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lui dit : « Je suis heureux vous me suivrez bientôt. » Adorno raconta ce fait à plusieurs de ses amis, et l'attesta une fois publiquement en prêchant. Il retourna à Gênes sa patrie, et y mourut peu de temps après en odeur de sainteté (28).

Il s'opéra plusieurs guérisons miraculeuses par l'intercession et par la vertu des reliques du serviteur de Dieu (29). En 1601, le cardinal Baronius, confesseur de Clément VIII, envoya au clergé de Milan un ordre de Sa Sainteté, pour qu'on substituât la messe du Saint à celle de Requiem, que Charles lui-même avait fondée à perpétuité dans le grand hôpital, et qui devait se dire tous les ans le jour anniversaire de sa mort. Neuf ans après, le vénérable archevêque fut canonisé solennellement par le Pape Paul V (30).

(28) Giussano, l. 7, c. 14. (29) Giussano, 1. 8.

(30) Nous communiquerons à nos lecteurs l'introduction, aussi belle qu'édifiante, de la bulle de sa canonisation : « Jésus-Christ, notre SeiD gneur, notre Sauveur, le Fils unique de son Père éternel, qui a » dit de lui-même qu'il agissait de concert avec son Père, n'a jamais • cessé de faire descendre sa merveilleuse lumière sur la terre; il sus» cite, selon les temps et les lieux, ses Saints, qui sont les compagnons » de sa gloire éternelle. C'est par ce moyen qu'il a toujours répandu » un miraculeux éclat sur sa sainte Eglise ; non-seulement pour accroî» tre sans cesse la gloire et la splendeur de sa maison, mais aussi » pour éclairer, par l'auréole qui entoure les Saints, les ténèbres de » la vie humaine, et pour stimuler notre paresse, par l'exemple de nos » frères, par un témoignage présent, et placé pour ainsi dire sous nos

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» C'est ainsi que notre Seigneur, qui seul opère ces grands prodiges, » vient de nous donner une preuve de sa magnificence, et a résolu d'ériger, par le merveilleux effet de sa grâce, une grande lumière sur , le rocher apostolique, en choisissant, dans le sein de la très-sainte Eglise romaine, Charles, prêtre fidèle, serviteur dévoué, pour être » le modèle des pasteurs et l'exemple du troupeau. Il était appelé à glorifier toute l'Eglise, et à édifier le clergé ainsi que le peuple, par

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Ses reliques, renfermées dans une châsse très-précieuse,

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une innocence, comme celle d'Abel; par une pureté, comme celle » d'Enoch; par une patience à supporter les peines et les travaux, comme » celle de Jacob; par une douceur, comme celle de Moïse; par une » ferveur de zèle, comme celle d'Elie il devait donner l'exemple de » la mortification au milieu des plaisirs du monde comme Jérôme; de » l'humilité au milieu des plus grands honneurs, comme Martin; de » la sollicitude pastorale, comme Grégoire; de la franchise d'opinion, comme Ambroise; de la charité, comme Paulin. La tâche qu'il avait » à accomplir était d'exposer à nos yeux, d'une manière visible et palpable, d'une manière propre à nous éclairer et à nous convaincre, » un homme flatté et honoré, par ses semblables, et par conséquent > crucifié au monde ; un homme qui ne vivait que de la vie spirituelle, qui foulait aux pieds les choses de la terre, qui ne s'occupait que des » intérêts du Ciel, et qui était chargé des fonctions d'un ange, mais » qui savait aussi imiter, d'esprit et d'actions, la vie d'un ange sur la

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» terre.

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» C'est donc avec raison que la joie est dans nos bouches, et l'allé» gresse sur nos langues, au jour qui signale cette solennité. Ce n'est » pas par notre mérite, c'est par les impénétrables secrets de sa sagesse, que le Tout-Puissant a réglé il y a des siècles l'événement de » ce jour, où nous-mêmes, son humble instrument, nous conférons, par » notre décision, les honneurs de la canonisation à Charles, prêtre» cardinal, et lui imposons, ainsi qu'à la sainte Eglise romaine, qui » fut sa seule épouse (et que nous gouvernons par la volonté du Sei>> gneur), une couronne nouvelle, enrichie de toute espèce de joyaux. Que cet acte solennel serve à la confusion de tous ceux qui n'adorent » que les images de leur déplorable invention, et qui se font gloire des » idoles de leurs erreurs; mais les peuples pieux ne reconnaîtront que » le Seigneur, ils ne confesseront que lui, et son nom seul sera exalté. D'après l'antique usage de l'Eglise de Rome, et d'après les précep»tes augustes des saints canons, c'est par nos brefs apostoliques que » doit être solennellement proclamée la sainteté de tous les serviteurs » de Dieu qui s'en sont rendus dignes. C'est pourquoi nous avons jugé » convenable de rapporter brièvement les extraits suivans de sa vie, de » ses miracles et des débats auxquels cette canonisation a donné lieu. » Voyez toute la bulle, en latin et en allemand, dans l'ouvrage : Der heil. Karl Borromeus, etc. (par un anonyme), nouvellement publiée J. M. Sailer, etc., Augsbourg, 1823, p. 152 sqq. (Note de l'édit. allem.)

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sont présentement dans une magnifique chapelle souterraine, bâtie sous la coupole de la grande église. L'autel de cette chapelle est d'argent massif, et la plus grande partie de la voûte est revêtue de plaques du même métal. On y entretient nuit et jour plusieurs lampes d'or et d'argent. On y voit aussi de riches présens, faits par des princes, des cardinaux et des évêques. Nous apprenons de Giussano (31), que ces présens, dans l'espace de huit années, montèrent à plus de cent cinquante mille écus d'or, indépendamment des étoffes précieuses et des autres ornemens de la chapelle. C'est ainsi qu'est honoré sur la terre celui qui méprisa le monde pour Jésus-Christ.

Dieu suscita saint Charles Borromée pour faire revivre l'esprit ecclésiastique parmi le clergé. Les prêtres sont appelés le sel de la terre; et c'est à eux qu'il est réservé de préserver le monde de la corruption, en inspirant l'amour et la pratique des vertus chrétiennes. Mais comment les inspireront-ils, s'ils n'en sont eux-mêmes des modèles ? De quoi leur servirait-il d'en connaître seulement les noms? Etre détaché du monde, être mort à soi-même, aimer la retraite, être toujours occupé de la gloire du Père céleste voilà ce qui caractérise les vrais ministres de la nouvelle loi. Tels furent les pasteurs qui formèrent tant de Saints. La réformation des mœurs du peuple dépend en grande partie de la réformation de celle du clergé. Il faut que le jugement commence par la maison de Dieu (32). Les clercs, comme l'annoncent et le nom qu'ils portent, et l'office qu'ils remplissent, doivent être séparés du peuple, non-seulement par leur éducation et leur ministère, mais encore par leur manière de vivre et de converser

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parmi les hommes. Mais s'ils ne prennent de sages mesures, l'esprit propre de leur état se perdra bientôt; à force de fréquenter le monde, ils en contracteront les vices, et on pourra malheureusement leur appliquer ces paroles du prophète Le prêtre sera comme le peuple (33).

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Nous apprenons de saint Ambroise, qu'Agricole était un gentilhomme de Bologne, qui, par ses vertus se faisait aimer des païens mêmes, parmi lesquels il vivait. Il instruisit dans la religion chrétienne Vital, son esclave. Ils furent arrêtés l'un et l'autre durant la persécution de 304; c'est du moins l'opinion la plus probable. Vital fut le premier qu'on appliqua à la torture; il ne cessa de louer Dieu tant qu'il put faire usage de sa langue. Voyant enfin que tout son corps était couvert de sang et de blessures, il pria JésusChrist de lui donner la couronne qu'un ange lui avait montrée. Sa prière finie, il rendit l'esprit. On différa l'exécution d'Agricole, dans l'espérance que la vue du supplice de son esclave pourrait le faire changer de résolution. Mais l'exemple de Vital ne fit qu'animer son courage. Les magistrats et le peuple entrèrent alors en fureur : on attacha le martyr à une croix, et on perça son corps d'une si grande quantité de clous, que le nombre de ses plaies surpassait celui de ses membres. Les deux martyrs furent enterrés dans le lieu qui servait de sépulture aux Juifs. Saint Ambroise les découvrit dans le voyage qu'il fit à Bologne,

(33) Isa. XXIV, 2.

en 393, lorsqu'il fuyait les armes du tyran Eugène. Il prit un peu du sang qui était au fond du tombeau, avec la croix et les clous qui avaient été l'instrument du martyre d'Agricole. Julienne, veuve de Florence, lui demanda ces précieuses reliques, pour enrichir l'église qu'elle avait fait bâtir dans cette ville, et dont le saint archevêque de Milan fit lui-même la dédicace.

Voyez saint Ambroise, Exhort. ad Virginit. c. 12, et saint Grégoire de Tours, l. de Glor. Martyr. c. 44.

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S. CLAIR, MARTYR.

Vers l'an 894.

SAINT CLAIR, natif de Rochester, en Angleterre, quitta sa patrie, après avoir été ordonné prêtre, et passa dans les Gaules. Il s'arrêta dans le Vexin, au diocèse de Rouen, et y vécut plusieurs années dans la pratique des plus héroïques vertus. Souvent il sortait de la retraite qu'il s'était choisie, pour aller prêcher les vérités du salut. Il mourut martyr de la chasteté, ayant été massacré par deux assassins qu'avait envoyés une femme qui n'avait pu le faire consentir à sa passion. On met sa mort vers l'an 894. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain, ainsi que dans celui de France. Son culte est célèbre dans les diocèses de Rouen, de Paris et de Beauvais. Le bourg où il souffrit le martyre, et qui porte son nom, est sur l'Epte, qui sépare la Normandie d'avec le Vexin français, à neuf lieues de Pontoise et à douze de Rouen. On y va en pélerinage de tous les lieux voisins. Les fidèles visitent aussi par dévotion un hermitage où la tradition porte qu'il demeurait, et qui est auprès du bourg. Il y a dans le diocèse

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