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à avoir sur-le-champ la tête tranchée, sans même leur faire appliquer la question. Il paraît d'après ce que dit Eusèbe, qu'Antonin était revêtu de la dignité de prêtre, car l'expression dont il se sert ne paraît pas désigner simplement un privilége d'ancienneté.

Comme compagne de ces martyrs, nous est présentée la sainte vierge Ennathe, native de Scythople, ville près du lac de Génézareth, elle fut traînée devant les juges et condamnée. Un tribun, nommé Maxys, homme violent et débauché, s'empara de la pieuse chrétienne, la traîna, dépouillée d'une partie de ses vêtemens, par les rues de Césarée, en la faisant battre cruellement. Devant le juge la servante de Dieu montra par ses réponses et sa contenance, un courage intrépide. Ne voulant point renoncer à sa croyance, elle fut condamnée à être brûlée toute vive, et remporta avec les Saints ci-dessus la palme du martyre. Les corps des martyrs furent livrés aux bêtes et une garde fut placée pour empêcher les chrétiens qui auraient voulu les couvrir de terre. Par ces mesures cruelles, les environs de Césarée furent couverts des os et des restes de membres épars déchirés et traînés par les bêtes. Les ennemis même des chrétiens furent si indignés de ces mesures, qu'ils les blâmèrent hautement comme étant injurieuses à la nature. Nos Saints souffrirent le martyre en 308.

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Voyez Anastase, Biblioth. Vita Nicolai P.; Baronius, Fleury, BeraultBercastel et autres historiens de l'Eglise, ainsi que les collections des conciles, où se trouvent les lettres du saint Pape.

L'AN 867.

LE Pape Nicolas Ier, à qui plusieurs donnent le surnom de Grand, naquit à Rome de parens distingués, et fut élevé dans l'étude des sciences et dans les sentimens de la piété chrétienne. Ses vertus et ses connaissances le firent recevoir de bonne heure dans le clergé de Rome. Il fut fait sous-diacre par Serge II, et diacre par Léon IV. A la mort de Benoît III, qui arriva le 10 Mars 858, Nicolas fut élu Souverain-Pontife, du consentement unanime du clergé et du peuple romain, et fut sacré le 25 du même mois, en présence de l'Empereur Louis II, fils de Lothaire. Dès son avénement au Saint-Siége, il fit tous ses efforts pour procurer la paix et l'union entre les Rois et les princes de la terre, persuadé que de là dépendait celle qu'il voulait maintenir dans l'Eglise. Dans cette intention il écrivit à Louis, Roi de Germanie, frère de l'Empereur Lothaire et du Roi Charles-le-Chauve, pour les détourner d'une guerre projetée. L'année suivante, Michel II, Empereur de Constantinople, lui envoya au sujet de la contestation soulevée entre Photius et S. Ignace, une ambassade solennelle, pour le prier d'appaiser le schisme qui s'était formé à cette occasion dans l'Eglise de Constantinople. Le Pape eut bientôt reconnu l'innocence d'Ignace, expulsé de son siége, et les intrigues de Photius, soutenu par de puissans protecteurs. Il envoya néanmoins des légats à Constantinople, pour s'informer exactement de tout ce qui s'était passé,

afin qu'il pût juger ensuite lui-même sur leur rapport. Il trouva que les sentimens de Photius étaient orthodoxes, mais qu'il n'avait pas de titre pour se faire considérer comme patriarche de Constantinople, attendu qu'il s'était emparé de ce siége d'une manière irrégulière. C'est pourquoi le Pape désapprouva l'année suivante tout ce que Photius avait entrepris contre saint Ignace, qui était le patriarche légitime.

Ayant reçu vers le même temps les plaintes de ceux de Ravenne contre leur évêque Jean, qu'ils accusaient de diverses violences, il tint un concile dans l'église de Latran, pour entendre la cause et l'y juger. L'évêque ne comparut pas; il fut privé de son siége, et exclus de la communion de l'Eglise. Il comparut, à la vérité, quelque temps après, accompagné d'officiers de l'Empereur; mais ayant été cité à un nouveau synode, il n'eut rien de plus empressé que de fuir une seconde fois. Nicolas, alla lui-même à Ravenne, à la prière des sénateurs et du peuple de cette province, pour remédier aux désordres que l'évêque y avait faits. Jean eut recours de nouveau à l'Empereur, qui lui conseilla de se soumettre au Pape et de se réconcilier avec lui. Celuici le reçut à sa communion et le rétablit sur son siége; il lui imposa seulement la condition, de venir tous les ans au synode de Rome, et de n'ordonner évêques que des personnes élues à ces fonctions, de n'en rien exiger et de faire confirmer leur élection par le Saint-Siége.

En 862 il condamna de nouveau les erreurs des théopaschites, qui prétendaient que la Divinité était passible, et qu'elle avait actuellement souffert en la personne de Jésus-Christ. Cette hérésie renaissante fut étouffée par la vigilance et le zèle du saint Pontife. L'Eglise de Constantinople lui donna en même temps de nouvelles inquiétudes. Les différends qui existaient entre Photius et saint Ignace n'étaient pas entièrement appaisés, et il se vit même ré

duit à l'extrémité de devoir condamner le concile tenu à Constantinople par trois cent dix-huit évêques, de blâmer la conduite de ses légats, et d'étendre de nouveau sa protection sur S. Ignace, pour le maintenir sur son siége.

Le scandale causé en Occident par le divorce du Roi Lothaire avec la Reine Thietberge sa femme, pour épouser Valdrade, commença dès la fin de la même année à partager les soins de notre Saint. Il envoya deux légats en France, et fit tenir à ce sujet un concile à Metz, au mois de Juin 863. Lothaire vint à bout d'y faire approuver son divorce et son nouveau mariage, comme on avait fait au concile d'Aix-la-Chapelle l'année précédente. Nicolas trouva encore en cette occasion ses légats, les mêmes qui étaient revenus de Constantinople, prévaricateurs ; c'est pourquoi il assembla un nouveau concile à Rome, cassa ce qui s'était fait dans celui de Metz, et condamna ses deux légats, avec Thietgaud, évêque de Trèves, et Gonthier, évêque de Cologne, dont le premier était oncle et l'autre frère de Valdrade. L'union de Lothaire avec Thietberge fut déclarée valide, l'autre nulle et illicite. De tous les évêques du concile de Metz, il n'y eut que Thietgaud et Gonthier qui entreprirent de défendre ce qu'ils avaient fait. Ils écrivirent contre la sentence du Pape Nicolas, par une lettre circulaire qu'ils envoyèrent aux évêques de France. Mais Nicolas demeura ferme à maintenir son décret, et eut la satisfaction de voir ces deux adversaires du Saint-Siége abandonnés de tous les autres évêques. Gonthier s'endurcit dans son obstination; mais Thietgaud revint et demanda pardon, sans néanmoins l'obtenir du Pape, qui voulait obliger Valdrade de venir à Rome, pour recevoir le sien. La coupable, en effet, se mit deux fois en chemin pour s'acquitter de ce devoir, mais changea chaque fois de volonté quand elle eut atteint les Alpes. C'est ce qui porta le Pape à la déclarer excom

muniée, et à obliger Lothaire à reprendre sa première femme. Mais celle-ci ne tarda pas à se voir tellement maltraitée, qu'elle se retira sous la protection de Charles-le-Chauve. Nicolas fit un dernier effort pour dissiper le scandale que cet odieux divorce causait dans l'Eglise, et assembla à cet effet un nouveau concile en 864; mais ce fut encore sans succès. Lothaire finit par promettre de venir à Rome faire une satisfaction qui fût capable de détourner l'excommunication qui le menaçait, sans toutefois tenir parole. Charles-le-Chauve et Louis de Germanie s'interposèrent à la fin, et cherchèrent à le ramener à son devoir par leurs in

stantes remontrances.

Vers le même temps, une autre affaire non moins importante vint réclamer en France la sollicitude pastorale du saint Pape. Rotade, évêque de Soissons, avait été déposé par son métropolitain Hincmar. Il en appela au Pape, et il vint à bout, non sans beaucoup de peine, de se voir rétabli sur son siége.

Parmi tant d'affaires épineuses, il ne lui arriva rien de plus agréable que la nouvelle qu'il reçut de la conversion des Bulgares, peuples qui habitaient le long du Danube, jusqu'à la mer Noire. Il reçut les ambassadeurs de leur Roi Michel avec beaucoup de joie, et destina quelques évêques et d'autres missionnaires, pour aller prêcher dans leur pays, et y fonder de nouvelles églises. Il fit aussi une belle réponse aux consultations que le Roi des Bulgares lui adressa au nom de ses sujets convertis. Le Pape envoya avec ses ambassadeurs deux évêques, pour servir de nonces du SaintSiége auprès de lui. Dans la réponse qu'il fit aux questions des Bulgares, le Pape commence par enseigner au Roi, comment il doit s'y prendre pour punir ses ennemis. «Quant à ceux, dit-il, qui renoncent au christianisme après l'avoir embrassé, leurs parrains commenceront par les reprendre, ensuite on les dénoncera à l'Eglise, et s'ils continuent à

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