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Hoxon ou Hoxne. On y bâtit depuis un prieuré de moines qui porta le nom du saint martyr.

Les infidèles portèrent la tête d'Edmond dans un bois, et la jetèrent dans des broussailles; mais on la retrouva miraculeusement, et on l'enterra avec le corps à Hoxon. Peu de temps après, on transféra ces saintes reliques à Bedriksworth ou Kingston, appelé depuis Saint-Edmondsbury, parce que ce lieu était le patrimoine particulier du saint Roi, et non à cause de son tombeau (9). On bâtit une église en bois à l'endroit où il était enterré (10). La sainteté du serviteur de Dieu fut attestée par divers miracles. En 920, la crainte des Barbares fit porter ses reliques à Londres; elles y restèrent trois ans déposées dans l'église de Saint-Grégoire. On les reporta ensuite à Saint-Edmondsbury (11). L'église de bois dont nous avons parlé, subsista jusqu'au temps du Roi Cnute ou Canut, qui, pour réparer les outrages faits par son père Swin ou Swenon à ce lieu, et aux reliques de saint Edmond, fonda en 1020

(9) Bury en anglo-saxon signifie cour, palais. Voyez le dictionnaire topographique de l'Angleterre par Lambart, p. 33.

(10) C'était la manière de bâtir en ce temps-là. On enfonçait en terre de grands troncs d'arbres, sciés par le milieu, en sorte que le côté brut était en dehors. Ces troncs, d'une égale hauteur se plaçaient à peu de distance les uns des autres. On en formait un tout, en remplissant les intervalles de terre ou de mortier. Au-dessus était un toît couvert de chaume. On ne doit point étre surpris de cette simplicité. L'abbaye de Glastenbury, ce monument de la libéralité des plus puissans Rois des West-Saxons, était construite de la même manière. Ce ne fut que longtemps après qu'on la rebâtit en pierres. On peut voir le plan de l'ancienne église de Saint-Edmond dans le recueil des antiquités de la province de Suffolk, publié par M. Martin de Palgrave. On trouve dans le même ouvrage des desseins de peintures antiques, des manuscrits, et d'autres monumens curieux concernant l'abbaye de Saint-Edmondsbury.

(11) V. Assérius, Annal. Britan. ab an. 596, ad an. 914, cum continuat. inter histor, angl, per Gale.

une nouvelle église et une abbaye en l'honneur du saint martyr, et les fit bâtir avec la plus grande magnificence (12).

Les historiens de la Grande-Bretagne font l'éloge le plus complet de saint Edmond. Ils relèvent sur-tout sa piété, sa douceur et son humilité (13). Les Rois d'Angleterre l'honoraient comme leur principal patron, et le considéraient comme un modèle accompli de toutes les vertus royales.

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(12) Léland, qui a vu cette abbaye dans sa splendeur, quoique alors expirante, s'exprime ainsi : « On n'a jamais vu sous le soleil, ni une » ville mieux située, ni une abbaye plus riche, soit qu'on en considère » les revenus ou l'étendue et la magnificence. En voyant l'abbaye, on pouvait dire véritablement que c'était une ville. Il y avait un grand nombre de portes, dont quelques-unes étaient de cuivre; on y admi» rait plusieurs tours élevées, et indépendamment de la principale église qui était magnifique, trois autres églises dans le même cimetière, >> toutes d'un travail achevé. » Ce témoignage vient d'un homme qui fut chargé par Henri VIII de visiter les abbayes et les églises d'Angleterre, pour en recueillir les antiquités. Mais il ne put remplir entièrement sa commission, ni mettre en ordre les recherches qu'il avait faites. Il mourut en 1552, après avoir vu les règnes de Henri VIII et d'Edouard VI. Il ne reste de l'abbaye de Saint-Edmondsbury que des ruines qui étonnent encore, avec deux églises dans un cimetière. Celle qui porte le nom de Saint-Jacques, fut achevée et mise dans l'état où elle est par Edouard VI. L'autre est l'ancienne église, dit de Sainte-Marie. Il y a plusieurs tombeaux antiques, mais endommagés pour la plupart, tels que ceux d'Alain, comte de Bretagne et de Richemond, neveu de Guillaume-le-Conquérant; de Marie, Reine de France, sœur de Henri VIII, etc. On a enlevé les tombes de cuivre, sur lesquelles étaient des inscriptions. Henri VIII épargna l'église de Péterborough, parce que la Reine Catherine sa femme y avait été enterrée. Il eût bien dû épargner également l'abbaye de Saint-Edmondsbury à cause de sa sœur. « Il est bien étrange, > dit le docteur Brown-Willis, Hist. des abbayes mitrées, vol. I, p. 142, » que ce prince n'ait point fait grâce au monastère de Bury, pour l'amour de sa sœur Marie, Reine de France, qui après la mort de Louis XII, » son premier mari, épousa Charles Brandon, duc de Suffolk, et fut » enterrée dans ce monastère. »

(13) Voyez Harpsfield, sec. 9, c. 8; Capgrave, et les annales d'Alford, ub an. 920 ad an. 1010.

Henri VI, dans lequel on aurait désiré plus de connaissance des affaires, mais qui joignait une bonté de cœur admirable à un grand amour pour la religion, et qui fut éprouvé par tant d'afflictions, avait une dévotion singulière à saint Edmond. Aussi aimait-il à faire des retraites dans l'abbaye de Saint-Edmondsbury, et il y trouvait des consolations qu'il ne rencontrait point ailleurs.

Un concile national d'Oxford, tenu en 1122, mit la fête de saint Edmond au nombre de celles qui étaient d'obligation en Angleterre ; mais elle ne se retrouve plus dans les constitutions de l'archevêque Simon Islep, qui supprima un certain nombre de fêtes en 1362 (14).

Un chrétien ne doit point être surpris de voir souffrir l'innocence; la prospérité est souvent un des plus terribles jugemens que Dieu exerce sur les méchans. Elle les aveugle et les endurcit; elle est pour eux une occasion de s'enfoncer de plus en plus dans l'abîme de l'iniquité. D'un autre côté, le Seigneur conduit tellement les causes secondes, que les afflictions sont le partage des âmes dont il a principalement en vue la sanctification. C'est à l'école de la tribulation qu'on apprend parfaitement à mourir au monde et à soi-même, à pratiquer l'humilité, la patience, la résignation et la charité, vertus qu'on n'aurait ni connues ni pratiquées dans d'autres circonstances. Celui qui fait un bon usage de la tribulation, devient facilement un Saint, et en fort peu de temps. L'occasion de souffrir, et la grâce de bien souffrir sont de la part de Dieu un acte de miséricorde, envers ceux qu'il aime, et c'est à cette miséricorde que les élus ont été et seront dans tous les temps redevables de leur couronne. Nous avons à souffrir de nousmêmes, de nos amis, de nos ennemis : nous sommes de

(14) V. n. 3.

toutes parts environnés de croix. Mais nous les portons avec impatience et en murmurant. Nous montrons par-là que nous aimons nos passions, et nous faisons servir à multiplier nos péchés, les moyens mêmes destinés à les détruire. Apprenons donc à bien porter ces petites croix journalières. Le bon usage que nous en ferons, nous obtiendra la grâce de nous perfectionner dans toutes les vertus, ainsi que la force nécessaire pour ne pas succomber dans les grandes épreuves. Toute la vie de saint Edmond fut une préparation au martyre.

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SAINTE MAXENCE, vulgairement appelée sainte Maixence et sainte Messence, naquit en Ecosse, et l'on croit qu'elle était issue du sang royal. S'étant retirée en France pour accomplir plus facilement le vœu qu'elle avait fait de garder sa virginité, elle vécut recluse près de la rivière d'Oise. On assure qu'elle y fut découverte et massacrée par un malheureux qui avait inutilement tenté de lui faire violer son vœu, et qui l'avait poursuivie en France. Nous apprenons d'un des continuateurs de Frédégaire (1), que son culte était établi dans le septième siècle au passage de l'Oise, où il s'est formé une petite ville, connue sous le nom de Pont-Sainte-Maixence, à cause des reliques de la Sainte, qui y sont honorées avec beaucoup de vénération. Sa fête se célébrait le 24 Octobre en Angleterre et en Irlande; dans quelques lieux particuliers de l'Angleterre, elle se faisait le 16 Avril. C'est en ce jour que Wilson l'a marquée dans la seconde édition de son martyrologe anglais. La

(1) Chron. contin. p. 666, ed. Ruinart.

Sainte est honorée le 20 Novembre dans l'Ecosse et dans le diocèse de Beauvais, comme on le voit, tant par le bréviaire de Beauvais, que par celui d'Aberdeen.

Voyez Henschénius, t. II, April. p. 402; Adam, King et Hunter, L. Ms. de fœminis sanctis Scotia.

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S. SYLVESTRE, ÉVÊQUE DE CHALONS-SUR-SAÔNE

Sixième siècle.

SAINT SYLVESTRE succéda, vers l'an 490, au B. Jean, évêque de Châlons-sur-Saône; ce fut sous sa conduite que saint Césaire d'Arles passa ses premières années. En 517, il assista au concile d'Epaone : son nom se trouve dans les souscriptions après ceux des métropolitains saint Avit de Vienne et saint Viventiol de Lyon, ce qui fait juger qu'il était des plus anciens évêques. Il mourut en paix suivant Grégoire de Tours, après avoir gouverné saintement son église pendant quarante-deux ans. Nous apprenons du même auteur que les malades recouvraient la santé, en se couchant sur un lit tissu de cordes qui lui avait appartenu.

On ignora long-temps où son corps avait été enterré. Girbold, évêque de Châlons, le découvrit dans l'église de Saint-Marcel, avec celui de saint Agricole, vers l'an 878, et il en fit la translation. Il prit seulement une partie des reliques de saint Sylvestre, qu'il plaça sur l'autel de SaintPierre, avec le corps entier de saint Agricole, et il laissa le reste dans le tombeau de marbre qu'on avait trouvé. La fête du saint évêque de Châlons est marquée au 20 Novembre dans les martyrologes d'Adon et d'Usuard, ainsi que dans le martyrologe romain.

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