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Pas un ne donne, pas un n'a pu se procurer les conclusions contraires de M. Feuilloley, et le colonel du Paty de Clam, qui a su dédaigner, avec une admirable abnégation, par respect pour la discipline, les injures et les diffamations des journaux vendus aux dreyfuzolards, le colonel du Paty de Clam voit maintenant ces infamies, contresignées et publiquement répandues par M. le juge d'instruction Bertulus, emprunter une ombre de crédit non à l'honorabilité suspecte de cet extraordinaire magistrat, mais à l'autorité que lui laisse encore sa fonction !

V

Dilemme relatif à du Paty.

Cette fois la mesure est comble.

Ou Bertulus a raison et on se demande comment M. du Paty de Clam a pu reprendre aujourd'hui le chemin de son bureau, diriger l'important service qui lui est confié.

Ou Bertulus a commis une infamie, et pourquoi alors l'officier, exposé aux vengeances des dreyfusards et de leur allié, n'est-il pas délivré du silence héroïque qu'il garde ou couvert publiquement par ses chefs?

Je vous défie de sortir de ce dilemme.

Et que la chambre des mises en accusation déclare Bertulus compétent ou incompétent, il n'importe !

On a engagé M. du Paty dans le maquis de la procédure, sûr qu'il ne s'en tirerait jamais entier.

Et c'est cela qui est infâme.

Bertulus compétent, c'est le triomphe de la bande. Bertulus ramené par la Chambre des mises en accusation à une plus exacte notion de devoirs qu'il ne connaît plus et ne sut jamais pratiquer, c'est pour les journaux qu'il renseigne l'occasion de clamer: « Peut-être n'y a-t-il pas de délit en droit, mais les actes reprochés au colonel du Paty, il les a bien perpétrés!» Que si on

renvoie M. du Paty devant un conseil de guerre, et que ses membres, dans leur indépendance, se hâtent de l'acquitter, on dira qu'ils jugèrent par ordre !

Cela s'appelle la justice!

Supposez qu'un autre traître que le misérable prisonnier de l'île du Diable se trouve un jour au sein de notre armée, qui donc osera le poursuivre, qui donc remplira vis-à-vis de lui, sans passion comme sans faiblesse, le devoir, tout le devoir, si, pour l'avoir rempli, M. du Paty est livré à d'aussi cruelles représailles?

Là est la question, messieurs du ministère. Vous êtes le gouvernement: gouvernez!

Si M. du Paty est coupable, pourquoi reste-t-il en fonctions?

S'il ne l'est pas, jusques à quand, sous prétexte de compétence, avec les habiletés de procédure, et au prix de complaisances criminelles, laisserez-vous se perpétuer un gâchis qui pourrait devenir mortel et livrerezvous sans défense, en leur ordonnant de se taire, nos meilleurs officiers aux Bertulus et aux Picquart?

CHAPITRE TROISIÈME

Article de Cassagnac. Article de M. Arthur Loth.

Les articles précédents de Rochefort et de Cassagnac, de l'Intransigeant, de l'Autorité et de la LibreParole révélaient des divergences de vue notables entre les trois journaux sur la question Bertulus. Ces divergences furent encore accentuées par l'article publié le 31 juillet, par Cassagnac, dans l'Autorité du 1er août, sous le titre : « Le Conflit judiciaire ».

I

La querelle Bertulus-Feuilloley.

On a vu qu'un conflit judiciaire vient de s'engager entre M. le juge d'instruction Bertulus et M. le procureur de la république Feuilloley.

M. BerC'est à la suite de l'ordonnance rendue par tulus, ordonnance d'après laquelle il se déclare compétent << pour instruire sur la plainte déposée en son cabinet de juge d'instruction, le 25 juillet, par M. Georges Picquart, partie civile, contre le lieutenant du Paty de Clam, CELUI-CI CONSIDÉRÉ SEULEMENT EN TANT QUE COMPLICE DES CRIMES DE FAUX, USAGE DE FAUX ET COMPLICITÉ, relevés, par réquisitoire du 12 juillet 1898,

contre Walsin-Esterhazy, officier en non activité pour infirmités temporaires, et la fille Pays ».

Traduit en langue ordinaire et intelligible, cela signifie que M. le juge d'instruction Bertulus veut poursuivre le colonel du Paty de Clam comme complice des FAUX commis par Esterhazy et la fille Pays, et qu'il entend le mener en cour d'assises, en leur société.

Quel est le sens de l'opposition faite à cette ordonnance par le procureur de la république?

Elle veut dire que le Procureur de la République, n'admettant pas que la plainte contre le colonel du Paty de Clam soit fondée, n'accepte point que les tribunaux civils soient compétents pour connaître de cette plainte.

Le colonel du Paty de Clam ne serait justiciable des tribunaux civils que si l'on pouvait établir un lien de connexité entre les faits exposés dans la plainte et ceux pour lesquels un complice civil, madame Pays, est déjà poursuivi.

II

Bertulus se montre indépendant.

En ce cas, la situation est réglée par l'article 76 du Code militaire, qui dit formellement :

« Lorsque la poursuite d'un crime, d'un délit ou d'une contravention comprend des individus non justiciables des tribunaux militaires et des militaires ou autres individus justiciables de ces tribunaux, tous les prévenus indistinctement sont traduits devant les tribunaux ordinaires. >>

Or, toute la question est là.

Le colonel du Paty de Clam peut-il, d'après les charges qui pèsent sur lui, être accusé de complicité de faux, avec des civils ?

Si oui, il est entraîné devant la justice civile.

Si non, il appartient aux tribunaux militaires.

Monsieur le juge d'instruction est pour l'affirmative; monsieur le procureur de la république pour la négative.

Le conflit devra être porté devant la Chambre des mises en accusation, qui prononcera.

Et celui des deux qui sera battu ne manquera pas d'aller en cassation.

Ce qui fait, comme on le voit, que l'affaire, même au point de vue du droit pur, n'est pas près d'être close. Aussi bien, n'est-ce pas à ce point de vue spécial que nous nous placerons pour l'examiner.

La forme regarde les Brid'oisons de la bazoche.

Elle n'offre qu'une importance fort secondaire aux yeux du public.

Pour lui, un fait brutal, inattendu, déconcertant, se produit.

C'est l'inculpation de complicité de FAUX, contre le colonel du Paty de Clam.

Il y a là quelque chose d'ahurissant.

D'autant que l'accusation, si elle n'était étayée que sur les affirmations de l'ex-colonel Picquart, n'aurait qu'une valeur très restreinte.

Mais elle est retenue et soutenue par le juge d'instruction, qui affirme que les charges sont suffisantes. Voilà ce qui est particulièrement grave, et d'une gravité telle, que l'opinion publique tout entière en reste impressionnée.

Nous n'aimons guère, on le sait de reste, les juges d'instruction de la Répnblique : comme les z'homards de la chanson, ce sont de « sales bêtes ».

A de rares exceptions près, ils se sont montrés insolents envers les particuliers et serviles vis-à-vis du pouvoir.

Leur férocité professionnelle à l'égard des justiciables n'est égalée que par leur abjection en face des ministres qui peuvent favoriser leur carrière.

Dans les affaires du Panama, des Chemins de fer du Sud-Ouest, ils ont été plus ou moins ignobles.

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