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culer des chrétiens au delà de la muraille d'Agricola, fut un guerrier de forte race, dont la pensée conservait dans sa plus haute tristesse quelque chose de la fermeté de son bras. Son père, Fingal (finn, de l'étranger, c'est-à-dire d'Islande) l'avait formé lui-même; il était roi de Morven, et savait également gouverner et combattre. Ce prince, aussi beau que sage et vaillant, entraînait son peuple par l'éclat de ces avantages, par son enthousiasme guerrier. A la tête de ses Calédoniens, il repoussa l'invasion tentée par l'empereur Sévère, et battit complétement son fils Caracalla: il se signala encore dans une guerre contre l'usurpateur Carausius, qui fit réparer la muraille opposée par Agricola aux incursions des Calédoniens. Ossian a chanté ces exploits dans La Guerre de Caros. Il ne s'est pas non plus oublié lui-même, et ses grandes actions, ses joies et ses douleurs, ont été pour son génie des sources naïves d'inspiration. Dans une expédition en Irlande, Ossian se fit aimer d'Evir-Allin, fille de Brenno, roi de Rego, surnommé l'ami des étrangers ; titre aussi honorable qu'un sceptre dans ces époques sérieuses. Ossian n'eut qu'un fils, Oscar, dont le nom revient partout dans ses chants. Le jeune prince fut tué par trahison, et Malvina, son épouse ou son amante, se voua avec Ossian à des regrets éternels. Ils erraient tous deux dans les lieux les plus tristes, retrouvant dans chaque objet quelque chose de celui qu'ils avaient perdu. Tous ceux qu'aimait Ossian moururent avant lui, et la plupart dans des circonstances cruelles, qu'il a retracées dans son poëme de La Chute de Tura.

Ossian, déjà mort de tant de manières, avait encore perdu la plus précieuse partie de la vie poétique: il était devenu aveugle, et n'avait que Malvina pour le guider. Ce soutien lui manqua encore : Malvina le laissa seul sur la terre. Ossian ne trafna plus qu'un petit nombre de jours: il les termina sous le toit hospitalier du fils d'Alpin, ainsi qu'il l'appelle, c'est-à-dire, à ce que l'on croit, d'un solitaire chrétien, qui avait cherché dans les montagnes sauvages de Ja Calédonie un refuge contre la persécution de Dioclétien, universelle comme l'empire même.

Les poemes d'Ossian et sa personne étaient oubliés depuis quatorze cents ans, quand un homme, ignoré jusque là, malgré ses efforts pour sortir de l'obscurité, les signala tout à coup à l'attention du monde littéraire, et prit une importance que ses écrits passés et futurs n'auraient pu lui donner, Macpherson, qui avait déjà publié un poëme médiocre, The Highlander, précédé d'une foule d'essais inédits de collége, et auquel personne n'avait pris garde, quand il fit paraître, en 1760, ses Fragments de Poésie ancienne, recueillis dans les montagnes d'Écosse, et traduits de la langue erse ou gallique. Ce recueil fit un bruit extraordinaire, et le poëte Gray se mit à la tête des enthousiastes. Macpherson, plein de la Bible et d'Homère, avait compris l'effet que pourraient produire des poésies galliques mêlées de paganisme et de christianisme; le tout relevé par une certaine emphase, toujours précieuse en fait de spéculations vaniteuses ou pécuniaires. Macpherson fut heureux autant que prévoyant. | Le public anglais de cette époque aimait la tristesse, le vague et le démesuré. Ce goût faux et dangereux, partagé par l'élite des écrivains français, se répandit enfin dans presque toute l'Europe, et les dupes futures de Macpherson semblaient le supplier de les tromper. Bientôt une souscription s'ouvrit pour l'aider à augmenter son recueil. L'Écosse poétique, longtemps comptée pour rien, fut regardée comme un Pérou littéraire, et le Fernand Cortez de l'expédition trouva tous les moyens de l'accomplir. Macpherson publia en 1765 la collection désirée, avec la traduction anglaise en regard du texte gallique: il mettait l'ouvrage sur le compte d'Ossian. Cette publication fut un événement européen. On ne parla plus que d'Ossian, et l'on en vint sérieusement à lui sacrifier Homère. Les critiques prirent feu pour et contre le mérite de ces poésies, leur authenticité, et même l'existence de l'auteur. Au plus fort de cette mêlée, on vit paraître, en 1780, un grave champion

de Macpherson. Le docteur Smith, ministre de Kilbrandon, ayant visité d'autres parties de l'Écosse que Macpherson, en rapporta quatorze poëmes, d'Ossian pour la plupart. Ces ouvrages furent admirés et combattus comme les premiers. Blair et lord Kaimes appuyaient Smith et Macpherson, attaqué avec fureur par Samuel Johnson, que secondait Shaw, auteur d'un dictionnaire de la langue gallique. Johnson fit un voyage aux les Hébrides pour grossir son dossier dans cette plaidoirie : il en revint avec des arguments accablants par eux-mêmes, mais affaiblis par la fureur de son langage. Aujourd'hui que le procès est jugé, on aime à rire de l'immense honneur qu'on fit à Macpherson. Une de ses dupes les plus amusantes, c'est Bonaparte. Il pensa toute sa vie à la fantasmagorie de Macpherson. Gœthe, le dernier des poëtes à se faire illusion, partagea en passant l'erreur durable de Bonaparte. Il la laisse voir dans Werther. Me de Staël y fut prise aussi, et plus vite encore que ces deux hommes. Toutefois (il faut le dire pour leur excuse), à travers l'amplification de Macpherson, on démêle quelques traits de l'original ou des originaux; car il est certain ou très-probable que les poésies attribuées à Ossian appartiennent à plusieurs bardes. Mackenzie, président de l'Highland Society à Édimbourg, fit paraître au nom de ce corps un mémoire qui développait ces faits. En 1807 la Société Écossaise de Londres fit imprimer le texte gallique avec une traduction littérale, et y joignit des observations, des dissertations, où les mêmes points étaient longuement éclairés.

On retrouve dans ces poésies éparses et souvent tronquées une vigueur native et fruste, dont Macpherson n'a point respecté le caractère. Entre le poëte primitif et l'arrangeur, on trouve à peu près la même différence qu'il y a entre la simplicité de nos chroniques chevaleresques et chrétiennes et l'imitation ambitieuse et mensongère qui a nom romantisme, école du moyen âge, etc. La poésie traditionnelle des montagnards écossais est empreinte d'une couleur énergique, qui va se fondre au loin dans des nuances tristes. et confuses, monotones quelquefois dans leur naïveté expansive, mais jamais prétentieuses et puériles, comme l'est la paraphrase de Macpherson. Ossian raconte les combats, sa vie purement terrestre, puis de là, comme d'un sol ferme et connu, il s'élance vers des régions mystérieuses. Il converse avec les âmes, dont l'immortalité l'occupe autant que la première existence. A la veille des grandes entreprises, au milieu des dangers, après des malheurs ou des triomphes, il cause avec des êtres invisibles et présents. Entouré d'objets imposants, de montagnes, de précipices, de torrents, il écoute les dieux qui se combattent et le mugissement lointain de la mer, et ne voit le ciel qu'à travers des nuées et des brouillards. Du sein de cette nature grandiose et voilée s'élève un monde que son âme distingue et sait habiter. Il chante les merveilles, il les possède; il en rapporte quelque chose dans la vie, et les affections courantes prennent avec lui des proportions analogues. Ossian chante l'amour, l'amitié, la paternité, la patrie, en homme qui a connu tout cela dans de plus hautes régions. Ossian se croit partout dans une double société ; les hommes et les esprits l'occupent également. Les ombres de ses pères l'assistent dans ses projets; les génies des montagnes, des vents, des forêts, sont là pour l'éclairer, l'affermir, le consoler. Les mythes semés dans les chants d'Os. sian; ces héros intronisés plus ou moins haut dans les nuages, selon l'importance et le mérite de leurs œuvres, appartenaient de loin au paganisme irlandais, où leur grandeur avait été pontificale.

Quelles que soient les beautés d'Ossian, on ne peut les lire que de temps à autre, même dans l'original. Il faut pour cela un homme pénétré du génie écossais et capable de remplir les lacunes par des impressions locales et par des souvenirs naïfs et populaires. Malgré des traits énergiques et grandioses, l'Ossian véritable, tel que nous l'avons aujourd'hui, n'eût pas eu le succès du pastiche de Macpher

OSSIAN

son. La collection ossianique, telle que nous la possédons, est curieuse; les gens de goût et de méditation ont encore de quoi se satisfaire. Philarète CHASLES.

En 1829 l'Académie irlandaise de Dublin proposa un prix pour le meilleur mémoire sur la question de l'authenticité des poésies attribuées par Macpherson à Ossian. Elle ne reçut que deux mémoires: l'un par Oreilly, l'autre par Drummond, tous deux parfaitement versés dans la connaissance de la langue gallique. Ils prouvèrent tous deux que le prétendu manuscrit original des poésies d'Ossian produit par Macpherson n'était qu'une traduction de l'anglais dans la langue gallique moderne. Les poésies attribuées à Ossian, et qui ont été conservées en Irlande, ont été recueillies et mises au jour par la Société ossianique (Dublin, 1854-1861, 6 vol.).

Voici où en est demeurée la question: Sans doute il a existé et il existe encore dans la bouche des highlanders des chants galliques remontant aux temps anciens ; mais la plupart de ces chants sont d'origine irlandaise, et existent encore en partie en Irlande. Les annales irlandaises peuvent bien faire vivre leur Fingal au troisième siècle de notre ère; mais il reste à savoir si les chants où il est question de lui datent d'une époque aussi reculée; et à cela on peut répondre hardiment que non. Ces chants sont originaires d'Irlande, et on y voit figurer déjà des saints irlandais, notamment saint Patrick. La forme en est très-embarrassée et difficile; c'est une réunion d'allitérations et d'assonnances. En tous cas, il est impossible de les faire remonter plus haut que le sixième siècle, et il se peut qu'ils ne datent même que de plusieurs siècles plus tard. Ces chants, quelle qu'en soit l'époque, sont aux poésies de Macpherson ce que le jour est à la nuit. On ne comprend pas qu'on ait pu être si longtemps dupe en France et surtout en Allemagne d'une aussi grossière mystification. Macpherson ne fut évidemment qu'un adroit imposteur: sans doute il a utilisé les chants anciens; mais par la manière dont il en a usé il les a faits siens, de sorte qu'ils n'ont plus de ressemblance avec les anciens. Sans doute les anciens chants ne sont souvent rien moins que poétiques, et Macpherson savait parfaitement qu'en les traduisant fidèlement il n'obtiendrait aucun succès; mais ils portent le véritable cachet de toute poésie populaire.

OSSIFICATION (du latin os, os, et fieri, devenir), formation des o s.

OSSOLI (La marquise D'). Voyez FULLER.

il se

OSSUÑA (Don PEDRO TELLEZ Y GIRON, duc D'), vice-roi de Sicile, puis de Naples, né en 1579, à Valladolid, vint à l'âge de deux ans à Naples avec son grand-père, lorsque celui-ci y fut envoyé en qualité de vice-roi. A l'âge de dix ans il revint en Espagne, et alla plus tard suivre les cours de l'université de Salamanque, où il acquit une connaissance approfondie de la langue et de la littérature latines. Lors de ses débuts à la cour de Philippe II, il y rencontra force occasions de déployer son esprit vif et mordant, mais ne tarda pas à s'attirer ainsi la haine des courtisans et la disgrâce du roi. Banni de la capitale à cause d'une expression mal séante dont il s'était servi en parlant de ce prince, rendit à Saragosse, où s'était également refugié Antonio Perez, secrétaire de Philippe II. Giron le protégea, et lui fournit les moyens de fuir. Quant à lui, il passa en France et de là en Portugal, où il resta jusqu'à la mort de Philippe II. A son retour à la cour, il s'attacha particulièrement au duc de Lerme, favori du nouveau roi Philippe III, épousa la fille du duc d'Alcala, et prit le titre de duc d'Ossuña. Mais les courtisans de Philippe III réussirent à indisposer également contre lui ce prince, qu'il avait habitude d'appeler dérisoirement le tambour-maître du royaume. Exilé de nouveau, Ossuña se rendit en Flandre, où il fit six campagnes et où il ne se distingua pas moins par sa valeur que par son habileté. Vers ce temps-là, il parcourut aussi la France et l'Angleterre. Henri IV, qui prisait beaucoup son esprit, l'accueillit parfaitement; et Jacques Ier prit un plaisir tout particulier à s'entretenir avec lui en latin.

DICT. DE LA CONVERS. -T. XIV.

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Grâce au duc de Lerme, il lui fut permis, en 1607, de revenir à Madrid; et le roi lui donna alors diverses marques de confiance. Ossuña employa son influence sur l'esprit du ministre à faire reconnaître l'indépendance de la Hollande par le traité signé en 1609; et l'année suivante, quand on résolut d'expulser d'Espagne les Moriscos (voyez MAURES), il rédigea deux mémoires pour signaler les résultats déplorables que devait avoir une telle mesure. L'inquisition l'accusa en conséquence d'avoir, dans ses voyages, sucé le lait de l'hérésie et d'être en secret dévoué aux Maures. L'enquête dont il devint l'objet ne donna pas plus de motifs de le condamner que n'avait fait une autre accusation précédemment élevée contre lui à l'occasion de quelques plaisanteries que, disait-on, il s'était permises au sujet d'un miracle. Tout de suite après, en 1611, Ossuña fut envoyé, comme vice-roi, en Sicile, où tous ses efforts tendirent à rétablir la sécurité publique, à faire refleurir le commerce et l'industrie, ainsi qu'à mettre les côtes à l'abri des déprédations des Turcs. Rappelé en Espagne en 1615, il n'y fit qu'un court séjour, car dès l'année suivante il était envoyé à Naples en qualité de vice-roi. Là aussi il consacra tous ses soins à soulager la misère du peuple; et par là il se rendit également odieux à la noblesse et au clergé. Il combattit énergiquement les prétentions de Venise à la souveraineté de l'Adriatique, prétentions extrêmement préjudiciables au commerce de Naples et de la Sicile.

Philippe III ayant voulu introduire l'inquisition à Naples, Ossuña se prononça avec tant de force contre cette mesure, qu'on l'accusa de manquer de respect au roi. Pour conjurer l'orage, il maria sa fille au fils du duc de Lerme. Mais en combattant l'inquisition, il s'était rendu odieux au clergé ; alors, prévoyant qu'un jour ou un autre ses ennemis finiraient par l'emporter et par lui arracher le pouvoir, il songea peut-être à l'usurper. Encore bien que l'on soupçonnât en Espagne ses projets, on y hésitait encore à le rappeler. Enfin, on désigna en 1620 le cardinal Borgia pour le remplacer. Son retour à Madrid fut un véritable triomphe; mais aussitôt après l'avénement de Philippe IV, on soumit sa conduite à une enquête, qui dura trois années. Bien qu'elle n'eût pas eu pour résultat de le faire déclarer coupable, il n'en fut pas moins retenu prisonnier au château d'Almaceda, où il mourut, en 1624, du poison, dit-on, que lui fit passer sa femme. Les haines qu'il avait soulevées se turent devant son tombeau; et son fils, don Juan Tellez y Giron, duc d'OSSUNA, mort en 1656, vice-roi de Palerme, put hériter de ses biens sans contestation.

OSTADE (Adrien Van), célèbre peintre et graveur de l'école hollandaise, naquit à Lubeck, en 1610, et mourut à Amsterdam, en 1685. Il était élève de François Hals, et appartient à cette école qui, appliquée à l'étude d'une nature triviale, recherche surtout la vérité matérielle, sans rien donner à l'imagination ni à l'idéal. Van Ostade imita la manière de Brauwer et celle de Téniers; mais il les imita avec originalité. Les habitudes ignobles, l'expression grosslère des passions brutales, les mœurs dégradées de la populace, tels étaient ses sujets de prédilection; et il les a rendus avec une énergie si saisissante, une touche si spirituelle, un coloris si plein de vie, des effets de clair-obscur si parfaits, que la magie de l'exécution relève la bassesse de la pensée fondamentale. Van Ostade, à force de talent, fait en quelque sorte réparation à l'art, que souvent il mésallie; il trempe parfois son pinceau dans la boue, et jette sur la toile des diamants et des perles. La galerie du Louvre possède plusieurs morceaux de Van Ostade, qui sont du premier mérite, savoir: la famille de ce peintre, Le Maitre d'École, Un Marché aux Poissons, l'Intérieur d'un Ménage rustique, le Notaire dans son étude, Un Fumeur et Un

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42 OSTADE charrette à la porte d'un cabaret, Des Patineurs, le même sujet autrement traité; Un Cheval blanc, Fond de Paysage. Parmi les élèves ou imitateurs d'Adrien, on compte encore, indépendamment de son frère, Corneille Dusart, Corneille Bega, Brakemburg, C. de Hyeer, etc.

DE REIFFENBERG.

OSTENDE, dont le nom signifie extrémité orientale, 'était au neuvième siècle qu'un petit village; son port fut fréquenté dès le onzième; Philippe le Bon le fit environner de murailles, en 1445; mais la place ne fut régulièrement fortifiée qu'en 1583, par le prince Guillaume d'Orange. Les Hollandais y soutinrent contre les Espagnols un des plus fameux siéges dont parle l'histoire, et que les rhéteurs du temps ont comparé au siége de Troie. Il commença en 1601; la ville ne se rendit par capitulation à Ambroise Spinola qu'en 1604. Louis XV y entra en 1745, après un siége de dix-huit jours, qui la détruisit presque entièrement; il la *endit en 1748, Quelques années avant, l'empereur Charles VI y avait établi une Compagnie des Indes, qui fut supprimée en 1731, par la jalousie activé de la Hollande, de l'Angleterre et même de la France.

Vers 1403, Gilles Berkels, de Hughenvliet, et Jacques Kien, d'Ostende, préparèrent les premiers en mer le hareng caqué, invention qui a servi de fondement à la richesse de la lollande.

Ostende, chef-lieu d'arrondissement dans la Flandre occidentale (Belgique), est située sur la mer du Nord, au com. mencement du canal d'Ostende à Bruges, et près de la jonction de celui-ci avec le canal de Nieuport. On y admire de magnifiques écluses de chasse. Cette ville, peuplée d'environ 18,000 âmes, est bâtie d'une manière régulière. Elle possède une école de navigation, des fabriques de toiles fines et de toiles à voiles, de tabac, etc. On y construit beaucoup de navires, et l'industrie de la pêche y est très-active. Une ligne fégulière de paquebots à vapeur la met en communication avec Londres. Une jetée magnifique, construite dans ces derniers temps, a doté la ville d'une promenade des plus agréables. DE REIFFENBERG.

OSTENSOIR (d'Ostentio, manifestation). On appelle ainsi une pièce d'orfévrerie qui représente d'ordinaire un soleil, élevé sur un pied : les catholiques exposent, à travers une glace placée au milieu de ce soleil, soit l'hostie, et alors l'ostensoir prend le nom de saint-sacrèment, et quelquefois seulement des reliques. Les ostensoirs sont en or, en argent, en vermeil; dans les humbles églises des villages, ils sont le plus souvent en plaqué.

OSTENTATION, désir excessif de mettre en relief, de produire au dehors certains dons naturels ou acquis, ou bien encore quelques avantages de position. Par une bizarrerie qui lui est propre, l'ostentation s'attache à tous les genres d'effets, les plus grands comme les plus petits; elle les alterne et les varie ce qu'elle veut avant tout, c'est surprendre les regards; elle donne en général plus de fatigue que de plaisir; si elle est la passion d'habitude des esprits inférieurs, on la voit souvent atteindre les gens de génie. C'est dans les petites villes que l'ostentation se développe à son aise: là, les spectateurs ne lui manquent jamais; elle s'anéantit au contraire dans l'immense étendue des capitales, où tout se confond. On fait ostentation des vices comme des vertus; il en résulte qu'on pousse les uns iusque dans leurs derniers excès, et qu'on ôte une partie de leur valeur aux autres. Les femmes sont beaucoup moins sujettes à l'ostentation qu'à la vanité : celle-ci tient à leur nature. Elle n'exige ni peines ni efforts; elle se modifie, elle se voile, elle se fait pardonner. Quant à l'ostentation, elle ne parvient jamais qu'à se faire hair. SAINT-PROSPER.

OSTÉOGÉNIE (du grec datéov, os, et yéveots, développement), science qui s'occupe de la formation et du dévelop pement des os. L'étude comparative de l'ostéogénie dans tous les types des vertébrés est une branche très importante de la physiologie et de l'anatomie comparée, qui a beaucoup

OSTIE

favorisé le perfectionnement de l'anatomie philosophique et celui de la tératologie. L. LAURENT. OSTÉOLOGIE (du grec dotéov, os, et λóyos,, discours), partie de l'anatomie qui traite d'abord des os en général au point de vue de leurs rapports chimiques, de leur contexture, de leur mode de nutrition, de leur développement, etc., et en particulier de leur conformation, de leur position et de leur destination. Les os étant l'armure du corps humain, il en résulte que l'ostéologie est la base de l'anatomie et sert de prolégomènes et d'introduction à l'étude de cette science. Les corrélations des os entre eux sont l'objet de la chondrologie, ou science des cartilages, et de la syndesmologie ou science des ligaments, deux subdivisions de l'ostéologie. Parmi les ouvrages les plus utiles à consulter pour l'étude de cette science, nous eiterons Albinus Tabule Sceleti et musculorum corporis humani ( Leyde, in-fol., 1747).

OSTERMANN (HENRI-JEAN FRÉDÉRIC, conite ANDRÉ IWANOWITSCH), diplomate distingué et l'un des favoris de Pierre le Grand, était le fils d'un pasteur de la Westphalie, et né en 1686. Il entra au service russe comme marin, en 1704, et ne contribua pas peu à faire réussir en 1711 les habiles démarches par lesquelles Catherine réussit, sur les bords du Pruth, à tirer Pierre du mauvais pas où il se trouvait. Entre autres traités importants négociés par lui, on peut citer la paix de Nystadt, en 1721. Pierre le Grand le créa baron; Catherine Ire le nomma vice-chancelier de l'empire, et à son lit de mort elle le désigna pour gouverneur de son fils et successeur, Pierre, en même temps qu'elle l'appela à faire partie du conseil de régence pendant la minorité de ce prince. Pierre II le nomma comte, et l'impératrice Anné amiral général, A son avénement au trône, en 1741, Élisabeth le fit arrêter et condamner à mort. Elle ne lui fit grâce de la vie que lorsque déjà il se trouvait sur l'échafaud; et alors elle commua sa peine en un exil perpétuel en Sibérie. C'est là qu'il mourut, le 20 mai 1747. C'était un homme d'une remarquable intelligence et qu'aucun obstacle ne pouvait détourner de son but. Irréprochable dans sa vie privée, trèshabile en affaires, incorruptible et fidèle, il n'était point étranger aux sciences, et possédait en outre des connaissances très-variées en fait de langues étrangères, de même qu'il était parfaitement au courant de tout ce qui avait trait aux cours de l'Europe. Ses deux fils, qui moururent sans avoir eu d'enfants, adoptèrent les fils de leur sœur, mariée au gé. néral Tolstoï; et ceux-ci prirent dès lors le nom d'Oster. mann-Tolstoi.

OSTERWALD (JEAN-FRÉDÉRIC), célèbre théologien protestant, né à Neufchâtel (Suisse), en 1663, obtint le titre de pasteur en 1699, et mourut dans sa ville natale, le 14 avril 1747. Le succès qu'obtinrent ses Arguments et Réflexions sur la Bible (Neufchâtel, 1720), ouvrage que des traductions popularisèrent tout aussitôt en Angleterre, en Hollande et en Allemagne, lui inspira le projet d'entreprendre à l'âge de quatre-vingts ans une révision des diverses traductions françaises de l'Écriture Sainte alors existantes et de publier ainsi une traduction nouvelle de la Bible, qui est demeurée depuis lors en usage dans l'Église réformée de la Suisse, aussi que dans les églises luthériennes françaises.

OSTIAKS, peuplade finnoise, qui habite plus particulièrement les gouvernements de Tobolsk et de Tomsk, en Sibérie, et qui forme en réalité trois tribus distinctes par les mœurs et la langue. On y comptait en 1784, 32,252 hommes soumis à l'impôt; mais le nombre n'en est plus aujourd'hui que de 25,000.

OSTIE, ancien port de Rome, à 23 kil. de cette ville, et à l'embouchure du Tibre, fondé par Ancus Martius, acquit une grande prospérité et compta jusqu'à 80,000 habitants. Ruinée de fond en comble par les Sarrasins, au cinquième siècle, cette ville alla toujours en déclinant, et ses ruines sont aujourd'hui à plus de 4.000 mètres de la mer. La malaria, developpée par suite de l'extension des marais, est telle que les 50 individus qui forment la po

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pulation du village actuel le désertent en partie pendant | meux dans l'antique dynastie des rois de la Thèbes d'Égypte,

l'été.

OSTRACISME (du grec čotpaxov, coquille). L'ostracisme, institué par Solon, consistait à traduire au jugement du peuple la grandeur inquiétante des citoyens trop haut placés, et à bannir pour dix ans du territoire de la république celui qui aurait pu un jour la maîtriser. A Athènes, où le nombre des votants pouvait être de 20,000, il fallait 6,000 suffrages contre l'accusé, c'est-à-dire la presque totalité des vox qui assistaient ordinairement aux assemblées. Cette sage exigence de la loi prévenait la fréquence de ses applications; mais elle mettait nécessairement en jeu les intrigues de la jalousie, de l'inimitié, et les séductions adressees aux faibles ou aux indifférents, donton voulait gagner les suffrages. On se rappelle le mot si connu du stupide paysan de l'Attique venu à l'assem blée pour décider sur le sort d'Aristide. Du reste, le citoyen frappé de l'ostracisme n'était pas privé de ses droits; aucun deshonneur n'était attaché à ce bannissement tem. poraire après l'expiration de sa peine, il pouvait reve nir mériter un nouvel exil. Le peuple, honteux d'en avoir fait un indigne usage en l'appliquant au misérable Hyperbolus, renonça pour toujours à l'ostracisme. F. GAIL.

OSTROGOTHS, Ost-Gothen, c'est-à-dire Goths de l'Orient, comme les Visigoths (West-Gothen) étaient les Goths de l'Occident (royez CоTHS). Dans le langage familier on appelle ostrogoth un homme ignorant les usages, les coutumes, les bienséances, une espèce de barbare.

OSTROLENKA, ville de la voivodie de Plock (Pologne), sur la Narva, avec 2,000 habitants, est célèbre par la bataille qui y fut livrée, le 16 février 1807, entre l'armée française aux ordres du général Savary et l'armée russe commandée par Essen, mais plus encore par la victoire complète que le général russe Diebitsch y remporta, le 26 mai 1831, sur le général polonais Skrzynecki, et dans laquelle périrent les généraux polonais Kicki et Kamienski.

que les uns supposent être Aménophis IV, le même que M e m non, et d'autres le grand Sésostris, d'autres enfin co Pharaon de la dixième génération avant la dix-septième dy nastie égyptienne, Ousi, que ses victoires firent surnommer Mandonei, le Conquérant. Toutefois, ce nom pompenx d'Osymandyas ne serait point parvenu jusqu'à nous sans Hécatée, écrivain antérieur à Hérodote, et sans Diodore de Sicile, qui nous a laissé une description si détaillée du monument de Thèbes, que la commission des savants fran. çais, sous le général Bonaparte, en Egypte, a jugé être le monument funèbre de ce monarque, et non le palais de Memnon, ou le Memnonium décrit par le géographe Strabon, Les restes du colosse du nord et du sud, encore debout dans la plaine de Thèbes, servirent de base à leur conviction. En effet, Diodore de Sicile dit dans sa relation que la statue d'Osymandyas était la plus gigantesque de toutes celles de l'Égypte. Selon Jablonski, Aménophis, Memnon et Osymandyas seraient les noms d'une seule et même statue. D'autres, et la commission est du nombre, rejettent toute identité de Memnon et d'Osymandyas. Le voyageur anglais Pococke a cru reconnaître le tombeau d'Osymandyas dans le palais de Louqsor.

La description du tombeau d'Osymandyas par Diodore de Sicile, qui le plaçait à dix stades des tombeaux des jeunes vierges consacrées à Jupiter Ammon, donnera une idée de la magnificence de ce monument, devant lequel se trouvait la statue du conquérant de la Bactriane, Osymandyas, la plus grande de toutes les statues colossales de l'Égypte, car en la mesurant d'après les tronçons qui gisent aujourd'huf épars dans le sable, on peut lui donner une élévation d'environ 17 à 18 mètres. Au bas de cette statue, que Cambyse aurait fait scier suivant les uns, mais qui a été, ainsi que l'attestent ses débris, détruite à l'aide de coins en bois, on lit cette inscription: « Je suis Osymandyas, roi des rois; si quelqu'un veut savoir quel je suis et où je repose, qu'il détruise quelques-uns de mes ouvrages. »

Dans un des péristyles de cet admirable monument, des bas-reliefs représentaient le roi à la tête de 400,000 combattants à pied et de 20,000 chevaux, un lion rugissant qui combattait et déchirait les ennemis à ses côtés, mâle et magnifique emblème de la force, du courage et du commandement; on y trouvait une salle de justice où étaient taillées en bois des statues de plaideurs, et au-dessus celles de juges, tirés de ce qu'avaient de plus recommandable par leur sa gesse entre leurs citoyens Héliopolis, Memphis et Thèbes, Enfin, ce monument était entouré par un immense cercle d'or pur de 365 coudées, la proie de Cambyse, divisé en 365 degrés, représentation du cycle solaire. Ce cycle couronnait un magnifique cenotaphe où tombeau vide, placé dans la partie extrême de ce palais; de là on entrait dans un lieu où sans doute était caché et déposé le corps d'Osymandyas, C'était une salle qui renfermait vingt tables entourées de lits

OSTROWSKI, célèbre famille polonaise, dont il est question dès le quinzième siècle, Antoni OSTROWSKI, né à Varsovie, en 1782, alla en 1802 étudier à l'université de Leipzig, et en 1806, tout de suite après l'entrée des Français à Varsovie, s'enrôla dans la garde d'honneur qu'on éréa alors. Après la fondation du grand-duché de Varsóvie, il fut nommé nonce; et pendant la guerre de 1809 contre l'Autriche il fit partie du gouvernement provisoire. En 1812 il accompagna Napoléon à Dresde, et assista à la bataille de Leipzig. Quand la Pologne eut reçu de l'empereur Alexandre une constitution, il fut chargé d'aller comme député présenter les remerciements de la nation à ce prince. A la mort de son père, il entra au sénat, et y forma contre l'arbitraire du grand-duc Constantin une courageuse et ferme opposi tion. Devenu dès lors l'objet de la haine toute particulière de ce prince, il alla voyager en Allemagne, en France et en Angleterre. A la première nouvelle de l'insurrection de 1830, il accourut à Varsovie. Nommé alors commandant supé-sur lesquels étaient les images de Jupiter, de Junon et d'O rieur de la garde nationale, il sut habilement maintenir les masses dans les strictes limites de la légalité. La diète lui confia la mission de se rendre à Bolimof pour enlever au général Skrzynecki son commandement en chef. Quand Kruckowiecki parvint au pouvoir suprême, il quitta l'assemblée nationale pour aller combattre comme simple soldat sous les murs de Varsovie. Après avoir préalablement prononcé, en qualité de président du sénat, la déposition de Krucko wiecki, il suivit l'armée nationale à Modlin; et lorsqu'elle dut se réfugier sur le territoire prussien, le 4 octobre 1831, ce fut lui qui rédigea le manifeste adressé à tous les rois et à tous les peuples de l'Europe. Il trouva ensuite un asile en France, où il est mort, en 1845.

Son frère, Ladislas OSTROWSKI, fut maréchal de la diète en 1830, et dans l'exercice de ces fonctions mérita l'estime générale.

OSWEGO (Canal d'). Voyez ONTARIO (Lac d').
OSYMANDYAS. Tel est le nom d'un monarque fa.

symandyas. Ailleurs était la salle de festin, où étaient sculp tés des mets rares, de formes étranges et variées.

De tout cela il ne reste aujourd'hui qu'un piedestal intact, un pied colossal tout tronqué, et des ruines, au milieu d'une solitude sans bruit et sans voix. Cette tête du roi des rois, défigurée, séparée du tronc, et méconnaissable si quelques ornements royaux n'étaient point restés à son front; ce torse gigantesque sous lequel les reptiles ont fait leurs nids; ce tombeau d'un prince de la terre, haut et grand comme une ville, fouillé et refouillé dépítis plus de vingt-cinq siècles; brisé et dispersé sur le sable, ne sembleraient-ils pas avoir été jetés dans un désert par le bras de Dieu pour avertir de nouveaux Sésostris plus encore de la vanité que de la fra gilité des grandeurs humaines? DENNE-BARON.

OTAGE, nom que l'on donne à la personne remise au pouvoir d'autrui pour assurer l'exécution d'un engagement ou d'une promesse. Otage se dit en latin obses, et ce n'est qu'une corruption du me' hospes, parce que dans l'origine

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ОТАІТІ

OTAGE Potage devait être traité avec tous les egards qu'impose les otages, et le 24 mai l'on fusilla à la Roquette Mr Darj'hospitalité. C'était généralement un débiteur qui livrait à boy, M. Bonjean, l'abbé Deguerry, le P. Ducoudray, suson créancier l'un de ses enfants ou l'un de ses proches pour périeur de l'école Sainte-Geneviève, le P. Clerc, jésuite. lui servir de garantie. L'otage devait demeurer dans la maison Plusieurs autres prêtres subirent le même sort dans la du créancier jusqu'à ce que le débiteur se fut acquitté. Cet même prison, le 26 mai. Chaudey avait été fusillé à Sainteusage,en vigueur dans les sociétés commençantes, ne subsiste Pélagie; Jecker périt éga'ement. Plus de quarante gendarplus chez les peuples civilisés que dans les relations politi-mes, gardes républicains ou sergents de ville furent exéques. Ainsi, lorsque des nations ennemies veulent traiter de cutés dans un enclos de la rue Haxo. la paix, dans beaucoup de circonstances on est encore aujourd'hui dans l'usage d'exiger de part et d'autre la réunion d'otages, comme confirmation du contrat public qui est passé entre deux nations. Cette expression peut même alors s'étendre à des parties de territoire qui sont cédées à l'ennemi, non pas à titre de propriété ou de conquête, mais comme un gage; en sorte qu'il doit restituer le territoire après que toutes les clau ses du contrat ont été exécutées. Les auteurs qui ont traité du droit public ont soumis à des principes réguliers tout ce qui se rapporte aux otages, la manière dont ils doivent être traités, etc.; mais où est la sanction de ces maximes, qui sont abandonnées à la discrétion du vainqueur? Aussi les peuples civilisés ont-ils généralement renoncé à exiger des otages, si ce n'est dans leurs relations avec les nations barbares.

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OTAITI, ou mieux TAITI, est la plus grande des fles de la Société, dans le grand Océan. Elle se compose de deux presqu'iles unies par un isthme, dont la plus grande, celle du nord-ouest, s'appe'le Opoureonou, et la plus petite, celle du sud-est, Tiarrabou, formant ensemble une superficie de 117,452 hectares, dont 2,162 seulement s nt en état de culture. L'intérieur de cette fle, dont les côtes sont garnies de bancs de corail, mais qui possède plusieurs ports excellents, est montagneux. De tous côtes le sol, à partir de l'étroite ceinture de plaines qui l'entoure, va toujours en s'élevant jusqu'à son centre, où le Orohena, son pic le plus élevé, atteint 2,236 mètres d'altitude.

L'archipel auquel appartient Taïti comprend 13 fles, placées sous le protecto at de la France. La population de T.ïti n'excédait pas, en 1869, 12,000 individus, dont 600 d'origine européenne. C'est le siège du gouvernement des établissements français de l'Océanie, ainsi que du protectorat des fies de la Société. De là un double rôle pour le chef de la colonie: en tant que commandant de nos é!ablissements il est assisté des chefs de ser vice ordinaires; comme commissaire près de la reine Pomaré IV, ses attri

Les troubles dont les départements de l'ouest et du midi de la France continuaient à être le théâtre déterminèrent, en 1799, le Conseil des Cinq Cents à adopter une loi demeurée fameuse dans notre législation sous le nom de loi des otages. Comme on attribuait aux parents des émigrés les actes de brigandage qui répandaient la désolation dans ces contrées, on les astreignit à fournir des otages. Des dé-butions sont definies par la loi du 9 septembre 1842. I sordres venaient-ils à éclater, des actes de brigandage à être commis sur un point du territoire, les parents ou alliés des émigrés, des individus suspects d'incivisme, et dès lors d'avoir pu faire partie des bandes ou rassemblements qui avaient commis ces désordres, étaient considérés aussitôt comme otages et déclarés personnellement responsables des actes en question. Les magistrats locaux avaient le droit de les faire arrêter et de les détenir plus ou moins longtemps en prison, où ils devaient se nourrir à leurs frais. S'il y avait eu assassinat, ils étaient autorisés à choisir un de ces détenus sur quatre et à le condamner à la déportation. On s'imagine facilement l'odieux abus qui put être fait d'une si monstrueuse loi, réminiscence de la terreur et de son horrible loi des suspects. L'un des premiers actes des consuls, à la suite du 18 brumaire, fut de l'abolir.

Les Prussiens, dans la guerre de 1870-1871 contre la France, remirent en vigueur le droit d'otages, presque oublié des peuples civilisés, et l'exercèrent avec une véritable barbarie. Ils ne se contentèrent pas de conduire en Allemagne des otages civils destinés à répondre de la vie des capitaines de la marine marchande allemande, faits prisonniers; ils prirent comme otages dans les villes ou villages qui tentèrent de se défendre, les citoyens que désignait leur fortune ou leur positio; partout où les francs-tireurs leur firent subir quelque désastre, ils s'emparèrent d'otages, que souvent ils fusillèrent presque aussitôt; enfin ils contraignirent en plusieurs circonstances des maires et d'autres magistrats à monter comme otages sur le tender des locomotives qui servaient au transport de leurs troupes ou approvisionnements.

Le gouvernement insurrectionnel de la Cominune de Paris, en 1871, à l'imitation des Prussiens, arrêta de nombreux otages. Mgr Darboy, archevêque de Paris et ses vicaires généraux; M. Deguerry, curé de la Madeleine, M. Bonjean, président de la cour de cassation, le journaliste Chaudey, le banquier Jecker, des prêtres, des religieux, des gendarmes, des gardes municipaux et d'anciens sergents de ville furent ainsi emprisonnés. Mgr Darboy écrivit à M. Thiers que la Commune offrait de le rendre à la liberté, ainsi que ses vicaires généraux et M. Deguerry, en échange de Blanqui; M. Thiers refusa cet arrangement. Un décret fut rendu par la Commune contre

possède la direction supérieure de toutes les affaires de l'intérieur, et règle exclusivement celies du dehors; ses relations avec les indigènes sont déterminées par les lois du pays. Sous les ordres du commandant sont placés un ordonnateur, un secrétaire général et trois résidents. Un conseil d'administration donne son avis sur toutes les questions qui lui sont soumises. Une assemblée indigène, portant le titre d'Assemblée légis 'ative, vote les lois locales; mais elle ne s'est pas réunie depuis la fin de 1861. Des détachements de gendarmerie coloniale, d'artillerie et d'infanterie de marine, composent la force armée, outre un aviso à vapeur. En 1850 on institua des tribunaux civils et criminels, dont l'organisation fut modifiée en 1864; la justice y est rendue au nom de la France. La liberté de l'enseignement existe dans la colonie, à la seule condition d'employer la langue française. Chaque village est tenu d'entretenir une école.

Les terres les plus ferti'es et les mieux cultivées sont situées dans la grande presqu'île. Dans l'intérieur des montagnes, qui sont couvertes de végétation jusqu'à leur sommet, le pays est encore à l'état sauvage et primitif. Il n'y a d'habité et de cultivé que les plaines de la côte et quelques vallées. Parmi les productions naturelles on remarque le cocotier, qui sert à une foule d'usages; l'arbre à pain, sur lequel repose en grande partie le nourriture des indigènes; le tacca, le tero, arbres à fécule; l'igname, le manioc, l'oranger, le goyavier, l'indigo, le coton, qui y est de qualité supérieure; le café et le sorgho. Les bois de construction et d'ébénisterie sont assez nombreux, mais difficiles à exploiter. L'industrie des Taïtiens se borne à tisser de la paille et des nattes. Tout le commerce est concentré à Papéiti, où les armateurs ont rassemblé tout ce qui est nécessaire au ravitaillement des navires. La nacre, les perles, l'huile de coco et l'arrow-root constituent à peu près les seuls objets d'exportation. En 1868 le commerce général offrait un total de 7,770,576 fr., dont 4,504,608 pour l'exportation; il était en progrès.

Le chef-lieu de Taïti est Papéiti, avec un bon port, et qui est le siége des autorités et d'un évêque catholique.

Taïti fut visitée pour la première fois, en 1606, par Quiros, qui lui donna le nom de Sagittaria; puis, en 1767, par Wallis, qui l'appela Ile du roi Georges III; en 1769, par

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