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que celui que les Syriens donnoient de toute antiquité à cette

ville, peut-être avant l'époque de sa fondation ou de sa restauration par le roi Tigrane. Faustus de Byzance et Moyse de Khoren, historiens qui vivoient à une époque assez rapprochée du temps où Tigranocerte étoit dans toute sa splendeur, en parlant du fameux siége d'Amid en 359, par Sapor, roi de Perse, et dont Ammien-Marcellin nous a conservé la relation (1), nomment la ville assiégée alors par les armées Persanes Dikranagerd, et ils ne font aucune mention du nom d'Amid. « Les Persans, dit Faustus de Byzance, renversèrent beaucoup » de châteaux, ruinèrent des forts, prirent et dévastèrent la grande ville de Dikranagerd, qui est dans le pays d'Aghds» nik❜h, et soumise au Peteschkh [commandant militaire ] ; ils » y détruisirent quarante mille maisons, dont ils emmenèrent » les habitans en captivité, et fondirent ensuite sur la grande Sophène (2). » Moyse de Khoren, qui parle plus au long du siége de Tigranocerte (3), s'accorde avec Faustus de Byzance pour ne pas donner d'autre nom à cette ville; et tous les écrivains qui les ont suivis jusqu'à nos jours, l'ont toujours appelée indifféremment Amid ou Tigranocerte (4).

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Les Arméniens prétendent que la ville de Tigranocerte a été

(1) Lib. XVIII, cap. 9 et 10; lib. XIX, cap. 1-9.

(2) Եւ զբազում՝ ամուրս` քաղէին. եւ զբերդս՝ աւերէին զամուրս : Եւ առին աւերեցին` զմեծ քաղաքն Տիգրանակերտ՝. որ էր ի գաւառին Աղձնեաց` յիշխանուի բդեչ խին. խռ. երդ զայն այն Հետայն ի դերու թիւն խաղացուցին . եւ ինքնանք ի Ծոփս մեծ- արշաւեցին։ Faustus Byzant. lib. IV, cap. 24, p. 221.

(3) Lib. 11, cap. 28, p. 261 et 262.

(4) Mathieu d'Édesse, fol. 77 rect. (ms. Arm. n.° 95) — Géographie de Vartan, ci-après. — Arhak'heal, chap. 2, p. 9 et 10. - Schamir, chap. 6, p. 142. Tchamtch. tom. 1, passim, et tom. II, p. 845.

fondée par un de leurs anciens rois nommé Tigrane, qui vivoit dans le sixième siècle avant J.C. Ce prince étoit contemporain de Cyrus et il est mentionné dans la Cyropédie de Xénophon. Après qu'il eut vaincu le roi des Mèdes Astyage on Ajtahag, il fit don de cette ville à sa sœur Dikranouhi, qui étoit femme de ce roi ; il lui abandonna la possession du pays environnant, et il accorda à sa postérité tous les droits des princes issus de la race royale (1). Les Grecs ne donnent pas à beaucoup près à Tigranocerte une aussi grande antiquité; ils s'accordent tous à en attribuer la fondation au célèbre Tigrane (2), de la race des Arsacides, qui ne fit peut-être que la restaurer; Strabon ajoute même que ce prince y établit les habitans de douze villes Grecques qu'il avoit ruinées. Appien (3) donne à la ville de Tigranocerte le nom de Tigranopolis, qui n'est que la traduction Grecque du nom Arménien. Il est assez probable que les Grecs ont confondu la fondation de notre ville de Tigranocerte sur le Tigre, avec celle d'une autre ville du même nom qui étoit dans l'Arménie septentrionale et dans le voisinage de l'Ibérie (4). Les Arméniens placent cette dernière dans le canton d'Erendchag, dépendant de la province de Siounik'h; c'est, selon eux, l'endroit appelé Abarner (5), dont nous avons déjà parlé. Abaran, l'un des anciens noms de ce lieu, signifie en arménien, palais, résidence royale; ce nom lui venoit sans doute des édifices que Tigrane ou d'autres princes avoient fait élever.

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(1) Mos. Khor. lib. 1, cap. 29, p. 71.

(2) Strabon, lib. x1, p. 532. — Appian. de Bello Mithr. tom. I, p. 772. Plutarch. in Lucul. tom. 1, p. 508, edit. Ruald.

(3) De Bello Mithrid. tom. I, p. 741, ed. Schwaigh.

(4) Strab. lib. X1, p. 532.

Un peu au midi d'Amid, aussi sur le Tigre, on trouve une ville assez forte qui paroît de même avoir fait, dans l'antiquité, partie de la province Arménienne d'Aghdsnik'h, et qui a été comprise depuis dans la Mésopotamie; c'est la ville appelée en arabe Hisn-Kaifa, c'est-à-dire, forteresse de Kaifa. Les Syriens la nomment Hesn Kepha (1) : il en est question, dans la Notice de l'empire, sous le nom de Castrum Cepha (2). Procope l'appelle Ciphas, et nous apprend que l'empereur Justinien fit relever ses fortifications (3). Elle étoit, au commencement du dernier siècle, gouvernée par un sandjak Turc dépendant du pacha d'Amid (4).

XIII. Mogk'h.

Cette province étoit limitrophe de celle d'Aghdsnik'h, à l'orient du Tigre, dans les montagnes du Kurdistan : au nord, elle étoit bornée par les provinces de Dourouperan et de Vasbouragan; à l'orient, par celle de Gordjaik'h ; et au midi, par la partie de l'Assyrie que les Arméniens appellent Arovasdan Conźwumur oụ Arovatsasdan Lunźwywumuu (5), et qui paroît être la même que la région nommée Arrapachitis par Ptolémée (6), du côté de la ville actuelle de Mousoul. C'est peut-être le pays appelé par Ammien Marcellin (7) Moxoène, et qui devoit être situé dans le voisinage d'Amid. Il fut conquis par les Romains sur les Persans du temps de Dioclétien;

(1) Assemani, Bibl. Or. tom. III, part. 2, p. 756.
(2) Notitia dignitatum utriusque imperii, p. 230.
(3) Procop. de Edif. Justin. lib. 11, p. 36.

(4) Djihan-numa, p. 437 et 438.

(5) Faustus Byzant. lib. IV, cap. 20, p. 204. (6) Geogr. lib. vi, cap. I.

(7) Lib. xxv, cap. 7.

mais il fut abandonné de nouveau à ces derniers, après la mort de Julien l'Apostat. La position du pays connu des Arméniens sous le nom de Mog ou Mogk'h convient beaucoup mieux à cette région, que celle du pays actuel de Mousch que lui donne d'Anville (1); l'inspection seule du texte d'Ammien Marcellin suffit pour en convaincre : son nom s'est conservé jusqu'à nos jours; dans les mêmes lieux, il existe une ville assez considérable appelée Mekes, qui est située sur les rives du Khabour et est possédée par un prince Kurde dépendant du pacha de Wan (2). Toute l'ancienne province de Mog est maintenant au pouvoir des princes Kurdes indépendans ou tributaires du pacha de Wan, et dont le plus puissant est celui d'Amadyah ɖɔɔ, en syriaque Imadyah (3). Ce prince réside dans une forteresse située sur une montagne fort élevée, à trois journées au nord-est de Mousoul; sa famille est la plus ancienne de toutes celles qui règnent dans le Kurdistan (4). Du temps des rois d'Arménie, la province de Mog étoit gouvernée par des princes particuliers, dont les descencendans régnoient encore sur la même contrée au commencement du dixième siècle (5). Ce pays étoit partagé en neuf petits cantons dont il nous est impossible de déterminer la position respective. Nous ne connoissons qu'un très-petit nombre de villes dans cette province; les principales sont les suivantes:

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bqur Hizan, qm Hzou ou Juqni Khzou, bourg avec

(1) Géogr. abrég. tom. II, p. 105.

(2) Djihan-numa, p. 411 et 421.

(3) Greg. Bar-Heb. Chron. Syr. p. 460, 462, 469.

(4) Abou❜lféda, Géogr. fol. 74 rect. - - Garzoni, Prefazione della

Grammatica Kurda, p. 4.

une forteresse assez ancienne, près du mont Sim et du pays de Sasoun. On la nomme en arabe Hyzan

j; elle est au pouvoir d'un prince Kurde (1).

ou Khyzan

4b Algi, ville qui, selon Moyse de Khoren (2), étoit dans le voisinage du canton de Dmoris, dépendant de la province de Gordjaik'h.

XIV. Gordjaik'h.

Cette province s'appeloit encore pup Kortaik'h et \nnźwy wyfvwp Gortovats aschkharh, ou pays des Kurdes. Le nom de Gordjaik'h étoit ́sans doute composé, dans l'origine, du nom de la nation Kurde et de celui des Arméniens, et il signifioit Arménie Kurde. Ce pays paroît répondre à la partie de l'Arménie connue des anciens sous les noms de Gordene (3), de Gordyena (4), de Cordouene (5) et de Cardouene (6). Il étoit borné à l'occident par la province de Mog, au nord par celle de Vasbouragan, à l'orient par l'Arménie Persane, et au sud par l'Assyrie; il est maintenant possédé tout entier par des princes Kurdes, dépendant plus ou moins du pacha de Van. Il contenoit autrefois onze petits cantons, dont les plus connus sont ceux de Gortouk'h Upp et de Gortrik'h Innrbe, qui répondent peut-être à la région nommé Cortaa

(1) Abou❜lféda, Annal. Mosl. tom. III, p. 486. - Djihan-numa, Tchamtch. Hist. d'Armén. tom. III, p. 423, 460 et 537. p. 421.

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(2) Lib. 11, cap. 50, p. 168.

(3) Ptol. lib. v, cap. 13.

(4) Strab. lib. XVI, p. 747. — Plut. in Lucul. tom. 1, p. 508, 512 et in Pomp. p. 638, edit. Ruald.

(5) Dion. Cass. tom. 1, lib. xxxv11, p. 114. - Amm. Marcel. lib. XXIV, cap. 8; lib. xxv, cap. 7.-Plin. lib. vi, cap. 15.

(6) Petr. Patr. in Excerpt. de legat. p. 30,

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