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No XCVII.

Rapport officiel de l'armée autrichienne du Rhin, du 5 juillet 1815.

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Grand quartier-général de Nanci, le 5 juillet.

S. A. I. l'Archiduc Ferdinand mande de Saint-Diez, en date du 2, l'heureuse nouvelle qu'il a reçue du général d'artillerie comte Colloredo, que la forteresse et la citadelle de Montbéliard ont été prises d'assaut le 2. Le général Scheither fit avancer ses braves troupes jusqu'aux palissades, dont cette ville étoit entourée; il dirigea ensuite son artillerie avec tant de succès, que les troupes ennemies furent enfilées dans les principaux ouvrages, et que le feu dirigé sur la ville produisit le plus grand effet. Cette entreprise habilement concertée, conduite avec autant de hardiesse que de célérité, remplit de la manière la plus brillante le but qu'on s'étoit proposé. L'ennemi fut forcé de céder; il n'y eut qu'une partie de ses forces qui se sauva dans le plus grand désordre sur la route de Besançon, lorsque nos troupes pénétrèrent dans la place, et continuèrent à poursuivre l'ennemi dans cette direction. Outre une quantité considérable de munitions, et

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d'autres provisions, on prit à Montbéliard sept pièces de canon. Il fallut toute la valeur de nos troupes pour faire réussir cette attaque contre un ennemi défendu par des fortifications pres qu'imprenables, et qui opposa la plus vive résistance. On ne peut encore fixer le nombre des prisonniers, vu que l'on en amène encore sans cesse, et qu'une partie du corps de l'ennemi, après avoir jeté ses armes, s'est cachée dans la ville; on n'en pourra juger le nombre qu'après l'avoir rassemblé.

S. A. R. donne ensuite des détails sur les journées des 26, 27, 29 juin et premier juillet. Le 26, l'ennemi fut délogé de Rasingeu, où on l'atteignit, et l'on enleva la position du plateau devant Trois-Maisons. L'avant-garde gagna les hauteurs de Horlin; l'ennemi s'étoit retiré à Franken. Le premier corps d'armée avoit occupé ce même jour Nieder-Rausbach, et la brigade Scheither avoit gagné Saint-Blaise. Le 27, le F. M. L. baron Lederer, commandant l'avant-garde, rejeta sur Donnemarie trois mille hommes commandés par le général Lecourbe. Au rapport des prisonniers, ce corps a éprouvé une perte considérable. La nôtre est de sept officiers blessés, et deux cents hommes tant tués que blessés. Le 28 dans la nuit, l'ennemi

quitta Donnemarie; on le rencontra près de Chabannes, fort de huit mille hommes d'infanterie, et de cinq cents chevaux; il fut attaqué avec impétuosité à la baïonnette, culbuté sur Chabannes, d'où il fut même ensuite délogé. Le même jour, le gros de l'armée оссира Colonge et Nobillard. Notre perte fut de deux officiers tués,septblessés, et deux cents hommes tués ou blessés. Le général Scheither étoit le 28 à Delle, et prit le 29 les retranchemens de Bourogne et de Montvillard. L'ennemi renouvela néanmoins avec tant de vivacité et une si grande supériorité de forces ses attaques, qu'après une longue résistance il fallut abandonner ces retranchemens. Mais comme leur оссираtion étoit de la plus haute importance pour le succès des projets ultérieurs du général d'artillerie comte Collorédo sur Maval, et pour cerner de plus près Béfort, il renforça dans la nuit du 30 le corps d'attaque, et cette position fut reprise le lendemain.

Le premier juillet, le comte Collorédo fit avancer en trois colonnes la division Marschall sur Veselois, la division Lederer sur Chevremont et Besencourt, et le général Vilatta vers Roppe. Le deuxième bataillon de chasseurs, qui avoit emporté d'assaut Chevremont et Be

sencourt, fut entraîné trop loin par sa valeur et mis en danger, mais le F. M. L. Lederer s'avança à temps pour le soutenir. Le général Villata s'étoit emparé de Roppe et de Denney et avant qu'il pût pénétrer par des défilés d'un accès très-difficile, pour éviter le village de Denney qui étoit en feu, Besencourt, qu'il avoit abandonné un moment, fut repris à la faveur d'une canonnade des plus vives. Pendant ce temps, la division Marschall étoit arrivée à Veselois, et avoit emporte Maval. L'ennemi avoit posté sur les hauteurs de Bermont deux mille hommes, quelques centaines de chevaux et sept pièces de canon; mais malgré la vivacité de leur feu, elles furent bientôt démontées. Le but qu'on s'étoit proposé pour ce jour-là fut parfaitement rempli, et l'ennemi qui, outre le corps de Lecourbe, avoit encore fait agir quatre mille hommes, fut repousse avec une grande perte sur tous les points, et ainsi échouèrent de tous les côtés les tentatives qu'il avoit faites pour s'opposer à nos attaques. Le comte Collorédo annonce', en outre, que le 2 le général Lecourbe a demandé un armistice; mais le général d'artillerie a déclaré qu'il n'y consentiroit que sous la condition de la reddition de Béfort.

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Ordre du jour adressé aux troupes de la confé dération helvétique, du 5 juillet 1815.

L'INVASION des corps de troupes françoises sur différens points de notre territoire, le pillage qu'elles se sont permis dans plusieurs villages sur nos frontières, les insultes et les attaques réitérées contre nos avant-postes, nous ont mis dans la nécessité de faire avancer nos troupes, pour chasser ces hordes armées de leurs repaires et mettre nos frontières en sûreté.

En même temps, différens arrondissemens françois qui confinent à la Suisse, nous ont envoyé des députations pour nous proposer de les faire occuper par nos troupes, afin de les mettre à l'abri des maux auxquels les exposent les restes errans des corps de troupes dissous et des corps francs, soit par une résistance, sans but, soit par les dévastations et les mauvais traitemens auxquels ils se portent.

En conséquence, les troupes suisses sont entrées sur le territoite françois; leur honorable destination est de défendre sur un sol étranger leur propre pays, et de protéger les

TOME VI.

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