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souffroient point les idoles ni les rois qu'on avoit faits dieux. Mais comment périt cette Babylone? comme les prophètes l'avoient déclaré. Ses eaux furent desséchées, comme avoit prédit Jérémie (JER., L. 38; LI. 36. ), pour donner passage à son vainqueur: enivrée, endormie, trahie par sa propre joie, selon le même prophète, elle se trouva au pouvoir de ses ennemis, et prise comme dans un filet sans le savoir ( Ibid., L. 24; LI. 39, 57.). On passe tous les habitans au fil de l'épée car les Mèdes ses vainqueurs, comme avoit dit Isaïe (Is., XIII. 15, 16, 17, 18; JER., L. 35, 36, 37, 42.), ne cherchoient ni l'or ni l'argent, mais la vengeance, mais à assouvir leur haine par la perte d'un peuple cruel, que son orgueil faisoit l'ennemi de tous les peuples du monde. Les courriers venoient l'un sur l'autre annoncer au roi que l'ennemi entroit dans la ville: Jérémie l'avoient ainsi marqué ( JER., LI. 31.). Ses astrologues, en qui elle croyoit, et qui lui promettoient un empire éternel, ne purent la sauver de son vainqueur. C'est Isaïe et Jérémie qui l'annoncent d'un commun accord (Is., XLVII. 12, 13, 14, 15; JER., L. 36. ). Dans cet effroyable carnage, les Juifs avertis de loin échappèrent seuls au glaive du victorieux (Is., XLVII. 20; Jer., L. 8, 28; LI. 6, 10, 50, etc. ). Cyrus, devenu par cette conquête le maître de tout l'Orient, reconnoît dans ce peuple, tant de fois vaincu, je ne sais quoi de divin. Ravi des oracles qui avoient prédit ses victoires, il avoue qu'il doit son empire au Dieu du ciel que les Juifs servoient, et signale la première année de son règne par le rétablissement de son temple et de son peuple (2. Par., XXXVI. 23; 1. ESDR., I. 2.).

CHAPITRE VII.

Diversité des Jugements de Dieu. Jugement de rigueur sur Babylone; jugement de miséricorde sur Jérusalem.

Qui n'admireroit ici la Providence divine, si évidemment déclarée sur les Juifs et sur les Chaldéens, sur Jérusalem et sur Babylone? Dieu les veut punir toutes deux; et afin qu'on n'ignore pas que c'est lui seul qui le fait, il se plaît à le déclarer par cent prophéties. Jérusalem et Babylone, toutes deux menacées dans le même temps et par les mêmes prophètes, tombent l'une après l'autre dans le temps marqué. Mais Dieu découvre ici le grand secret des deux châtiments dont il se sert un châtiment de rigueur sur les Chaldéens; un châtiment paternel sur

les Juifs, qui sont ses enfants. L'orgueil des Chaldéens (c'étoit le caractère de la nation et l'esprit de tout cet empire) est abattu sans retour. Le superbe est tombé, et ne se relèvera pas, disoit Jérémie (JER., L. 31, 32, 40.); et Isaïe devant lui: Babylone la glorieuse, dont les Chaldéens insolents s'enorgueillissoient, a été faite comme Sodome et comme Gomorrhe (Is., XIII. 19.), à qui Dieu n'a laissé aucune ressource. Il n'en est pas ainsi des Juifs : Dieu les a châtiés comme des enfants désobéissants qu'il remet dans leur devoir par le châtiment, et puis touché de leurs larmes il oublie leurs fautes. « Ne crains point, ô Jacob, dit le Sei» gneur (JER., XLVI. 28.), parce que je suis » avec toi. Je te châtierai avec justice, et ne te » pardonnerai pas comme si tu étois innocent; >> mais je ne te détruirai pas comme je détruirai » les nations parmi lesquelles je t'ai dispersé. >> C'est pourquoi Babylone, ôtée pour jamais aux Chaldéens, est livrée à un autre peuple; et Jérusalem, rétablie par un changement merveilleux, voit revenir ses enfants de tous côtés.

CHAPITRE VIII.

Retour du peuple sous Zorobabel, Esdras et Néhémias.

Ce fut Zorobabel, de la tribu de Juda et du sang des rois, qui les ramena de captivité. Ceux de Juda reviennent en foule, et remplissent tout le pays. Les dix tribus dispersées se perdent parmi les Gentils, à la réserve de ceux qui sous le nom de Juda, et réunis sous ses étendards, rentrent dans la terre de leurs pères.

Cependant l'autel se redresse, le temple se rebâtit, les murailles de Jérusalem sont relevées. La jalousie des peuples voisins est réprimée par les rois de Perse devenus les protecteurs du peuple de Dieu. Le pontife rentre en exercice avec tous les prêtres qui prouvèrent leur descendance par les registres publics; les autres sont rejetés (1. ESDR., II. 62. ). Esdras, prêtre luimême et docteur de la loi, et Néhémias gouverneur, réforment tous les abus que la captivité avoit introduits, et font garder la loi dans sa pureté. Le peuple pleure avec eux les transgressions qui lui avoient attiré ces grands châtiments, et reconnoît que Moïse les avoit prédits. Tous ensemble lisent dans les saints livres les menaces de l'homme de Dieu ( 2. ESD., I. 8; VIII, IX.); ils en voient l'accomplissement; l'oracle de Jérémie ( 1. ESD, I. 1.), et le retour tant promis après les soixante-dix ans de capti

vité, les étonne et les console; ils adorent les jugements de Dieu, et, réconciliés avec lui, ils vivent en paix.

CHAPITRE IX.

Dieu, prêt à faire cesser les prophéties, répand ses lumières plus abondamment que jamais.

Dieu, qui fait tout en son temps, avoit choisi celui-ci pour faire cesser les voies extraordinaires, c'est-à-dire les prophéties, dans son peuple désormais assez instruit. Il restoit environ cinq cents ans jusques aux jours du Messie. Dieu donna à la majesté de son Fils de faire taire les prophètes durant tout ce temps, pour tenir son peuple en attente de celui qui devoit être l'accomplissement de tous leurs oracles.

Mais vers la fin des temps où Dieu avoit résolu de mettre fin aux prophéties, il sembloit qu'il vouloit répandre toutes ses lumières et découvrir tous les conseils de sa providence, tant il exprima clairement les secrets des temps à venir.

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Durant la captivité, et surtout vers les temps qu'elle alloit finir, Daniel, révéré pour sa piété, même par les rois infidèles, et employé pour sa prudence aux plus grandes affaires de leur état (Dan., II, III, v, VIII. 27. ), vit par ordre, à diverses fois, et sous des figures différentes, quatre monarchies sous lesquelles devoient vivre les Israélites (Ibid., II, VII, VIII, X, XI. ). Il les marque par leurs caractères propres. On voit passer comme un torrent l'empire d'un roi des Grecs: c'étoit celui d'Alexandre. Par sa chute voit établir un autre empire moindre que le sien, et affoibli par ses divisions (Ibid., VII. 6; VIII. 21, 22.). C'est celui de ses successeurs, parmi lesquels il y en a quatre marqués dans la prophétie (Ibid., VIII. 8. ). Antipater, Séleucus, Ptolomée et Antigonus sont visiblement désignés. Il est constant par l'histoire qu'ils furent plus puissants que les autres, et les seuls dont la puissance ait passé à leurs enfants. On voit leurs guerres, leurs jalousies, et leurs alliances trompeuses; la dureté et l'ambition des rois de Syrie; l'orgueil, et les autres marques qui désignent Antiochus l'Illustre, implacable ennemi du peuple de Dieu; la brièveté de son règne, et la prompte punition de ses excès (Ibid., XI.). On voit naître enfin sur la fin, et comme dans le sein de ces monarchies, le règne du Fils de l'homme. A ce nom vous reconnoissez JésusChrist; mais ce règne du Fils de l'homme est encore appelé le règne des saints du Très-Haut.

Tous les peuples sont soumis à ce grand et pacifique royaume; l'éternité lui est promise, et il doit être le seul dont la puissance ne passera pas à un autre empire ( DAN., II. 44, 45; VII. 13, 14, 27. ).

Quand viendra ce Fils de l'homme, et ce Christ tant désiré, et comment il accomplira l'ouvrage qui lui est commis, c'est-à-dire la rédemption du genre humain; Dieu le découvre manifestement à Daniel. Pendant qu'il est occupé de la captivité de son peuple dans Babylone, et des soixante et dix ans dans lesquels Dieu avoit voulu la renfermer, au milieu des vœux qu'il fait pour la délivrance de ses frères, il est tout à coup élevé à des mystères plus hauts. Il voit un autre nombre d'années, et une autre délivrance bien plus importante. Au lieu des septante années prédites par Jérémie, il voit septante semaines, à commencer depuis l'ordonnance donnée par Artaxerxe à la Longuemain, la vingtième année de son règne, pour rebâtir la ville de Jérusalem ( Ibid., IX. 23, etc. ). Là est marquée en termes précis, sur la fin de ces semaines, la rémission des péchés, le règne éternel de la justice, l'entier accomplissement des prophéties, et l'onction du Saint des saints (Ibid., 24.). Le Christ doit faire sa charge, et paroître comme conducteur du peuple après soixante-neuf semaines. Après soixante-neuf semaines ( car le prophète le répète encore) le Christ doit être mis à mort (Ibid., 25, 26.): il doit mourir de mort violente; il faut qu'il soit immolé pour accomplir les mystères. Une semaine est marquée entre les autres, et c'est la dernière et la soixante-dixième: c'est celle où le Christ sera immolé, où l'alliance sera confirmée, et au milieu de laquelle l'hostie et les sacrifices seront abolis (Ibid., 27.), sans doute, par la mort du Christ, car c'est ensuite de la mort du Christ que ce changement est marqué. Après cette mort du Christ, et l'abolition des sacrifices, on ne voit plus qu'horreur et confusion: on voit la ruine de la Cité sainte, et du sanctuaire; un peuple et un capitaine qui vient pour tout perdre; l'abomination dans le temple; la dernière et irrémédiable désolation (Ibid., 26, 27. ) du peuple ingrat envers son Sauveur.

Nous avons vu que ces semaines réduites en semaines d'années, selon l'usage de l'Ecriture, font quatre cent quatre-vingt-dix ans, et nous mènent précisément, depuis la vingtième année d'Artaxerxe, à la dernière semaine (Voy. ci-dessus, I. part. vII. et vin. Epoq. l'an 216 et 280 de Rome, pag. 332 et 337.); semaine pleine de mys

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tères, où Jésus-Christ immolé met fin par sa mort aux sacrifices de la loi, et en accomplit les figures. Les doctes font de différentes supputations pour faire cadrer ce temps au juste. Celle que je vous ai proposée est sans embarras. Loin d'obscurcir la suite de l'histoire des rois de Perse, elle l'éclaircit, quoiqu'il n'y auroit rien de fort surprenant, quand il se trouveroit quelque incertitude dans les dates de ces princes, et le peu d'années dont on pourroit disputer, sur un compte de quatrecent quatre-vingt-dix ans, ne feront jamais une importante question. Mais pourquoi discourir davantage? Dieu a tranché la difficulté, s'il y en avoit, par une décision qui ne souffre aucune réplique. Un événement manifeste nous met au-dessus de tous les raffinements des chronologistes; et la ruine totale des Juifs, qui a suivi de si près la mort de Notre-Seigneur, fait entendre aux moins clairvoyants l'accomplissement de la prophétie.

Il ne reste plus qu'à vous en faire remarquer une circonstance. Daniel nous découvre un nouveau mystère. L'oracle de Jacob nous avoit appris que le royaume de Juda devoit cesser à la venue du Messie; mais il ne nous disoit pas que sa mort seroit la cause de la chute de ce royaume. Dieu a révélé ce secret important à Daniel, et il lui déclare que la ruine des Juifs sera la suite de la mort du Christ et de leur méconnoissance. Marquez, s'il vous plaît, cet endroit la suite des événements vous en fera bientôt un beau commentaire.

CHAPITRE X.

Prophétie de Zacharie et d'Aggée.

Vous voyez ce que Dieu montra au prophète Daniel un peu devant les victoires de Cyrus, et le rétablissement du temple. Du temps qu'il se bâtissoit, il suscita les prophètes Aggée et Zacharie, et incontinent après il envoya Malachie qui devoit fermer les prophéties de l'ancien peuple.

Que n'a pas vu Zacharie? On diroit que le livre des décrets divins ait été ouvert à ce prophète, et qu'il y ait lu toute l'histoire du peuple de Dieu depuis la captivité.

Les persécutions des rois de Syrie, et les guerres qu'ils font à Juda, lui sont découvertes dans toute leur suite ( ZACH., XIV. ). Il voit Jérusalem prise et saccagée; un pillage effroyable, et des désordres infinis; le peuple en fuite dans le désert, incertain de sa condition, entre la mort et la vie; et la veille de sa dernière désolation, une nouvelle lumière lui paroître tout

à coup. Les ennemis sont vaincus ; les idoles sont renversées dans toute la Terre-Sainte; on voit la paix et l'abondance dans la ville et dans le pays, et le temple est révéré dans tout l'Orient.

Une circonstance mémorable de ces guerres est révélée au prophète : « Juda même combattra, » dit-il (ZACH., XIV. 14. ), contre Jérusalem : >> c'est-à-dire que Jérusalem devoit être trahie par ses enfants; et que parmi ses ennemis il se trouveroit beaucoup de Juifs.

Quelquefois il voit une longue suite de prospérités (Ibid., IX, X. ); Juda est rempli de force (Ibid., x. 6.); les royaumes qui l'ont oppressé sont humiliés (Ibid., 11.); les voisins qui n'ont cessé de le tourmenter sont punis; quelques-uns sont convertis et incorporés au peuple de Dieu. Le prophète voit ce peuple comblé des bienfaits divins, parmi lesquels il leur conte le triomphe aussi modeste que glorieux « du roi pauvre, du >> roi pacifique, du roi sauveur, qui entre, » monté sur un âne, dans sa ville de Jérusalem (Ibid., IX. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. ). »

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Après avoir raconté les prospérités, il reprend dès l'origine toute la suite des maux ( Ibid., X1. ). Il voit tout d'un coup le feu dans le temple; tout le pays ruiné avec la ville capitale; des meurtres, des violences, un roi qui les autorise. Dieu a pitié de son peuple abandonné : il s'en rend lui-même le pasteur; et sa protection le soutient. A la fin il s'allume des guerres civiles, et les affaires vont en décadence. Le temps de ce changement est désigné par un caractère certain; et trois pasteurs, c'est-à-dire, selon le style ancien, trois princes dégradés en un même mois en marquent le commencement. Les paroles du prophète sont précises: J'ai retranché, dit-il (Ibid., 8.), trois pasteurs, c'est-à-dire trois princes, en un seul mois, et mon cœur s'est resserré envers eux (envers mon peuple), parce qu'aussi ils ont varié envers moi, et ne sont pas demeurés fermes dans mes préceptes; et j'ai dit: Je ne serai plus votre pasteur; je ne gouvernerai plus (avec cette application particulière que vous aviez toujours éprouvée ); je vous abandonnerai à vous-mêmes, à votre malheureuse destinée, à l'esprit de division qui se mettra parmi vous, sans prendre dorénavant aucun soin de détourner les maux qui vous menacent. Ainsi ce qui doit mourir ira à la mort; ce qui doit être retranché sera retranché, et chacun dévorera la chair de son prochain. Voilà quel devoit être à la fin le sort des Juifs justement abandonnés de Dieu; et voilà en termes précis le commencement de la décadence à la chute de ces trois

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princes. La suite nous fera voir que l'accomplissement de la prophétie n'a pas été moins manifeste. Au milieu de tant de malheurs, prédits si clairement par Zacharie, paroît encore un plus grand malheur. Un peu après ces divisions, et dans les temps de la décadence, Dieu est acheté trente deniers par son peuple ingrat; et le prophète voit tout, jusques au champ du potier ou du sculpteur auquel cet argent est employé (ZACH. XI. 12, 13.). De là suivent d'extrêmes désordres parmi les pasteurs du peuple; enfin ils sont aveuglés, et leur puissance est détruite (Ibid., 15, 16, 17.)

Que dirai-je de la merveilleuse vision de Zacharie, qui voit le pasteur frappé et les brebis dispersées (Ibid., XIII. 7.)? Que dirai-je du regard que jette le peuple sur son Dieu qu'il a percé, et des larmes que lui fait verser une mort plus lamentable que celle d'un fils unique (Ibid., XII. 10.), et que celle de Josias ? Zacharie a vu toutes ces choses; mais ce qu'il a vu de plus grand, « C'est le Seigneur envoyé par le Sei>> gneur pour habiter dans Jérusalem, d'où il » appelle les Gentils pour les agréger à son peu>>ple, et demeurer au milieu d'eux (Ibid., 11. 8, » 9, 10, 11.).

Aggée dit moins de choses; mais ce qu'il dit est surprenant. Pendant qu'on båtit le second temple, et que les vieillards qui avoient vu le premier fondent en larmes en comparant la pauvreté de ce dernier édifice avec la magnificence de l'autre ( 1. ESD., III. 12.); le prophète, qui voit plus loin, publie la gloire du second temple, et le préfère au premier (AGG., II. 7, 8, 9, 10. ). Il explique d'où viendra la gloire de cette nouvelle maison; c'est que le Désiré des Gentils arrivera: ce Messie promis depuis deux mille ans, et dès l'origine du monde, comme le Sauveur des Gentils, paroîtra dans ce nouveau temple. La paix y sera établie; tout l'univers ému rendra témoignage à la venue de son Rédempteur; il n'y a plus qu'un peu de temps à l'attendre, et les temps destinés à cette attente sont dans leur dernier période.

CHAPITRE XI.

La prophétie de Malachie, qui est le dernier des prophètes; et l'achèvement du second temple.

Enfin le temple s'achève, les victimes y sont immolées; mais les Juifs avares y offrent des hosties défectueuses. Malachie, qui les en reprend, est élevé à une plus haute considération;

et à l'occasion des offrandes immondes des Juifs, il voit l'offrande toujours pure et jamais souillée qui sera présentée à Dieu, non plus seulement comme autrefois dans le temple de Jérusalem, mais depuis le soleil levant jusqu'au couchant ; non plus par les Juifs, mais par les Gentils, parmi lesquels il prédit que le nom de Dieu sera grand (MAL., I. 2. ).

Il voit aussi, comme Aggée, la gloire du second temple et le Messie qui l'honore de sa présence; mais il voit en même temps que le Messie est le Dieu à qui ce temple est dédié. « J'envoie » mon ange, dit le Seigneur (Ibid., III. 1. ), » pour me préparer les voies, et incontinent >> vous verrez arriver dans son saint temple le >> Seigneur que vous cherchez, et l'Ange de l'al>>liance que vous désirez. »

Un ange est un envoyé; mais voici un envoyé d'une dignité merveilleuse : un envoyé qui a un temple, un envoyé qui est Dieu, et qui entre dans le temple comme dans sa propre demeure ; un envoyé désiré par tout le peuple, qui vient faire une nouvelle alliance, et qui est appelé, pour cette raison, l'Ange de l'alliance ou du testament.

C'étoit donc dans le second temple que ce Dieu envoyé de Dieu devoit paroître : mais un autre envoyé précède, et lui prépare les voies. Là nous voyons le Messie précédé par son précurseur. Le caractère de ce précurseur est encore montré au prophète. Ce doit être un nouvel Elie remarquable par sa sainteté, par l'austérité de sa vie, par son autorité et par son zèle ( Ibid., III. 1 ; IV. 5, 6.).

Ainsi le dernier prophète de l'ancien peuple marque le premier prophète qui devoit venir après lui, c'est-à-dire cet Elie, précurseur du Seigneur qui devoit paroître. Jusqu'à ce temps le peuple de Dieu n'avoit point à attendre de prophète ; la loi de Moïse lui devoit suffire : et c'est pourquoi Malachie finit par ces mots (Ibid., IV. 4, 5, 6. ): « Souvenez-vous de la loi que j'ai donnée sur le >>mont Horeb à Moïse mon serviteur pour tout » Israël. Je vous enverrai le prophète Elie, qui >> unira les cœurs des pères avec le cœur des en>> fants, » qui montrera à ceux-ci ce qu'ont entendu les autres.

A cette loi de Moïse, Dieu avoit joint les prophètes qui avoient parlé en conformité, et l'histoire du peuple de Dieu faite par les mêmes prophètes, dans laquelle étoient confirmées par des expériences sensibles les promesses et les menaces de la loi. Tout étoit soigneusement écrit; tout étoit digéré par l'ordre des temps : et voilà

ce que Dieu laissa pour l'instruction de son peuple, quand il fit cesser les prophéties.

CHAPITRE XII.

Les temps du second temple; fruits des châtiments et des prophéties précédentes; cessation de l'idolatrie et des faux prophètes.

De telles instructions firent un grand changement dans les mœurs des Israélites. Ils n'avoient plus besoin ni d'apparition, ni de prédiction manifeste, ni de ces prodiges inouïs que Dieu faisoit si souvent pour leur salut. Les témoignages qu'ils avoient reçus leur suffisoient; et leur incrédulité, non-seulement convaincue par l'événement, mais encore si souvent punie, les avoit enfin rendus dociles.

C'est pourquoi depuis ce temps on ne les voit plus retourner à l'idolâtrie, à laquelle ils étoient si étrangement portés. Ils s'étoient trop mal trouvés d'avoir rejeté le Dieu de leurs pères. Ils se souvenoient toujours de Nabuchodonosor, et de leur ruine si souvent prédite dans toutes ses circonstances, et toutefois plus tôt arrivée qu'elle n'avoit été crue. Ils n'étoient pas moins en admiration de leur rétablissement, fait, contre toute apparence, dans le temps et par celui qui leur avoit été marqué. Jamais ils ne voyoient le second temple sans se souvenir pourquoi le premier avoit été renversé, et comment celui-ci avoit été rétabli: ainsi ils se confirmoient dans la foi de leurs Ecritures auxquelles tout leur état rendoit témoignage.

On ne vit plus parmi eux de faux prophètes. Ils s'étoient défaits tout ensemble de la pente qu'ils avoient à les croire, et de celle qu'ils avoient à l'idolatrie. Zacharie avoit prédit par un même oracle que ces deux choses leur arriveroient(ZACH., XIII. 2, 3, 4, 5, 6. ). En voici les propres paroles: «< En ces jours, dit le Seigneur Dieu des armées, » je détruirai le nom des idoles dans toute la >> Terre-Sainte; il ne s'en parlera plus; il n'y >> paroîtra non plus de faux prophètes, ni d'esprit impur pour les inspirer. Et si quelqu'un se mêle » de prophétiser par son propre esprit, son père >> et sa mère lui diront: Vous mourrez demain, >> parce que vous avez menti au nom du Sei» gneur. » On peut voir, dans le texte même, le reste qui n'est pas moins fort. Cette prophétie eut un manifeste accomplissement. Les faux prophètes cessèrent sous le second temple : le peuple rebuté de leurs tromperies n'étoit plus en état de les écouter. Les vrais prophètes de Dieu étoient lus et relus sans cesse : il ne leur falloit point de

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commentaire; et les choses qui arrivoient tous les jours, en exécution de leurs prophéties, en étoient de trop fidèles interprètes.

CHAPITRE XIII.

La longue paix dont ils jouissent, par qui prédite.

En effet, tous leurs prophètes leur avoient promis une paix profonde. On lit encore avec joie la belle peinture, que font Isaïe et Ezechiel (Is., XLI. 11, 12, 13; XLIII. 18, 19; XLIX. 18, 19, 20, 21; LII. 1, 2,7; LIV, LV, etc.; LX. 15,16, etc.; EZECH., XXXVI, XXXVIII. 11, 12, 13, 14. ), des bienheureux temps qui devoient suivre la captivité de Babylone. Toutes les ruines sont réparées, les villes et les bourgades sont magnifiquement rebâties, le peuple est innombrable, les ennemis sont à bas, l'abondance est dans les villes et dans la campagne; on y voit la joie, le repos, et enfin tous les fruits d'une longue paix. Dieu promet de tenir son peuple dans une durable et parfaite tranquillité ( JER., XLVI. 27. ). Ils en jouirent sous les rois de Perse. Tant que cet empire se soutint, les favorables décrets de Cyrus qui en étoit le fondateur, assurèrent le repos des Juifs. Quoiqu'ils aient été menacés de leur dernière ruine sous Assuérus, quel qu'il soit, Dieu, fléchi par leurs larmes, changea tout à coup le cœur du Roi, et tira une vengeance éclatante d'Aman leur ennemi (ESTH., Iv, v, VII, VIII, IX.) Hors de cette conjoncture qui passa si vite, ils furent toujours sans crainte. Instruits par leurs prophètes à obéir aux rois à qui Dieu les avoit soumis (JER., XXVII. 12, 17; XL. 9; BAR., I. 11, 12.), leur fidélité fut inviolable. Aussi furent-ils toujours doucement traités. A la faveur d'un tribut assez léger, qu'ils payoient à leurs souverains, qui étoient plutôt leurs protecteurs que leurs maîtres, ils vivoient selon leurs propres lois; la puissance sacerdotale fut conservée en son entier ; les pontifes conduisoient le peuple; le conseil public, établi premièrement par Moïse, avoit toute son autorité, et ils exerçoient entre eux la puissance de vie et de mort, sans que personne se mêlât de leur conduite. Les rois l'ordonnoient ainsi (1. ESDR., VII. 25, 26.). La ruine de l'empire des Perses ne changea point leurs affaires. Alexandre respecta leur temple, admira leurs prophéties et augmenta leurs priviléges (JOSEPH., Ant., l.XI, c. 8; et l. II. cont. APION. n. 4.). Ils eurent un peu à souffrir sous ses premiers successeurs. Ptolomée fils de Lagus surprit Jérusalem, et en emmena en Egypte cent mille captifs (Ibid., Ant., l. XII, c. 1, 2; et l. II. cont.

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