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ORIGINAL Paul-Louis Courrier? Qui donc auralt des pensées aussi originalement rendues? car l'originalité de la pensée réside peut-être bien plus encore dans la manière de la rendre que dans la pensée elle-même.

On appelle original, dans les relations sociales, un homme aux goûts, aux habitudes, aux formes excentriques, ne pensant pas, n'agissant pas comme les autres, ayant des manières qui n'appartiennent qu'à lui; il y a des originaux de langage, de physionomie, de pensée, de costume, dont aucun ne se ressemble. L'originalité est nous ne dirons pas un don, mais une manifestation toute spontanée de la nature humaine. L'original se fait souvent beaucoup pardonner; mais on ne pardonnera rien à ceux qui voudront le copier, car ils ne seront que ridicules.

ORIGINE. Il n'est personne qui à ce mot ne conçoive tout de suite comme une idée de naissance, de commencement, de création, de principe, d'extraction, etc.: c'est en effet un peu de tout cela, et ce n'en est cependant rien précisément. Ces divers mots ne peuvent, même parfois, avoir origine pour synonyme qu'autant qu'ils rentrent absolument par leur acception dans l'ordre moral ou métaphy. sique des êtres : ainsi, naissance, par exemple, désignant dans son sens ordinaire la venue au monde d'un être animé, ne peut dans ce cas être remplacé par origine, mais il pourra très-bien l'être si au lieu du fait matériel on parle des circonstances où il s'est effectué : ainsi, un enfant sera d'origine ou de naissance royale, d'origine ou de naissance obscure, suivant la condition de ses parents. Les mots souche, extraction, peuvent aussi figurément être pris, mais seulement dans ce cas, pour origine; et encore leur acception se restreint-elle alors à l'individualité : ainsi, l'on dira bien d'un homme qu'il est de noble origine; noble souche, noble extraction; mais le premier de ces trois mots conviendra seul en parlant d'un peuple : ainsi, les Francs étaient d'origine, et non pas d'extraction celtique. C'est en prenant l'effet pour la cause qu'on substitue parfois dans l'ordre moral le mot principe au mot origine, comme dans cette phrase: Dieu est l'origine ou le principe et la fin de tout; on désigne alors une cause première, d'où dépend tout ce qui est en nous et autour de nous.

ORIGINEL (Péché). Voyez PÉCHÉ.

ORIHUELA, ville d'Espagne, dans la province d'Alicante et à 58 kil. sud-ouest de cette ville, sur la Segura, avec 16,478 hab. C'est une vieille cité, qui passa successivement sous le joug des Carthaginois, de- Rɔmains et des Maures, et à laquelle ses tours carrées, ses palmiers et ses dômes donnent un aspect oriental. Elle fabrique des toiles et des chapeaux, et fait un grand commerce d'huile. C'est une station du chemin de fer d'Albacète à Carthagène.

ORILLON. On appelle ainsi la partie de la face d'un bastion, qui s'avance au-delà de l'épaule; elle est ordi'nairement arrondie, et a pour but de couvrir le reste du flanc contre les coups de ricochet de l'ennemi. L'emploi de cette fortification remonte à l'ancien système de défense des Espagnols. Vauban l'utilisa dans ses différents systèmes, et Coehoorn et d'autres ingénieurs en firent autant. L'orillon n'a plus d'application de nos jours.

ORION, fils de Neptune et d'Euryale, fut chez les Grecs un personnage tout astronomique. Son origine et ses aventures, en apparence si ridicules, formulées par les philo sophes et les poètes pour l'amusement du peuple, sont symboliques. Orion est le Soleil, l'Horus égyptien, nom que les Hellènes firent passer de Thèbes et de Memphis à Athènes. Or en langue phénico-hébraïque signifie feu, lumière; il est le générateur de oriri (se lever, paraître). Orion fut chez les Grecs le Soleil personnifié, en même temps ou peut-❘ être quelque temps avant Phœbus, Apollon, Hypérion, Titan, noms donnés par eux à cet astre. Les sages et les poëtes hellénisèrent Hor ou Horus, le Soleil des Pharaons, en Orion, et le cachèrent sous leurs mythes accoutumés, emblêmes toujours si significatifs. Ce héros était, selon eux, un superbe géant : sa tête touchait les nues et ses pieds la

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terre; il dépassait de toutes ses larges épaules le niveau de la mer, au milieu de laquelle il marchait. Diane, du haut des airs, voyant une tête énorme et sans corps voyager sur les flots, lance une des flèches de son carquois sur elle, et si juste qu'elle tue Orion.

Orion eut une première femme, du nom de Sidé, que Junon, ou Hêré, jalouse, fit mourir. Orion recherche une nouvelle épouse; il demande à Enopée sa fille Mérope. Le roi de Chio la lui refuse, et crève les yeux au héros, qu'il a enivré et abandonné sur les grèves de la mer. Enfin, Orion, aveugle, se réfugie dans les forges de Lemnos. Là, le bé ros-géant saisit et charge sur ses épaules un bel adolescent à la blonde chevelure, et à l'aide de ce guide retourne vers les lieux où le soleil se lève, et dès qu'il a touché ces rivages vermeils et si connus de lui, il recouvre la vue. Bientôt Orion, versé dans l'art du dieu forgeron de Lemnos, bâtit un palais souterrain à Neptune, son père. L'Aurore, dit le mythe, passionnée pour Orion, inspire une cruelle jalousie à Diane. Les mythes représentent Diane outragée dans sa tendresse par le héros-soleil, envoyant un scorpion qui le pique et le tue. Ce fils de Neptune, ajoute le mythe, aimait la chasse avec fureur. Homère peint Orion chassant et pourchassant toujours avec la même ardeur dans les Champs-Elysiens, après sa mort. A l'époque où vivait Orion, une peste horrible dépeuplait la ville de Thèbes; l'oracle, comme c'était la coutume dans les grands fléaux, fut consulté. Il répondit que les dieux infernaux demandaient deux princesses de naissance divine. Les deux filles d'Orion se dévouèrent; leur sang inonda les autels altérés de ces impitoyables dieux. La patrie, sauvée par leur dévouement, leur dressa, avec des pompes magnifiques, un bûcher dans la partie haute de la ville. Des flammes de ce bücher, dit le mythe, sortirent deux beaux jeunes hommes, ayant chacun un diadème sur la tête; on les nomma les Couronnés.

Le génie des Grecs, tour à tour tragique, comique, satirique et moqueur, joua sur le non d'Orion, l'Horus égypien; il en composa un mythe plaisant, au goût du peuple. Ouron, dans l'idiome des Hellènes, signifie urine. Leurs poëtes mythiques feignirent donc qu'un certain villageois, du nom d'Hyriée, ayant donné l'hospitalité à Jupiter, à Neptune et à Mercure, ces dieux, en récompense, comme en agissaient nos fées du moyen âge, lui dirent de former un souhait et qu'il serait accompli. Hyriée souhaita d'avoir un fils sans commerce de femme. Aussitôt les trois dieux urinèrent, et c'est le moins pour le plus, sur la peau du taureau que le bon villageois avait immolé pour le festin sacré. Ils recommandèrent à Hyriée de l'enfouir dans la terre, ce qu'il fit, et au bout de neuf mois Orion en naquit. Ce mythe grotesque est encore tout astronomique. Orion, né sans le concours d'un père et d'une mère, est le Soleil primordial, création de Dieu; la peau du taureau d'où il nait est le signe zodiacal ainsi appelé, et d'où l'astre du jour sort pour briller bientôt de tous ses feux sur l'hémisphère boréal. Cependant, au détriment d'Horus, le Soleil égyptien, le Soleil grec, c'est-à-dire Phoebus, Apollon, Titan, Hypérion, avait envahi l'Olympe. Le bel Orion ne devalt pas être relégué dans un exil absolu; on en fit une des plus brillantes et des plus étendues constellations du ciel, projetée moitié sur l'équateur et moitié au-dessous.

Orion fut depuis cette magnifique constellation formulée dans la voûte céleste par un grand nombre de brillantes étoiles; elle est située entre les Gémaux et le Taureau, signes du Zodiaque, mais un peu plus bas qu'eux. Elle se dessine en un grand quadrilatère Elle est composée de quatre-vingts étoiles, dont trois très-belles et scintillantes, et sur une même ligne, que les astronomes nomment baudrier d'Orion, le peuple les Trois-Rois, d'autres le Báton de Jacob, le Ráteau. Elle est environnée, comme une reine du ciel, d'une cour, d'une légion d'étoiles les plus blanches, les plus pures, les plus scintillantes du firmament. Dans les nuits sereines d'hiver,

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ORIPEAU, lame de cuivre ou de laiton très-mince, fort battue, polie et brillante, qui de loin a l'éclat de l'or. On mettait autrefois des bandes d'oripeau avec des fes: tons de lierre aux porches des églises où il y avait quelque fête ou des indulgences. Il se dit plus ordinairement de toute étoffe, de toute broderie qui est de faux or ou de faux argent on habille les poupées d'oripeau; les acteurs ambulants sont couverts d'oripeau. Il se dit par extension et familièrement d'une ancienne étoffe ou d'un vieux vêtement dont l'or est passé, et figurément des ouvrages d'esprit dont le brillant n'est pas de bon aloi : Tout n'est pas or pur dans ce poëme, il y a bien de l'oripeau.

ORISSA, province de l'Inde anglaise, dépendant de la présidence de Calcutta, dans l'Inde en deçà du Gange, sur la côte nord-ouest du golfe du Bengale, et située au sud de la province de Bengale, présente une superficie de 884 myriamètres carrés, avec deux à trois millions d'habitants, pour la plupart de race hindoue. Cependant, dans les montagnes de l'intérieur on trouve encore quelques peuplades à moitié sauvages, qui appartiennent à la race primitive de la presqu'ile de l'Inde au delà du Gange et n'ont rien de commun avec les Hindous. Cette province est divisée en huit districts. Les villes les plus considérables sont Kuttak, chef-lieu, sur le Mahanaddy, avec 40,000 habitants; Djagarnat et Balassor, ville de 100,000 âmes, jadis bien peuplée, mais qui est encore importante à cause de son port, de ses chantiers et de ses salines. La province d'Orissa a eu des rois dans les temps anciens; mais leur histoire est inconnue, et elle n'a laissé que des souvenirs. romantiques. Cette région de l'Inde a cruellement souffert en 1868 d'ure disette de riz, qui y a causé la mort de plus le 500,000 individus.

ORITHYE, fille d'Erechtée, roi d'Athènes, fut enle-, vée par Borée, qui la transporta, à travers les airs, sur Ja cime du Pangée. Anselme Flamen a sculpté un admira ble groupe en marbre représentant l'enlèvement d'Orithye, groupe qui se trouve aux Tuileries...

ORIZA BA, ville du Mexique, dans la province de la Vera-Cruz, avec 37,200 habitants, est située non loin d'un lcan, au centre d'un territo're boisé et d'une fécondité exceptionnelle. On y trouve de non breuses églises, une. école supérieure, et une active fabrication de coton, de draps communs et de tabac. Occupée à la suite d'un court engagement par les Français (20 avril 1862), elle ne rentra au pouvoir des Mexicains qu'à la chute de Maximilien.

ORKHAN ou ORÇAN, second sultan ottoman. Il n'était que le fils cadet d'Osman, qui le désigna pour son successeur, parce qu'il connaissait son génie militaire. L'aîné, Ala-Eddin, respecta les volontés paternelles, et ne fut que le vizir d'Orkhan. Pendant que celui-ci reculait sans cesse la limite de ses États, Ala-Eddin en affermissait les bases par des lois utiles et des institutions durables. Ce fut lui qui fit frapper les monnaies nationales; il réglementa le costume, créa les janissaires et organisa une armée per

manente.

Un des premiers actes d'Orkhan fut de transporter le siége de son empire à Brousse, sa nouvelle conquête, dont la situation magnifique l'avait séduit; puis il poursuivit la guerre sainte avec énergie. Nicomédie lui ouvrit ses portes; et bientôt la chute de Nicée, la seconde ville de l'Empire Grec, fit tomber la dernière harrière opposée en Asie au débordement des Ottomans. Orkhan s'empara encore de Pergame sur l'un des petits princes musulmans qui s'étaient partagé les débris de l'Empire Seldjoucide. Il employa ensuite vingt années à rendre ses États prospères, les couvrant d'un bout à l'autre d'universités (médréssé), de cara

ORLÉANS

vanséraïs, d'hospices pour les pauvres (imarè), où il avait en personne distribué des vivres et d'abondantes aumônes.

Cependant la guerre civile qui désolait l'empire byzantin fit juger à Orkhan qu'il pouvait aisément soumettre la rive grecque de la Propontide. Son fils Suleyman prit la ville de Tzympe par surprise et l'importante place de Gallipoli, la clef de Constantinople, à la suite d'un tremblement de terre qui en renversa les murailles. L'empereur Jean Kantakuzène, qui avait doané sa fille en mariage à Orkhan, se plaignit; mais le sultan ne rendit point sa conquête, et mourut l'année suivante, 761 de l'hégire (1360), dans la soixante-quinzième année de son âge et la trentecinquième de son règne. Ce fut Orkhan qui prit le premier le titre de padichah, et le nom de Sublime-Porte vient de l'entrée de son palais, dont il existe encore de magnifiques ruines. Son successeur fut son second fils, Mourad-Khan ou Amurat 1er. WA. DUCKETT

ORKNEY (Iles). Voyez ORCADES.
ORLANDO LASSO. Voyez LASSO (Orlando di ).
ORLE (Blason). Voyez FILIÈRE.

ORLEANAIS, ancienne province de France, dont la capitale était Orléans, et qui comprenait cinq pays : l'Orléanais propre, resserré entre le Gâtinais, la Beauce, la Sologne et le Berry; le Blaisois, la Sologne et la Beauce, subdivisée en trois petits pays: le pays Chartrain, le pays Dunois, et le pays Vendômois; elle était bornée au nord par l'ile de France, à l'ouest par le Maine, au sudouest par la Touraine, au sud par le Berry, au sud-est par le Nivernais, à l'est par la Bourgogne et la Champagne. Aujourd'hui cette province est fondue presque en entier dans les départements du Loiret, d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher. Elle passait autrefois pour une des plus riches et des plus populeuses du centre de la France.... J. SAINT-AMOUR.

ORLÉANISTES, nom que l'on donna déjà, lors de la première révolution, aux partisans du duc d'Orléans Philippe-Égalité, à ceux qui révaient pour lui la couronne de France. Sous la Restauration, il y eut incontestablement un parti orléaniste; mais il avait le soin de se cacher derrière les libéraux. A l'aide de quelques intrigues, dont le résultat fut un moment bien compromis, la révolution de Juillet vit l'orléanisme, représenté par Louis-Philippe, s'asseoir enfin sur le trône. Le 24 février 1848 il disparut, de la scène; mais le parti orléaniste n'en continua pas moins à intriguer sourdement avant et après 1870.

CRLÉANS, chef-lieu du département du Loiret, à 121 kil. sud de Paris, sur la rive droite de la Loire, avec une population de 48,976 habitants (1872). Siége d'un évéché suffragant de Paris, d'une église consistoriale calvaiste, d'une cour d'appel, dont le ressort con prend les départen ents d'Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Loiret, cette ville possède des tribunaux de première instance et de comerce, un conseil de prud'hommes, une bourse et une chambre de commerce, une succursale de la Banque de France, un entrepôt récl, un lycée, une école secondare de médecine, une école primaire supérieure, une, école pratique de dessin, une bibliothèque de 42,000 NO-F kimes, un musée de peinture et d'antiquités, un musée d'histoire naturelle, un théâtre, une Société nationale des sciences, belles-lettres et arts. C'est une station des chemins de fer du centre et de Bordeaux.

L'industrie et le commerce y ont principalement pour objet l'importation des épices, la vente des vins des alen tours, qui sont très-abondants, et dont quelques crûs méritent d'être distingués ; la fabrication des alcools et de plu sieurs espèces de vinaigres fort en vogue, l'épuration et le blanchiment des cires, la préparation et le tannage des cuirs, le raffinage du sel et du sucre, la préparation de toutes sortes de mélasses et de sirops, la distillation des liqueurs, le filage du lin, du chanvre, du coton et des laines, la fabrication de drap et étoffes, telles que serge, flanelle, cotonnades, toiles peintes, diverses soieries, et les couver

ORLEANS

tures de laine; la vente des grains et des farines du Berry et de la Beauce, la fabrication de la céruse, de toutes sortes de couleurs et de colles; la préparation du noir animal et de toutes sortes de fécules et de pâtes, telles que vermicelle, macaroni, etc.; la composition de toutes espèces de produits chimiques, la fabrication des métaux, des objets de quincaillerie, et particulièrement des limes et des faux; la vente d'une immense quantité de sabots et d'objets en bois, tels que cuillères, assiettes, vases, etc., travaillés dans les villages de la forêl; la bijouterie, l'orfèvrerie, la poterie, la faïencerie, la tuilerie, etc.

La ville d'Orléans est bâtie sur une éminence qui s'abaisse au midi vers la Loire, dans une plaine magnifique, arrosée par ce fleuve et par le Loiret. Deux boulevards, agréable ment ombragés, l'un intérieur, l'autre extérieur, séparés par un mur et des fossés sans eau, en partie comblés, for ment son enceinte qui a plus de 2 kilomètres. Elle est en outre enveloppée par huit faubourgs populeux, dont l'un, celui de Saint-Marceau, situé sur la rive gauche de' la Loire, communique avec la ville par un pont long de 333 mètres, construit de 1751 à 1761. Les quartiers anciens sont généralement mal bâtís; mais la plus grande partie de la ville se compose de rues larges, propres, bien per cées et bordées de maisons d'une belle construction. Parmi ses monuments on remarque la cathédrale (Sainte-Croix), une des plus belles de la France pour la hardiesse de sa coupe et la délicatesse de ses ornements; l'église de SaintAiguan, dont on admire l'architecture gothique et la chapelle souterraine; l'ancien hôtel de ville (1442-1498), qui renferme aujourd'hui les musées; le théâtre, l'hôtel de l'évêché, le nouvel hôtel de ville (1530), l'hôtel de la pré fecture, restauré et agrandi en 1864, la halle aux blés, l'hôpital général, la bibliothèque publique, les maisons historiques d'Agnès Sorel, de Diane de Poitiers, des Étuves, du cloftre Saint-Aignan, de François Ier, de Pothier; la porte Saint-Jean, la seule qui soit restée debout de l'ancienne enceinte, le magasin à poudre, construit dans une ancienne tour de défense, dite la tour Blanche. Orléans possède trois statues de sa libératrice Jeanne d'Arc, uneancienne, en pierre, une copie en bronze de celle de la princesse Marie d'Orléans, une équestre, en bronze, due au ciseau de Foyatier, inaugurée en 1855. Orléans est abritée par son immense forêt, l'une des plus belles de France et qui a 50 kil. de long sur 20 ou 25 de large.

César mentionne Orléans, sous le nom de Genabum, comme une des positions les plus formidables des Carnutes. Dans sa sixième campagne, elle lui opposa d'abord une vigoureuse résistance; mais il s'en empara par un assaut de nuit, et la fit raser après l'avoir pillée et incendiée. Après la conquête, une colonie romaine s'y établit. Toutefois, ce ne fut que sous le règne d'Aurélien, qui l'avait visitée, qu'elle prit un certain accroissement. On lui attribue ses plus anciens monuments et la plupart des voies romaines qui y aboutissaient. Elle changea même son nom primitif pour prendre celui de cet empereur (Aurelianum), dont plus tard on fit Orléans. En 451, Attila mit le siége devant la ville, qui fit une opiniâtre défense, excitée par son évêque saint Aignan, jusqu'au moment où Aétius vint la délivrer. Lors du partage des États de Clovis, Orléans devint la capitale du royaume de Clodomir, qui comprenait la Sologne, la Beauce, le Blaisois, le Gâtinais, l'Anjou et le Maine. Un instant annexé au royaume de Bourgogne, le royaume d'Orléans, sur la fin de la première race et pendant le cours de la seconde, ne fut plus qu'une dépendance de la Neustrie.

Lors du démembrement féodal, Orléans devint un duché, et fut compris dans les possessions de la race de Robert le Fort. Hugues Capet le réunit à la couronne. Plus tard il fut érigé en duché-apanage en faveur de diverses branches collatérales de la maison régnante. Déjà célèbre par l'ancienneté et l'éclat de son siége épiscopal ainsi que par la tenue de plusieurs conciles, Orléans fut encore renommée

7 au moyen âge par sa fameuse université de droit, fondée en 1312. Au quinzième siècle elle devint le dernier bɔulevard de la royauté. Assiégée en 1428 par les Anglais, la garnison et la ville étaient réduites à la dernière extrémité; la journée des Harengs lui avait ôté tout espoir, quand elle fut délivrée par Jeanne d'Arc. Pendant les guerres de religion, Orléans fut, en 1560, le lieu où se réunirent les états généraux ; puis elle tomba au pouvoir des huguenots, qui en firent leur place d'armes. François, duc de Guise, vint l'ass.éger, et y trouva la mort. En 1590 elle se déclara pour la Ligue, et ne fit sa soumission à Henri IV que quatre ans plus tard. Son histoire se confond dès lors avec celle de la monarchie.

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Après le désastre de Sedan les Prussiens, voyant le gouvernement de la Défense s'efforcer de continuer la guerre par tous les moyens en son pouvoir, avaient le plus grand intérêt à neutraliser ces efforts. Aussi à peine Paris fut-ik investi que la cavalerie allemande battait le pays vers la Loire. Un corps bavarois, sous les ordres du général von der Tann, s'avança sur la route d'Orléans; une première démonstration ayant rencontré de la résistance, l'ennemi en fit une autre avec des forces plus grandes, refoula nos troupes à Artenay et aux Ormes, et entra, le 11 octobre 1870, dans Orléans, après un combat inégal que le général de La Molterouge fit cesser en ordonnant la retraite au delà de la Loire. La population conserva pendant l'occupation étrangère l'attitude la plus digne. Cependant l'armée de la Loire, rassemblée en avant de Tours, se réorganisait rapidement; à la suite de quelques engagements heureux elle se mit en marche le 7 novembre dans la direction d'Orléans. Le même jour elle rencontra l'ennemi à Ouzouer-le-Marché, au nord de Baugency, et le battit en lui infligeant des pertes sensibles. Le 8 eut lieu une nouvelle affaire, qui ne fut pas moins favorable à nos armes. Enfin le 9 la bataille remportée à Coulmiers entraina la retraite des Bavarois. Le lendemain Orléans, délivrée, saluait le retour du drapeau tricolore. Cette nouvelle produisit dans toute la France une émotion profonde.

« Après la prise d'Orléans, dit M. de Freycinet, si l'on avait marché tout de suite sur Paris, il paraît établi qu'on aurait réussi. On n'aurait pas trouvé sur la route une grande résistance, et les lignes d'investissement n'étaient pas très-difficiles à rompre. En tous cas on aurait détruit l'armée bavaroise avant qu'elle eût reçu des renforts. Les Allemands s'attendaient à cette manœuvre, et l'on en concevait à Versailles uue grande inquiétude; c'est du moins ce qu'assurent les rapports qu'on a eus depuis. » Marcher en avant c'était l'avis de Gambetta, des généraux Borel et Martin des Pallières; mais le général en chef de l'armée, d'Aurelles, ne s'y rangea point. Il fut alors convenu que la ville d'Orléans, devant servir de base d'opérations, serait protégée par un vaste camp retranché. On se mit aussitôt à l'œuvre; 150 pièces de marine à longue portée arrivèrent de nos ports avec leur personnel et furent placées aux limites du camp. Trois nouveaux corps furent échelonnés sur les bords de la Loire. Bientôt l'armée active se trouva forte de 200,000 hommes et disposa de plus de 500 canons. Trois semaines furent employées dans ces préparatifs. Le 30 novembre le général d'Aurelles, cédant enfin aux pressantes sollicitations du gouvernement, se porta en avant par Pithiviers et Beaune-la-Rolande, et le 15o corps eut la garde spéciale d'Orléans. Il était trop tard; nos lignes furent rompues à l'ouest et à l'est par les Allemands, qui s'avançaient de tous côtés sur la ville en masses compactes. Refoulé sur la Loire, d'Aurelles, après avoir tenté de résister, changea d'avis et ordonna l'évacuation de la ville, qui eut lieu le 4 décembre. La retraite s'accomplit avec une telle précipitation que l'ennemi, en prenant possession de la ville dans la soirée, y fit plusieurs milliers de soldats prisonniers. Cette seconde occupation dura jusqu'à la fin de 1871.

ORLEANS (Ducs D'). Le duché d'Orléans a été pos

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ORLEANS sédé par un grand nombre de princes des dynasties de Valois et de Bourbon. Sous l'une et l'autre il y eut une maison de ce nom qui présenta une longue suite de princes. ORLEANS (PHILIPPE, duc d'), cinquième fils de Philippe de Valois, né en 1336, est le premier qui porta le titre de duc d'Orléans. Cet apanage lui fut concédé en faveur de son mariage avec Blanche, fille de Philippe le Bel. Le duc combattit à Poitiers, et fut, en 1360, envoyé en Angleterre comme otage pour assurer la rançon du roi Jean. Il mourut en 1375, sans postérité, et le duché d'Orléans retourna à la couronne.

ORLEANS (LOUIS Ier, duc d'), né en 1371, était le second fils du roi Charles V et de Jeanne de Bourgogne. Il reçut en naissant le titre de comte de Valois, puis celui de duc de Touraine. Le roi, qui avait la plus tendre amitié pour son frère, lui fit épouser Valentine, fille du duc de Milan et d'Isabelle de France. Au mois de mai 1390, Valentine accoucha d'un fils. A cette occasion Louis obt nt du roi l'échange de la Touraine pour le duché d'Orléans. A la mort de la duch esse douairière d'Orléans (1392), Charles VI lui aband onna le vaste héritage de cette prin cesse et l'admit au conseil, malgré son extrême jeunesse.

Le roi étant tombé en démence, ses oncles s'emparèrent de la régence, et exclurent Iouis de toute participation au pouvoir. La liaison criminelle qu'il entretenait avec sa belle-sœur Isabeau loi permit de rentrer au conseil et de reprendre le pouvoir qu'il avait déjà occupé. Il força même à son tour le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, à la retraite; et se voyant seul maltre du royaume, il dissipa les trésors de l'État avec une désastreuse prodigalité. A la mort du duc de Bourgogne (1404), Louis se fit déclarer lieute nant général du royaume; mais il devait trouver dans le fils de son ennemi un adversaire plus redoutable encore. En effet, le nouveau duc, Jean sans Peur, vint à Paris, où il fut accueilli en libérateur. La cour se prépara à la guerre. Un raccommodement apparent eut lieu toutefois à l'hôtel de Nesle, où les deux princes s'embrassè rent. Le duc de Bourgogne partit ensuite pour aller régler ses affaires des Pays-Bas. En son absence, le duc d'Orléans reconquit le pouvoir souverain, et fit établir de nouve aux impôts. Parmi les nombreux édits financiers publiés à cette époque, il en était un, et le plus onéreux de tous, où l'on proclamait qu'il avait été rendu de concert avec le duc de Bourgogne. Celui-ci se håta de protester contre un pareil acte, et accourut luimême pour désa vouer sa signature, mise indûment sur une ordonnance qui avait soulevé d'unanimes réprobations. Le duc d'Orléans, contrai nt de retirer l'impôt, en ressentit un dépit violent.

Si le prince Louis était homme de plaisir, il ne manquait pas de vertus chevaleresques. Il avait exprimé une vive indignation en apprenant le meurtre de Richard II et l'usurpation du trôn e d'Angleterre par Henri de Lancastre; en 1402, il lui envoya un cartel, et lui fit proposer un combat de cent contre cent. Le champ de bataille devait être choisi entre la ville d'Angoulême, qui appartenait au duc d'Orléans et Bord eaux, qui était sous la domination anglaise Le roi refusa le cartel, et renvoya les héraults sans présents. Dans cet intervalle, de nouvelles causes de dissension étaient venues ranimer la haine des maisons d'Oriéans et de Bourgogne. Jean sans Peur, appelé de nouveau par les mécontents, vint à Paris à la tête d'une armée, et eut le plaisir de voir son enremi se retirer à Melun (1405), où la reine le rejoignit, après avoir vainement tenté d'emmener avec elle le dauphin, que le duc de Bourgogne retint à Paris.

A cette époque, les Anglais avaient envahi la Guiennej l'Artois et la Picardie. Le duc d'Orléans et Jean sans Peur réunirent leurs armes pour combattre l'étranger. Le premier mit le siége devant Blaye, qu'il fut obligé de lever honteusement; le second, devant la ville de Calais, dont il ne put s'emparer. Les deux rivaux revinrent à Paris avec les mêmes

haines dans le cœur, et mutuellement aigris par l'insuccès de leur expédition militaire. Cependant, ils paraissaient vivre en bonne intelligence, quand Jean sans Peur apprit que le duc d'Orléans s'était vanté publiquement d'avoir obtenu les faveurs de la duchesse de Bourgogne; dès lors, l'idée de la vengeance entra dans son âme, et elle y séjourna six mois entiers, pendant lesquels l'époux outragé prépara le crime qui devait assouvir ses profonds ressentiments. Déjà il a établi dans une maison voisine de l'hôtel de Nemours, appelé le petit séjour de la reine, le capitaine d'Ocquetonville, gentilhomme normand. Toute la cour savait que chaque soir le duc d'Orléans se rendait presque sans suite auprès de la reine Isabelle, et ne se retirait que fort tard. Avec d'Ocquetonville sont embusqués les frères Guillaume de Scas, de Courteheuse, de Guines, Courtensy, valet de chambre du roi, et d'autres bandits, tous ennemis de la maison d'Orléans. D'Ocquetonville ne quittait la maison de la rue Barbette que pour aller prendre les ordres de Jean sans Peur à l'hôtel de Bourgogne. Le duc de Berry avait tout tenté pour une réconciliation. Il pouvait croire avoir réussi. L'acte avait été signé par les deux princes; la nuit suivante, le même lit les avait reçus; le lendemain, ils avaient communié ensemble avec la même hostie, partagée en deux; ils s'étaient réunis à table chez le duc de Berry, à l'hôtel de Nesle.

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Le duc d'Orléans était dans une entière sécurité. Le mardi 22 novembre 1407, il alla passer la soirée au petit séjour de la reine; toute la suite du prince s'était retirée pour revenir le chercher à minuit. Mais dès neuf heures Courtensy, se disant chargé d'un ordre du roi, vint prier le duc d'Orléans de se rendre sur-le-champ à l'hôtel Saint-Paul pour une affaire grave et urgente. Le duc se fit amener une mule, et sortit accompagné de deux gentilshommes et de trois pages qui portaient des flambeaux ; d'Ocquetonville, prévenu par Courtensy, distribua ses complices dans les enfoncements de la rue Barbette: tous étaient armés. A peine au milieu de la rue, le duc fut abandonné par ses deux gentilshommes ; il resta seul avec ses pages, dont les torches éclairaient sa marche. D'Ocquetonville et sa bande s'avancèrent à sa rencontre; le prince, les prenant pour des voleurs, leur cria: « Je suis le duc d'Orléans! C'est à toi que nous en voulons, répondit d'Ocquetonville, et d'un coup de hache d'armes il coupa la main que le duc appuyait sur le pommeau de sa selle; l'assassin lui porta un second coup sur la tête: le prince tomba; un troisième coup lui fit jaillir la cervelle. Un page osa défendre son maître, et tomba près de lui mortellement blessé. D'Ocquetonville trafna le corps du duc d'Orléans auprès d'une borne, et, allumant une torche de paille à une lanterne, il s'assura que la victime avait cessé de vivre; puis il s'éloigna avec ses complices. Des voisins étaient accourus aux cris du page expirant; mais des chausses-trapes avaient été disposées à l'avance, et retardaient leur course : les assassins avaient mis le feu à plusieurs maisons, et avaient eu le temps de s'éloigner; un seul fut reconnu. Le roi se trouvait alors dans un moment lucide; il aimait tendrement le duc d'Orléans, son frère. La nouvelle de sa mort, si déplorable et si imprévue, le jeta dans la plus profonde douleur. Louis d'Orléans laissait une veuve inconsolable de sa perte, trois enfants qu'il avait eus d'elle, Charles d'Orléans et Jean, comte d'Angoulême, et un fils naturel, le fameux Dunois.

Louis aimait la poésie, qu'il cultiva lui-même avec succès; il protégeait les lettres, et honora de son amitié la célèbre Christine de Pisan, qui lui dédia le roman d'Othéa. Doué d'une éloquence naturelle et pleine de charmes, que faisait encore ressortir la grâce et l'expression de ses traits, il était l'idole de la cour, et aurait pu devenir celle du peuple s'il avait su maîtriser de coupables passions.

P.-F. TISSOT, de l'Académie Française. ORLÉANS (CHARLES, duc d'), fils du précédent et de Valentine de Milan, naquit à Paris, le 26 mai 1391. Son père n'avait rien négligé pour faire introduire le fils en

ORLEANS

lettres moult suffisamment, dit Christine de Pisan. Le soin que l'on prit de son éducation ne fit que développer et fortifier les dispositions naturelles d'un prince qui devait être l'un des poëtes les plus remarquables du quinzième siècle. Après l'assassinat de son père, il joignit ses efforts à ceux de la duchesse sa mère pour en obtenir vengeance.

Mais le parti bourguignon était tout-puissant. Toutefois, Jean sans Peur, après avoir terminé la guerre de Flandre,❘ fit proposer un accommodement. C'est à Chartres que se rendirent, auprès du roi, Charles d'Orléans, ses trois frères et le duc de Bourgogne, tous suivis d'un cortége nombreux, et on y fit un traité, le 9 mars 1409. Le duc de Bourgogne demanda au duc d'Orléans son amitié, et le conjura de luy pardonner toutes choses, à quoi le duc d'Orléans répondit en s'adressant au roi : Mon très-cher seigneur, par votre commandement, j'accorde, je consens et j'agrée tout ce que vous avez fait, et lui remets entièrement toutes choses, et s'entre-bésèrent Orléans et Bourgogne, dit J. Juvénal des Ursins.

Le duc de Bourgogne était encore le plus fort; mais le mariage de Charles d'Orléans, qui venait de perdre sa première femme, veuve du roi d'Angleterre Richard II, avec la fille du comte d'Armagnac, en lui apportant❘ l'appui du midi égalisa les forces des deux partis (voyez ARMAGNACS et Bourguignons).

Quand une armée anglaise de 40,000 hommes débarqua en Normandie, le duc d'Orléans essaya de repousser l'étran ger. Mais il fut fait prisonnier à Azincourt, et conduit en Angleterre. Ce fut pour charmer l'ennui de sa captivité qu'il composa ses charmantes pièces de poésie :

Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer
Voulus ces vers au temps de ma jeunesse,
Devant chacun le vueil bien aduoner;
Car prisonnier les fis, je le confesse,
Priant à Dieu qu'auant qu'aye vieillesse
Le temps de paix par tout puist auenir,
Comme de cueur j'en ay la desirance,
Et que voye tous tes maulx brief finir,
Très-chrestien franc royaume de France!

Ce vœu n'était pas près de se réaliser, et Charles d'Orléans fut retenu prisonnier vingt-cinq ans. En 1440, enfin, une forte rançon fut acceptée par les Anglais pour sa délivrance, et il fut reconduit à Gravelines. La cour de Bourgogne l'accompagna jusqu'à Bruges. Son voyage en France fut une espèce de triomphe, et sa suite nombreuse porta ombrage au roi Charles VII, qui le fit prévenir qu'il ne serait bien reçu qu'autant qu'il se présenterait sans sa maison. Charles, offensé, traversa Paris, et se retira dans son apanage. Après la mort de Philippe-Marie Visconti, duc de Milan, il voulut soutenir contre Sforza ses droits à ce duché et au comté d'Asti, qu'il tenait de Valentine, sa mère; mais le peu de succès de ses armes et de ses démarches auprès des Milanais l'engagea à y renoncer. De retour dans ses domaines, il ne s'occupa que de soins domestiques, et n'en sortit que pour venir à Vendôme défendre son gendre, le duc Jean IV d'Alençon, accusé de crime d'État. Son discours se trouve au milien du recueil de ses poésies manuscrites, tel qu'il a été prononcé, en 1456, devant Charles VII. Charles se retira dans ses États, et mourut à Amboise, pen de jours après, le 4 janvier 1405, âgé de soixante-quatorze ans, et fut inhumé au couvent des Célestins à Paris. Il avait épousé en troisièmes noces Marie de Clèves, nièce du duc Philippe de Bourgogne. Il laissait de cette dernière femme un fils, qui fut Louis XII, et trois filles, Marie D'ORLÉANS, mariée à Jean de Foix et mère du fameux Gaston de Foix, Jeanne D'ORLÉANS, mariée au duc d'Alençon, et Anne D'ORLEANS, abbesse de Fontevrault.

Ce prince mérita par ses talents en poésie d'être placé au premier rang des écrivains de son temps; ses ouvrages sont très-variés : ce sont des ballades, complaintes, chansons et rondels. Les ballades peuvent se distribuer en trois phases: les unes sont des pièces de pure galanterie, faites

DICT. DE LA CONVERS.-T. M.

pendant la vie d'une princesse que le duc d'Orléans aitnait; les autres ont été composées après la mort de cette princesse, et elles n'expriment que les regrets du duc: la plupart sont sous le titre de Départie d'amour. Les dernières, enfin, pour se servir des termes du manuscrit, roulent sur divers propos. Dans toutes brillent une élégante simplicité, une imagination douce et tranquille, une fiction simple et facile, agréable et amusante, comme l'exigent les sujets de pure galanterie ; mais, malgré leur simplicité, les idées en sont nobles, inspirées par le sentiment et exprimées avec autant de naïveté que d'élégance (Voyez FRANCE, tome IX, pages 707 et 708.)

Les œuvres de Charles d'Orléans demeurèrent dans l'oubli jusqu'au dix-huitième siècle, où l'abbé Sallier les révéla à l'Académie des Inscriptions. Une première édition fautive et incomplète parut en 1803, à Grenoble, in-12. MM, J.-Marie Guichard et Aimé Champollion en ont publié deux autres, | Paris, 1842. Aimé CHAMPOLLION-FIGEAC.] ORLÉANS (Louis, duc d'), fils du précédent, fut le quatrième duc d'Orléans; il porta ce titre jusqu'au moment où il monta sur le trône, sous le nom de Louis XII.

Deux fils de François 1er portèrent successivement le titre de duc d'Orléans, Henri, tant que vécut son frère le dauphin François, et Charles, le troisième frère, quand Henri régna. Ce dernier mourut sans enfants, en 1547.

Ce titre fut encore porté par trois fils de Henri II, Louis, mort en 1550, à l'âge de deux ans, Charles-Maximilien, qui régna sous le nom de Charles IX; enfin, EdouardAlexandre, plus connu sous le nom de duc d'Anjou, et qui fut Henri III.

Après que la maison de Bourbon fut parvenue au trône, deux princes portèrent successivement le titre de duc d'Orléans avant la série des ducs héréditaires. Le premier, né en 1607, mourut à l'âge de quatre ans. L'autre fut Gaston de France.

[ORLÉANS (GASton-Jean-Baptiste de France, duc n'), troisième fils de Henri IV et de Marie de Médicis, naquit à Fontainebleau, le 25 avril 1608. Nommé d'abord duc d'Anjou par ses parrains, le cardinal de Joyeuse et la reine Marguerite, il prit, en 1626, à l'occasion de son mariage, le titre du duc d'Orléans; Henri IV, son père, lui avait donné le prénom de Gaston, en némoire de Gaston de Foix, duc de Nemours, son parent, l'un des plus grands capitaines du seizième siècle. Ce prince montra dans ses jeunes années quelques dispositions heureuses, un esprit facile et une intelligence vive; mais son caractère avait une mobilité insouciante qui trahissait la médiocrité. Il eut successivement pour gouverneur Savary de Brèves, qui était estimé pour ses lumières et sa probité, mais qui fut enveloppé dans la ruine de Concini, puis le comte du Lude, vieux courtisan, trop ami des plaisirs pour veiller à cette éducation. Il s'en déchargea sur Contade, homme grossier, dont les vices corlompirent le jeune prince, gâtèrent ses mœurs et lui ôtèrent re frein de la honte. En 1619 le comte du Lude fut remplacé par Ornano, qui ne s'occupa que d'acquérir les bonnes grâces du prince par son excès d'indulgence. Sa jeunesse fut assez dissipée, et Tallemant des Réaux nous assure « qu'il avoit brûlé la nuit plus d'un anvent de savetier ». Gaston, de l'avis de son gouverneur, commença par résister aux projets de sa mère et de Richelieu, qui voulait lui faire épouser Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, la plus riche héritière du royaume. Cependant, il abandonna bientôt Ornano, qui mourut prisonnier à Vincennes. Quelque temps après il entra dans la conspiration de Chalais; mais, effrayé de son supplice, il fit sa soumission, jura « qu'il n'écouterait plus les mauvais conseils des seigneurs ses amis », et consentit à épouser mademoiselle de Montpensier. Ce mariage fut célébré à Nantes, au mois d'août 1626. Sa femme lui apportait en dot trois cent mille livres de rente en principautés, duchés et seigneuries, et cette fortune fut encore augmentée des libéralités du roi. La prompte grossesse de Madame mit le comble à la prospérité du duc d'Orléans, que

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