Images de page
PDF
ePub

ressources que ce grand capitaine pouvoit trouver dans son habileté dans la guerre, et dans son

courage.

XIX. PROPOSITION. Honneurs militaires.

Saül, après ses victoires, érigea un arc de triomphe (1. Reg., XV. 12.), en mémoire à la postérité, et pour l'animer par les exemples, et par de pareilles marques d'honneurs.

La constitution du pays ne permettoit pas alors d'ériger des statues ; que la loi de Dieu réprouvoit. On érigeoit des autels, pour servir de mémorial (Ibid., XIV. 35. ); ou l'on faisoit des amas de pierres (Jos., X. 27; 2. Reg., XVIII. 17, 18.).

XX. PROPOSITION.

Exercices militaires, et distinctions marquées parmi les gens de guerre.

David fit apprendre aux Israélites à tirer de l'arc (2. Reg., I. 18.); et fit un cantique pour cet exercice, à la louange de Saül, qui apparemment l'avoit établi.

Ceux de la tribu d'Issachar étoient en réputation de savoir mieux que les autres le métier de la guerre. « Il y avoit deux cents hommes de cette

[ocr errors]

tribu qui étoient très habiles, et savoient instruire » Israël, » à faire en son temps, et à propos toute sorte de mouvements; « et le reste de la tribu > suivoit leurs conseils (1. Paralip., XII. 32. ). » Dans la paix profonde du règne de Salomon, les exercices militaires demeurèrent en honneur, et deux cent cinquante chefs instruisoient le peuple (2. Par., VIII. 10.).

Ce prince si pacifique entretenoit dans le peuple l'humeur guerrière. Il employoit les étrangers aux ouvrages royaux, mais non pas les enfants d'Israël. C'étoient eux qu'il occupoit de la guerre (Ibid., 9.). Ils étoient les premiers capitaines, et commandoient la cavalerie et les chariots.

Les uns, et principalement ceux de Juda et de Nephtali, combattoient avec le bouclier et la pique ; les autres joignoient l'arc avec le bouclier (1. Paralip., VIII. 40; XII. 24, 34, 38.): et chacun étoit instruit à manier les armes dont il se servoit.

Josaphat, quoiqu'il fit la guerre plus pour ses alliés que pour lui-même, se rendit célèbre par le bon ordre qu'il donna à la milice (2. Par., XVII. 2, 10, 13 et seq.).

La réputation d'Ozias fut portée bien loin par une semblable vigilance, qui lui fit ajouter aux soins des rois ses prédécesseurs celui de construire des magasins d'armes, de casques, de boucliers, d'arcs et de frondes, avec des machines de toutes

les sortes; tant celles qu'il conservoit dans les tours, que celles qu'il tenoit dressées sur les murailles, pour tirer des dards, et jeter de grosses pierres (2. Par., XXVI. 8, 14, 15.); en sorte que rien ne manquoit à l'exercice des armes.

Les distinctions honorables animèrent aussi le courage des braves gens.

On distinguoit sous David de ces espèces de titres (2. Reg., XXIII. 9 et seq; 1. Paralip., XI. 10, 11, 15 et seq.): les trois forts, de deux ordres différents; avec les trente qui avoient leur chef. Leurs actions étoient remarquées dans les registres publics. Il y en avoit qu'on nommoit les capitaines du roi; les grands, ou les premiers capitaines (2. Paralip., XXVI. 11; VIII. 9.), ou les capitaines des capitaines (1. Par., vi. 40.).

On voit ailleurs comme un état de deux mille six cents officiers principaux (2. Paralip., XXVI. 12.). Sous chaque prince, on connoît ceux qui étoient établis pour les commandements généraux, ceux qui commandoient après eux, et tout l'ordre de la milice (Ibid., XVII. 14, 15 et seq.). Dieu vouloit montrer dans son peuple un état la pour parfaitement constitué, non - seulement religion et pour la justice, mais encore pour la guerre comme pour la paix; et conserver la gloire aux princes guerriers.

ARTICLE VI.

Sur la paix et la guerre: diverses observations sur l'une et sur l'autre.

PREMIÈRE PROPOSITION.

Le prince doit affectionner les braves gens. Saül, en qui l'on admiroit de si grandes qualités, se faisoit remarquer par celle-ci : « tout >> homme qu'il voyoit courageux et propre à la >> guerre, il se l'attachoit (1. Reg., XIV. 52.). » C'est le moyen dé s'acquérir tous les braves. Vous en prenez un, vous en gagnez cent. Quand on voit c'est le mérite et la valeur que vous que cherchez, on entre en reconnoissance du bien que vous faites aux autres, et chacun espère y venir à son tour.

11. PROPOSITION.

Il n'y a rien de plus beau, dans la guerre, que l'intelligence entre les chefs, et la conspiration de tout l'état.

Joab se voyant comme environné des ennemis, partagea l'armée en deux, pour faire tête de tous côtés : une partie contre les Ammonites, et une partie contre les Syriens. « Si les Syriens me >> forcent, dit Joab à Abisaï (2. Reg., x. 11, 12.), >> secourez-moi : et si les Ammonites prévalent

[ocr errors][merged small]
[ocr errors]

Judas parla en ces termes à son frère Simon (1. MACH., v. 17 et seq.): « Choisissez des hommes; marchez, et délivrez vos frères dans la Galilée : » et moi, avec Jonathas, nous irons dans le >> pays de Galaad. » Il laissa Joseph, fils de Zacharie, et Azarias, deux chefs de l'armée, avec le reste des troupes pour garder la Judée; leur défendant de combattre jusqu'à leur retour. Simon, avec trois mille hommes, combattit heureusement dans la Galilée, poursuivit les vaincus bien avant, et jusqu'aux portes de Ptolémaïde; fit beaucoup de butin, et amena en Judée ceux que les Gentils tenoient captifs avec leurs femmes et leurs enfants. En même temps, Judas et Jonathas passèrent le Jourdain avec huit mille hommes, prirent beaucoup de places fortes dans Galaad; et après avoir remporté sans perte de signalées victoires, ils retournèrent en triomphe dans Sion, où ils offrirent leurs holocaustes en action de grâces. Le peuple saint prit le dessus de ses ennemis par ce concours des trois chefs. Joseph, fils de Zacharie, et Azarie, un des chefs, rompirent ce beau concert, et firent une grande plaie en Israël, comme on le dira dans un moment.

Sous Saül, Jabés en Galaad, ville au delà du Jourdain; assiégée par Naas, roi des Ammonites, offrit de traiter et de se soumettre à sa puissance. Naas répondit avec une dérision sanglante(1.Reg., XI. 1, 2 et seq.) : « Tout le traité que je veux faire >> avec vous, c'est que vous me livriez chacun >> son œil droit, et que je vous fasse l'opprobre >> de tout Israël. Le conseil de la ville répondit: » Donnez-nous sept jours pour envoyer aux tri>> bus; et si dans ce temps nous ne sommes se» courus, nous nous rendrons à votre volonté. » Leurs envoyés vinrent donc à Gabaa, où Saül faisoit sa résidence, et ils déclarèrent à tout le peuple l'état où étoit la ville : tout le peuple éleva la voix, et fondit en larmes. Chacun pleuroit une ville qu'on alloit perdre, comme si on lui arrachoit un de ses membres. Saül arriva pendant l'assemblée, suivant ses bœufs qui venoient de la campagne. Car nous avons déjà vu, que tout sacré qu'il étoit, et reconnu roi, il faisoit sans façon et sans s'élever davantage, son premier métier. Telle étoit la simplicité de ces temps.

[ocr errors]

Etant venu dans l'assemblée, il dit (1. Reg., XI. 5, 6.): « Quel est le sujet de tant de larmes, et de >> ces cris lamentables de tout le peuple? » Alors on lui raconta l'état de Jabés. « L'esprit de Dieu » le saisit, il mit en pièces ses deux bœufs, et en » envoya les morceaux par tout Israël, avec cet » ordre : Ainsi sera fait aux bœufs de tout homme qui manquera de suivre Saul, et de marcher » en campagne. »> On obéit: il fit la revue; il trouva sous ses étendards trois cent mille combattants; et la seule tribu de Juda y en ajouta trente mille. Il renvoya les députés de Jabés avec cette réponse précise : « Vous serez secourus de» main. » L'effet suivit la parole. Dès le matin, Saül partagea son armée en trois, entra au milieu du camp ennemi, et ne cessa de tuer jusqu'à la grande chaleur du jour; tous les ennemis furent dispersés, et il ne resta pas deux hommes ensemble. C'est ce que fit l'intérêt public, la diligence, la conspiration du roi, du peuple, et de toutes les forces de l'état.

On conserva éternellement la mémoire d'un tel bienfait. Ceux de Jabés-Galaad, touchés de ce souvenir, furent fidèles à Saûl jusqu'après sa mort, et furent les seuls de tout Israël qui l'ensevelirent. David leur en sut bon gré, et leur fit dire (2. Reg., II. 4, 5 et seq.) : « Bénis soyez>> vous de Dieu, vous qui avez conservé vos re>> connoissances à Saül votre seigneur : le Seigneur » vous le rendra, et moi - même je vous récom>> penserai de ce devoir de piété. Car encore que >> Saül votre seigneur soit mort, Juda m'a choisi » pour roi. Et je succéderai à l'amitié qu'il avoit » pour vous, ainsi qu'à son trône. »

III. PROPOSITION.

Ne point combattre contre les ordres. Pendant que Judas et Simon firent les exploits qu'on a vus en Galilée et dans Galaad (1. MACH., v. 55, 56 et seq.); Joseph et Azarie, les deux chefs à qui ils avoient laissé la garde de la Judée, avec défense de combattre jusqu'à la réunion de toute l'armée, furent flattés de la fausse gloire de se faire un nom à leur exemple, en combattant les Gentils dont ils étoient environnés. Ils sortirent donc en campagne; mais Gorgias vint à leur rencontre, et les poussa jusqu'aux confins de la Judée. Deux mille hommes des leurs demeurèrent sur la place, et la frayeur se mit dans tout le pays; parce qu'ils n'obéirent pas aux sages ordres qu'ils avoient reçus de Judas, s'imaginant de partager avec lui la gloire de sauver le peuple. << Mais ils n'étoient pas de la race dont devoit » venir le salut (1. MACH., V. 62.). »

Leur général les connoissoit mieux qu'ils ne se

connoissoient eux-mêmes. On les laissoit pour garder le pays, et ils n'avoient qu'à demeurer sur la défensive. Faute d'avoir obéi, ils firent perdre à leurs troupes l'avantage de combattre avec tout le reste de l'armée, et sous de plus sages chefs.

IV. PROPOSITION,

Il est bon d'accoutumer l'armée à un même général.

[ocr errors]

Tout Israël et Juda aimoit David, même du » vivant de Saül, parce qu'ils le voyoient toujours » marcher à leur tête, et sortir en campagne de» vant eux (1. Reg., XVIII. 16.). » On s'accoutume, on s'attache, on prend confiance; on regarde un général comme un père qui pense à vous plus que vous-même.

On s'en souvint, lorsqu'il fallut réunir les tribus pour reconnoître David. « Hier, et avant» hier, vous cherchiez David pour le faire régner >> sur vous. Faites donc, et rangez-vous sous son » étendard (2. Reg., III. 17, 18. ). » Ce n'est pas un inconnu que je vous propose, dit Abner à tout Israël.

V.e PROPOSITION.

La paix affermit les conquêtes.

Il est bon qu'un état ait du repos. La paix du temps de Salomon assura les conquêtes de David. Les Héthéens, les Amorrhéens et les autres peuples que les Israélites n'avoient pas encore entièrement abattus, furent subjugués par Salomon, et devinrent ses tributaires (2, Paralip., VIII. 7, 8. ).

VI. PROPOSITION.

La paix est donnée pour fortifier le dedans. De quelque paix qu'on jouisse, toujours environné de voisins jaloux, il ne faut jamais entiè rement oublier la guerre qui vient tout à coup. Pendant que l'on vous laisse en repos, c'est le temps de se fortifier au dedans.

Salomon en donna l'exemple. Il bâtit les villes qu'Hiram lui avoit cédées, et y établit des colonies d'Israélites ( 2. Paralip., VIII. 2, 3 et seq.). Il fortifia Emath-Suba, place éloignée dans la Syrie, et ancien siége des rois. Il bâtit Palmyre dans le désert, qui plusieurs siècles après fut une ville royale, où Odénat et Zénobie tenoient leur siége. Il érigea en Emath plusieurs villes fortes; il éleva la haute et la basse Béthoron, et d'autres places murées, avec des remparts et des portes. Il établit aussi des places pour y tenir sa cavalerie et ses chariots; et il remplit de ses bâtiments Jérusalem, le Liban, et toutes les terres de son obéissance.

Les autres grands rois, Asa, Josaphat, et Ozias l'imitèrent.

<< Asa construisoit des villes fortes, parce qu'il >> étoit dans le repos, et ne se trouvoit pressé » d'aucune guerre (2. Par., xiv. 6. ). » La guerre demande d'autres soins, et ne donne pas ce loisir. Il prit donc ce temps pour dire à ceux de Juda (Ibid., 7.): « Bâtissons ces villes; en>> tourons-les de murailles; munissons-les par >> des tours; fortifions les portes pendant que tout >> est paisible, et qu'aucune guerre ne nous » presse. Ils les bâtirent donc sans empêche» ment. » On voit, en passant, les fortifications dont ces temps avoient besoin; et l'on n'en négligeoit aucune.

Josaphat bâtit aussi des châteaux en forme, >> et environna plusieurs villes de murailles; et >> on vit de tous côtés de grands travaux ( Ibid., » XVII. 12, 13. ). »

<«< Ozias fortifia les portes de Jérusalem, en les >> munissant de tours; la porte de l'angle, et la >> porte de la vallée, et les autres du même côté » de la muraille (Ibid., XXVI. 9.). » C'étoient apparemment les endroits les plus difficiles à défendre, et qu'il falloit tàcher de rendre imprenables.

VII. PROPOSITION.

Au milieu des soins vigilants, il faut toujours avoir en vue l'incertitude des événements.

Entre plusieurs exemples que nous fournit l'Ecriture de chutes inopinées, celui d'Abimélech est des plus remarquables.

Abimélech, fils de Gédéon, avoit persuadé à ceux de Sichem de se rendre à lui (Jud., IX. 1, 2 et seq.). Ce poste étoit important, et c'est là où fut depuis bâtie Samarie. Il leva des troupes, de l'argent qu'ils lui donnèrent, et s'empara du lieu où étoient ses frères au nombre de soixante et dix, qu'il massacra tous sur une même pierre, à la réserve de Joatham le plus jeune, qu'on cacha. Il fut élu roi à un chêne près de Sichem, quoique Joatham leur reprochât leur ingratitude envers la maison de Gédéon leur libérateur; mais il fut contraint de prendre la fuite, par la crainte d'Abimélech, qui demeura le maître durant trois ans, sans aucun trouble.

Après les trois ans, il se sema un esprit de division entre lui, et les habitants de Sichem, qui commencèrent à le haïr, et les grands de Sichem, qui l'avoient aidé dans le parricide exécrable qu'il avoit commis contre ses frères. Au temps donc qu'Abimelech étoit absent, ils se firent un chef nommé Gaal, fils d'Obed, qui étant entré dans Sichem, donna courage aux habitants sou

levés, qui alloient pillant et ravageant tout aux environs, et maudissant Abimélech au milieu de leurs festins et dans le temple de leur Dieu. Il restoit à Abimélech un ami fidèle, nommé Zébul, à qui il avoit laissé le gouvernement de la ville, qui aussi lui donna de secrets avis de tout ce qu'il avoit vu, l'exhortant à faire tout ce qu'il pourroit sans perdre de temps.

Abimélech part la nuit, et marche vers Sichem, où Gaal étoit le maître. Le combat se donne à la porte; et Gaal est contraint de se renfermer dans la place qu'Abimélech assiégea.Les gens de Gaal furent battus et défaits pour la seconde fois. Abimélech pressoit le siége sans relâche, et ne laissa aucun habitant, ni pierre sur pierre dans la ville, qu'il réduisit en une campagne qu'il sema de sel. Il restoit aux Sichémites un vieux temple, qu'ils avoient fortifié avec soin; mais Abimelech y fit transporter toute une forêt, et ayant allumé autour un grand feu, y fit crever de fuméc ses ennemis.

Vainqueur de ce côté-là, il assiégea Thèbes, qu'il réduisit bientôt. Il y avoit une haute tour où les hommes et les femmes s'étoient réfugiés, avec les principaux de la ville. Abimélech la pressoit avec vigueur, prêt à y mettre le feu; car il avoit tout l'avantage : mais une femme trouvant sous sa main un morceau d'une meule, la lui jeta sur la tête. Il tomba mourant ; et celui qui faisoit la guerre si ardemment et si heureusement, que rien ne lui résistoit, périt par une main si foible; contraint dans son désespoir, de se faire percer le flanc par un de ses soldats, « de >> peur qu'il ne fût dit qu'une femme lui avoit >> donné le coup de la mort. ( Jud., IX. 54.) »

Ne vous fiez ni dans votre force, ni dans votre diligence, ni dans vos heureux succès; surtout dans les entreprises injustes et tyranniques. La mort, ou quelque désastre affreux, vous viendra du côté dont vous l'attendez le moins; et la haine publique, qui armera contre vous la plus foible main, vous accablera.

VIII. PROPOSITION.

Le luxe, le faste, la débauche, aveuglent les hommes dans la guerre, et les font périr.

Ela roi d'Israël, fils de Baasa, faisoit la guerre aux Philistins, et son armée assiégoit Gebbethon, une de leurs places des plus fortes; sans se mettre en peine de ce qui se passoit à l'armée et à la Cour; content de faire bonne chère chez le gouverneur de Thersa, apparemment aussi peu soigneux des affaires que son maître. Zambri cependant, à qui, sans le bien connoître, Ela avoit donné le

commandement de la moitié de la cavalerie, l'ayant surpris dans le vin et à demi ivre chez le gouverneur, l'égorgea avec sa famille et ses amis, et s'empara du royaume. Le bruit de cette nouvelle étant venu dans l'armée, qui assiégeoit Gebbethon, elle fit un roi de son côté, nommé Amri, qui en étoit le général; et Zambri se trouva forcé à se brûler dans le palais après un règne de sept jours (3. Reg., XVI. 8, 9 et seq.).

L'aventure de Bénadad, roi de Syrie, n'est guère moins surprenante. Il assiégeoit Samarie, capitale du royaume d'Israël, avec une armée immense, et trente-deux rois ses alliés (Ibid., XX. 1, 2 et seq.). Il étoit à table avec eux sous le couvert de sa tente, plein de vin et d'emportement. On vit avancer quelques hommes, et on vint dire à Bénadad que quelqu'un étoit sorti de Samarie.« Allez, dit-il aussitôt (Ibid., 18.), >> et qu'on les prenne vifs, soit qu'ils viennent » pour capituler ou pour combattre. » Il ne songeoit pas que sept mille hommes suivoient. On tua tous les Syriens qui s'avançoient à la négligence. L'armée syrienne se mit en fuite; Bénadad prit la fuite aussi avec sa cavalerie, et laissa toute sa dépouille au roi d'Israël.

Pour lui relever le courage, ses conseillers l'amusèrent par des superstitions de sa religion, en lui disant (Ibid., 23.): « Les dieux des >> montagnes sont leurs dieux et si nous les >> combattons en pleine campagne, nous aurons » pour nous les dieux des vallées. » Mais ils ajoutèrent à ce vain propos un conseil bien plus solide : << Laissez tous ces rois (qui ne >> font qu'embarrasser une armée), et mettez >> de bons capitaines à la place; rétablissez votre >> armée sur le même pied qu'elle étoit : com>> battez-les dans la plaine et à découvert, et » vous remporterez la victoire. » Le conseil étoit admirable; mais Bénadad étoit un roi timide et vain, qui n'avoit que du faste et de l'orgueil. Et Dieu le livra encore entre les mains du roi d'Israël trop heureux de trouver de l'humanité dans son vainqueur.

IX. PROPOSITION.

Il faut, avant toutes choses, connoître et mesurer ses forces.

«Qui est le roi qui, ayant à faire la guerre contre » un roi, ne songe pas auparavant en lui-même » s'il pourra marcher avec dix mille hommes à >> la rencontre de celui qui en a vingt mille? Au>> trement, pendant que son ennemi est encore » éloigné, il envoie une ambassade pour lui de

1

[blocks in formation]

Il y a des moyens de s'assurer des peuples vaincus, après la guerre achevée avec avantage.

David non-seulement crut nécessaire de mettre des garnisons dans les villes de la Syrie, de Damas et de l'Idumée, qu'il avoit conquises; mais lorsque les peuples étoient plus rebelles, il les désarmoit encore, et faisoit rompre les cuisses aux chevaux (2. Reg., VIII. 4, 5, 13, 14.).

On punissoit rigoureusement les violateurs des traités. Ainsi les Israélites, non contents de détruire toutes les villes de Moab, ils couvroient de pierres les meilleures terres, ils bouchoient les sources, ils coupoient les arbres, et démolissoient les murailles ( 4. Reg., III. 4, 5, 25. ).

Dans les guerres entreprises pour des attentats plus horribles, comme lorsque les Ammonites violèrent avec une dérision cruelle, dans les ambassadeurs de David, les lois les plus sacrées parmi les hommes; on usa d'une plus terrible vengeance. Il voulut en faire un exemple, qui laissåt éternellement dans tous ces peuples une impression de terreur qui leur ôtât tout courage de combattre; leur faisant passer sur le corps, dans toutes leurs villes, des chariots armés de couteaux (2. Reg., XII. 31. ).

On peut rabattre de cette rigueur ce que l'esprit de douceur et de clémence inspire dans la loi nouvelle; de peur qu'il nous soit dit, comme à ces disciples qui vouloient tout foudroyer: « Vous » ne songez pas de quel esprit vous êtes (Luc., » IX. 55. ). »

Un vainqueur chrétien doit épargner le sang; et l'esprit de l'Evangile est là-dessus bien différent de celui de la loi.

XI. PROPOSITION.

Il faut observer les commencements et les fins des règnes, par rapport aux révoltes.

Lorsque l'Idumée fut assujétie par David, Adad, jeune prince de la race royale, trouva moyen de se retirer en Egypte, où il fut très bien reçu de Pharaon (3. Reg., XI. 17, 18. ). Comme il apprit la mort de David, et celle de Joab, arrivée au commencement du règne de TOME IV.

Salomon; croyant le royaume affoibli par la perte d'un si grand roi, et par celle d'un général si renommé, il dit à Pharaon (3. Reg., XI. 21, 22.) : << Laissez-moi aller dans ma terre. » C'étoit pour y réveiller ses amis, et jeter les semences d'une guerre qu'on vit éclore en son temps.

L'extrême vieillesse de David donna lieu à des mouvements qui menacèrent l'état d'une guerre civile.

Adonias, fils aîné de David, après Absalom, faisoit revivre son frère, par sa bonne mine, par le bruit et l'ostentation de ses équipages, et par son ambition (Ibid., 1. 1, 2, 5 et seq.). Il avoit sur Absalom ce malheureux avantage, qu'il trouva David défaillant, qui avoit besoin non d'être poussé, puisqu'il avoit sa vigueur entière, mais d'être réveillé par ses serviteurs. Il avoit mis dans son parti Joab qui commandoit les armées, et Abiathar souverain pontife, autrefois si fidèle à David, et beaucoup d'autres des serviteurs du roi de la tribu de Juda. Avec ce secours, il n'aspiroit à rien moins qu'à envahir le royaume du vivant du roi, et contre la disposition qu'il en avoit déclarée, en désignant Salomou pour son successeur, et le faisant reconnoître par tous les grands, par toute l'armée, comme celui que Dieu préféroit à ses autres frères, pour le remplir de sagesse, et lui faire bâtir son temple au milieu d'une paix profonde ( 1. Par., XXVIII. 1, 2 et seq.).

Adonias vouloit renverser un ordre si bien établi. Pour rassembler le parti, et donner comme le signal à ses amis de le faire reconnoître pour roi, ce jeune prince fit un sacrifice solennel, suivi d'un superbe festin. Toute la Cour étoit attentive. L'on remarqua qu'il avoit prié les principaux de Juda, avec Joab et Abiathar, et à la réserve de Salomon, tous les fils du roi. Comme on n'y vit ni ce prince, ni Sadoc sacrificateur, ni Nathan, ni Banaias très assuré à David, et qui commandoit les vieilles troupes, tous attachés au roi et à Salomon, on pénétra le dessein d'Adonias, et on découvrit le mystère. En même temps Nathan et Bethsabée, mère de Salomon, agirent avec grand concert auprès de David, en lui parlant coup sur coup. Ils ouvrirent les yeux à ce prince, qui jusqu'alors demeuroit tranquille, non par mollesse, mais par confiance dans un pouvoir aussi établi que le sien, et dans une résolution aussi expliquée. Le roi parla avec tant de fermeté et d'autorité; ses ordres furent si précis et si promptement exécutés, qu'avant la fin du festin d'Adonias, toute la ville retentissoit de la joie du couronnement de Salomon.

19

« PrécédentContinuer »