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La famille de son mari et en particulier le roi Louis-Philippe lui témoignaient beaucoup de froideur. Ce sentiment commença de se montrer dès la présentation de la fameuse loi de régence, et dura jusqu'à la chute du trône. L'insislance que mit alors le roi à écarter de sa bru des fonctions auxquelles les qualités supérieures de Mme la duchesse d'Orléans, son titre de mère, les précédents et l'opinion publique l'appelaient à l'envi, révélait assez la défiance qu'elle inspirait; et cette défiance, qui n'était pas assez dissimule par les démonstrations extérieures de la tendresse paternelle la plus expansive, dut blesser singulièrement la princesse. Aussi en conçut-elle un profond chagrin. Toutefois, son ressentiment bien légitime n'affaiblit jamais la vénération dont elle était remplie pour le vieillard qui la méconnaissait. Elle ne passait jamais un jour sans voir le roi et la reine en famille; ce devoir accompli, elle se retrait dans ses appartements.

Le 24 février 1848 au matin, toute la famille royale étant réunie et le roi conférant avec M. Thiers, personne ne songeait encore à appeler Mme la duchesse d'Orléans, lorsqu'elle parut tout à coup, prête à partager le malheur qu'elle avait prévu. Ce qui se passa dans cette entrevue est un secret que nous n'avons pas cherché à pénétrer; mais s'il y eut des récriminations d'une part, des marques de repentir de l'autre, la révolution qui grondait menaçante aux portes du palais leur laissa à peine le temps de se manifester. Bientôt, Mme la duchesse d'Orléans quitta les Tuileries pour aller à la chambre des députés. Mais il était trop tard! Au moment où la chambre al ait peutêtre déférer et voter d'enthousiasme la régence à la duchesse d'O léans, la salle fut envahie par le peuple. M. Crémieux, assis à côté de la princesse, la dissuade alors de persister à demander à une assemblée sans mandat une régence dont les pouvoirs seront tout aussitôt contestés, parce qu'ils n'auront pas reçu la consécrat on du suffrage universel. Après que M. de Lamartine eût prononcé le mot de gouvernement provisoire, la duchesse d'Orléans se retira perdue dans la foule. Un flet d'hommes la sépara du duc de Nemours et de ses enfants. Un garde national sauva le comte de Paris et le ramena à sa mère éper due. Le duc de Chartres fut retrouvé plus tard par un huissier de la chambre.

famille ayant été abrogées, il fut nommé chef d'escadron en 1872. Le duc de Chartres a épousé, le 11 juin 1863, sa cousine germaine, Françoise, fille du prince de Joinville et née en 1844; il en a eu plusieurs enfants.

Les autres enfants du roi Louis-Philippe sont : Louise-Marie-Thérèse-Charlotte-Isabelle d'ORLÉANS, née le 3 avril 1812, mariée au roi des Belges Léopold Ier, morte le 11 octobre 1850.

Marie-Christine-Caroline - Adélaïde - Françoise-Léopoldine D'ORLÉANS, née à Palerme, le 12 avril 1813. Nature délicate et réservée, esprit charmant et pur, elle vécut dans une studieuse retraite, to jours préoccupée d'un art qu'elle cultiva toute sa vie. Curieuse dès son enfance de tout ce qui se rapporte au dessin, elle avait appris à mo. deler, et devint un statuaire distingué. On n'a cependant vu de sa main que peu d'œuvres publiques. La plus considérable est la statue de Jeanne d'Arc, qui orne aujourd'hui l'une des galeries du Musée de Versailles et que de nombreuses reproductions ont rendue populaire. On doit également à la princesse Marie le dessin du vitrail en trois compartiments, qui décore la chapelle de Saint-Saturnin au château de Fontainebleau. Il représente saint Philippe el sainte Amélie au milieu d'un chœur d'anges. On a aussi de la main de la princesse le modèle d'un ange qu'elle avait sculpté sans destination précise, et qui plus tard devait orner le tombeau de son frère à la chapelle Saint-Ferdinand, Marie d'Orléans avait épousé, en 1837, le duc de Wurtemberg. A la suite d'une maladie causée par une couche douloureuse, elle mourut à Pise, le 2 janvier 1839.

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Louis-Raphael, duc DE NEMOURS (voy. ce nom). Françoise-Loui e-Caroline (M1• de Montpensier), née à Tw ckenham, le 28 mars 1816, morte le 20 mai 1818. Marie Clémentine - Caroline - Léopoldine - Clotilde (Mlle de Beaujolais), née à Neuilly, le 3 juin 1817, mariée au prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, le 20 avril 1843, et mère de plusieurs enfants.

François-Ferdinand, prince de JOINVILLE (voy. ce nom). Charles-Ferdinand-Louis Philippe-Emmanuel, duc de Penthièvre, né à Paris, le 1er janvier 1820, mort à Neuilly, le 2 juil et 1828.

dans le temps comme un triomphe de la diplomatie française et un grave échec pour le cabinet anglais.

Henri-Eugène, duc D'AUMALE (voy. ce nom). La princesse gagna avec son beau-frère l'hôtel des In- Antoine-Marie-Philippe-Louis, duc DE MONTPENSIER, valides, où le vieux maréchal Molitor lui donna l'hospita- né à Neuilly, le 31 juillet 1824. Il entra par concours, en lité. A six heures du soir, M. Anatole de Montesquiou la 1842, dans le corps de l'artillerie, en qualité de lieutenant, conduisit au château de Ligny, à quelques lieues de Pa- et épousa, le 10 octobre 1846, Marie-Louise-Ferdinande, ris. Deux jours après, son secɔnd fils lui fut rendu par infante d'Espagne. Quatre filles sont le fruit de cette union. les soins de M. et Mme de Mornay; elle partit alors pour Ce prince était général de brigade d'artillerie en 1848. Scn Amiens, gagna le chemin de fer de Lille, passa la fron-mariage avec la sœur de la reine Isabelle II fut considéré tiere, et s'arrêta quelque temps dans le grand-duché de Saxe-Wein ar, où la reçut son oncle maternel. Hors de France, la duchesse d'Orléans resta ce qu'elle avait été au palais des Tuileries, une mère exclusivement dévouée à l'éducation de ses enfants. Elle alla se fixer à Richmond (Angleterre), après la mort de Louis Philippe Les émo tions trop vives qu'elle avait éprouvées depuis longtemps usèrent sa vie, tout en lui laissant une force factice, qui dissimulait sa fin prochaine. Le 16 mai 1858 elle mourut sans agonie, après une légère indisposition de quelques jours.

ORLEANS (Affaire des biens de la famille D'). Les décrets du 22 janvier 1852 ont soulevé les plus vives controverses. Notre rôle dans ce débat ne peut être que celui d'un rapporteur impartial, exposant d'abord les faits de la cause, puis résumant les moyens de défense invoqués par chacune des parties. Un mot d'abord sur la nature et l'origine des biens en question. Ils se composaient: 1o des apanages constitués en faveur de son frère ( duquel descend la famille d'Orléans) par divers édits, déclarations ou lettres patentes de Louis XIV, en date de 1661, 1672 et 1692; à savoir, des duchés d'Orléans, de Valois, de Chartres et de Nemours, de la seigneurie de Montargis, des comtés de Dourdan et de Romorantin, des marquisats de Coucy et de Folembray, enfin du Robert-Philippe-Louis-Eugène-Ferdinand, duc DE Palais-Royal; 2o des domaines devenus plus tard la proCHARTRES, né à Paris, le 9 novembre 1840. Élevé en An-priété de la maison d'Orléans soit par donations, soit par gleterre, il passa en 1860 aux Etats-Unis, avec son frère, et prit part à la campagne de l'armée de Mac-Clellan sur le Potomac. Lorsque la guerre franco-allemande éclata, il fut admis à servir daus l'armée de la Loire comme capitaine auxiliaire sous le nom de Robert le Fort, et obtint la croix de la Légion d'honneur. Les lois d'exil co.atre sa

Deux fils sont nés du mariage de la princesse Hélène : Louis-Philippe-Albert, comte DE PARIS, né le 24 août 1838, et marié en 1864 avec une fille du duc de Montpensier (voy. PARIS);

successions, ou encore par acquisitions, mais ayant en trèsgrande partie pour origine les donations faites en faveur des bâtards de Lous XIV par la grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, afin d'obtenir ainsi la permission d'épouser La uzun. La loi du 6 avril 1791, en supprimant tous les apanages, avait ordonné la réunion

ORLÉANS

immédiate an domaine de l'État des biens dont ils se composaient. Le duc d'Orléans Philippe-Egalité, mort sur l'échafaud en 1793, avait laissé 74 millions de dettes, en payement desquelles il s'était vu réduit, le 6 janvier 1792, à faire, par concordat, abandon à ses créanciers de .a totalité de ses biens personnels, c'est-à-dire des domaines acquis à un titre quelconqu、 par lui ou ses auteurs. Ils furent mis aux enchères, puis rachetés en partie par l'État, qui paya aux créanciers jusqu'à concurrence de 37 millions 740,000 fr. C'est en cet état que la Restauration trouva cette succession, dont la liquidation avait forcément été interrompue par les événements. Une simple ordonnance royale, antérieure à la publication de la charte, rendue par Louis XVIII dans l'exercice de sa pleine puissance, parfaitement légale dès lors, ainsi que l'établit M. Dupin dans son traité Des Apanages (Paris, 1827), remit Louis-Philippe, duc d'Or. léans, en possession de tous les biens de sa famille dont l'État se trouvait à ce moment détenteur, comme elle fit à l'égard des autres émigrés qui rentrèrent en même temps que lui en France, et reconstitua, contrairement à la loi de 1791, l'apanage créé par Louis XIV en faveur de la maison d'Orléans. La liquidation de la succession laissée par PhilippeÉgalité eut lieu alors entre Louis-Philippe et sa sœur Mme Adélaïde, qui, grâce à une sage économie, eurent achevé vers 1826 le payement intégral des dettes laissées par leur père; dettes dont l'État avait déjà acquitté plus de la moitié, qu'on ne l'oublie pas, en rachetant les propriétés que Louis XVIII leur avait fait restituer en 1814 sans songer à en rien retenir pour couvrir le trésor public de ses 37 millions 740,000 fr. En 1821 ce prince et sa sœur héritèrent encore de leur mère, la duchesse douairière d'Orléans, unique héritière du duc de Penthièvre, son père, remise, elle aussi, en 1814, en possession de ceux des immenses domaines composant la succession paternelle qui n'avaient point été vendus révolutionnairement. Enfin, la succession d'Orléans fut comprise pour une vingtaine de millions dans le partage du fameux milliard de l'indemnité voté en 1825 par la législature en faveur des émigrés dont les biens avaient été confisqués et vendus. En 1830 les revenus de la maison d'Orléans, provenant surtout du produit de plus de 150,000 hectares de forêts et pour un tiers de l'apanage, étaient évalués à près de huit millions, représentant un capital d'environ 300 millions.

Lorsqu'en août 1830 les deux cent vingt-et-un déférèrent la couronne au duc d'Orléans, ce prince, par un acte de donation en date du samedi 7 août, fit abandon à ses enfants, en s'en réservant l'usufruit, de toutes les propriétés, actions des canaux et créances composant sa fortune personnelle, qui sans cette précaution de`sa part eussent été immédiatement dévolus à l'État par le seul fait de son accession au trône, et eussent dès lors fait partie du domaine de la couronne comme les biens composant l'apanage de sa maison.

A la suite de la révolution de février 1848, tous les domaines composant la dotation de la couronne, y compris ceux de l'ancien apanage d'Orléans, furent réunis de nouveau au domaine de l'État. Quant au domaine privé, c'està-dire quant aux propriétés personnelles de Louis-Philippe dont ce prince avait fait don à ses enfants avant de monter sur le trône, le gouvernement provisoire se borna à les mettre sous séquestre, afin d'assurer avant tout le payement des dettes laissées par l'ex-roi et montant à près de quarante millions.

Le 22 janvier 1852 le président de la république rendit deux décrets contre-signés par M. Casabianca, ministre d'État, dont le premier décidait que les membres de la famille d'Orléans, leurs époux, épouses et descendants, ne pourraient plus à l'avenir posséder en France de propriétés, soit mobilières, soit immobilières, et qui les astreignait à vendre aux enchères dans le délai d'une année leurs propriétés libres de dettes; délai doublé pour celles qui se trouvaient grévées d'hypothèques. Ce décret s'appliquait tant aux

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biens acquis depuis 1830 par Louis-Philippe qu'aux propriétés provenant de la succession de MTM Adélaïde, morte en décembre 1847, et d'une importance d'environ 80 millions, ainsi qu'aux domaines légués en 1830 à M. le dur d'Aumale par le dernier des Condé, et représentant près de 40 millions. Le second des décrets du 22 janvier 1852, celui qui a donné lieu aux plus vives critiques, faisait rentrer dans le domaine de l'État les biens personnels de LouisPhilippe compris dans l'acte de donation du 7 août 1830, en mettant d'ailleurs à la charge de l'État le payement des dettes laissées par ce prince, de même que le payement du douaire de 300,000 fr. de rente constitué par contrat de mariage à la princesse Hélène de Mecklembourg, veuve du feu duc d'Orléans, prince royal (cette princesse renonça aussitôt au bénéfice de cette disposition des décrets du 22 janvier 1852, et déclara que son intention était que ces 300,000 francs fussent employés chaque année à secourir les pauvres et à venir en aide aux ouvriers sans ouvrage ). Enfin, le décret en question ordonnait la vente des domaines ainsi réintégrés au domaine de l'État, pour le produit en être employé à doter des sociétés de secours mutuels, à construire des habitations à l'usage des classes ouvrières, à fonder des institutions de crédit, une caisse de retraite pour les prêtres vieux et infirmes, à accroître la dotation de la Légion d'Honneur, etc., etc.

On justifiait ces décrets, qui provoquèrent immédiatement une protestation de la part des exécuteurs testamentaires de Louis-Philippe, en rappelant, quant au premier, qu'il ne faisait que reproduire les dispositions des ordonnances royales rendues en 1814 et 1815 par Louis XVIII à l'égard de Napoléon 1er et des membres de sa famille, ainsi que celler de l'ordonnance rendue le 10 avril 1832 par Louis-Philippe lui-même, au sujet des biens appartenant aux princes de la famille de Napoléon et à l'égard de ceux appartenant aux princes et princesses de la branche aînée de la maison de Bourbon. On s'appuyait, en outre, sur les mêmes considérations d'ordre public et d'intérêt général qui, vingt ans auparavant, avaient déterminé le roi Louis-Philippe, oubliant la reconnaissance personnelle qu'il devait à des princes ses proches parents, qui lui avaient restitué ses biens, à les forcer de se défaire de leurs propriétés dans le déla d'une année, parce que la politique, c'est-à-dire l'intérêt général, lui commandait de ne pas laisser plus longtemps unc famille de prétendants posséder en France des biens qui pouvaient devenir les instruments d'une influence dangereuse an repos public. En ce qui touche le second des décrets du 22 janvier, on disait : L'acte du 7 août est, quant au fond et quant à la forme, entaché de nullité radicale. Quant au fond, parce qu'il a constamment été de principe en France que les biens du prince appelé à la couronne devinssent à l'instant même partie intégrante du domaine de l'État. A la mort de Louis XVIII, Charles X héritait des diverses propriétés acquises par son frère pendant son règne; mais Charles X n'entendit pas plus les soustraire aux effets du droit de dévolution que les biens qu'il avait acquis lui-même avant d'arriver au trône; et la loi du 25 janvier 1825, relative à la fixation de la liste civile du nouveau roi, les réunit en conséquence à la dotation de la couronne. En cela ce prince se conformait aux antiques principes du droit public français, consacrés de nouveau et de la manière la plus formelle par l'article 20 de la loi du 8 novembre 1814, ainsi conçu : « Les biens particuliers du prince qui parvient au tróne sont de plein droit et à l'instant méme réunis au domaine de l'État, et l'effet de cette réunion est perpétuel et irrévocable: »> principes auxquels, en 1827, M. Dupin, alors l'un des conseils judiciaires de la maison d'Orléans, rendait lui-même le plus explicite hommage dans son traité précité Des Apanages. Or Louis-Philippe était roi dès le 7 août 1830, puisque c'est le même jour qu'il acceptait la couronne par les réponses qu'il adressait au président de la chambre des députés et au président de la chambre des pairs venus au Palais-Royal avec le plus grand nombre

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de leurs collègues pour lui faire connaître le choix que la législature venait de faire de lui pour roi. Une preuve que c'est comme roi et non comme père qu'il agissait dans cet acte de donation du 7 août 1830, c'est que son fils aîné, au lieu d'y être avantagé suivant l'usage constant des familles princières, en est exclu; c'est que Louis-Philippe y dispose, au détriment de cet aîné de la totalité de ses biens en faveur de tous ses autres enfants. exhérédation absolue que la loi Jui interdisait, et qui ne s'explique que parce que cet aîné était ipso facto appelé à monter un jour sur le trône au même titre que lui et à jouir des biens formant la dotation de la couronne. En ce qui est de la nullité tirée du vice de forme, on établissait que l'acte, fait clandestinement, sans qu'aucun des membres de la législature sût qu'en acceptant la couronne Louis-Philippe entendait soustraire sa fortune particulière aux effets du droit de dévolution, et dont on n'eut connaissance que longtemps après, avait dû être rédigé et enregistré EN DÉBET le même jour (en vertu d'une autorisation expresse surprise au commissaire provisoire des finances), alors que dans des circonstances ordinaires la rédaction d'un acte de cette importance eût exigé plusieurs jours et qu'un délai de dix jours est accordé pour l'enregistrement des actes notariés. La raison évidente de cette precipitation, disait-on, c'est qu'il avait fallu donner à l'acte une date certaine. Il ne pouvait être daté du 6 août : c'eût été trop tót, les chambres ce jour-là n'ayant point, encore définitivement disposé de la couronne en faveur de Louis-Philippe, qui ne voulait payer les deux ou trois millions de frais d'enregistrement qu'il devait lui en coûter pour soustraire ses hiens au droit de dévolution et en disposer au détriment de son fils aîné, qu'autant qu'il aurait la certitude d'être roi. Il ne pouvait non plus porter la date du lundi, 9 août : c'eût été trop tard, ce jour-là étant celui de l'acceptation solennelle de la couronne par Louis-Philippe et de sa prestation de serment à la charte remaniée, Mais ces précautions, cette précipitation, si habiles qu'elles puissent être, ne tra. hissent-elles pas surabondamment l'intention frauduleuse qui a dicté à Louis-Philippe l'acte du 7 août, celle de se dérober à l'observation des antiques, principes du droit public français et des prescriptions de la loi du 3 novembre 1814?

Les défendeurs ont répondu : Le second des décrets du 22 janvier 1852 peut être une réminiscence de l'époque impériale, mais constitue une flagrante violation de la loi de 1816 qui a aboli en France la confiscation. Le gouver nement provisoire lui-même, au lendemain de la révolution de février 1848, a reculé devant un pareil acte. Dans sa séance du 22 octobre 1848, l'Assemblée nationale rejeta une motion présentée par M. Jules Favre, représentant du peuple siégeant à la Montagne, et ayant pour but de faire prononcer la réintégration au dornaine de l'État des biens compris dans l'acte de donation du 7 août, parce qu'elle jugea qu'une telle mesure serait une atteinte formelle portée au tutélaire principe de l'inviolabilité de la propriété particulière. L'Assemblée fit plus encore, Le 4 février 1850 elle adopta un projet de loi présenté par le ministre des finances du président de la république pour autoriser la famille d'Orléans à affecter la totalité des biens compris dans cet acte de donation à la garantie, bypothécaire d'un emprunt de 20 millions de francs contracté pour achever le payement des dettes laissées par l'ex-roi. La commission chargée de t'examen de ce projet de loi ayant proposé de lever le séquestre mis depuis deux ans sur les propriétes particulières du prince de Joinville et du duc d'Aumale, M. Fould, ministre des finances, alla même jusqu'à déclarer au nom du président de la république qu'il serait de toute équité d'étendre le bénéfice de cette mesure à toutes les autres propriétés comprises dans l'acte du 7 août 1830. L'ancien droit monarchique ne saurait être non plus sérieusement invoqué contre le prince qui recevait la couronne, non pas conformément, mais contrairement à cet ancien droit. Louis Philippe a occupé le trône après Charles X; il n'a point été son successeur. Les lois de l'ancienne monarchie ne pouvaient s'appli

ORLOFF

quer à une monarchie nouvelle, à une liste civile nouvelle, à une constitution nouvelle, devant amener des conséquences nouvelles dans les lois comme dans le régime et dans l'avenir du pays. Ainsi, en disposant en faveur de ses enfants de sa fortune particulière, en cherchant par là à la garantir contre les incertitudes du présent et contre les éventualités de l'avenir, ce prince ne violait pas une loi qui ne lui était pas applicable. En l'absence même de toute donation, le principe ancien de la dévolution des biens était lettre morte... Or, c'était encore à plus forte raison le cas dans l'espèce puisque la liberté de disposer de sa fortune particulière avait été la condition sous laquelle le duc d'Orléans avait accepté la couronne en 1830......

Et nunc sub judice lis est. Or, ici le juge suprême, c'est le lecteur. Si notre impartialité de rapporteur nous prescrit * de faire remarquer, d'une part, qu'en juin 1852 le gourver- nement s'est opposé à ce que la justice civile, saisie de la. ¡ question, par les exécuteurs testamentaires de Louis-Philippe, connût d'une cause dans laquelle il voyait avant tout un fail de l'ordre politique et administratif, et de l'autre que les défendeurs ont oublié d'apporter la moindre preuve à l'appui de cette assertion que « Louis-Philippe n'accepta la couronne- ! que lui offraient les 221 qu'à la condition de pouvoir librement disposer de sa fortune personnelle, la vérité nous force aussi d'ajouter que la mesure qui annulait l'acte du 7 août fut généralement improuvée. Sans doute les legitimistes pur-sang, les royalistes quand-même, ceux › qui:! ont toujours repoussé la fusion, y applaudirent, parce qu'ils y voyaient le châtiment providentiel des torts dont Louis-Philippe s'était rendu coupable à l'égard de la branche afnée de sa maison; mais la bourgeoisie y vit une atteinte t funeste à la propriét1, et le président Dupin qualifia, durement cette mesure en l'appelant « le premier vol de l'aigle. » Plusieurs ministres, en donnant leur démission après la publication des decrets, semblèrent en vouloir répudier la solidarité. Ce blame implicite ne les empêcha pas de rester bien en cour, et de revenir bientôt aux affaires.

Après l'abrogation des lois d'exil contre la famille d'Orléans une proposition fut faite à l'Assemblée nationale, à la fin de décembre 1871, pour le retrait du décret du 22 janvier 1852. Des 80 millions de fr., valeur estimée des biens de la famille d'Orléans, 44 avaient été aliénés par l'an pir› pour différentes destinations; il restait environ 36 millions à la disposition de l'État. La loi de restitution fut volée le 22 décembre 1872.

ORLEANSVILLE, ville de l'Algérie, dans le département d'Alger, chef-lieu d'une subdivision militaire située dans la vallée du Chél f; à 210 kil. sud-ouest d'Alger. est une des stations du chemin de fer d'Alger à Oran. O y compte 2,300 h. bitants, la moitié Français. C'est une ville fortifiée, avec de jolies places, des fontaines et quelques édifices modernes, et qui ne date guère que dé 1843. Les ruines romaines de l'ancienne cité couvrent un espace considerable on y a découvert beaucoup d'inscriptions et une curieuse mosaïque d'une église du troisième siècle.

ORLOFF, famille russe dont il est question dès le seizième siècle et à l'époque du faux Démétrius, mais dont la grandeur ne date que du règne de Pierre le Grand. Iwan' Orloff était, dit-on, un simple soldat dans le corps des strelitz. Au moment de périr du dernier supplice, en 1689, à Moscou sous les yeux mêmes du czar, il fit preuve d'un tel sang-froid, d'un si profond mépris de la mort, que Pierre en fut frappé et non-seulement lui fit grâce, mais encore le nomma officier dans la nouvelle garde qu'il venait de' former. Son fils, Grégoire ORLOFF, parvint au građe de général-major, fut nommé gouverneur de Novgorod, et mourut laissant cinq fils, dont le second et le froisième, Grégoire et Alexis, jónèrent des rôles importants.

Grégoire ORLOFF, né en 1734, fut l'un des favoris de Catherine II, qui en 1762 lui donna ainsi qu'à ses quatre frères le titre de comte. Il ne manquit à sa toute-puissance

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que le titre d'empereur', et peut-être bien serait-il parvenu à décider Catherine à lui donner sa main, sans les efforts faits par Panin et Tschernitschelf pour déjouer ses ambitieux projets. Il perdit ensuite, par son insolence et sa inorgue les bonnes grâces de l'impératrice, qui finit par l'exiler à Tsarskoje-Selo, où il vécut avec autant de faste qu'un potentat. En 1772 il se réconcilia avec sa souveraine, et reparut à la cour. Le dépit de se voir supplanté par Potemkin lui inspira la détermination d'aller voyager à l'étranger, puis, au retour, celle de se marier à Saint-Pétersbourg. Il commençait à prendre goût à l'existence paisible et retirée qu'il menait depuis son mariage, lorsqu'il perdit sa femme. En proie alors à la même tristesse inquiète qu'auparavant, il alla de nouveau parcourir l'Europe pour se distraire; et à son retour, son humeur sombre et inquiète dégénéra en une complète aliénation mentale. Il mourut en 1783. Il était plus intelligent qu'instruit, plus léger que méchant, plus dissipateur que généreux, d'ailleurs courageux et résolu ; et dans les lernières années de sa vie, il fit preuve de la plus sévère loyauté.

Alexis ORLOFF, frère du précédent, né en 1735, se distingua entre tous, lors de la révolution de 1762, par son intrépidité, de même qu'il l'emportait sur tous par sa force gigantesque. Il fut largement récompensé par Catherine des services qu'il lui rendit à cette occasion; et le crédit dont ne tarda pas à jouir son frère ne fut pas non plus inutile à sa fortune. Dans la guerre de Turquie, ce fut lui qui présenta à Catherine le plan d'opérations maritimes à suivre dans l'archipel. Investi du commandement de la flotte envoyée par la Russie dans ces eaux, il remporta en 1770 la brillante victoire navale de Tschesmé, où il brûla toute la flotte turque. A l'avénement de Paul Ier au trône, ce prince le rappela de Moscou, où il s'était retiré, et il se vengea de lui et de Baratinski, les seuls survivants d'entre les meurtriers de Pierre III, en leur faisant porter le drap mortuaire, lors de la cérémonie qui eut lieu à l'occasion de la translation des restes de Pierre III, du couvent d'Alexandre Newski à la forteresse de la cathédrale. Orloff fut ensuite banni de la cour et de Moscou. Après un court séjour en Allemagne, où il n'avait pas obtenu sans peine la permission de se rendre, il retourna en Russie, en 1801, peu après l'assassinat de Paul Ier, et mourut à Moscou, en janvier 1808, dans le palais magnifique qu'il y possédait. Ses immenses richesses passèrent à sa fille, dame d'honneur de l'impératrice.

Iwan ORLOFF, l'aîné des quatre frères, que Catherine II avait surnommé le Philosophe, vécut presque constaminent loin de la cour, et mourut en 1791.

Fedor ORLOFF, le quatrième frère, né en 1741, se distingua dans la guerre contre les Turcs en 1770, obtint le rang de général en chef, et mourut en 1796.

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l'empereur Nicolas, qui lui confia les commandements les plus importants en temps de guerre et les négociations les plus délicates en temps de paix. Chargé en 1832 du commandement en chef des troupes russes qui vinrent débarquer sur les rives du Bosphore, il amena le sultan à signer le fameux traité d'Unkiar Skelessi, qui donnait à la Russie la clef des Dardanelles. En 1844, à la mort de Benkendorff, il fut nommé commandant supérieur de la gendarmerie et │chargé de la direction de la police secrète, qui, sous son administration ne perdit rien de sa vigilance. Ami intime de son maître, il l'accompagnait dans tous ses voyages; Plenipotentiaire de la Russie à Paris, il signa le traité qui rétablit la paix en 1856, La même année, Alexandre 34 lui conféra le titre de prince. Il mourut le 21 mai 1861, à Pétersbourg.

Son fils unique, Nicolas ORLOFF, s'est distingué en 1854 au siége de Silistrie, où il perdit un bras et un œil. Il est adjudant-général de l'empereur et lieutenant général.

ORME, genre d'arbres et d'arbrisseaux de la pentandriedigynie et de la famille des ulmacées, à feuilles alternes, pétiolées, ovales, inégalement dentelées, rudes au toucher; à fleurs disposées en groupes, pourvues chacune de 4 à 8 étamines; à capsule orbiculaire, plane, comprimée, membraneuse, gonflée au milieu par la graine, qui est solitaire. On en compte huit ou dix espèces. L'orme commun (ulmus campestris, L.), connu de tout le monde, croît naturellement dans les forêts des montagnes de l'Europe. Les nombreux usages que nous faisons de son bois le mettent au premier rang parmi les arbres qui nous sont utiles: sec, il est le meilleur de tous pour le charronnage (moyeux, jantes des voitures, charrues, herses, etc.); il sert dans la charpente, la menuiserie, l'ébénisterie; ses feuilles sont un excellent fourrage pour les vaches et les moutons; son bois fournit un bon chauffage, un excellent charbon, et ses cendres sont très-riches en potasse. Dailleurs, cet arbre prospère dans presque tous les terrains, et sa croissance est rapide; écorcé sur pied et coupé une année après, il durcit et est moins sujet à fendre par suite de sa dessiccation. Il se cultive en taillis, en futaie, en avenue, comme sur beaucoup de nos grandes routes, et en têtard; sa multiplication se fait par graines, par rejetons, par marcottes et par boutures. Nous cultivons encore en France l'orme liége, l'orme pédonculé, l'orme d'Amérique, l'orme celtiroide, l'orme fauve et l'orme ailé.

On dit proverbialement Attendez-moi sous l'orme, c'est-à-dire, Ne comptez pas sur mes promesses, ou, Ne m'attendez pas. Ormeau se dit d'un jeune ornie.

P. GAUBERT.

Quelques ormes sont célèbres par leurs énormes dimensions: tel est celui de Hatfield, dans le Massachusetts, qui à 0,66 au dessus du sol présente une circonférence de 11,33, lesquels un mètre plus haut se réduisent à 8. Un des faubourgs d'Abbeville possède aussi un orme gigantesque ; il n'en reste plus guère aujourd'hui que le tronc, qui mesure 7,66 de circonférence à sa base et 7 mètres à la naissance des branches; ce tronc est creux, et en 1855 le propriétaire a fait percer une porte pour pénétrer dans l'intérieur, qu'il a converti en une salle contenant une table entourée de ban.

Wladimir ORLOFF, le plus jeune des frères, fut prési- | dent de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, et ne mourut qu'en 1832. Son fils, Grégoire Wladimirowitsch ORLOFF, né en 1777, mort en 1826, à Saint-Pétersbourg, sans laisser d'enfants, est auteur de divers ouvrages estimés, écrits en langue française, par exemple de Mémoires historiques, politiques et littéraires sur le royaume de Naples (2 édit., Paris, 1825), qui ont été traduits en anglais et en allemand, et de Voyages dans une partie de laquettes sur lesquelles sept personnes peuvent s'asseoir et France (Paris, 1824).

Les Orloff actuels sont des enfants naturels laissés par le comte Fedor. Dans le nombre on remarque Michel ORLOFF, né en 1785, aide de camp de l'empereur Alexandre, l'un des signataires de la capitulation de Paris, mort en 1841, dans ses terres. Il a laissé des Mémoires, dont les journaux ont publié d'intéressants extraits. Alexis ORLOFF, son frère, né en 1787, se distingua comme lui dans les guerres contre la France, devint aide de camp du grand-duc Constantin et plus tard colonel commandant du régiment des gardes à cheval. Par son sang-froid et son courage, il contribua beau. coup à la compression de la révolte du 26 décembre 1825, et dès lors il jouit constamment de toute la confiance de

diner à l'aise.

OR MUSSIF ou OR DE JUDÉE, OR MOSAÏQUE. C'est l'étain à l'état de persulfure; il se présente sous forme de lames ou d'écailles micacées d'un jaune d'or. Il dégage la moitié de son soufre à la chaleur rouge. « On l'obtient, dit M. Hoefer, dans son Dictionnaire de Chimie et de Physique, à l'état de poussière jaunâtre, en précipitant le protochlorure d'étain par l'hydrogène sulfuré. Le potassium donne avec ce même réactif un précipité brun-inarron. Dans les arts on le prépare par la voie sèche, en chauffant dans un matras un amalgame d'étain composé de 12 parties d'étain et de 3 de mercure ( le mercure sert à la division de l'étain), avec 7 parties de soufre et 3 de sel ammoniacal, Le sulfure

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OR MUSSIF ainsi obtenu est agrégé sous forme de pain, ayant une coloration un peu différente de celle que présente l'or mussif obtenu pas la voie humide. L'or mussif est employé pour frotter les coussins des machines électriques. >>

ORMUZD, dans le système religieux de Zoroastre, est le dieu bon, opposé à Ahri mâne, le dieu méchant. Son nom dans la langue zend est Ahoura Mazda, ce qui veut dire très-sage souverain. Il est représenté dans les anciens ouvrages de sculpture tenant une bague à la main, comme signe de la toute-puissance.

ORNANO (BENIGNA OU VANINA D'), fille unique et héritière de François Ornano, l'un des plus riches seigneurs de l'ile de Corse, épousa, en 1548, San-Pietro, célèbre capitaine corse au service de France, lequel avait été surnommé Bastelica, du lieu de sa naissance. San-Pietro, d'une basse extraction, ex infimo loco natus, comme le dit l'historien de Thou, n'avait dû une alliance aussi illustre qu'à la renommée que lui avaient acquise sa bravoure et ses talents militaires. Il était parvenu au grade de colonel de l'infanterie corse au service de France. Son ambition était de soustraire sa patrie à la domination des Génois, et pour y parvenir il avait fait des prodiges de valeur pendant tout le temps que cette république avait été en guerre avec la France. La paix | ayant été faite, il chercha d'abord en vain à soulever contre elle le grand-duc de Toscane; il se tourna ensuite du côté des Turcs. Les Génois essayèrent d'attirer à Gênes Vanina et ses enfants, pour forcer San-Pietro à cesser ses menées. Vanina et tous les siens, qui avaient été bannis de Corse avec San-Pietro par un arrêt du sénat de Gênes, étaient alors à Marseille (1563). Cependant, les domestiques de la malheureuse exilée avaient été gagnés par l'or de la république, notamment un prêtre nommé Michel, à qui SanPietro avant son départ avait confié l'éducation de ses deux fils. Ce prêtre persuada à Vanina de se rendre à Gênes, où il lui serait facile d'obtenir la grâce de son mari, ainsi que la restitution de tous ses biens. Vanina y consentit. Mais à peine avait-elle mis à la voile qu'Antoine de Saint-Florent, l'ami et le confident de San-Pietro, partit sur un brigantin, la joignit près d'Antibes, et la mit entre les mains du comte de Grimaldi, seigneur du lieu. Celuici l'envoya au parlement de Provence. San-Pietro arrive peu de temps après à Marseille : il vole à Aix, et demande à ramener sa femme chez lui. Le parlement envoie des commissaires à Vanina pour savoir si elle consentait à retourner près de son mari. Elle répondit affirmativement. En conséquence, le parlement, après avoir attesté l'innocence de cette femme, la remit à San-Pietro, le 15 juillet 1564, et lui enjoignit de la traiter avec tous les égards qu'elle méritait. Mais, de retour à Marseille, San-Pietro, ne pouvant maîtriser son farouche ressentiment, résolut d'ôter la vie à l'infortunée Vanina. Comme il n'avait jamais perdu pour elle ce respect de décorum dont il s'était fait une longue habitude, il lui parla encore cette fois la tête découverte et dans une contenance respectueuse ; il lui reprocha sa perfidie, et lui dit que sa faute ne pouvait s'expier que par la mort. Puis il ordonna à deux esclaves d'exécuter cet arrêt barbare. Vanina, qui connaissait le caractère cruel et inflexible de son mari, n'essaya point de l'attendrir par ses prières ni par ses larmes; seulement elle le conjura avec instance, puisque sa mort était irrévocable, de lui épargner la honte de mourir sous les coups de vils escla ves. Alors cet autre Othello, sans être ému, fait retirer ses bourreaux, se jette aux pieds de Vanina, lui demande pardon en termes respectueux et soumis, lui passe au cou le cordon fatal, et l'étrangle sans pitié. Le monstre fit ensuite subir le même supplice à deux filles qu'il avait eues de Vanina. Le procureur général du parlement ayant porté plainte, San-Pietro vint en toute hâte à Paris pour justifier son crime. Il y fut accueilli par l'horreur et l'indignation générales. La reine refusa de le voir. Alors découvrant sa poitrine, cicatrisée au service de l'État, il s'écria avec fierté : « Qu'importe au roi, qu'importe à la France, que San

ORNE Pietro ait bien ou mal vécu avec sa femme?» Le roi (c'était Charles IX!) lui pardonna ses crimes. San Pietro Bastelica trois ans après (1566), fut lui-même victime d'un meurtre. Étant retourné en Corse, il y fut assassiné, dans une rencontre avec les Génois, par un de ses capitaines, nommé Vitello, qui lui tira un coup d'arquebuse par derrière.

ORNANO (ALFONSE D'), maréchal de France, colonel général des Corses au service de France, était fils de SanPietro Bastelica et de Vanina d'Ornano. Il avait pris le nom de la famille de sa mère. Il acquit la réputation d'un grand homme de guerre, et rendit de grands services à la cause royale pendant les troubles de la Ligue. Ce fut par ses soins que Grenoble, Valence et les autres villes du Dauphiné secouèrent, en 1594, le joug des ligueurs. Henri IV le nomma gouverneur de cette province, et maréchal de France en 1595. Il mourut le 21 janvier 1610, à l'âge de soixante-deux ans. Il avait une grande réputation de franchise, mais il était sous le rapport de la férocité le digne fils de son père. Il exécutait lui-même les sentences de mort qu'il prononçait contre ses soldats. Un de ses neveux, ayant manqué à quelque devoir (militaire, vint pour diner avec son oncle : le maréchal se leva, le poignarda, demanda à se laver les mains, et se remit tranquillement à table.

ORNANO ( JEAN-Baptiste d'), fils aîné du précédent, naquit à Sistéron, en 1581. Nommé, jeune encore, gouverneur de Gaston d'Orléans, il fut éloigné de la cour en 1624, pour avoir suggéré à ce prince le désir d'entrer au conseil. Quelque temps après, la reine Marie de Médicis le fit rap. peler, et il fut promu à la dignité de maréchal de France en 1626, sans avoir servi dans les armées. Son crédit ne fut pas long. Arrêté cette même année, pendant qu'on instruisait son procès, il mourut à Vincennes, le 2 septemi re 1625. ORNANO (ANTOine Philippe, comte d'), de la même famille, qui s'est continuée en Corse, mais d'une branche collatérale, est né à Ajaccio, en 1783. Lors de la campagne de 1805, il avait le con mandement du bataillon des chasseurs corses. Il se distingua à la bataille d'Austerlitz et dans les campagnes de Prusse et de Pologne. Commandant des dragons de la garde, pendant la guerre d'Espagne, il parvint à enlever quatre pièces de canon à l'ennemi au con bat d'Alb de Tormès. Promu au grade de général de brigade, il prit part à la campagne de Russie, où il se fit remarquer aux combats d'Ostrowno et de Mo-. hilef, et après la journée de la Moskowa, fut fait général de division. Au retour des Bourbons, il eut le commandement des dragons rovaux. Mais en mars 1815 il rejoi gnit l'empereur. Arrêté en novembre suivant, il reçut l'ordre de sortir de France, et rentra en 1818. Après la révolution de Juillet, il fut nommé au comandement d'une division militaire et fait pair de France en 1832. Élu représentant à l'Assemblée législative, en 1849, il devint en 1852 sénateur, chancelier de la Légion d'honneur, en 1853 gouverneur des Invalides, et en 1861 maréchal de France. Tous ces honneurs, on peut en attribuer une grande partie à sa parenté avec les Bonaparte, et à son mariage en 1816 avec la comtesse Walewski. Il est mort le 13 octobre 1863, à Paris.

Un de s's fils, Rodolphe, ancien préfet de l'Yonne, chambellan de l'empereur, a été député au corps légis

latif.

ORNANS, petite ville de France, chef-lieu de canton du département du Doubs, à 25 kil. de Besançon, sur la Loue, compte 3,173 âmes (1872). Elle possède plusieurs fabriques de machines et de n eubles, et fait un commerce considerable en bestiaux et en fromages façon gruyère. Ville ancienne et jadis fortifiée, elle a conservé quelques beaux restes du seiziè e siècle, entre autres une vaste

église, contenant de bons tableaux et de riches reliquaires; il faut citer aussi son hôpital, qui est d'une architecture élégante.

ORNE, fleuve de France, qui se jette dans la Manche. Sa source est au hameau de la Tulaie, près de la ville de

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