le christianisme, mais avec un respect trop exclusif pour la raison; il a méconnu souvent l'histoire et la signification du christianisme comme religion positive. Hase, dogmat.

Pour la théologie moderne, on peut consulter la Théologie biblique de Zacharie. Eckermann, Manuel de dogmatique.

Klein a fait paraître à léna, en 1822, un système dogmatique qui est très-utile pour l'étude de l'histoire de la dogmatique.

Le grand service que Schleiermacher, en particulier, me paraît avoir rendu à la dogmatique, c'est de la délivrer du joug et de la prison des formules, pour lui donner une marche plus libre, une impulsion plus élevée; il fonde la piété sur le sentiment de dépendance envers Dieu dont l'homme a la conscience, et qui établit ainsi les rapports qu'il soutient avec la toute-puissance; on voit partout l'action de Dieu, et tout dans l'univers devient son organe 1. A la conscience des faits extérieurs se joint celle de leur impression sur votre sensibilité et celle de votre dépendance; en sorte que vous vous humiliez librement devant les événements que Dieu a permis, parce que telle a été sa volonté. Quand même on élèverait des objections fondées contre cette marche, son auteur n'aurait pas moins rendu un éminent service, en ouvrant une carrière dans laquelle entreront au

1 Voici le principe duquel part Schleiermacher : « Nous éprouvons un sentiment de dépendance absolue quand nous réfléchissons sur les faits du sentiment religieux. » Il a fondé sa dogmatique sur le sentiment général de l'adoration de Dieu; il a fait un tout scientifique des sentiments qui remplissaient son cœur et qu'il considérait comme le produit de sa conscience immédiate. On peut remarquer que la conscience est sujette à bien des variations; que ce point de vue tendrait à justifier les prières pour les morts, l'intercession des saints, l'influence des anges, en général les additions que l'Eglise romaine a faites à l'Evangile, conduite par un sentiment et des besoins religieux. Hase, dogmat.

Conformément au même principe, Twesten a voulu justifier religieusement la doctrine luthérienne, et Nitsch le christianisme primitif.

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