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JUSTE, Romain de naissance, était un pieux et savant religieux du monastère de Saint-Grégoire. Il fut envoyé en Angleterre en 601, pour partager les travaux apostoliques de saint Augustin. Trois ans après son arrivée, il fut sacré évêque de Rochester. En 624, il succéda à S. Mellit sur le siége archiepiscopal de Cantorbéry. Le Pape Boniface, en lui envoyant le pallium, lui écrivit une lettre, où il le félicitait sur le grand nombre d'âmes qu'il avait gagnées à Jésus-Christ; il y louait sa patience et son zèle, et l'exhortait à persévérer jusqu'à la fin, pour ne pas perdre la couronne. Il sacra saint Romain, son successeur, à Rochester, et saint Paulin, premier archevêque d'Yorck. Il mourut le 10 Novembre 627, et fut enterré avec ses deux prédécesseurs. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain et dans celui d'Angleterre.

Voyez Bède, Hist. 1. 1 et 2.

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11 Novembre.

S. MARTIN, ÉVÊQUE DE TOurs.

Nous avons une excellente histoire de saint Martin, par saint Sulpice Sévère son disciple. Jérôme de Prato a montré, Dissert. 1, p. 1151, qu'elle fut écrite après la mort du Saint, et non de son vivant, comme l'ont avancé Tillemont, Le Brun, Pagi, etc. L'auteur n'y parle point de la mort du saint évêque, parce qu'il en avait donné la relation dans une lettre à Bassula sa belle-mère, immédiatement après cet événement. On ne doit point être surpris d'y voir le nom de Constance, pour celui de Constantin. Cette méprise et quelques autres du même genre, doivent être attribuées aux copistes qui mettaient souvent des abréviations, surtout dans les noms propres. Huit ans après la mort de saint Martin, saint Sulpice Sévère écrivit trois dialogues pour suppléer aux omissions de son histoire. Dans le premier, un certain Postumien rapporte divers miracles et plusieurs exemples édifians des vertus, principalement de l'amour de la pauvreté, et de l'obéissance aveugle des moines d'Egypte; dans le second et le troisième, il raconte, sous le nom de Gallus, disciple de saint Martin, plusieurs traits remarquables de la vie de ce Saint. Quatre de ses lettres en contiennent d'autres. Celle à Bassula, sa belle-mère, qui vivait alors à Trèves, offre le détail des circonstances qui accompagnèrent la mort du saint évêque de Tours. Enfin, saint Sulpice Sévère parle encore de saint Martin dans le récit de l'affaire des priscillianistes, par lequel il termine son histoire sacrée, 1. 2, c. 50, 51. On lira avec plaisir, sur le même sujet, les notes que Jérôme de Prato a jointes à son édition des œuvres de saint Sulpice Sévère, et ses dissertations sur la vie de saint Martin, t. I, p. 1-149. Paulin de Périgueux, Fortunat de Poitiers, qui écrivaient, l'un en 461, et l'autre en 590, ont donné en vers, d'après Sulpice Sévère, la vie de saint Martin, mais ils ont défiguré par une poésie agreste, la belle prose de l'auteur qu'ils copiaient. Grégoire de Tours parle de saint Martin dans son histoire, 1. 1 et 10. Il a donné de plus quatre livres des vertus et des miracles du même Saint, lesquels furent achevés en 594. Voyez Tillemont, t. X, p. 309; l'histoire de saint Martin, par Nicolas Gervaise, imprimée à Tours, en 1699, in-4°. L'abbé Gervaise, prévôt de SaintMartin de Tours, puis évêque d'Horren, fut massacré avec les missionnaires qui l'accompagnaient, par les Caraïbes ou Cannibales, le T. XVII. 12

12 Novembre 1729. Voyez encore la critique que D. Etienne Bradier, religieux de la congrégation de Saint-Maur, a faite de l'histoire de saint Martin, par l'abbé Gervaise, et qui a été imprimée sous ce titre : La sainteté de l'état monastique, où l'on fait l'histoire de l'abbaye de Marmoutier et de l'église royale de Saint-Martin de Tours, etc. Tours, 1700, in-12. Voyez Stolberg, Geschichte der Rel. Jesu, XIII, 102 sq.

L'AN 400.

SAINT MARTIN, la gloire des Gaules, la lumière de l'Eglise d'Occident, au quatrième siècle, naquit à Sabarie, ville de Pannonie, dont on voit encore les ruines sur la rivière de Gunez, dans la Basse-Hongrie, vers les frontières de l'Autriche et de la Stirie, à deux lieues de Sarwar, sur le Raab. Saint Grégoire de Tours met sa naissance en 316; Jérôme de Prato la met six ans plus tôt. Ses parens le portèrent, dès son enfance, à Pavie en Italie, où ils se retiraient; et il reçut dans cette ville sa première éducation. Son père, qui avait servi avec distinction, fut élevé au grade de tribun militaire, qui revient à peu près à celui de colonel, ou plutôt de brigadier parmi nous.

Dès ses premières années, Martin parut animé de l'esprit de Dieu; et quoique sa famille fût idolâtre, il n'avait de goût que pour les exercices de piété. Il allait à l'église malgré ses parens, et il demanda à l'âge de dix ans d'être inscrit parmi les catéchumènes. On lui accorda la grâce qu'il sollicitait, et il s'en montra digne par son assiduité aux instructions qu'on faisait à ceux qui désiraient le baptême. Il conçut un si ardent amour pour le Seigneur, qu'à l'âge de douze ans il forma le projet de se retirer dans un désert, et il l'aurait exécuté, si la faiblesse de son âge ne s'y fût opposé. Penser à l'église et aux monastères, était la seule chose qui occupât son esprit et son cœur.

Cependant il vint un ordre de l'Empereur qui obligeait les enfans des officiers et des soldats vétérans à porter les

armes. Le père de Martin découvrit lui-même son fils, pour le forcer à suivre une profession qu'il jugeait préférable à toutes les autres. Ainsi Martin, qui avait quinze ans, prêta le serment militaire, et entra dans la cavalerie. Il se contenta d'un seul domestique, qu'il traitait comme son égal, et auquel il rendait souvent les services les plus humilians. Il sut se préserver des vices qui ne déshonorent que trop la plus noble des professions, et il gagna l'estime de tous ceux qui avaient à vivre avec lui, par sa charité, sa douceur et ses autres vertus. Sa patience et son humilité paraissaient au-dessus des forces de la nature humaine, quoiqu'il n'eût point encore reçu le baptême. Les affligés trouvaient en lui un consolateur; il soulageait les indigens, et ne se réservait de ses appointemens que ce qui lui était absolument nécessaire pour sa subsistance. Saint Sulpice Sévère raconte le trait suivant de sa charité pour les pauvres.

Un jour qu'il était en marche, au milieu d'un hiver si rigoureux que plusieurs personnes moururent de-froid, il rencontra à la porte d'Amiens un pauvre presque nu qui demandait l'aumône aux passans. Voyant que ceux qui le précédaient n'avaient point regardé ce malheureux, il pensa que Dieu le lui avait réservé; mais il avait distribué tout ce qu'il possédait, et il ne lui restait plus que ses armes et ses vêtemens. Que faire ? Il coupe son manteau en deux; il en donne la moitié au pauvre, et s'enveloppe comme il peut avec l'autre moitié. Quelques-uns de ceux qui le virent en cet état, se mirent à le rallier; mais d'autres, frappés du motif qui l'avait fait agir, furent saisis d'admiration, et se reprochèrent secrètement de n'avoir pas assisté le pauvre. La nuit suivante, Martin vit en songe Jésus-Christ couvert de cette moitié de manteau qu'il avait donnée, et il l'entendit dire à une troupe d'anges qui l'environnaient : « Martin, qui n'est encore que catéchumène, m'a couvert » de ce vêtement. »

Cette vision lui inspira un nouveau zèle pour la gloire de Dieu. Il demanda le baptême, qu'il reçut dans sa dixhuitième année. Il resta cependant encore près de deux ans à l'armée; il le fit à la prière de son tribun, avec lequel il vivait dans une étroite amitié, et qui lui avait promis de renoncer au monde quand le terme de sa commission serait expiré. Pendant cet intervalle, il ne pensa qu'aux obligations de son baptême, et il n'avait presque plus que le nom de soldat; il attendait avec la plus vive impatience le moment où il ne vivrait plus que pour Dieu.

Les Germains ayant fait une irruption dans les Gaules, on assembla les troupes pour marcher contre eux. Il y eut à cette occasion une distribution de largesses faites aux soldats. Martin, qui pensait à sa retraite, eut la délicatesse de ne pas vouloir participer à des récompenses qui supposaient une continuation de service. Il demanda donc que ce qui devait lui revenir fût donné à quelque autre, et il sollicita en même temps la liberté de ne plus servir que sous les étendards de Jésus-Christ. Comme on lui reprochait d'agir par la crainte de se trouver à la bataille qui devait se donner le lendemain, il répondit avec une sainte intrépidité : « Si c'est à la lâcheté qu'on attribue ma conduite,

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je demande à paraître à la tête de l'armée, sans armes,

sans bouclier et sans autre défense que celle du nom de » Jésus-Christ et du signe de la croix. Je me précipiterai au milieu des escadrons les plus épais de l'armée des » ennemis. » La nuit même, les barbares demandèrent la paix. Martin obtint alors facilement sa retraite (1).

(1) Jérôme de Prato suit une autre chronologie. Suivant cet auteur, saint Martin naquit en 310, ou au moins avant 314. Il fut reçu parmi les catéchumènes à dix ans, et enrôlé dans les troupes à quinze. Il paraît pour la première fois dans les guerres en 351, sous Constance. Il fut baptisé trois ans après; il resta encore deux ans à l'armée, étant

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