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Le livre de la prière renferme d'excellentes maximes. Nous devons premièrement, dit le Saint, demander le don de la prière et des larmes. Nous devons prier le SaintEsprit de former dans nos cœurs ces désirs purs et ardens qu'il exauce toujours. Notre âme doit être aveugle et muette par rapport aux créatures, et notre cœur affranchi de tout attachement désordonné. « Si vous voulez prier comme il faut, renoncez-vous vous-même à chaque heure.... si vous êtes patient, vous prierez avec joie.............. si vous êtes théologien, ou si vous aimez Dieu, vous possédez le » grand art de la prière et si vous priez bien, vous de» viendrez véritablement théologien.... Comme la vue est >> le plus excellent des sens, de même la prière est la plus divine des vertus..... Lorsqu'en priant vous arrivez à une joie au-dessus de toute joie, vous êtes parvenu à la » vraie prière.

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Les personnes du monde ne sont pas moins obligées de prier, que celles qui sont spécialement consacrées au service de Dieu. Mais leur prière ne peut être efficace, qu'autant qu'ils y joindront la tempérance, l'humilité, l'aumône, le mépris des choses de la terre.

Le Saint examine si l'état des anachorètes est préférable à celui des religieux qui vivent en communauté dans les villes. Il se déclare pour l'affirmative, en supposant toutefois que les anachorètes ont été bien éprouvés sous un maître expérimenté; car ils doivent s'attendre à trouver de grandes difficultés. Il avait passé lui même par les plus vio lentes tentations; mais il les surmonta par la lecture, la prière, le chant des psaumes, de fréquentes génuflexions, par la patience, l'humilité et le signe de la croix (5). Il recommandait aux autres d'employer les mêmes armes, lorsqu'ils

(5) Lib. de Theodulo filio, n. 8.

éprouveraient de semblables tentations (6). Il indique les remèdes propres à détruire tous les vices, dans ses traités sur les mauvaises pensées, sur les péchés capitaux, etc. Il insiste spécialement sur le danger de la vaine gloire et de l'oisiveté. On reconnaît, dit-il, qu'un moine est infecté de ce dernier vice, lorsqu'il lève facilement les yeux de dessus son livre, pour regarder les objets qui l'environnent; lorsque le moindre bruit le fait courir à sa porte; lorsqu'il s'acquitte de ses exercices avec lâcheté ou avec précipitation; lorsqu'il abandonne ces mêmes exercices pour y en substituer de nouveaux, et qu'il commence beaucoup de choses sans en finir une seule lorsqu'il cherche à savoir les nouvelles, et qu'il court çà et là, même sous prétexte de visiter les malades, puisqu'il agit moins par charité, que dans la vue de trouver sa propre satisfaction. « Un moine qui ne se tient point renfermé dans sa cellule, peut être comparé à une branche sèche, plantée dans un désert, mais qui ne pouvant prendre racine ne pro» duira jamais de fruit (7).... » Quant aux autres, dont la vaine gloire est le mobile, le Saint les compare à une ligne qu'on jette dans l'eau et qui disparaît à l'instant, et à une bourse percée qui ne tient rien de ce qu'on y met. La vaine gloire est comme un rocher caché sous les flots ; et si nous venons à y échouer, c'en est fait de toutes nos vertus. «Quand on est sujet à ce vice, on aime à prier en public; mais quand on l'a vaincu, on prie plus volon» tiers et avec plus de plaisir en secret. Un insensé fait

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voir ses trésors, et par-là il excite la cupidité des vo>> leurs. Ayez soin de cacher les richesses que vous pos» sédez, jusqu'à ce que vous soyez arrivé au terme, parce

(6) L. 3, ep. 98.

(7) De 8 Spirit. malignis, c. 13, 14.

» que le chemin où vous marchez est rempli de voleurs.

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C'est alors que vous pourrez en jouir avec sûreté (8).› Saint Nil eut aussi à souffrir dans le désert une épreuve bien douloureuse. Les Sarrasins ayant massacré un grand nombre de moines de la solitude de Sinaï, enlevèrent Théodule, son fils, d'un monastère où il était alors, et l'emmenèrent avec d'autres prisonniers. Nil, qui ne trouvait point son fils, le chercha de toutes parts. Il tomba luimême entre les mains des Barbares, qui cependant lui rendirent la liberté bientôt après. Enfin il retrouva Théodule à Eleuse, chez l'évêque de cette ville, qui avait eu la charité de le racheter. Ce prélat le lui rendit avec joie. mais il l'obligea de se laisser ordonner prêtre (9). Saint Nil avait alors cinquante ans. Il mourut dans un âge fort avancé, sous le règne de l'Empereur Marcien. On ignore l'année et les circonstances de sa bienheureuse mort, ainsi que de celle de son fils Théodule. Ses reliques furent portées du Mont-Sinaï à Constantinople, sous le règne de Justin le jeune et déposées dans l'église des Apôtres, suivant Nicéphore et les ménées.

Voyez Léon Allatius, Diatrib. de Nilis et eorum scriptis, à la fin de ses épitres, Fabricius, Bibl. Gr. ad Léon Allat. Diatrib. de Nilis, ad calcem vol. V; Jos. Marie Suarez, index Chron. de Vitá S. Nili, p. 650; Tillemont, t. XIV; Orsi, l. 28, n. 83, 84, 85, 89; Jos. Assémani, in Gal. t. VI, p. 58.

Notice des ouvrages de saint Nil.

Nous nous contenterons d'indiquer le titre des ouvrages dont nous avons parlé dans la vie du Saint.

1. Traité de la vie monastique, ordinairement appelé l'Ascétique.

(8) Ibid. c. 16.

(9) S. Nilus, Narrat. 7, de cæde Monachorum, etc.

2. Traité de la pratique de la vertu et de la fuite des vices, autrement appelé Péristerie, d'une dame de ce nom, recommandable par ses vertus. C'est à peu près la même méthode que dans l'Ascétique. 3. Traité de la pauvreté volontaire, adressé à Magna, diaconesse d'Ancyre. C'est une suite de l'Ascétique.

4. Le Manuel est le même que celui d'Epictète, avec cette différence qu'on en a retranché ce qui sentait le paganisme. Il n'est point de saint Nil. On doit dire la même chose du sermon de morale sur divers sujets de l'histoire de Paschon, et du sermon dogmatique.

5. De la préférence que l'on doit à la vie hérémitique. Nous avons dit dans la vie du Saint qu'il préférait la vie hérémitique à celle des moines qui vivent en communauté dans les villes.

6. Traité à Euloge, dont la lecture sera sur-tout utile aux moines. 7. Traité sur les huit Esprits de malice. Il y en a deux autres sur le même sujet, l'un donné par le P. Combefis. Auct. 3, p. 303, et par Bigot, Pallad. Dial. p. 356; l'autre imprimé parmi les Monumenta Eccles. Græcæ de Cotelier, t. III.

8. Traité de l'Oraison, distribué en 153 articles. Photius, cod. 201, en parle avec éloge.

9. Traité des mauvaises pensées. On y apprend les moyens de les dissiper.

10. Cinq recueils de sentences. Il n'est pas certain qu'ils soient l'ouvrage de saint Nil.

11. Sermon sur ces paroles de saint Luc, que celui qui a un sac ou une bourse les prenne, etc. Le Saint montre que ce passage doit s'enlendre dans un sens spirituel.

12. Des sentences, imprimées en grec par les soins de Turrien, à Florence, en 1578, eu latin, dans le tome II de la Bibliothèque des Pères, édit. Paris, 1624. Suarez ne les a point fait réimprimer, il n'a point donné non plus le traité suivant.

13. Du massacre des solitaires de Sinaï, et de la captivité de Théodule. 14. Discours sur les Fêtes de Páque et de l'Ascension. Nous n'en avons plus que les extraits donnés par Photius, cod. 270.

Il y a d'autres écrits attribués à saint Nil, mais qui ne sont point de lui.

15. Un grand nombre de lettres, dont plusieurs sont très-intéressantes. Le Saint recommande fortement aux prêtres de recevoir les pécheurs avec bonté. Il rapporte que du temps des apôtres, un évêque nommé Carpus, avait été repris par le Sauveur dans une vision, pour avoir usé d'une trop grande rigueur envers les pénitens, 1. 2, ep. 190. Dans la lettre 61 du 4e livre, laquelle fut lue dans le second concile de Nicée, il blâme Olympiodore d'avoir fait représenter des figures d'animaux sur

les murailles d'une église. Il veut qu'on ne représente que la croix dans le sanctuaire; mais il permet de placer autour de l'église des peintures des histoires de l'ancien et du nouveau Tertament, afin que ceux qui ne savent pas lire, apprennent par-là l'Écriture-Sainte. Les iconoclastes falsifièrent ce passage pour autoriser leur erreur. La lettre 62e du livre 4e fut lue aussi dans le concile de Nicée. Saint Nil y rapporte un miracle opéré en Galatie par l'intercession de saint Platon. Joseph-Marie Suarez fit imprimer à Rome, en 1673, saint Nil, à l'exception de ses lettres.

les ouvrages de

Le P. Pierre Poussines, Jésuite, publia 335 lettres du Saint, à Paris, en 1657, in-4o. Léon Allatius en fit imprimer un nombre beaucoup plus considérable à Rome, en 1668, in-fol.

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S. RENÉ, PATRON D'ANGERS.

D'ANgers.

L'HISTOIRE de saint René est mêlée de tant de fables, qu'il est difficile de découvrir la vérité. Plusieurs auteurs ont nié qu'il ait jamais occupé le siége épiscopal d'Angers; mais la tradition de cette église porte qu'il fut disciple de saint Maurille, et évêque d'Angers; qu'il passa depuis à l'évêché de Sorrento, en Italie, et que ses reliques ont été rapportées de cette ville à Angers. On ignore en quel temps se fit cette translation. Il est au moins certain que le corps du saint évêque était à Angers dans le neuvième siècle. Il est présentement dans la cathédrale, où l'on honore saint René comme patron, conjointement avec la Sainte-Vierge. Sa principale fête se célèbre à Angers le 12 Novembre. Le même Saint est honoré à Paris, dans l'église de Saint-Eustache et dans celle du collège de Navarre.

Voyez Baillet sous ce jour, et le Père Longueval, Hist. de l'Eglise Gallic. t. II, p. 79.

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