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On l'appelle aussi quelquefois Daria-schirin, ce qui signifie mer douce, pour le distinguer sans doute des autres lacs de l'Arménie, dont l'eau est salée. Dans la haute antiquité, les Arméniens donnoient à ce lac les noms de lac de Kegham Smf Pliqunluy, de celui d'un ancien roi d'Arménie, et de laċ de Keghark'houni &mf Jkqwppning, du nom d'un petit canton situé sur ses rives occidentales (1). Il s'étend du nord'ouest au sud-est, dans une longueur assez considérable: sa largeur est beaucoup moindre, comme on peut le voir dans la dernière édition de l'Atlas Russe; il est par-tout environné de hautes montagnes.

Outre les grands lacs dont nous venons de parler, l'Arménie en renferme beaucoup d'autres d'une moindre étendue. Dans le pays de Vanant, au nord-est de la ville de Kars, on trouve un lac assez considérable, qui porte actuellement le nom de Balagatsis Muqwhшybu, ou vulgairement celui de P'halath unu (2). Dans la carte de la Géorgie publiée en 1766 par Joseph-Nicolas Delisle, on voit au milieu de ce lac une île de Palakatsia, qui lui a vraisemblablement donné son nom; dans la dernière édition de l'Atlas Russe, il est appelé de même. Il paroît que les Arméniens appeloient anciennement le lac de Balagatsis, lac du nord ծ-ովակ Հիւսսոյ, sans doute à cause de sa position à l'extrémité de leur pays. En parlant des voyages du roi Vagharschag dans la partie septentrionale de l'Arménie, Moyse de Khoren nous fait connoître ce lac; après avoir fait mention des pays de Pasen et de Vanant, il dit : « Lorsque la rigueur du froid et l'âpreté des

(1) Mos. Khor. Hist. lib. 1, cap. 11, p. 33.

(2) Tchamtch. Hist. d'Arménie, tom. II, p. 907, et tom. III (table),

P. 177.

»vents se firent sentir, le Roi se mit en marche et descendit » dans une grande plaine, et il y campa auprès d'un grand » marais, dans le lieu où un fleuve considérable, qui sort du » lac du nord, vient se mêler à ce grand marais (1). » Ce fleuve paroît être le fleuve Rhah, dont nous avons déjà parlé (2).

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Au-delà des montagnes de Vanant, du côté du nord et sur la rive droite du Kour, dans les cantons qui firent partie, dans l'antiquité, de la province Arménienne de Koukar, et qui sont actuellement compris dans la haute Géorgie, qui est au pouvoir des Turcs, il existe une grande quantité de petits lacs qui ne se trouvent que sur les cartes du Caucase de Guillaume et de Joseph-Nicolas Delisle, qui avoient eu à leur disposition des matériaux qu'ils avoient reçus des princes Géorgiens qui étoient venus à Pétersbourg. Les plus grands de ces lacs sont

ceux de Schomo et de P'haravani ფარავანი.

La partie de la province d'Ararad située au nord de l'Araxes, renfermoit encore un petit lac appelé Kaïlod, mluh Puyլոտոյ. Il étoit sans doute dans un canton où il se trouvoit beaucoup de loups, car un signifie en arménien, un lieu rempli ou infesté de loups. Une rivière nommée Arhounamu, sortoit de ce lac et alloit se jeter dans l'Araxes, après avoir arrosé la petite ville de Dadea, que le roi d'Arménie Diran I donna, dans le deuxième siècle de notre ère, au persan Trovasb, qui étoit son ami (3). Il est difficile de déterminer la partie du

(1) իսկ ի ցրտանալ հիւսիսց , եւ ի դառն Հողմ փչելց, խաղայ՝ իջանէ ՛ի դաշտն մեծ, եւ ադ՝ զափամբ մօրին մեծի` բնակի ՚ի տեղւոջ` ուր գետն մեծ` ի ծովակէն Հիւսիսոյ՝ սկիզբն առեալ՝ իջանէ, եւ խառնի ի Sopre utd: Lib. 11, cap. 6, p. 91.

(2) Vide suprà, p. 39.

(3) Mos. Khor. Hist. lib. 11, cap. 59, p. 179.- Voyez ci-après,

pays

d'Ararad où étoit situé le lac de Kaïlod; nous n'avons pas, pour le faire, assez de renseignemens positifs sur la topographie de cette province : je suis cependant porté à croire qu'il répond à un lac nommé actuellement Karasou, qui se trouve sur les cartes du grand Atlas russe. Ce lac est d'une petite étendue, et il en sort une rivière qui, peu loin de là, se jette dans l'Araxes entre l'Arpah-tchai et le Zenghy.

Les environs de la ville d'Arzroum sont remplis d'une trèsgrande quantité de petits lacs, qui ont fait donner aux montagnes du voisinage le nom de montagnes de Bing-Gueul

JSA ou des mille lacs. C'est dans cette partie de l'Arménie

بيك كول

que l'Euphrate prenoit sa source, et qu'il formoit un lac marécageux, rempli de poissons et d'oiseaux sauvages qui servoient à la nourriture des habitans du pays (1). Lazare P’harbetsi appelle ce marais le lac de Garin &ny \jwpung, du nom de la province dans laquelle il se trouvoit (2).

Dans la partie de l'Arménie située au midi du Mourad-tchaï, vers les sources du Tigre, il existe un grand nombre de petits lacs dont les noms nous sont pour la plupart inconnus. Au nordouest de la ville d'Amid, on trouve un lac appelé lac de Kharpert ծովակ Խարբերդի ou lac d’ Arghni ծովակ Արղնւոյ, du nom de deux villes qui se trouvent dans son voisinage; il est environné par-tout de hautes montagnes. Les Turcs le connoissent sous le nom de Gueuktcheh ou bleu: on trouve au milieu une antique forteresse nommée Dzovk'h, qui, à la fin du onzième siècle, étoit possédée par des princes issus de la race royale des Arsacides, et où le patriarche d'Arménie Grégoire III, qui étoit de la même famille, fixa sa résidence en

(1) Mos. Khor. lib. 111, cap. 59, P. 309.

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(2) Hist. des Vartanéans et des Vahanéans, p. 259.

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fan 1125: les ruines de cette forteresse existent encore actuellement (1). Le lac d'Arzen jö

est au milieu d'une

plaine à l'orient du Tigre. Entre le lac d'Ourmiah et celui de Van, on en trouve un autre d'une petite étendue, qui se

(2) أوه جك كولى nomme Ouehdjek

shoogl (2).

§ III. Provinces de l'Arménie.

Sous le règne des rois de la dynastie des Arsacides, la grande Arménie étoit divisée en quinze provinces, subdivisées en une très-grande quantité de petits cantons, dont un grand nombre formoient des souverainetés particulières. La plupart de ces provinces ont perdu leur ancien nom ; celles qui l'ont conservé plus ou moins exactement, ne sont désignées par lui que dans les livres des Arméniens, et il est à-peu-près ignoré des étrangers, qui se servent presque toujours d'un nom différent.

Les quinze grandes provinces de l'Arménie étoient, au nord, en allant de l'ouest à l'est, 1.° la haute Arménie Pupp uye, 2.° Daikh Sш, 3.° Koukark’h Jmqupp, 4.° Oudi

b; au centre, en allant aussi de l'ouest à l'est, 5.o la quatrième Arménie Qnppńpn Zuję, 6.° Dourouperan SL pazfkpuiu, 7°°o Ararad pupш, au milieu de toutes les րուբերան autres ; 8.° Vasbouraganɩ] wшynı.puhur, 9.° Siounik'h be upp, 10.° Artsakh Lyшlu, et 11.° P'haidagaran uyնիք mшhupu; au midi étoient, 12.° Aghdsnik'h

be, 13.o Mogk'h np, 14.° Gordjaik'h \npšuję, et enfin 15.° l'Arménie Persane upiwjp.

L'auteur de la géographie attribuée à Moyse de Khoren nous a conservé les noms de toutes les subdivisions de ces

(1) Djihan-numa, p. 439. — Mich. Tchamtch. tom. III, p. 18, 32 Sestini, Voyage à Bassora, chap. 7, p. 88 et 89; trad. Franç

et 52.

(2) Djihan-numa, p. 427.

provinces: mais dans la pénurie où nous sommes de connois. sances positives sur l'Arménie, il est extrêmement difficile de pouvoir déterminer, d'une manière certaine, la situation de toutes; nous nous contenterons d'en faire connoître quelquesunes, en parlant des villes qu'elles renferment.

I. Haute Arménie.

La haute Arménie étoit située dans la partie nord-ouest de la grande Arménie; elle étoit bornée à l'orient par les provinces de Daik'h et d'Ararad, au midi par le Dourouperan et la quatrième Arménie, à l'ouest par l'Euphrate et la petite Arménie, et enfin au nord par le territoire de Trébizonde et la partie de la Colchide habitée par les Lazes. Cette province, comme son nom l'indique, se trouvoit dans la partie la plus élevée de l'Arménie, et couverte, dans presque toute son étendue, de hautes montagnes qui donnent naissance à la plupart des grands fleuves de ce pays, tels que l'Euphrate, le Djorokh, le Cyrus, l'Araxes et beaucoup d'autres moins considérables. Elle contenoit neuf petits cantons. Maintenant elle est soumise à l'empire Turc, et elle forme la plus grande partie du pachalik d'Arzroum.'

Nous allons à présent faire connoître successivement les principales villes de la haute Arménie.

Garin pliu, ville célèbre dans l'orient sous le nom

ارض روم d'Arzroum dans le pays, اوزن الروم ou Arzen-erroum

de Garin dont nous avons déjà parlé. Elle est la plus grande ville de la haute Arménie, et même de toute l'Arménie, après Amid. Les Arméniens lui ont donné le nom du pays au milieu duquel elle se trouvoit; car son véritable nom étoit celui de Théodosiopolis, qui lui fut donné en l'honneur de l'empereur Théodose le jeune, par Anatolius, général des armées de ce

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