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pour ne pas respecter ce qu'il y a de plus sacré dans la religion? La profanation du temple du Seigneur renferme une telle énormité, que Jésus-Christ, qui recevait les plus grands pécheurs avec tant de douceur, et qui supportait toutes les injures en silence, chassa de l'ancien temple avec indignation, les vendeurs et les acheteurs (50). Quel exemple pour ses disciples! Si nous n'avons point d'autorité pour empêcher la profanation des églises, gémissons au moins d'un abus qui tend à détruire tout sentiment de religion.

Pour peu que nous ayons de foi, nous ne pouvons nous approcher du sanctuaire, sans nous écrier : Que ce lieu est terrible! C'est ici véritablement la maison de Dieu et la porte du ciel (51)! Ne devons-nous pas y entrer comme nous aurions fait dans la nuée miraculeuse? Ne devonsnous pas nous imaginer entendre, avec Moïse, la voix qui sortait du buisson ardent N'approchez point de ce lieu; ôtez votre chaussure; car la terre sur laquelle vous marchez, est sainte (52)! Bannissons alors toutes pensées et toutes affections terrestres; mettons une garde à nos sens, lorsque nous nous présentons devant celui en présence duquel les cieux et la terre disparaissent, sans laisser aucune trace de ce qu'ils ont été (53). Cette présence remplit les séraphins d'un saint tremblement, et ils se voilent la face de leurs ailes (54). Les moines d'Egypte, pénétrés de ces sentimens, ôtaient leurs sandales, au rapport de Cassien (55), toutes les fois qu'ils s'assemblaient pour célébrer ou recevoir les divins mystères. Les Juifs s'incli

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naient en entrant dans leur temple. Il paraît que c'est d'eux que les Grecs et les Orientaux ont emprunté l'usage où ils sont, depuis le commencement du christianisme, de s'avancer, en entrant au milieu de l'église, et de s'incliner vers l'autel, en répétant ces paroles du publicain de l'Evangile Seigneur, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur.

La coutume de prendre de l'eau bénite en entrant dans l'église, est de la plus haute antiquité. L'usage en est recommandé par la tradition, comme la vertu en est attestée par divers miracles (56). L'ablution qui se fait avec l'eau bénite, est l'emblème de la pureté de l'âme. Nous devons donc, en la prenant, concevoir de vifs sentimens de componction, et prier Dieu de nous purifier avec l'hyssope trempée, non dans le sang des boucs et des taureaux, mais dans le sang adorable de Jésus-Christ, qui peut seul nous conférer une sainteté parfaite, et nous rendre dignes de paraître en sa divine présence.

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S. THÉODORE, SURNOMMÉ TYRON, MARTYR A AMASÉE.

L'AN 306.

SAINT GRÉGOIRE de Nysse prononça un beau panégyrique en l'honneur du saint martyr, le jour de sa fête, et devant son tombeau. Il assure que c'était par son intercession que le pays venait d'être délivré des incursions des Scythes, qui avaient dévasté toutes les provinces voisines. Il témoigne une vive confiance en sa protection, et lui

(56) Const. Apost. 1. 8, c. 29; S. Epiph. Hær. 30, in vitá Josephi Com. sub Constantino: S. Hier. in vita S. Hilarion; Théodoret, Hist. Eccl. 1. 5, c. 2 et 12; Beda, de S. Germ. Antiss. Hist. l. 1, c. 17. Voyez Pacciaudi, de sacris Balneis, c. 17, p. 172, Roma, 1758, in-4°.

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adresse cette prière : « Comme soldat, défendez-nous; comme martyr, parlez en notre faveur, et obtenez-nous » la paix... S'il nous faut une plus puissante intercession, >> réunissez-vous à vos frères martyrs, et tous ensemble priez pour nous. Mettez dans nos intérêts Pierre, Paul » et Jean, afin qu'ils intercèdent pour les Eglises qu'ils ont fondées. Puissent les hérésies s'éloigner à jamais de » nous! Puisse la république chrétienne devenir, par vos prières et celles de vos compagnons, un champ fertile! » On voit dans le même panégyrique, que l'intercession de saint Théodore avait plusieurs fois mis les démons en fuite, et guéri les maladies; qu'on se rendait en foule à l'église dédiée en son honneur: qu'on en admirait la magnificence, et qu'on y voyait les combats du saint martyr peints sur la muraille; que les fidèles priaient prosternés devant ses reliques; qu'ils emportaient la poussière de son tombeau comme un trésor de grand prix, et qu'ils regardaient comme un bonheur inestimable, d'appliquer sa dépouille mortelle sur leurs yeux, sur leurs bouches, sur leurs oreilles et sur les autres organes de leurs sens. «< Fon»dant alors en larmes, ajoute saint Grégoire, ils s'adres>> sent au saint martyr, comme s'il était présent; ils in» voquent celui qui est devant Dieu, et qui obtient toutes » les grâces qu'il demande.

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Nous allons donner, d'après le même Père, le récit abrégé du triomphe de saint Théodore. Il naquit en Syrie ou en Arménie. Il était jeune, et nouvellement enrôlé dans l'armée romaine, lorsqu'il souffrit ce qui l'a fait surnommer Tyron. La légion dans laquelle il servait, fut envoyée dans le Pont pour y passer le quartier d'hiver. Elle se trouva à Amasée peu de temps après la publication des édits que donnèrent Maximien Galère et Maximin, pour continuer la persécution excitée par Dioclétien. Notre jeune soldat était si éloigné de cacher sa foi, qu'il la por

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tait, en quelque sorte, écrite sur son front. On l'arrêta pour le présenter au tribun de sa légion et au gouverneur de la province. Ceux-ci lui demandèrent comment il osait professer une religion que les Empereurs avaient proscrite, sous peine de mort. « Je ne connais point vos dieux, leur répondit-il ; j'adore Jésus-Christ, fils unique » de mon Dieu. Je vous abandonne mon corps; vous » pouvez le déchirer, le mettre en pièces, le livrer aux » flammes. Si mes discours vous offensent, coupez-moi » la langue. Dès que Dieu l'exige, je suis prêt à faire le >> sacrifice de chacun de mes membres. » Les juges, affectant d'être touchés de compassion pour sa jeunesse, lui donnèrent du temps pour délibérer, et le renvoyèrent.

Théodore employa ce temps à demander à Dieu la grâce de la persévérance; et pour convaincre ses juges qu'il était inébranlable dans sa première résolution, il mit le feu à un temple de Cybèle, qui était au milieu de la ville, et le réduisit en cendres. Une impulsion extraordinaire l'avait porté à cette action. Les juges, devant lesquels il fut conduit une seconde fois, voulurent l'effrayer par les menaces, qui furent inutiles. La promesse qu'ils lui firent de l'établir prêtre de Cybèle, n'eut pas plus de succès. Il leur dit même que de tous les idolâtres, les prêtres étaient les plus misérables, parce qu'ils étaient les plus criminels. On le frappa cruellement de verges, et on l'étendit ensuite sur le chevalet, où son corps fut déchiré avec des ongles de fer. Il ne perdit rien de sa tranquillité pendant ce supplice: il parut même insensible à tout ce qu'il souffrait. On l'entendait répéter sans cesse ces paroles du Psalmiste Je bénirai le Seigneur en tout temps : je ne discontinuerai de chanter ses louanges. Le gouverneur, après avoir fait l'essai de sa cruauté, le renvoya en prison, où Dieu, par le ministère de ses anges, le consola merveil leusement dans la nuit.

Théodore subit un troisième interrogatoire, et confessa Jésus-Christ avec le même courage. Le juge le condamna à être brûlé vif, ce qui fut exécuté en 306. L'opinion la plus probable est qu'il souffrit le 17 Février, jour auquel il est honoré par les Grecs et les Moscovites; mais les Latins font sa fête le 9 Novembre, d'après le sacramentaire de saint Grégoire, le martyrologe de Bède, etc. Le corps du saint martyr, que les chrétiens trouvèrent le moyen d'arracher aux flammes, fut porté à Brindes, dans le douzième siècle, et il s'y garde dans une châsse, à l'exception de son chef qui est à Gaïete. On prétend que l'ancienne église, qui porte son nom à Venise, a été bâtie par Narsès. Il y a à Rome une église collégiale dédiée en son honneur, et qui était originairement un temple de Romulus.

Voyez le panégyrique du Saint, par saint Grégoire de Nysse, t. II, ipsius Op. p. 1002; et ap. Ruinart, Act. sinc. Martyr. Les actes donnés par Métaphraste, s'accordent pour le fond avec ce qu'on lit dans saint Grégoire; mais ils ont été interpolés. Le Père Papebroch promettait (ad 17 Febr.) de donner deux éloges de saint Théodore Tyron, l'un par Nicetas Paphlagonien, et l'autre par Nectaire de Constantinople. Lippoman et Surius ont publié le second en latin. Il y en a un manuscrit grec dans la bibliothèque impériale à Vienne, et Lambécius en fait mention dans son catalogue.

S. MATHURIN, PRÊTRE.

Vers l'an 388.

SAINT MATHURIN, né dans le diocèse de Sens, connut, dès son enfance, la vanité des idoles, et embrassa le christianisme. A peine eut-il les yeux ouverts à la lumière de l'Evangile, qu'il abandonna tout ce qu'il possédait dans le monde, pour s'attacher uniquement à Jésus-Christ. Ayant

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