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Ou bien ces paroles du barde Germanique aux guerriers qui l'entourent « sur les sauvages flancs d'un mont de Germanie » aux bords du Rhin dans la forêt Hercyenne, au pied d'un autel druitique :

Honte au lâche qui fuit le péril de ses frères,

Et qui voit sans frémir les tombeaux de ses pères
Profanés chaque jour par de vils oppresseurs;
L'incendie et le fer désolent nos campagnes;
Nos enfants, nos compagnes,

Esclaves, expirant sous les fouets des vainqueurs !

Ah! si de nos aïeux quelque ombre libre et fière
De son triste tombeau secouait la poussière;
En revenant au jour, quels seraient ses tourments,
S'il voyait aux Germains la liberté ravie,

Et leur foule asservie

Ne connaître de fer que les fers des tyrans ?.....

« Non, non, guerriers! vos bras briseront ces entraves.

Le cri de guerre seul doit réjouir les braves,
Quand un lâche étranger veut enchaîner leurs mains.

Jurez sur cet autel que, sans pitié ni trève,

Jurez, que votre glaive

S'abreuvera du sang du dernier des Romains. >>

Quel ravissant tableau que cette description pittoresque de Grenade environnée de ses montagnes, de ses vallons et de ses champs délicieux, d'où semble s'exhaler le doux parfum des bosquets d'orangers! Quelle charmante narration que cette Légende de Beaufort, par M. Charles Cartuyvels; et combien l'évocation des mânes des Chevaliers de Rhodes est d'un magique effet!

« Tombez, impuissante barrière,
Comme au jour du dernier réveil,
Chaque héros brise la pierre

Qui couvrait son morne sommeil!
Voyez-vous la croix radieuse
De la bannière glorieuse

Flotter sur les casques d'acier ?
Entendez-vous ces voix bruyantes,

Et sur les dalles frémissantes
L'épéron d'or du chevalier.

« Les voilà!..... De quels feux rayonne

La salle aux lambris blasonnés!

Oh! quelle majesté couronne

Les fronts par le fer sillonnés!

Avec l'épée étincelante

Pourquoi cette palme sanglante
Que pressent vos mains, Chevaliers?

Serrés autour de vos Grands-Maitres,

Leur faites-vous contre les traîtres

Un rempart de vos boucliers? >>

L'expression d'un patriotisme, tantôt tendre et riant, tantôt fervent et exalté, se trouve dans l'ode à Liège :

«Oh! oui tu resplendis, ô ma Liége chérie,

Comme au sein du parterre une rose fleurie,

Sur les bords de ton fleuve, à l'ombre de tes monts.

Le Belge avec amour te contemple et t'admire,

Et ton nom bien-aimé qu'a murmuré ma lyre,

Est pour moi le plus doux des noms.

Les mêmes sentiments se dévoilent dans la pièce intitulée à la Meuse, par M. Édouard Fincœur :

« Que j'aime à contempler en ta nappe brillante
Les reflets du soleil qui dore ma cité!

Qu'il m'est doux d'attacher à la vague ondoyante
Mon œil, épris de ta beauté!

Ainsi te contemplant du front de la colline,

Un auguste Prélat, ravi de ta beauté,
Dans un siècle lointain révéla l'origine
De la noble et sainte cité.

De ce riant vallon la richesse l'attire,

Son cœur se réjouit aux attraits de ces lieux;

Mais c'est surtout ton onde, ô Meuse, qu'il admire,

C'est toi qui captives ses yeux! •

Veut-on maintenant des sentiments plus graves, des idées plus mélancoliques, des tableaux empreints de quelque teinte sombre? écoutez cette touchante élégie :

Petit clocher, c'est qu'à ton ombre
Sont là reposant pour toujours,
Sous ce pin au feuillage sombre,
Les pieux auteurs de mes jours.

« Douze fois l'arbre funéraire

A des ans subi la rigueur,

Et leur image toujours chère,

Est toujours vivante en mon cœur.

a Les fleurs de leur blanc mausolée

Passeront du soir au matin,

Mais de mon âme désolée

Les regrets n'auront point de fin. »>

Et ces quatrains de M. Léopold Garot :

« O fille de Sion, ta splendeur est éteinte!

Tu languis dans l'oubli, tu meurs dans l'abandon;
Des foudres du Très-Haut la redoutable empreinte
Sur ton front s'est gravé en sinistre sillon.

a Pleure, Jérusalem, pleure à jamais ton crime !
Tu méconnus ton Dieu, tu méprisas ton Roi!
Pleure, Jérusalem! le sang de ta victime,
Comme tu l'as voulu, doit retomber sur toi. >>

Ou enfin les Adieux au Petit-Séminaire, exprimés avec tant de délicatesse et d'à-propos, par M. Ch. Cartuyvels.

Nous pourrions encore multiplier ces citations si nous ne craignions d'avoir déjà abusé de la patience de nos lecteurs. Toujours espéronsnous en avoir dit assez pour leur avoir fait connaître le caractère de cet intéressant volume, et pour les engager ainsi à se le procurer. Ce sera encourager les efforts de la jeunesse studieuse qui dédie cet ouvrage à tous ses vrais amis, et prouver l'intérêt qu'on porte à la prospérité du remarquable établissement qui a produit cet ouvrage. Le Séminaire de Saint-Trond est un de ceux où on allie la science à la piété, le savoir à la vertu ses maîtres et ses élèves savent témoigner à l'occurrence, que tout n'est pas ignorance et ténèbres dans les institutions dirigées par le Clergé.

LETTRES SUR L'ITALIE.

PREMIÈRE LETTRE.

ROME ET SES DÉTRACTEURS.

Peu de nations ont eu, depuis de nombreuses années, plus que celles d'Italie, le privilége d'occuper l'Europe et d'être visitées par un aussi grand nombre de voyageurs; actuellement surtout que la conclusion d'une paix européenne fait disparaitre les préoccupations de la guerre, les yeux de tous se détournent de l'Orient pour se reporter sur la Péninsule, appréciée si diversement chez les nations du Nord.

J'ai eu tout récemment l'occasion de visiter ces peuples d'Italie que l'on nous dépeint abandonnés à leurs bourreaux et j'ai pu me convaincre que ce beau pays est bien calomnié dans l'Occi

(1) M. Dumortier, membre de la Chambre des Représentants, et son fils Barthélémy sont de retour en Belgique d'un voyage de trois mois qu'ils ont fait en Italie. Ils ont visité successivement les États pontificaux, le royaume de Naples, la Lombardie et le Piémont. Éшus des accusations dirigées contre divers états de la Péninsule, ils se sont attachés à rechercher consciencieusement ce que ces attaques pouvaient avoir de fondé. C'est le fruit de leurs observations et de leurs recherches que nous publions sous forme de lettres. Au moment où la question italienne préoccupe si vivement l'opinion publique, nous n'avons pas besoin de dire quel intérêt tout particulier présente ce travail. Il mérite d'autant plus de fixer l'attention que la plupart des renseignements qu'il contient, surtout en ce qui touche les Etats romains, émanent de la meilleure source.

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