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suffisante aux points pour lesquels l'amiral jugera cette précaution nécessaire.

L'amiral prendra les mesures les plus efficaces pour surveiller l'arrivée et le départ de chaque vaisseau, ainsi que pour empêcher toute communication avec la côte, excepté celles qu'il aura approuvées.

On va publier un ordre pour empêcher, qu'après un certain délai nécessaire, aucun bâtiment étranger ou appartenant au commerce n'aille désormais à l'île de Sainte-Hélène.

Si le général étoit attaqué d'une maladie sérieuse, le gouverneur et l'amiral nommeront chacun un médecin jouissant de leur confiance, pour soigner le général, conjointement avec le sien; ils leur ordonneront sévèrement de rendre compte tous les jours de l'état de sa santé.

Dans le cas de sa mort, l'amiral donnera des ordres pour que son corps soit porté en Angle

terre.

Donné au département de la guerre, le 30 juillet 1815.

DEUX MÉMOIRES

SUR

LA CONDUITE DE NAPOLÉON BUONAPARTE

ENVERS LA PRUSSE,

Pour servir de supplément à ceux qui se trouvent vol. II, p. 221, et vol. VI, de ce Recueil.

No I.

Mémoire sur les mesures adoptées par les autorités françoises pendant leur séjour en Prusse.

Chargé de rendre compte des mesures adoptées par les autorités françoises à l'époque de leur entrée et pendant leur séjour dans les états du roi de Prusse, après la malheureuse bataille de Jéna, je m'empresse de remplir cette tâche en consignant tout ce que ma mémoire me fournit de données à cet égard. Témoin de toutes les souffrances qu'essuyèrent en particulier les Berlinois et les habitans de la Marche électorale, mon récit se rapportera principa

lement aux évènemens qui se sont passés devant mes yeux, et je devrai me contenter, quant au reste, de relater les faits tels qu'ils sont parvenus à ma connoissance.

Le but de Buonaparte étoit, non-seulement d'affecter toutes les ressources de la Prusse au profit de ses armées et de son trésor, mais encore d'affoiblir cette monarchie par des impositions extraordinaires.

Immédiatement après la perte de la bataille de Jéna, la majeure partie des provinces Prussiennes fut inondée par les armées françoises.

On procéda systématiquement pour se mettre en possession de toutes les ressources qu'elles pouvoient offrir.

Buonaparte, suivi par une foule innombra'ble d'administrateurs et de commissaires, n'eut aucune peine à organiser une administration telle que le demandoit le but qu'il s'étoit proposé.

Son armée fut d'abord logée, nourrie, équipée, et remontée aux frais du

pays. Le logement et la nourriture demeurèrent exclusivement, pendant toute la durée du séjour des armées françoises en Prusse, à la charge de l'habitant dans les villes et les campagnes.

Cette charge énorme, qui se prolongea bien au delà de la paix de Tilsit, pendant l'espace

de vingt-sept mois, dont dix-huit de paix, détruisit, plus que toutes les autres, la fortune des individus.

Elle ne s'étendoit pas seulement sur tout ce qui portoit les armes, mais sur tout ce qui suivoit les armées.

Il faut avoir été témoin des vexations sans nombre que nous avons éprouvées, pour pouvoir ajouter foi au récit de nos malheurs.

La ville de Berlin, par exemple, dut fournir, pendant la guerre, la table à près de deux cents généraux ; et après la paix, à passé cinquante, sans compter les ordonnateurs, commissaires, etc. La dépense d'un simple général montoit souvent à 800 francs par jour; celle des maréchaux à proportion. Il est notoire que le séjour du maréchal N. N. à Bellevue, coûta pour trois jours 10,000 francs, sans le vin qu'on tira des caves de S. A. R. le prince Ferdinand. Outre la table et le vin, le propriétaire payoit le blanchissage, et dans les maisons abandonnées la ville devoit suppléer à cette dépense.

Le

Onéreuse pour Berlin et les autres villes, elle l'étoit bien plus pour les campagnes. moindre soldat demandoit au malheureux paysan du vin et du rhum (productions absolument étrangères au pays), et le maltraitoit s'il

ne pouvoit satisfaire à ces réquisitions. Ce n'est que plus tard qu'on défendit par un ordre du jour aux soldats françois d'exiger des denrées coloniales, et qu'on détermina plus exactement ce que chaque individu pourroit exiger de son hôte, d'après son grade.

Il est de fait, que la majeure partie de nos propriétaires sont ruinés à la suite d'une dépense si disproportionnée à leurs moyens. Pour y mettre ordre, et pour faire cesser tout ce qui étoit arbitraire, on obtint enfin de stipuler une indemnité de table pour les officiers, qu'on payoit mensuellement à l'ordonnateur du corps. Celle des généraux de division étoit de 2,400 fr. par mois; celle des généraux de brigade de 1,200 fr., et ainsi de suite, jusqu'au souslieutenant.

Pour assurer les vivres de l'armée et se mettre en possession de toutes les denrées disponibles, l'intendant-général fit dresser, immédiatement après l'arrivée des troupes, un relevé de tous les magasins, de tous les vins et de toutes les eaux-de-vie. On pénétra dans les caves des particuliers, et on les obligea d'en fournir la quantité requise pour former différens dépôts. C'est ainsi que l'église de la garnison à Berlin, fut transformée en magasin pour les liquides,

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