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» fenseur de sa patrie, le consolateur des églises >> et des saints monastères, avec une grande piété » et une royale munificence. Qu'il soit le plus >> courageux et le plus puissant de tous les rois, » le vainqueur de ses ennemis. Qu'il abatte ceux » qui se soulèveront contre lui, et les nations » païennes. Qu'il soit terrible à ses ennemis, par » la grande force de la puissance royale. Qu'il » paroisse magnifique, aimable et pieux, aux grands du royaume ; et qu'il soit craint et aimé » de tout le monde. »

En lui donnant le sceptre, la main de justice et l'épée, l'archevêque lui dit ( Cérémonial français, pag. 20, 21.) : « Que cette épée est bénite, » afin d'être, selon l'ordre de Dieu, la défense des » saintes églises : et on l'avertit de se souvenir de » celui à qui il a été dit par le prophète : Mettez » votre épée à votre côté, ô très puissant ( Ps. » XLIV. 4.). Afin que l'équité ait toute sa force; que >> les remparts de l'iniquité soient puissamment dé>>>truits; et enfin que vous méritiez par le soin que » vous prendrez de la justice, de régner éternel» lement avec le Fils de Dieu, dont vous êtes la figure.

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Le roi promet aussi ( Cérémonial français, p. 33.) « de conserver la souveraineté, les droits » et noblesses de la couronne de France, sans les » aliéner ou les transporter à personne ; et d'ex» terminer de bonne foi, selon son pouvoir, tous » hérétiques notés et condamnés par l'Eglise : » et il affermit toutes ces choses par serment.

Dans la bénédiction de l'épée (Ibid., p. 34. ), on prie Dieu, « qu'elle soit en la main de celui » qui désire s'en armer, pour la défense et la » protection des églises, des veuves, des orphe» lins, et de tous les serviteurs de Dieu. » Ainsi on montre que la force n'est établie qu'en faveur de la justice et de la raison, et pour soutenir la foiblesse.

Les richesses, l'abondance de toute sorte de biens, la splendeur, et la magnificence royale, sont demandées à Dieu pour le roi, par cette prière (Ibid., 35.): « Faites, Seigneur, que de » la rosée du ciel et de la graisse de la terre, le blé, le vin, l'huile, et toute la richesse et l'a>> bondance des fruits, lui soient donnés et con>> tinués par la sagesse divine: en sorte que, du>> rant son règne, la santé et la paix soit dans le » royaume, et que la gloire et la majesté de la dignité royale éclate dans le palais aux yeux » de tout le monde, et envoie partout les rayons >> de la puissance royale. >>

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Cette splendeur doit porter, dans tous les esprits, une impression de la puissance des rois,

et paroître comme une image de la Cour céleste. Quel compte ne rendront point à Dieu les princes, qui négligeroient de tenir des promesses si solennellement jurées!

XIX. PROPOSITION.

Dans le doute, on doit interpréter en faveur du

serment.

C'est ainsi que fit Josué. La ville de Gabaon étoit de celles que Dieu avoit destinées à la demeure de son peuple, et dont il avoit ordonné que les habitants seroient passés sans miséricorde au fil de l'épée, à cause de leurs crimes, aussi bien que tous les autres. Les Amorrhéens habitants de Gabaon, effrayés des victoires de Josué et des Israélites, usèrent de finesse ; et feignant de venir de pays bien éloignés, ils les abordèrent en disant qu'ils « venoient de loin, émerveillés des

prodiges que Dieu faisoit en leur faveur, pour >> se soumettre à leur empire (Jos., IX. 3 et » seq.). » Ils firent tout ce qu'il falloit pour tromper Josué et les autres chefs, qui leur promirent la vie avec serment.

Trois jours après, on connut la vérité. La question fut de savoir si on s'en tiendroit à l'alliance jurée. Deux fortes raisons s'y opposoient : l'une étoit la fraude de ces peuples, à qui on ne pardonna que sur un faux exposé; l'autre étoit le commandement de Dieu, qui ordonnoit qu'on les exterminât entièrement. Mais Josué et les chefs du peuple s'en tinrent au serment et à l'alliance.

Contre la surprise, on disoit qu'il falloit s'être informé de la vérité avant que de s'engager, « et interroger la bouche du Seigneur (Jos., IX. » 14.); » en quoi Josué avoit manqué : mais que l'engagement étant pris, et le nom de Dieu y étant interposé, il s'en falloit tenir là.

Au commandement divin de faire passer tous ces peuples au fil de l'épée, Josué et les chefs opposoient un commandement plus ancien et plus important, de ne prendre pas en vain le nom de Dieu. « Nous avons juré, par le nom du Seigneur Dieu d'Israël, que nous leur sauve>> rions la vie; nous ne pouvons la leur ôter (Ibid., 19.). » Tout le peuple qui murmuroit auparavant, se rendit à cette raison, et approuva la décision de Josué et de ses chefs.

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Dieu même la confirma, lorsqu'il délivra Gabaon des rois amorrhéens qui la tenoient assiégée, par cette fameuse victoire où Josué arrêta le soleil (Jos., x. ).

Et long-temps après, du vivant de David, parce que pendant le règne de Saul, ce prince cruel avoit voulu remuer cette question, et sous prétexte de zèle, faire mourir les Gabaonites;

Dieu envoya la peste en punition de cet attentat, et ne se laissa fléchir qu'après qu'on eut puni rigoureusement la cruauté de Saúl dans sa famille (2. Reg., XXI. 1, 2 et seq.); soit qu'elle y eût concouru, soit qu'elle fût justement châtiée pour d'autres crimes. Ainsi la décision de Josué fut confirmée par une déclaration manifeste de la volonté de Dieu; et tout le peuple y demeura ferme jusqu'aux derniers temps.

La force de la décision eut un effet perpétuel ; et non-seulement sous les rois, mais encore du temps d'Esdras, et au retour de la captivité (1. ESDR., II. 70; VII. 7, 24; VIII. 17, 20; 2. ESDR., VII. 60; x. 28.).

C'est ainsi que furent sauvés les Gabaonites. La foi du peuple de Dieu; la sainteté des serments, la majesté et la justice du Dieu d'Israël, éclatèrent magnifiquement dans cette occasion : et il resta à la postérité un exemple mémorable, d'interpréter les traités en faveur du serment.

ARTICLE VI.

Des motifs de religion particuliers aux rois. PREMIÈRE PROPOSITION.

C'est Dieu qui fait les rois, et qui établit les maisons régnantes.

Saul cherchoit les ânesses de son père Cis; David paissoit les brebis de son père Isaï, quand Dieu les a élevés, d'une condition si vulgaire, à la royauté (1. Reg., IX. X. XVI. ).

Comme il donne les royaumes, il les coupe par la moitié quand il lui plaît. Il fit dire à Jéroboam par son prophète (3. Reg., XI. 31, 32, 33.): « Je partagerai le royaume de Salomon, » et je t'en donnerai dix tribus; à cause qu'il a >> adoré Astarthé la déesse des Sidoniens, et >> Chamos le Dieu de Moab, et Moloch le Dieu >> des enfants d'Ammon. Je lui laisserai une tribu, à cause de David mon serviteur; et >> Jérusalem la cité sainte que j'ai choisie. »

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» prince, continua le prophète. Et il le tira, >> selon l'ordre qu'il avoit reçu de Dieu, dans le >> cabinet le plus secret de la maison, et lui dit : >> Le Seigneur vous a oint roi sur le peuple d'Israël, et vous détruirez la maison d'Achab >> votre seigneur (4. Reg., 1x. 4, 5 et seq.). » Dieu exerce le même pouvoir sur les nations infidèles. «< Va, dit-il au prophète Elie (3. Reg., » XIX. 15.), retourne sur tes pas par le désert » jusqu'à Damas ; et quand tu y seras arrivé, tu >> oindras Hazaël pour être roi de Syrie.

Par ces actes extraordinaires, Dieu ne fait que manifester plus clairement ce qu'il opère dans tous les royaumes de l'univers, à qui il donne des maîtres tels qu'il lui plaît. « Je suis le Sei>> gneur, dit-il (JEREM., XXVII. 5. ) ; c'est moi qui » ai fait la terre avec les hommes et les animaux; » et je les mets entre les mains de qui je veux. » C'est Dieu encore qui établit les maisons régnantes. Il a dit à Abraham ( Gen., XVII. 6.): Les rois sortiront de vous; » et à David (2. Reg., VII. 11.) : « Le Seigneur vous fera une maison ; » et à Jéroboam (3. Reg., X1. 38.): « Si tu m'es fidèle, je te ferai une maison comme j'ai fait >> à David. >>

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Il détermine le temps que doivent durer les maisons royales. << Tes enfants seront sur le >> trône, jusqu'à la quatrième génération, dit-il » à Jéhu (4. Reg., X. 30.). »

« J'ai donné ces terres à Nabuchodonosor, >> roi de Babylone. Ces peuples seront assujétis » à lui, à son fils, et au fils de son fils, jusqu'à >> ce que le temps soit venu (JEREM., XXVII. » 6, 7.). »

Et tout cela est la suite de ce conseil éternel, par lequel Dieu a résolu « de faire sortir tous les >> hommes d'un seul, pour les répandre sur toute » la face de la terre, en déterminant les temps » et les termes de leur demeure (Act., xvII. » 26.). »

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En inspirant l'obéissance aux sujets, il met aussi dans le cœur du prince une confiance secrète, qui le fait commander sans crainte : « Et >> Dieu donna à Saül un autre cœur (1.Reg., X. 9; » IX. 21.). » Lui qui se regardoit auparavant comme le dernier de tout le peuple d'Israël, prend en main le commandement et des peuples et des armées, et sent en lui-même toute la force qu'il falloit pour agir en maître.

Après que le prophète envoyé de Dieu eut parlé à Jéhu pour le faire roi, les « seigneurs lui

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>> lui répondirent: Tout ce qu'il aura dit est >> faux ; mais ne laissez pas de nous le raconter. » Voilà ce qu'ils dirent, peu disposés, comme on voit, à en croire le prophète. Mais Jéhu ne leur eut pas plutôt rapporté que ce prophète l'avoit sacré roi, que « tous aussitôt prirent leurs man>>teaux, les étendant sous ses pieds en forme de >> tribunal, et firent sonner la trompette, et » crièrent : Jéhu est roi (Ibid., 13.). » Et ils oublièrent Joram leur roi légitime, pour qui ils venoient d'exposer leur vie dans une bataille sanglante contre le roi de Syric, et dans le siége de Ramoth-Galaad: tant Dieu changea promptement les cœurs.

П faut toujours se souvenir que ces choses si extraordinaires ne servent qu'à manifester ce que Dicu fait ordinairement d'une manière aussi efficace, quoique plus cachée. En même temps qu'il inspire aux grands de suivre Jéhu, par un secret jugement de sa providence; il se répand dans le peuple un esprit de soulèvement universel, et rien ne le soutient plus dans le royaume. Jéhu marche, avec sa troupe conjurée, à Jezraël où étoit le roi. Comme on le vit arriver, Joram envoie pour lui demander s'il venoit en esprit de paix (Ibid., IX. 18, 19, 20, 21.)? De quelle paix me parlez-vous, dit-il à celui qui lui faisoit ce message? Passez ici, et suivez-moi. Joram en envoya un autre pour faire la même demande : il reçut la même réponse, et il imita le premier en se joignant à Jéhu. Le roi, qui ne recevoit aucune réponse, avance en personne avec le roi de Juda, croyant étonner Jéhu par la présence de deux rois unis, dont l'un étoit son souverain. « Aussitôt qu'il eut aperçu Jéhu, il lui dit ( Ibid., » 22 et seq.): Venez-vous en paix? Quelle paix » y a-t-il pour vous? répliqua-t-il. Et en même >> temps il banda son arc, et perça d'un coup de » flèche le cœur de Joram, qui tomba mort à ses pieds. » Il restoit dans le palais, la reine Jé

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zabel, mère de Joram. « Elle parut à la fenêtre >> richement parée, les yeux colorés d'un fard exquis. Qui est celle-là, dit Jéhu? et il ordonne >> aux eunuques de cette princesse de la précipiter » du haut en bas (4. Reg., 1x. 30 et seq.). »Après toute cette sanglante exécution, il envoie des ordres à Samaric, de faire mourir les enfants du roi (Ibid., X. 1 et seq.); et tous les grands du royaume résolurent de les faire mourir, au nombre de soixante et dix, dont ils portèrent les têtes à Jéhu; et il envahit le royaume sans résistance. Dieu vengea par ce moyen les impiétés d'Achab et de Jézabel, sur eux et sur leur mai

son.

Voilà l'esprit de révolte qu'il envoie, quand il veut renverser les trônes. Sans autoriser les rébellions, Dieu les permet, et punit les crimes par d'autres crimes, qu'il châtie aussi en son temps; toujours terrible et toujours juste.

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III. PROPOSITION.

Dieu décide de la fortune des états.

« Le Seigneur Dieu frappera Israël, comme » on remue un roseau dans l'eau; et l'arrachera » de la bonne terre, qu'il avoit donnée à leurs pères; et comme par un coup de vent, il les >> transportera à Babylone (3. Reg., XIV. 15.). » Tant est grande la facilité avec laquelle il renverse les royaumes les plus florissants.

IV. PROPOSITION. Le bonheur des princes vient de Dien, et a souvent de grands retours.

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Enflé d'une longue suite de prospérités, un prince insensé dit en son cœur : Je suis heureux, tout me réussit ; la fortune, qui m'a toujours été favorable, gouverne tout parmi les hommes, et il ne m'arrivera aucun mal. « Je suis reine, »> disoit Babylone (Is., XLVII. 7, 8.), qui se glorifioit dans son vaste et redoutable empire; «< je >> suis assise» (dans mon trône heureuse et tranquille); « je serai toujours dominante; jamais je »> ne serai veuve, jamais privée d'aucun bien; » jamais je ne connoîtrai ce que c'est que stérilité » et foiblesse.» Tu ne songes pas, insensée, que c'est Dieu qui t'envoie ta félicité: peut-être pour t'aveugler, et te rendre ton infortune plus insupportable. « J'ai tout mis entre les mains de Na>> buchodonosor, roi de Babylone; et jusqu'aux » bêtes, je veux que tout fléchisse sous lui. Les >> rois et les nations qui ne voudront pas subir le » joug périront, non-seulement par l'épée de ce » conquérant, mais de mon côté je leur enverrai » la famine et la peste, jusqu'à ce que je les dé» truise entièrement (JEREM., XXVII, 6, 7, 8.): »

afin que rien ne manque ni à son bonheur, ni au malheur de ses ennemis.

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Mais tout cela n'est que pour un temps, et cet excès de bonheur a un prompt retour. « Car pen>> dant qu'il se promenoit dans sa Babylone, dans >>> ses salles et dans ses cours; et qu'il disoit en son >> cœur : N'est-ce pas cette grande Babylone, que >> j'ai bâtie dans ma force et dans l'éclat de ma gloire ?»> sans seulement jeter le moindre regard sur la puissance suprême, d'où lui venoit tout ce bonheur: «< une voix partit du ciel, et lui dit : Nabuchodonosor, c'est à toi qu'on parle. Ton >> royaume te sera ôté à cet instant: on te chas>> sera du milieu des hommes; tu vivras parmi >> les bêtes, jusqu'à ce que tu apprennes que le >> Très-Haut tient en sa main les empires, et les >> donne à qui il lui plaît (DAN, IV. 26, 27, 28, » 29.). »

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O prince! prenez donc garde de ne pas considérer votre bonheur, comme une chose attachée à votre personne; si vous ne pensez en même temps qu'il vient de Dieu, qui le peut également donner et ôter. « Ces deux choses, la stérilité et » la viduité, viendront sur vous en un même jour, dit Isaïe (Is., XLVII. 9.). »> Tous les maux vous accableront. « Et pendant que vous n'aurez » à la bouche que la paix et la sécurité, la ruine >> survient tout à coup (1. Thess., V. 3.). »

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Ainsi le roi Baltasar, au milieu d'un festin royal qu'il faisoit avec ses seigneurs et ses courtisans en grande joie ( DAN., V. 1 et seq.), ne songeoit qu'à « louer ses dieux d'or et d'argent, » d'airain et de marbre, » qui le combloient de tant de plaisirs et de tant de gloire; quand ces trois doigts, si célèbres, parurent en l'air, qui écrivoient sa sentence sur la muraille : « MANÉ, » THÉCEL, PHARES. Dieu a compté tes jours, et >>ton règne est à sa fin. Tu as été mis dans la >> balance, et tu as été trouvé léger. Ton empire » est divisé; et il va être livré aux Mèdes et aux >> Perses. >>

V. PROPOSITION.

Il n'y a point de hasard dans le gouvernement des choses humaines; et la fortune n'est qu'un mot qui n'a aucun

sens.

C'est en vain que les aveugles enfants d'Israël << dressoient une table à la Fortune, et lui sacri» fioient (Is., LXV. 11.). » Ils l'appeloient la reine du ciel, la dominatrice de l'univers; et disoient à Jérémie (JEREM., XLIV. 16, 17.): 0 prophète, << nous ne voulons plus écouter vos >> discours; nous en ferons à notre volonté. Nous » sacrifierons à la reine du ciel; et nous lui ferons >>> des effusions, comme ont fait nos pères, nos

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princes et nos rois. Et tout nous réussissoit, el >> nous regorgions de biens. >>

C'est ainsi que, séduits par un long cours d'heureux succès, les hommes du monde donnent tout à la fortune, et ne connoissent point d'autre divinité; ou ils appellent la reine du ciel, l'étoile dominante et favorable, qui selon leur opinion fait prospérer leurs desseins. C'est mon étoile, disent-ils, c'est mon ascendant, c'est l'astre puissant et benin qui a éclairé ma nativité, qui met tous mes ennemis à mes pieds.

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Comme tout est sagesse dans le monde, rien n'est hasard,

<< Dieu a répandu la sagesse sur toutes ses » œuvres (Eccli., 1. 10.). Dieu a tout vu, Dieu » a tout mesuré, Dieu a tout compté (Ibid., 9.), >> Dieu a tout fait avec mesure, avec nombre, et » avec poids (Sap., XI. 21.). » Rien n'excède, rien ne manque. A regarder le total, rien n'est plus grand ni plus petit qu'il ne faut ce qui semble défectueux, d'un côté, sert à un autre ordre supérieur et plus caché, que Dieu sait. Tout est épandu à pleines mains; et néanmoins tout est fait et donné par compte. «< Jusqu'aux >> cheveux de notre tête, ils sont tous comptés (MATTH., X. 30.). Dieu sait nos mois et nos

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jours; il en a marqué le terme, qui ne peut

» être passé (JOB., XIV. 5.). Un passereau même » ne tombe pas sans votre Père céleste (MATTH., » X. 29.). » Ce qui emporteroit d'un côté, a son contre-poids de l'autre : la balance est juste, et l'équilibre parfait.

Où la sagesse est infinie, il ne reste plus de place pour le hasard.

VII. PROPOSITION.

Il y a une providence particulière dans le gouvernement des choses humaines.

« L'homme prépare son cœur, et Dieu gou>> verne sa langue (Prov., XVI. 1.).»

« L'homme dispose ses voies; mais Dieu con» duit ses pas (Ibid., 9.). »

On a beau compasser dans son esprit tous ses discours et tous ses desseins, l'occasion apporte toujours je ne sais quoi d'imprévu; en sorte qu'on

dit et qu'on fait toujours plus ou moins qu'on ne pensoit. Et cet endroit inconnu à l'homme dans ses propres actions, et dans ses propres démarches, c'est l'endroit secret par où Dieu agit, et le ressort qu'il remue.

S'il gouverne de cette sorte les hommes en particulier; à plus forte raison les gouverne-t-il en corps d'états et de royaumes. C'est aussi dans les affaires d'état, « que nous sommes (principa»lement) en sa main, nous et nos discours, et » toute sagesse, et la science d'agir (Sap., VII. » 16. ). »

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« Dieu a fait en particulier les cœurs des » hommes; il entend toutes leurs œuvres. C'est pourquoi, ajoute le psalmiste (Ps. XXXII. 15, » 16.), le roi n'est pas sauvé par sa grande puis»sance, ou par une grande armée, mais par puissante main de Dieu. » Lui qui gouverne les cœurs de tous les hommes, et qui tient en sa main le ressort qui les fait mouvoir, a révélé à un grand roi, qu'il exerce spécialement ce droit souverain sur les cœurs des rois : « Comme la distribution des eaux (est entre les mains de >> celui qui les conduit; ) ainsi le cœur du roi est >> entre les mains de Dieu, et il l'incline où il lui plaît (Prov., XXI. 1.). » Il gouverne particulièrement le mouvement principal; par lequel il donne le branle aux choses humaines.

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VIII. PROPOSITION.

Les rois doivent plus que tous les autres s'abandonner à la providence de Dieu.

Toutes les propositions précédentes aboutissent à celle-ci. Plus l'ouvrage des rois est grand, plus il surpasse la foiblesse humaine; plus Dieu se l'est réservé, et plus le prince qui le manie, doit s'unir à Dieu, et s'abandonner à ses conseils.

En vain un roi s'imagineroit qu'il est l'arbitre de son sort, à cause qu'il l'est de celui des autres : il est plus gouverné qu'il ne gouverne. « Il n'y a » point de sagesse, il n'y a point de prudence, il n'y a point de conseil contre le Seigneur (Prov., » XXI. 30.). »

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de le faire mourir ; mais en vain, puisqu'il trouve une retraite assurée chez Sésac, roi d'Egypte (3. Reg., XI. 40.).

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Achab roi d'Israël est averti par Michée qu'il périroit dans une bataille (2. Par., XVIII. 27, 28, 29 et seq.): « Je changerai d'habit, dit-il, et j'irai ainsi au combat. » Mais pendant que l'ennemi le cherche en vain, et tourne tout l'effort contre Josaphat roi de Juda, qui seul paroissoit en habit royal, « il arriva qu'un soldat en tirant >> en l'air blessa le roi d'Israël, entre le cou et l'épaule. Je suis blessé, s'écria-t-il : tournez, continua-t-il à celui qui conduisoit son chariot; » et tirez-moi du combat. Mais le coup qu'il avoit reçu étoit mortel; et il en mourut le soir

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Tout sembloit concourir à le sauver. Car, encore qu'il y eût ordre de l'attaquer seul, on ne le connoissoit pas : et Josaphat, qu'on prit pour lui, fut délivré, Dieu détournant tous les coups qu'on lui portoit. Achab, contre qui on ne tiroit pas, faute de pouvoir le connoître, fut atteint par une flèche tirée au hasard. Mais ce qui semble tiré au hasard, est secrètement guidé par la main de Dieu.

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Il n'y avoit plus qu'un moment pour sauver Achab le soleil alloit se coucher; la nuit alloit séparer les combattants mais il falloit qu'il pérît; « et il fut tué au soleil couchant (Ibid., » 34.). »

C'est en vain que Sédécias croit, dans la prise de Jérusalem, avoir évité par la fuite les mains de Nabuchodonosor, à qui Dieu vouloit le livrer (JEREM., XXXIX. 4, 5, 6, 7.) : « il est repris avec » ses enfants, qui furent tués à ses yeux; et on » les lui crève,» après ce triste spectacle.

David étoit sage et prévoyant, plus qu'homme de son siècle; et il se servit de toute son adresse pour couvrir son crime. Mais Dieu le voyoit : « Tu l'as fait, dit-il ( 2. Reg., xII. 12.), en ca>> chette; mais moi j'agirai à découvert. Et tout » ce que tu crois avoir enveloppé dans des té»> nèbres (impénétrables) paroîtra aux yeux de >> tout Israël, et aux yeux du soleil. »

Les finesses sont inutiles : tout ce que l'homme fait pour se sauver, avance sa perte. « Il tombe » dans la fosse qu'il a creusée; et le filet qu'on a >> tendu nous prend nous-mêmes (Ps. VII. 16; » XXXIV. 8; Eccli., xxvII. 29.). »

Il n'y a donc de recours qu'à s'abandonner à Dieu avec une pleine confiance.

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