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ACTEURS.

DAMIS. M. Grandval. ̧

JULIE, Maîtresse de Damis. Mlle Dangeville,

ROSALIE, Niéce de Julie. Mlle Grandval..

LINDOR, Amant de Rofalie. M, Rozelly.

PASQUIN, Valet de Damis. M. Armand,

La Scene eft à la Campagne, dans
la maison de Julie,

L'IMPERTINENT,

COMÉDIE.

SCENE PREMIERE.

M

PASQUIN.

ONSIEUR Damis fe croit un hom me fingulier;

Mais il n'eft, felon moi, que fat & tracafier,

Et pour s'en applaudir, l'efpece et

trop commune:

Je ne fçai quel projet il médite aujourd'hui,
Ou plutôt quel Démon, contraire à ma forte,
M'inspira le deffein de m'attacher à lui.

SCENE II

PASQUIN, DA MIS.

T

DAMIS.

U parles feul, je crois?
PASQUIN.

Je vous rendois justice,

Et me remerciois d'être à votre service.

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Oui, Monfieur, à la Tante, & des plus défendu D'en parler à la Niéce.

DAMIS.

En effet Rofalie

Doit furtout l'ignorer; mais j'appréhende bien
Que par
difcrétion, Lubin ne me trahiffe.
Et qu'il ne parle trop, même en ne difant rien :
La bêtife nuit plus que ne fait la malice.
PASQUIN.

Monfieur, je vous ai fait obferver tout cela;
Et j'ai toujours pensé cette vérité-la :

Mais moi-même,ignorant ce quil faut taire ou' dite Par bonne volonté je pourrois bien vous nuire, Dans tout ceci, Monfieur, qu el eft votre interêt. DAMIS

Vous êtes curieux, à ce qu'il me paroît ?

PASQUIN.

Je n'en disconviens pas, pour mieux fervir mon Maître,

Dans fes moindres projets je chercheàle connoître
Mais j'ufe mon efprit en flériles efforts.

Amant depuis fix mois de Madame Julie,
Votre début paroît un accés de folie ;
Loindebrifervosnœuds,le tems les rend plus forts.

Bon.

DAMIS.

PASQUIN.

Sa fociété devient auffi la vôtre;

Vous n'avez pour agir que les mêmes refforts, Qu'une ame pour penfer, vous êtes l'un à l'autres L'écho de votre efprit, l'ombre de votre corps. DAMIS.

Fort bien.

PASQUIN,

L'Hyver entier fe paffe de la forte; J'entens parler de nôce, & cela me transporte; Arrive le Printems: votre Maîtreffe alors Ayant uniquement fa Niéce pour compagne, Abandonne Paris, vient à cette campagne Où vous lui promettez d'être le lendemain; Mais au lieu de partir, fans que rien le requiere, Cherchant l'amufement, & le cherchant envain Nous reftons à Paris une semaine entiére.

DAMIS.

Abrége ton récit, & fçache déformais

1

Qu'à jour nommé je n'arrive jamais.
PASQUIN.

Nous arrivons enfin, Entrés dans l'avenuë
Je trouve fous mes pas un Billet fans deffus,
Sans fignature, écrit en termes ambigus;
Mais au premier aspect la main vous eft connuë;
La joie à chaque mot déride votre front,

"

Et vous vous écriez : Le hazard eft fort bon !
Ce Billet furement s'adreffe à Rofalie,

دو

Et les gens de Lindor l'ont fans doute perdu. Par vous, au même inftant,ce Billet m'eft rendu Pour le faire tenir à Madame Julie.

Eh bien ?

DAMIS.

PASQUIN.

M'est-il permis de parler librement?
Jugeant des autres par vous-même,

Vous foupçonnez les gens affez légérement?
Voulez-vous éprouver à quel point on vousaime?
DAMIS.

Tn te trompes, Pafquin:moi jaloux! Point du tout.
L'importune Julie en feroit trop flattée :
Ici la convenance a plus fait que le goût:
Je venois de quitter, elle d'être quittée,
Et nous nous fommespris,jene fçai trop comment,
Elle par vanité, moi par défouvrement.
Les amours d'aujourd'hui font tous de cetteespèce.
PASQUIN.

Vous avez donc des projets fur la Niéce !
DAMIS.

Le vertueux Lindor prend foin de la former;
Quant à moi loin de me charmer

Sa beauté me déplaît, & fon efprit m'atriste :
A parler sentiment fon mérite confifte;

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