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jusqu'à présent une grande importance; elle est l'une des principales villes du pachalik d'Arzroum (1).

Abu Thiln, bourg situé près de la ville dont nous venons de parler, sur la rive méridionale du fleuve Kail, dans la même province, paroît être la ville de Thalina mentionnée dans Ptolémée (2). Avant l'établissement du christianisme en Arménie, il y existoit un fameux temple consacré à la déesse Nané, qui fut détruit par S. Grégoire. Les patriarches Verthanès et Arisdagès, fils de ce personnage, et son descendant S. Nersès I, furent enterrés dans ce bourg (3).

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Uh Ani, forteresse très-souvent mentionnée dans l'histoire d'Arménie, et qu'il faut soigneusement distinguer de la ville d'Ani, capitale de toute l'Arménie. On la nomme vulgairement Gamakhulu et en turc Kemakh; elle est appelée Camacha Káμaxa, dans Constantin Porphyrogénète (4), et Kamak par Grégoire Bar-Hebræus, dans sa Chronique Syriaque (5). Cette forteresse, qui est très-ancienne, est située sur la rive occidentale de l'Euphrate et dans la province de Taranaghi. Au commencement du troisième siècle de notre ère, lorsque le roi d'Arménie, Khosrov I, périt par trahison, et qu'Ardeschir, roi de Perse, s'empara de ses états, le général

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(1) Math. d'Édesse (ms. Arm. n.o 99), fol. 126 et passim.—Samuel Anetsi (ms. Arm. n.o 96), fol. 44 rect. et passim. Arhak❜heal, cap. 55, p. 591, 592, &c. — Djihan-numa, p. 424. (2) Géogr. lib. v, cap. 13.

(3) Agathang. Hist. de S. Grég. p. 352. — Faustus Byzantinus, lib. 111, cap. 2, p. 9; lib. v, cap 24, p. 322, Mos. Khor. lib. 11, cap. 13,

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p. 108; cap. 88, p. 225; lib. 111, cap. 2. p. 232; cap. 38, p. 278.— Jean Patr. (ms. Arm. n.° 91), ch. 8, p. 65; chap. 9, p. 86. — Mesrob,

vie de S. Nersés, cap. 1, p. 56; cap. 10, p. 129.

(4) De Administr. imp. cap. 50, p. 183.

(s) Page 128.

Oda Amadouni, Khosrovitoukhd, sœur du roi d'Arménie, et tous les partisans de ce prince, se réfugièrent dans Ani, et ils y résistèrent avec tant de courage aux attaques des Persans, que ces derniers ne purent s'en rendre maîtres (1). Ani renfermoit un temple célèbre, consacré au dieu Aramazt, qui contenoit un grand nombre de monumens littéraires, et qui fut détruit, au commencement du quatrième siècle, par les ordres de S. Grégoire (2). On gardoit aussi dans cette même ville les trésors des rois d'Arménie, et on y voyoit les tombeaux de la plupart d'entre eux; il paroît même que c'est de là que lui vient son nom moderne de Gamakh, dérivé de hulp, qui en arménien signifie les restes d'un cadavre (3). Vers la fin du quatrième siècle, tous ces tombeaux furent détruits, à l'exception de celui de Sanadroug, par le prince Meroujan Ardzrouni, qui commandoit les armées du roi de Perse en Arménie, après la mort du roi Arschag II (4). Les empereurs de Constantinople entretinrent ensuite dans la ville de Gamakh, jusque vers le onzième siècle, une forte garnison pour protéger la partie orientale de leurs états contre les invasions des musulmans; cet endroit n'est plus maintenant qu'un bourg dépendant d'Arzroum, qui est très-peuplé, et défendu par une forteresse (5).

mui Thortan, bourg de la province de Taranaghi, qui porte encore le même nom, et dont l'origine remonte à une époque très-reculée; il est situé à l'orient de l'Euphrate. Dès

(1) Mos. Khor. lib. 11, cap. 74, p. 199.

(2) Agathang. Hist. de S. Grég. p. 351.- Mos. Khor. lib. II, cap. 13, p. 108.

(3) Tchamtch. Hist. d'Arm. tom. II, p. 10.

Grég. Bar

(4) Faustus Byzant. lib. 111, cap. 2, p. 42; lib. IV, cap. 24, p. 222, (5) Const. Porphyr. de Admin. imp. cap. 50, p. 183.

le premier siècle avant l'ère chrétienne, il étoit célèbre en Arménie par un magnifique temple consacré au dieu Parscham, qui fut détruit dans la suite par le patriarche S. Grégoire (1). Ce patriarche fut enterré dans ce même endroit, ainsi que quelques-uns de ses successeurs, et on va encore actuellement y visiter son tombeau avec vénération (2).

ագառինջ Pakarhindch, ագայառինջ Pakaïarhin– dch, ou fuqun Pakarhidj, ville qui étoit située dans la province de Terdchan, au midi de celle de Garin. Il y existoit, au commencement du quatrième siècle, un temple consacré au dieu Mithra ou Mihr, qui, selon Moyse de Khoren, étoit le même que Vulcain; il fut détruit par les ordres de S. Grégoire (3).

II. Daik'h.

La province de Daik'h Sung whшp étoit située au nord-est de la haute Arménie, au nord de la province d'Ararad, à l'ouest de celle de Koukark'h, à l'est du pays de Khaghdik'h et de celui des Lazes, et enfin au sud de la partie de la Colchide et de l'Ibérie qui forme actuellement le royaume de Gouriel. Les Arméniens l'appellent maintenant yłu wym երկիր et Ախլցխայու աշխարհ, terre ou pays d' Akheltskha.

li est compris dans le Zemo-kharthli ზემო- ქართლი

(1) Agathang. Hist. de S. Grég. p. 351.- Mos. Khor. lib. 11, cap. 13, p. 108.

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(2) Faust. Byz. lib. 111, cap. 2, p. 9; cap. 11, p. 43, &c. — Mos. Khor. lib. 11, cap. 88, p. 220. Jean Patr. (ms. Arm. n.o 91), cap. 8, p. 66; c. 9, p. 71; cap. 111, p. 550.-Mesrob, Vie de S. Nersès, cap. 1, p. 56. Samuel Anetsi (ms. Arm. n.o 96), fol. 19 v. et 22 v. (3) Agathang. Hist. de S. Grég. p. 354.-Mos. Khor. lib. 11, cap. 13, pag. 108.

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ou haute Géorgie, et soumis à la domination des Turcs, qui le font gouverner par un pacha résidant à Akhal-tsikhe.

La province de Daik'h étoit coupée dans tous les sens par de hautes montagnes, et arrosée par une grande quantité de rivières qui portent leurs eaux dans la mer Noire par le fleuve Djorokh, et dans la mer Caspienne par le Kour. Elle est couverte de grandes forêts et de jardins fort agréables, qui produisent en abondance des fruits de tous les genres: elle contenoit aussi beaucoup de forteresses; aussi l'une de ses subdivisions s'appeloit (pnwy my Piertats-p'hor [la vallée des forteresses], tandis qu'une autre se nommoit ¶upmp_ qwy np Bardizats-p'hor, c'est-à-dire, la vallée des jardins (1). Après la destruction du royaume d'Arménie, le pays de Daik'h passa sous la domination des empereurs de Constantinople, qui n'en jouirent jamais bien paisiblement, parce que les princes Mamigonians qui y avoient une partie de leurs possessions héréditaires, et ensuite les Géorgiens, les y inquié tèrent perpétuellement (2). La souveraineté en resta enfin entre les mains des Géorgiens, qui en furent les maîtres jusqu'à la fin du seizième siècle : Menoudjeher, qui en étoit alors le souverain, fut vaincu par les Turcs en l'an 988 de l'hégire [ 1580 de J. C.], et contraint de se soumettre à leur empire. Il embrassa le musulmanisme, et il fut fait pacha d'Akhal-tsikhé, dignité qu'il transmit à quelques-uns de ses

(1) Mos. Khor. lib. 11, cap. 6, p. 89.-Élisée, Hist. des Vart. p. 126. -Jean Patr. cap. 33, p. 354, cap. 45, p. 397 (ms. Arm. n.o 91).— Voy. ci-après, Pseudo-Mos. Khor. Géogr. — Djihan-numa, p. 425. Élisée, Hist. des Vart. p. 126. Lazare P'harbetsi, p. 125, 127 et 191.- Jean Patr. chap. 9,

(2) Faust. Byzant. lib. 111, cap. 18, p. 71. —

p. 121 (ms. Arm. n.° 91 ). Voyez ci-apr. Pseudo-Mos. Khor. Géogr.

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descendans (1). Depuis cette époque, ce pays a toujours été soumis à la domination des Turcs.

La province de Daik'h, avant qu'elle eût été envahie par les Géorgiens, étoit partagée en huit petits cantons, dont on peut voir la nomenclature dans la géographie attribuée à Moyse de Khoren, et dont il est impossible de déterminer exactement ła position, à l'exception de celui de Poukha (muy, qui est le Bocche de Ptolémée (2). La domination des Géorgiens a contribué puissamment à faire disparoître les anciennes dénominations qui y étoient en usage, et à y introduire les noms Géorgiens que nous trouvons sur nos cartes, tels que ceux de Bortchiskevi, Liganiskevi, Atchara, Schauschethi, Erouscheti, Tahoskari &c. Dans la géographie que nous avons déjà citée, on trouve ceux de (աւշէթ Schauscheth, de Սամցխե Samtskhe et d'Adjara Xupu. Ce dernier se trouve mentionné dans Constantin Porphyrogénète, qui l'appelle Arapà (3).

Il paroît que le pays de Daik'h tiroit son nom de la puissante nation des Dahi, qui étoit nomade, et qui, dès le temps d'Alexandre, étoit répandue dans tous les pays au nord et à l'orient de la mer Caspienne, aussi bien que dans l'intérieur de la Perse (4), et qui, selon Ammien Marcellin (5), avoit aussi des établissemens sur les rives de la mer Noire et dans les environs de Trébizonde. Ces derniers paroissent répondre aux Taochi des anciens écrivains Grecs. Un des cantons qui se trouvent dans cette partie de l'Arménie, a conservé jusqu'à nos jours,

(1) Djihan-numa, p. 408, 409.

(2) Geogr. lib. v, cap. 13.

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Quint. Curt. lib. IV,

(3) De Adm. imp. c. 46,p. 160. - De Cærem, aul. Byz. t. 1, p. 397. (4) Strab. lib. XI, p. 508, 51, 515 et pass.. cap, 12; l. v, c. 3, &c.- Arrian. de Exped. Alex. lib. 111, cap. 28 et 30. (5) Lib. xx11, cap. 8.

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