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OTHON

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meura aux troupes d'Othon; mais elles furent complétement mises en déroute à Bédriac; et à la nouvelle de ce désastre, Othon, quoique la situation fut encore loin d'être désespérée, résolut de se donner la mort. Le 20 avril il mit son projet à exécution avec le plus grand sang-froid, et s'enfonça un poignard dans le cœur. Avant de mourir il avait eu la précaution de brûler les lettres de ceux de ses amis qui s'étaient compromis pour lui, de prendre toutes les mesures propres à mettre ses partisans à l'abri de la réaction du vainqueur, et enfin de distribuer ses biens entre ses serviteurs.

OTHON. On compte quatre empereurs d'Allemagne de

ce nom.

OTAITI Cook, qui le premier, avec Forster, l'examina avec soin, et lui restitua son nom primitif d'Olaïli. Ces derniers navigateurs y trouvèrent une innocente population, encore à l'état de nature, forte d'environ 100,000 têtes, obéissant à un chef qui remplissait en même temps les fonctions de grand-prêtre. Mais le contact des Européens changea bientôt la vie sensuelle et naïve de ce peuple en une vulgaire et déplorable immoralité, et ses défants naturels en vices véritables. L'infection vénérienne et l'usage de l'eau-devie exercèrent surtout d'horribles ravages dans son sein. Dès 1797 des missionnaires avaient été envoyés d'Angleterre pour porter remède à un pareil état de choses. Toutefois, ce ne fut qu'en 1803, après la mort du roi Pomaré ler, que le christianisme commença à s'y répand e OTHON Jer ou le Grand, né en 912, était le fils postet à y exercer quelque influence. Pomaré III donna à ses bume de l'empereur Henri Ier, et fut couronné en 936, से sujets une constitution représentative, qui est encore en Aix-la-Chapelle. Son règne de trente-six ans fut une suite vigueur. Mais cette civilisation si subite ne pénétra pas presque continuelle de guerres contre les grands vassaux de dans le peuple, qu'elle attrista et dont elle diminua le l'Empire. Tout d'abord il lui fallut entreprendre une guerre rombre. A ces causes de dissolution intérieure vinrent, en contre le duc de Bohême, Boleslas. Elle ne dura pas moins 1829, se joindre les querelles survenues avec le consul fran- de quatorze ans, et se termina par la soumission de Boleslas, çais Morenhout, et qui eurent pour suites en 1835 l'inqui reconnut la suzeraineté de l'Empire et se fit baptiser. troduction dans l'ile de missionnaires catholiques français. Mais dès l'année suivante la reine Pomaré, qui avait succédé à son frère en 1832, et que ses affections particulières portaient vers les Français, les en expulsait. Une expédition française y ramena les missionnaires, et le consul Mærenhout obtint alors, en 1842, de cinq che's de l'île, une déclaration conçue en te: me assez équivoques, par laquelle ils plaçaient l'île sous la protection de la France. Pomaré prote-ta contre cet acte, et quand a riva en 1843 à Taïti la déclaration par laquelle Louis-Philippe acceptait ce protectorat, elle fit amener aussitôt 1 pavillon frança's. L'amiral Dupetit-Thouars, chargé d'organiser le protectorat, publia une proclamation portant que la reine avait désormais perdu son droit de souverain té; mesure contre laquelle l'Angleterre protesta, et qui eut pour résultat de transformer en hostilités ouvertes la résistance des naturels, excités par le missionnaire Pritchard. L'affaire se termina de cette façon que la France rappela en 1844 Dupetit-Thouars, et consentit à payer au consul Pritchard une indemnité de 25,000 fr., en réparation des prétendu; dommages qu'il avait éprouvés. La population s'étant so:1levée contre les Français, divers engagements meurtriers eurent lieu, et la guerre se prolongea jusqu'à la fin d 1846. La reine se vit alors contrainte d'accepter le protectorat de la France le 6 février 1847; toutefois, on lui laissa les fles Huahéine, Raïatea et Bolabola, en toute propriété. En 1852 éclata à Taïti une révolution, à la suite de laquelle la reine fut expulsée et la république proclamée. L'intervention française lui fit rendre son trône; mais la même année elle abdiqua en faveur de son fils aîné.

sa

Othon récompensa le brave et fidèle général de ses troupes, Hermann Billung, en le créant à cette occasion duc de Saxe. Les fils du dernier duc de Bavière, Arnoul, et le duc Eberhard de Franconie essayèrent ensuite de se soustraire à son autorité, mais il les vainquit et les contraignit à se reconnaître ses vassaux. Eberhard, qui recommença plus tard encore la lutte, secondé cette fois par le roi de France Louis IV, trouva la mort sur le champ de bataille. Othon dut aussi triompher du duc de Lorraine et du duc de Souabe. Plus tard il porta ses armes contre les ennemis extérieurs de l'Empire, et ne fu. pas moins heureux dans ses guerres contre le roi de Danemark Harald, qu'il força à recevoir le baptême et à reconnaître la suzeraineté de l'Empire, que contre les populations slaves fixées sur les bords de l'Oder et de la Sprée. Il mit leur territoire, qu'il appela Saxe orientale, sous l'autorité d'Hermann B'llung, et y fonda un grand nombre d'évêchés, l'effet d'y assurer le triomphe définitif de la foi chrétienne que les vaincus durent embrasser.

En 951 il franchit les Alpes, à la demande des Italiens pour combattre l'usurpateur Bérenger II, qui fut vaincu par lui. Il épousa alors Adélaïde, veuve de Lothaire, le dernier roi des Lombards, se fit couronner à Pavie en qualité de roi de Lombardie, puis s'en retourna en Allemagne. Ce second mariage fournit à son fils Ludolf un prétexte pour se révolter, et bientôt celui-ci entraîna dans sa révolte un grand nombre de vassaux de l'Empire. Othon ne les eut pas plus tôt fait rentrer dans le devoir, qu'il lui fallut repousser les irruptions des Hongrois; et il leur fit essuyer le 10 août 955, à Lerchfeld, près d'Augsbourg, une si san glante défaite, que depuis ils respectèrent toujours le terri. toire de l'Empire.

En 961 Othon franchit encore une fois les Alpes pour avoir raison d'une nouvelle révolte de Bérenger; la même année il se fit couronner roi d'Italie à Milan, et le 2 février 962, à Rome, empereur, par le pape Jean XII en personne. Mais il ne tarda pas à se brouiller avec ce souverain pontife, qu'il fit déposer par un concile, et auquel on donna pour successeur Léon VIII. Celui-ci mourut en 965; l'autorité de

OTHON (MARCUS SALVIUS OTHO), empereur romain, de janvier à avril 69, né l'an 32 de J.-C., d'une famille distinguée, fut d'abord le confident de Néron et le compagnon de ses débauches. Mais plus tard son maître, voulant jouir sans trouble ni partage de Poppée Sabina, femme, l'envoya en l'an 59 en Lusitanie comme gouverneur. Othon, dit-on, s'y distingua par son esprit de justice et de modération. Lorsque Galba se révolta contre Né-Jean XIII, qui fut élu à sa place, fut contestée, sous pretexte ron, en l'an 68, Othon prit tout aussitôt fait et cause pour lui, et l'accompagna à Rome, où, après son intronisation, il fut nommé consul. Mais Galba, au lieu de le prendre pour successeur, ayant désigné Pison, il souleva contre lui les prétoriens. Le 15 janvier 69 Galba fut massacré, et Othon se fit proclamer empereur à sa place.

Pendant ce temps-là les légions romaines campées en Germanie avaient de leur côté décerné la pourpre royale à leur général, Aulus Vitellius. Ses lieutenants conduisirent son armée en Italie; et après avoir vainement essayé de négocier, Othon se décida enfin à marcher contre eux. Dans quelques affaires pea importantes, la victoire de

que son élection avait eu lieu sous l'influence de l'empereur. Othon dut prendre la défense de son protégé et repasser les monts pour rétablir l'ordre en Italie. Il désirait ardemment faire épouser à son fils et successeur désigné la princesse grecque Théophanie; mais ses ouvertures furent repoussées avec dédain. Les avantages qu'il remporta alors sur les Grecs établis dans la Pouille et la basse Italie

firent réfléchir la cour de Constantinople. Zimiscès, le nouvel empereur d'Orient, se montra moins fier, et la princesse Théophanie apporta en dot au fils d'Othon des droits d'hérédité sur la Calabre et la Pouille. Othon ne vécut pas longtemps après ce dernier triomphe; il mourut à Memleben,

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en Thuringe, le 7 mai 973, et fut enterré dans la cathédrale de Magdebourg, qu'il avait fait construire.

OTHON II, né en 955, était le fils de l'empereur Othon Ier et de la belle Adélaïde, et avait été couronné roi des Romains, du vivant même de son père, en 961. Le duc de Bavière, Harald de Danemark, Boleslas de Bohême et Micislas de Pologne essayèrent de profiter de sa grande jeunesse pour secouer le joug; mais à la suite d'une lutte mêlée d'alterna. tives diverses, il les fit rentrer dans le devoir. Le roi de France Lothaire crut les circonstances favorables pour tenter de reprendre la Lorraine, que force lui avait été d'abandonner à l'Empire; mais Othon repoussa son armée, et envahit à son tour le sol français, où il s'avança jusque sous les murs de Paris, dont il incendia un faubourg. La paix qui se conclut deux années plus tard assura définitivement la possession de la Lorraine à l'Allemagne. Des troubles provoqués en Italie par, Crescentius ou Crescence appelèrent ensuite l'empereur en Italie. Il eut à y combattre les Grecs, auxquels il enleva la Pouille et la Calabre. Mais l'empereur de Constantinople ayant fait alliance avec les Arabes, envoya en Italie une armée de Grecs et d'Arabes, qui fit essuyer à Othon II une complète, déroute sous les murs de Basantello, en Calabre, le 13 juillet 982, Othon n'échappa pas sans peine à la poursuite des vainqueurs. Une diète convoquée alors à Vérone réunit une foule de grands vassaux de l'Empire. Dans cette assemblée il fut résolu qu'on mettrait à la disposition d'Othion les ressources nécessaires pour recommencer la lutte contre les Grecs et les Arabes, et même pour entreprendre la conquête de la Sicile; mais Othon mourut à Rome, le 7 décembre 983, peu de temps après que l'imprudence du margrave Didier eut provoqué une redoutable révolte des populations, slaves du nord et de l'est de l'Allemagne.

OTHON III, fils du précédent, n'était âgé que de trois ans quand, à la mort de son père, il fut couronné empereur à Aix-la-Chapelle, On lui donna pour tuteur son plus proche parent, le duc Henri de Bavière, qui essaya d'usurper la touronne de son pupille, mais qui dut bientôt renoncer à ses ambitieux projets. La régence fut exercée pendant sa minorité avec autant de sagesse que d'habileté par sa mère Théophanie, que secondaient sa grand'mère Adélaïde et le sage archevêque de Mayence. A peine cut-il atteint l'âge de quinze ans, que le pape Jean XV l'invita à intervenir dans les affaires de l'Italie, où Crescentius avait de nouveau provoqué les troubles les plus calamiteux. Othon III se rendit à cette invitation du souverain pontife, et se fit couronner à Rome par son successeur, Grégoire V. Il n'eut pas plus tôt repassé les monts, que Crescentius suscita un rival à Grégoire V dans la personne de Jean XVI. Othon revint en Italie en 998. L'antipape fut pris et mutilé; Crescentius, qui s'était réfugié dans le château de Saint-Ange, fut fait prisonnier et décapité. Assiégé plus tard, à son tour, dans Rome par la population révoltée, Othon III prit la fuite avec le pape, et mourut à Paterno, le 21 janvier 1002, vraisemblablement des suites d'une fièvre miliaire, mais suivant d'autres empoisonné par la veuve de Crescentius, pour laquelle il s'était épris d'une vive passion. En lui s'éteignit la souche måle de la maison impériale de Saxe.

OTHON IV, né en 1174, était le fils cadet de Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, de la maison des Guelfes, et de Mathilde d'Angleterre. Élevé à la cour de son oncle, Richard Cœur de Lion, il se distingua dans les guerres que celui-ci eut à soutenir contre le roi de France Philippe le Bel, et fut élu empereur à Cologne, après la mort de Henri VI, en même temps que Philippe de Souabe l'était à Erfurt. Abandonné par ses partisans, il fut réduit à se réfugier en Angleterre. Son rival ayant été assassiné par Othon de Wittelsbach, il fut reconnu sans plus d'opposition en qualité d'empereur d'Allemagne, et se fit couronner à Rome par le pape Innocent, qui avait été l'un de ses principaux adversaires. Mais s'étant emparé d'Ancône et de Spolète au détriment du patrimoine de Saint-Pierre, le pape lança contre lui les foudres de l'excommunication en même temps qu'il

lui opposait comme empereur Frédéric II de Souane, élu par l'archevêque de Mayence et par divers princes de l'Empire. Othon se báta alors de revenir en Allemagne; mais battu à Bouvines par le roi de France, dans la lutte de celui-ci contro le roi d'Angleterre Jean sans Terre, dont il avait embrassé les intérêts, il lui fut impossible de se maintenir en possession du trône. Retiré à Harzbourg, dans le Brunswick, Othon IV y mourut, ignoré et dans l'oubli, quatre ans plus tard, en 1278, après avoir cessé de contester à Frédéric II la couonne impériale.

OTHON Ior (Frédéric-Louis), roi de G èce, second fils de Louis 1er, roi de Bavière, naquit à Salzbourg, le 10 juin 1815. Elu roi de Grèce à la suite du traité conclu à Londres le 7 mai 1832, il prit ce titre le 5 octobre suivant, lorsque son élection eut été confirmée par l'assem'blée nationale des Grecs. Il se rendit alors en Grèce, et monta sur le trône le 6 février 1833. Une coinmission de régence lui fut adjointe jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de vingt ans. Après avoir transféré le siège da go:vernement de Nauplie à Athènes, vers la fin de 1834, il prit les rênes du gouvernement par une proclamation à la date du 1er juin 1835. Le même jour, il changea le ministère, it en liberté Kolokotroni' père et Plapoutas, rendit un décret relatif au partage des biens entre les Palicares, et ratitia le traité de commerce conclu avec l'Autriche ; toutes mestres au sujet desquelles le peuple manifesta la satisfaction la plus vive. A la suite d'un voyage en Aile. magne, il épousa, le 22 novembre 1836, Amélie d'O'dembourg, née le 21 décembre 1818; mais cette union demeura stérile. On ne peut nier que dans la crise financière provoquée aussi bien par de fausses mesures administra tives que par les trop promptes demandes de remboursement élevées par les grandes puissances, de même que dans l'ardente réaction de la nationalité grecque contre le fermanisme et les intérêts bavarois, et encore lors de la révolution de septembre 1843, le roi Othon n'ait fait preuve d'autant de présence d'esprit que de prudence. Le 30 mars 1844, il prêta serment à la constitution, nouvelle; mais l'esprit de mécontentement et d'agitation qui régnait dans le pays ne fat pas éteint par cette concession; et tout en conservant sa légitime popularité, le roi eut encore à triompher de bien des difficultés, dont la moindre ne fut pas la position équivoque où le plaça la sympathie évidente de la nation pour la Russie dans le conftit qui surgit en Orient en 1853. Par suite de l'atti→ tude des populations grecques, la France et l'Angleterre jugèrent nécessaire 'de faire débarquer en Grèce un corps d'occupation, qui n'évacna le pays qu'en 1856. A partir de 1861 le roi se vit en butte à différentes conspirations mis litaires; celle qui éclata à Nauplie le 12 février 1862 s'étendit dans plusieurs parties du royaume et fut assez difficilement comprimée. Avant la fin de l'année un dernier soulèvement mit la Grèce en feu (21 octobre). Le roi, qui visitait alors le Pélopónèse avec sa femme, ne put rentrer à Athènes; et en présence de la désaffection générale il référa, au lien d'employer la force, se retirer en Bavière. C'est là qu'il est mort, le 26 juillet 1867, à Bamberg.

OTHON DE FREISING, ancien historien 'allemand, était fils du margrave d'Autriche Léopold IV et d'Agnès, fille de l'empereur Henri IV. D'après la volonté de son père, il dut se consacrer à l'état ecclésiastique, et alla étudier à l'université de Paris. Il avait la perspective de parvenir aux plus hautes dignités dans l'Église; mais étranger à toute idée d'ambition, il ne fut pas plus tôt revenu de Paris qu'il se retira à Morimont en Bourgogne, abbaye de l'ordre de Clteaux, dont il ne tarda pas à devenir abbé. Son beau-frère, l'empereur Conrad II, lui fit pourtant accepter, en 1137, l'évêché de Freising, qu'il administra jusqu'à sa mort, arrivée en 1158. Othon de Freising s'est fait un nom parmi les vieux chroniqueurs de l'Allemagne, par une histoire universelle qui va jusqu'à l'année 1153 et qu'Othon de SaintBlaise continua plus tard jusqu'à l'an 1209, ainsi que par

OTHON DE FREISING une histoire de l'empereur Frédéric ler, qui a été continuée par Radewic.

OTHON DE WITTELSBACH, le meurtrier de l'empereur Philippe de Souabe, était frère du comte palatin de Wittelsbach, Othon le Grand, duc de Bavière à partir de 1180 et souche de la maison royale actuelle dé Bavière. Philippe lui avait promis sa fille en mariage; mais plus tard il n'avait pas tenu sa parole. Othon ayant voulu alors épouser la fille d'un duc de Pologne, Philippe, au lieu de la lettre de recommandation qu'il lui avait promise, lui en remit une dans laquelle il était signalé comme un instigateur de troubles et de révoltes, que, dans l'intérêt de sa propre sécurité, le duc de Pologne était requis de faire immédiatement jeter en prison. Othon de Wittelsbach, soupçonnant quelque trahison, ouvrit cette lettre, et s'en revint aussitôt à Bamberg, où Philippe de Souabe tenait sa cour, pénétra, le 21 juin 1302, dans les appartements de ce prince, et le blessa mortellement. Dans la confusion que cet événement jeta parmi les courtisans, Othon réussit à s'échapper; mais l'empereur OthonIV mit le meurtrier de son rival au ban de l'Empire. Le maréchal de Pappenheim parvint à rejoindre le fugitif sur les bords du Danune, et l'y égorgea ; après quoi le château de Wittelsbach, situé dans la haute Bavière et appartenant à Othon, Jut rasé.

OTITE, OTALGIE, OTORRHÉE, mots dérivés du - grec où¢, wtóc, oreille, d'äkyoç, douleur, et de pέw, je coule. C'est sous ces diverses dénominations que l'on désigne le catarrhe de l'oreille, affection inflammatoire, qui est interne ou externe, selon qu'elle a son siége dans l'oreille interne ou dans, le conduit auditif externe. Une température froide et humide, l'action d'un vent glacial, la présence d'un corps étranger dans le conduit auditif, la répercussion d'un exanthème cutané, l'extension d'un érysipèle, d'une dartre, peuvent occasionner l'otite. L'otite externe se manifeste par un suintement séreux, très-fétide, une grande chaleur, des sifflements, des bourdonnements dans la partie malade, et une douleur assez vive. L'otite interne ne produit point de suintement séreux; mais quand elle s'est développée, la rupture de la membrane du tympan amène la sortie par l'o- reille d'une matière puriforme, et quelquefois sanguinolente, assez abondante. L'otite interne engendre des douleurs trèsviolentes; elle trouble l'action de l'ouïe, celle de la déglutition, et produit la fièvre, les maux de tête, l'insomnie, le délire; elle devient quelquefois chronique, et on la reconnaît alors aux lésions, aux ulcérations, aux ramollissements qu'elle a produits dans l'organe de l'ouïe. La saignée locale, la diète, les boissons adoucissantes, les injections oplacées et émollientes, les révulsifs et quelquefois aussi les purgatifs sont les remèdes à recommander contre l'otite.

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OTRANTE (Otranto), l'Hydruntum des anciens, ville et siége d'archevêché de la province d'Otranto en Italie (19 myr. carrés et 493,574 habitants en 1871), bâtie sur un rocher faisant une vive saillie dans la mer Adriatique, est reliée à Ancône par un chemin de fer. C'est une vieille cité, fort mal construite et où l'on compte 4,000 habitants, entourée de fortifications en ruines, et qui n'a de remar quable que sa cathédrale, où se trouve sculpté un zodiaque. Un petit port, qu'on a le projet d'agrandir, favorise lé commerce local, qui a surtout l'huile pour objet.

C'est du nom de cette ville qu'on nomme détroit d'Otrante le bras de mer, d'environ 7 myriamètres, qui'relie P'Adriatique à la mer Ionienne.

OTRANTE (Duc D'). Voyez FOUCHÉ. OTTAWA, capitale de la Confédération du Canada, est située au-dessus du confluent de la rivière de ce nom et du Saint-Laurent, à 1,007 kilom. de Montréal. D'abord appelée Bytown, d'après le colonel By, qui, en 1827, fut chargé de tracer le parcours du canal Ridean, elle a été élevée au rang de cité sous le nom qu'elle porte, en 1854. Aux portes de la ville la rivière forme trois cataractes; la beauté de ses paysages ne le cède à aucun des sites pittoresques du Canada. L'industrie a su tirer un grand parti

OTTOMAN

47 de ses eaux en établissant de nombreuses scieries qui débitent le bois de charpente en quantités presque incalcuJables. Dans cette ville naissante les édifices n'ont encore rien de remarquable; toutefois signalons le Parlement, construit sur un p'an grandiose. La population a doublé depuis 1861, et elle était, en 1871, de 21,545 habitants. Outre les communications par bateaux à vapeur, Ottawa est reliée par des lignes ferrées aux différents centres des Etats confédérés du Canada.

OTTOKAR. Deux rois de Bohême de la même race ont porté ce nom.

OTTOKAR Ier PRZEMYSŁ commencé, à proprement parler, la série des rois de la Bohême; car pendant les débats de Philippe Hohenstaufen et d'Othon de Brunswick pour l'empire d'Allemagne, Ottokar obtint de Hohenstaufen la couronne de Bohême, et alla se faire sacrer à Mayence. Il obtint plus tard l'assentiment d'Othon à Mersebourg, où son sacre fut confirmé par un légat du pape. Malgré la fermeté et la bonne administration d'Ottokar, il trouva dans l'évêque André un ennemi acharné, parce qu'il avait établi des impôts sur le clergé. Ce prélat vindicatif mit le royaume en interdit, et il fallut recourir à l'autorité du pape pour le faire lever. La réunion des possessions qui lui avaient été restituées et qui s'étendaient depuis la Bohème jusqu'aux bords du Danube, occasionna entre le nouveau royaume et l'Autriche une guerre qui nuisit beaucoup aux projets d'amélioration d'Ottokar; et ce ne fut que sous son fils et successeur Wenceslas que la contestation se termina,

OTTOKAR II PRZEMYSL, fils de Wenceslas 1er et petitfils du précédent. Tout jeune encore il se révolta contre son père avec une partie de la noblesse de Bohême, et se fit proclamer roi à sa place. La fortune lui ayant ensuite été contraire, il expia ses torts par une longue captivité. Redevenu libre (1246) il courut à la tête d'une armée dans le duché d'Autriche, qui était tombé en déshérence; et quoique âgé seulement de vingt-trois ans il épousa Marguerite, sœur du duc défunt, qui en avait quarante-six, afin de s'assurer par ce mariage la possession de la Styrie. A la mort de son père (1253), il se ligua avec les chevaliers Teutoniques pour entreprendre une croisade contre les ha bitants de la Prusse, alors encore païens, croisade qui se termina en 1255 par la complète soumission de ces populations. Sa femme Marguerite ne lui ayant pas donné d'héritier, il fit casser son mariage, et se remaria, en 1261, avec une princesse hongroise, appelée Cunégonde. Après avoir refusé la couronne impériale, à la mort de Richard, il ne voulut point reconnaître Rodolphe de Habsbourg en qualité d'empereur. Mis au ban de l'Empire, il dut implorer la paix et l'acheter au prix de l'abandon de l'Autriche, de la Styrie, de la Carinthie, et de la Carniole, et se reconnaître le vassal de l'empereur pour la Bohême et la Moravie. Irrité de ces pertes et cédant aux excitations de sa femme Cunégonde, il se révolta contre Rodolphe, et périt, à la bataille de ledenspeng, livrée en 1278. La Bohême lui fut redevabled'un grand nombre d'améliorations réelles; ce prince prit en toutes occasions la défense des paysans coutre les nobles, et encouragea puissamment les sciences, les arts, le commerce et l'industrie. Il eut pour successeur en Bohême, et en Moravie son fils Wenceslas II, en qui s'éteignit la race des Przemysl.

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OTTOMAN (Empire). Ce vaste État, appelé aussi empire de Turquie et qui se compose d'une agrégation de contrées du sud-est de l'Europe, de l'ouest de l'Asie et du nord-est de l'Afrique, réunies uniquement par la conquête, ne formant point un tout géographique, mais appartenant à la plus belle partie de l'ancien monde, est d'une haute importance politique et commerciale. Il comprend en Europe la presqu'ile Illyrienne, plus généralement désignée sous le nom de Turquie d'Europe, d'une superficie de 6,550 myria. mètres carrés; en Asie, la presqu'ile d'Anatolie, ou Asie Mineure, le pays de plateaux qu'on appelle l'Arménie

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tes contrées riveraines de l'Euphrate appeiees le Kourdistan, la Mésopotamie et l'Irak-Arabi, la Syrie et la possession douteuse des villes saintes de l'Arabie, ensemble d'une superficie d'environ 17,500 myriamètres carrés; en Afrique, l'Égypte et les contrées de la Nubie qui en dépendent; sur les côtes de la Méditerranée, Tripoli et Tunis, ensemble d'une superficie d'environ 21,000 myriamètres carrés. L'étendue totale de l'Empire Ottoman est donc de 45,000 myriamètres carrés.

Par cette simple énumération, on voit tout de suite que pour l'Empire Ottoman il ne saurait être question d'une description générale et d'ensemble de sa configuration d'après ses limites, son étendue, la nature de son so., ses rapports physiques, ethnographiques et historiques. Il faut se borner à dire, au point de vue de la statistique, qu'il confine au nord à l'Autriche et à la Russie, à l'est à la Perse, au sud à J'Arabie, à l'Abyssinie et à l'intérieur de l'Afrique, à l'ouest à l'Algérie, tandis que l'Adriatique, la Méditerranée et la mer Noire, la mer de Marmara avec ses deux détroits, le royaume de Grèce, le désert de Syrie, celui d'Arabie et le Sahara, fractionnent de la manière la plus diverse ce tout politique et entourent les contrées dont il se compose. Nous renverrons donc le lecteur, pour ce qui a trait à la géographie, au climat, à l'histoire naturelle, à l'ethnographie et à l'histoire de chacune de ces contrées, à l'article spécial qui leur est consacré dans ce dictionnaire; et nous nous hornerons aux généralités suivantes sur l'Empire Ottoman.

Les données relatives à sa population sont très-incertaines; mais on en estime avec quelque vraisemblance le chiffre à 35,500,000 âmes, dont 15,500,000 en Turquie, 16,000,000 en Asie et 4,000,000 en Afrique. Les parties les plus peuplées sont le littoral de l'Hellespont et de la mer de Marmara, ainsi que la vallée du Nil. La population des villes est plus nombreuse qu'on ne serait porté à le croire d'après le peu de développement qu'y a pris l'industrie. Toute cette population ne forme rien moins qu'une nation. De même que le pays est une agrégation de territoires, elle est une agrégation de peuplades de la nature la plus diverse, que l'émigration et la conquête ont juxtaposées. Il faut nommer en première ligne les Turcs ottomans; ils sont le peuple qui prédomine, mais sans former pour cela la principale masse de la nation. On peut évaluer leur nombre à 12,800,000 têtes au plus. C'est en Asie Mineure, en Arménie et dans la partie sud-est de la Turquie d'Europe que cette partie de la population est le plus compacte. Comme conquérants, les Turcs possèdent la plus grande partie de la propriété territoriale, remplissent tous les emplois civils et militaires, et habitent en général es villes, où ils s'occupent aussi de divers métiers. On ne les rencontre comme agriculteurs que là où ils se sont groupés en grandes masses, notamment en Arménie et en Asie Mineure. Au total, on peut dire que par leurs fréquents mélanges avec des femmes appartenant à d'autres races et avec une multitude de renégats, qui, en embrassant le mahométisme se trouvaient aussitôt agrégés à la nation dominante, les Turcs osmanlis ont singulièrement perdu, tant au physique qu'au moral, de l'antique caractère de leur race, encore bien que la grande masse d'entre eux se distingue toujours par son fanatisme, sa grossièreté, son indolence asiatique, de même que par une certaine bonhomie, par sa franchise, sa loyauté et ses dispositions hospitalières. A la même race que les Turcs appartiennent aussi les Turcomans, populations nomades qu'on rencontre au centre de l'Asie Mineure et en Arménie, et parlant la même langue que les Turcs ou Osmanlis, seulement dans un dialecte différent. Indépendamment de ces deux nations appartenant à la race de la haute Asie, on rencontre dans l'Empire Ottoman de nombreux peuples d'origine sémitique. En première ligne il faut mentionner les Arabes, qui hors de l'Arabie constituent un important élément de population en Syrie, dans les régions riveraines de l'Euphrate, ainsi que dans les possessions turques du nord de l'Afrique, et qui forment en Egypte la grande masse des habitants. Ils parlent la langue arabe,

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à l'exception de quelques tribus de la Mésopotamie, qui ont adopté un dialecte turco-persan. Il faut ensuite mentionner les nations syriennes des Maronites et des Druses, sur le Liban et le Djebel-Haurân, les Motonalis en Cœlé-Syrie, les Ansarich ou Nossaïri an nord de la Syrie, et les Nestoriens ou Chaldéens sur le plateau du Kourdistan et en Mésopotamie, dont les premiers parlent des dialectes arabes, tandis que les Nestoriens parlent un dialecte de l'ancienne langue syriaque. Enfin, viennent les Juifs, répandus, au nombre d'environ 1,000,000 d'âmes, dans toutes les parties de l'empire, et dont 170,000 environ habitent la Turquie d'Europe. La plus grande partie de ces derniers, de mêine que les Juifs qu'on rencontre sur le littoral de l'Asie Mineure, y arrivèrent d'Espagne au quinzième siècle, et parlent encore aujourd'hui un espagnol corrompu. Dans le reste de la Turquie, ils parlent la langue locale. En Palestine ils constituent encore d'importantes communes agricoles. En fait de peuples caucasiens, il y a dans l'Empire Ottoman les Arméniens, au nombre de 2,400,000 âmes, qui forment dans l'Arménie, leur pays, un fort tiers de la population, et qui sont en outre répandus comme marchands dans presque toutes les villes de l'empire. Puis les Lases, dans les montagnes du littoral de la mer Noire, depuis Trébizonde jusqu'aux possessions russes, et appartenant à la famille des langues géorgiennes. Les Kourdes mahométans du Kourdistan appartiennent à la race persane; toutefois, ils paraissent être d'origine trèsmélangée, comme le démontre leur langue. Il faut comprendre parmi eux les lésidiens, qui habitent principalement les monts Sindschars, au nord de la Mésopotamie. Les nations appartenant à la famille greco-latine sont numériquement plus importantes dans l'Empire Ottoman que celles que nous venons de mentionner. Ce sont les Grecs, au nombre d'environ 2,000,000 d'âmes, composant la masse principale de la population de l'Asie Mineure, de la Macédoine, de la Thessalie et des îles, où ils sont très-nombreux et où ils sont, particulièrement sur toutes les côtes, les plus industrieux et souvent aussi les plus riches cultivateurs du sol, mais qui dans l'Asie Mineure ont presque complétement renoncé à leur langue et à leur nationalité pour s'assimiler le plus possible aux Turcs, autant du moins que le permettait la différence de religion, et qui se trouvent en outre plus ou moins dispersés dans toutes les grandes villes et plus particulièrement dans les places de commerce de l'empire. Viennent ensuite les Albanais (Arnautes ), au nombre d'environ 1,600,000 têtes, qui habitent la province d'Albanie, sur la mer Adriatique; et enfin les Wlaques ou Valaques ( voyez VALACHIE), au nombre de 4,000,000, qui ne peuplent pas seulement la Moldavie et la Valachie, mais qu'on rencontre encore sous diverses dénominations dans toutes les autres provinces de la Turquie d'Europe. Les habitants de race slave sont en tous cas les plus nombreux; mais on ne les rencontre que dans la Turquie d'Europe. Ils constituent la majorité et la population presque exclusive des provinces situées entre le mont Hémus et le Danube. On les divise en Slaves bulgares, au nombre de 4,000,000 d'âmes, habitant la Bulgarie et les parties septentrionales de la Macédoine et de la Thrace; et en Slaves serbes, au nombre de plus de 3,000,000 d'âmes, à la race desquels appartiennent nonseulement les habitants de la Servie, mais encore les ha bitants du Monténégro, de la Bosnie, de l'Herzégovine et des districts albanais limitrophes, qui ne diffèrent d'eux que par le dialecte. Mentionnons encore les Bohémiens, nombreux en Moldavie et en Valachie, où ils vivent dans un état d'esclavage complet, mais répandus aussi comme bandes nomades dans toutes les autres provinces de l'empire. Quant aux peuples de race africaine qu'on rencontre dans l'Empire Ottoman, ils se composent aussi bien des Berbères septentrionaux de Tripoli, de Tunis, du sud-est de la Nubie, et des diverses oasis de l'Afrique, que des tribus nègres du Kordofan, du Sennaar et du Darfour.

En ce qui touche les cultes, le mahométisme, professé par environ 20,000,000 d'âmes, est sous les rap

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ports politiques, sociaux et religieux, la religion dominante. La secte des sunnites, à laquelle appartiennent, outre les Turcs, les Turcomans et les Arabes, la grande majorité des Kourdes et des Lases, des peuples de race africaine et des Albanais, ainsi qu'une partie notable de la population slave de la Bulgarie, de la Bosnie et de l'Herzégovine, est celle qui compte le plus d'adhérents. Plusieurs tribus Kourdes et autres, fixées à l'est du Tigris, sont chiites, tandis que les Ismaélites et les Wechabites arabes, les Motoualis syriens et les Ansarieh forment des sectes mahométanes particulières. Les Druses et les Iésidiens professent une religion à part. Les chrétiens sont moins nombreux dans l'Empire Ottoman que les mahométans. La majorité d'entre eux, notamment la très-grande partie des Grecs, des Valaques, des Bulgares, des Serbes, ainsi que des chrétiens de la Bosnie et une partie des chrétiens de l'Albanie, appartiennent à l'Église grecque, qui a pour chef le patriarche de Constantinople. Un autre partie considérable des chrétiens de l'Albanie et une moindre partie de ceux de la Bosnie et de la Bulgarie, les Maronites, une partie des Arméniens et quelques Grecs reconnaissent l'autorité de l'Église catholique ro. maine. Les arméniens (voyez ARMÉNIENNE [Église]), les jacobistes et les coptes sont chrétiens monophysites. Les nestoriens constituent une secte particulière du christianisme oriental, dont une partie s'est récemment rattachée à la communion romaine. Les chrétiens (grecs, arméniens, etc., ensemble au nombre de 13,730,000, et les catholiques au nombre de 900,000), forment dans la Turquie d'Europe plus des trois quarts, dans la Turquie d'Asie plus d'un cinquième, mais dans les possessions d'Afrique un cinquantième seulement de la population totale. Une circonstance remarquable, c'est que la population mahométane de l'empire, les Turcs surtout, diminue constamment, tandis que le nombre des chrétiens va toujours en augmentant. C'est là une conséquence non-seulement de la législation, qui pendant si longtemps ne fit peser le poids du service militaire que sur les mahométans, mais encore de la polygamie et des vices qui deviennent de plus en plus répandus parmi eux. Voici, au reste, au sujet des Turcs, un jugement et un témoignage qui ont bien leur prix, car ils émanent de lord Byron. « Les Ottomans, dit-il dans une note de son Child-Harold, avec tous leurs défauts, ne sont point un peuple méprisable. Égaux au moins aux Espagnols, ils sont supérieurs aux Portugais. S'il est difficile de dire ce qu'ils sont, il est aisé de dire ce qu'ils ne sont pas : ils ne sont pas trompeurs, lâches, assassins; ils ne brûlent pas les hérétiques; ils sont fidèles à leur sultan jusqu'à ce qu'il devienne incapable de régner, et à leur dieu, toujours, sans inquisition. S'ils étaient un beau matin arrachés de SainteSophie et remplacés par les Français ou les Russes, il est douteux que l'Europe gagnât au change; au moins est-il certain que l'Angleterre y perdrait. » Sans le vouloir, le poëte humouriste et satirique nous a peut-être donné dans cette spirituelle boutade la véritable explication de la dernière guerre d'Orient.

La partie non musulmane de la population de l'Empire Ottoman était désignée autrefois sous le nom de rajahs, c'est-àdire troupeau; qualification qui a été abolie en 1839, et remplacée par la dénomination commune de teboh, c'est-à-dire sujets. Ils sont classés en quatre groupes ou nations, appelées en style officiel miletti erbea, les quatre communautés : la communauté grecque, la communauté arménienne, la communauté arménienne unie, et la communauté israélite, Chaque communauté est gouvernée, sous la surveillance de la Porte, par un patriarche, qui est à la fois le chef civil et religieux de la nation et son représentant officiel auprès du gouvernement. Le patriarche est nommé par ses coreligionnaires et confirmé par la Porte, qui lui délivre un bé ́rat ou brevet d'investiture. Les juifs de la Turquie ont à leur tête un grand-rabbin, dont les attributions et les prérogatives sont les mêmes que celles des patriarches grecs et arméniens.

DICT. DE LA CONVERS.-T. XIV.

Sous la dénomination de grecs, on ne comprend pas exclusivement en Turquie tous ceux des sujets chrétiens de la Porte qui sont d'origine hellénique, mais bien tous ceux qui reconnaissent la juridiction civile et religieuse du patriarche de Constantinople, à quelque race qu'ils appartiennent d'ailleurs. Les Arméniens, qui passèrent en même temps que Russie, contrées où ils comptent un grand nombre de leurs les Grecs sous la domination ottomane, se rencontrent princoreligionnaires. cipalement dans la Turquie d'Asie, du côté de la Perse et de la

L'état d'instruction et de moralisation de ces populations diffère extrêmement, suivant leur individualité; mais on peut dire, en général, que sous l'oppression intellectuelle et matérielle de l'islamisme et la domination barbare des Turcs elles sont toutes demeurées fort en arrière dans les voies de espèces que présentent le sol et le climat, et malgré les rela civilisation, et quelques-unes même à l'état de barbarie, en dépit des avantages et des encouragements de toutes marquables dispositions naturelles qui distinguent certaines d'entre elles. Tout l'Empire Ottoman est en voie de décadence, au point de vue politique aussi bien qu'au point de progrès, comme dans une partie de la population grecque vue moral et industriel; et là où il y a tendance visible an et slave, c'est moins le fait du gouvernement que celui du caractère individuel des peuples. En ce qui est du genre de vie, tous les habitants chrétiens de l'empire ont des demeures fixes, et sont pour la plupart agriculteurs ou éleveurs de bestiaux; il n'y a qu'une fraction de la population grecque qui se consacre à la marine. Il en est de même d'une grande partie des mahométans, par exemple, d'une partie des Turcs, des Bulgares, des Bosniaques et des Albanais mahométans, des fellahs arabes de l'Egypte et de la Syrie, des Druses, des Motoualis, des Ansariel en Syrie, des Berbères au nord de l'Afrique. Par contre, la majorité des Arabes, des Bedouins et des habitants berbères de l'Afrique, de même que la plupart des Kourdes et des Turcomans, sont nomades ou à moitié. L'agriculture s'y trouve partout dans un état de négligence extrême. La paresse innée des Orientaux et leur attachement aux usages antiques, le défaut de voies de communication, l'absence de moyens d'irrigation, surtout dans l'intérieur de l'Asie Mineure, s'opposent à la mise en culture du sol. Best permis cependant d'espérer quelques heureux effets de la loi de 1868, qui a reconnu les Européens aptes à devenir propriétaires; auparavant ceux-ci ne possédaient qu'à titre précaire et sous le nom de leurs femmes, mères ou sœurs, censées sujettes de la Porte.

Les pays soumis à la domination ottomane sont du nombre des plus fertiles de la terre, à cause de la richesse naturelle de leur sol et de la douceur de leur température. C'est ainsi qu'en dépit de l'état de décadence où s'y trouve l'agriculture, on y récolte encore d'énormes quantités de coton, de tabac, d'olives, de sésame, de riz, de nais, de froment et d'autres céréales. La culture de la vigne, pratiquée sur une large échelle, surtout par les chrétiens, produit des vins de premier choix. On y recucille partout beaucoup de fruits de toutes espèces, mais non en aussi grande quantité qu'on pourrait l'attendre de la nature du sol. Mentionnons encore la culture du pavot pour la préparation de l'opium, de la rose pour la fabrication de l'huile de rose, de l'indigo, de diverses plantes tinctoriales et de différentes épices. La sériciculture est aussi très-productive, mais plus pour la quantité que pour la qualité. L'élève des chevaux, des chameaux et des moutons prospère surtout parmi les peuplades nomades. L'élève du gros bátail réussit plus particulièrement dans les plaines du bas Danube, et les environs d'Angora sont célèbres par la race de chèvres à poils soyeux à laquelle elles donnent leur nom.

L'industrie, dont le centre est dans les villes, ne se trouve pas seulement réduite à l'état le plus misérable dans toutes les parties de l'empire, mais même est bien

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