Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

po

urrait entretenir des troupes dans le Grand-Duché ou en occuper un point quelconque. Grâce à ces expédients, la Prusse n'aurait pas été mise en demeure ni par la France ni par les Puissances d'évacuer la forteresse, et on arriverait, pense-t-on, sans doute, à concilier tous les intérêts en ménageant tous les amoursPropres.

Pour le cas où il se serait glissé quelque erreur dans la traduction de mes dépêches télégraphiques d'aujourd'hui, j'en joins ici la copie.

4842. DOTÉZAC, MINISTRE À COPENHAGUE, AU MARQUIS de Moustier. (Orig. Danemark, 251, no 25.)

Copenhague, 26 avril 1867. (Cabinet, 29 avril; Dir. pol., 30 avril.)

[Le journal officieux Berlingske a inséré la veille un démenti aux démarches attribuées à la Prusse par le Mémorial diplomatique. Voici le texte de ce démenti :

«Le Dagstelegraf a publié ce matin un télégramme d'après lequel le journal Mémorial diplomatique qui s'imprime à Paris dit : que la Prusse, dans le but d'amener le Danemark à conserver la neutralité, lui a offert de mettre immédiatement à exécution l'article V de la paix de Prague; mais que le Danemark a refusé de prendre quelque engagement que ce fût à cet égard, se fondant sur ce que son droit est assuré par ledit traité.

Nous sommes portés à croire, d'après des informations provenant de sources certaines, qu'une démarche de ce genre n'a point été faite par la Prusse auprès du Gouvernement danois. »]

4843. LE COMTE D'ASTORG, MINISTRE À DARMSTADT, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Orig. Hesse-Darmstadt, 30, n° 25.)

Darmstadt, 26 avril 1867.

(Cabinet, 27 avril; Dir. pol., 29 avril.)

Trois questions qui se tiennent de près restent ici depuis longemps en possession des préoccupations publiques: la convention

militaire prusso-hessoise, le traité d'alliance, et l'entrée dans le Nord Bund.

La convention militaire a été signée peu après le retour du Colonel Grolmann, dont j'ai eu l'honneur d'entretenir Votre Excellence le 12 de ce mois (1). Cette convention paraît reposer sur le principe d'exonérer jusqu'à un certain point l'Oberhessen, en chargeant un peu plus la Hesse proprement dite. Le Gouvernement hessois a cru y trouver la consolation de ne pas voir écraser autant la province supérieure, qui est englobée dans les liens du Nord Bund; le Gouvernement prussien y a trouvé l'avantage d'engager de plus en plus le Grand-Duché.

Et en effet, postérieurement à cette convention, l'alliance offensive et défensive vient d'être conclue entre la Hesse et la Prusse (2). La Hesse est donc désormais dans une position à peu près équivalente à celle des autres États du Sud.

La troisième question, - l'entrée de la Hesse dans le Nord Bund, est en suspens. M. de Bismarck me semble y travailler activement. L'interpellation des Députés de l'Oberhessen au Parlement du Nord, l'attitude presque encourageante du Ministre de Hesse à Berlin, attitude qui ne pouvait que compromettre M. de Dalwigk, ce sont là autant d'indices caractéristiques que j'ai eu l'honneur de placer sous les yeux de Votre Excellence dans de précédentes dépêches (3).

4844. LE COMTE D'ASTORG, MINISTRE À DARMSTADT, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Confidentielle. Déchiffrement. Hesse-Darmstadt, 30, no 25 bis.)

Darmstadt, 26 avril 1867. (Cabinet, 28 avril; Dir. pol., 29 avril.)

Le Prince Alexandre de Hesse, en causant avec moi et sans que je l'y aie poussé, vient de toucher légèrement mais nettement le point qui fait le sujet de la première partie de ma dépêche du

(1) Sur la convention, cf. Benedetti, 16 avril, no 87, et Rothan, (2) Cf. Rothan, 25 avril.

(3) Cf. en particulier d'Astorg, 11 et 12 avril.

19 avril.

3 courant (1). Nous sommes pris, a-t-il dit; le traité offensif et défensif nous tient (2). Il faudrait, le cas échéant, que l'on (l'armée française) nous coupât du Nord pour que nous puissions dire (à la Prusse): Nous avons fait ce que nous pouvions pour arriver à vous; nous n'en avons point eu le temps.»

Quant à l'Autriche, second point de la dépêche précitée, le Prince Alexandre de Hesse dit : « Vienne ne pouvait que repousser Tauffkirchen, car elle a une seule chose à faire, c'est de se taire pour conserver sa liberté d'action éventuelle (3). ❤

Du reste, le Prince reste très irrité contre la Bavière et le Wurtemberg depuis la dernière campagne. Il donne tort à Berlin dans la question luxembourgeoise. Il ajoute que d'ailleurs Manteuffel a manqué aux engagements pris avec lui personnellement au sujet de Mayence.

4845. Le Baron DE MALARET, MINISTRE À FLORENCE, AU Marquis DE MOUSTIER. (Orig. Italie, 367, n° 49.)

Florence, 26 avril 1867. (Cabinet, 30 avril; Dir. pol., 2 mai.)

[Le Baron de Malaret signale un retard dans l'arrivée du dernier courrier.

Il a donné confidentiellement lecture à M. Rattazzi de la dépêche adressée le 6 avril à l'Ambassadeur de France à Berlin, et fera le plus tôt possible la même démarche auprès du Ministre des Affaires étrangères, qu'il n'a pu rencontrer le matin. «M. le Président du Conseil, écrit-il, rend pleine justice à la modération de la France, à la justesse de ses appréciations en ce qui touche les questions de droit qui ont été soulevées à propos du Luxembourg, et il fait des vœux que je crois très sincères pour que le Gouvernement prussien, inspiré du même esprit de sagesse et soucieux comme nous le sommes nous-mêmes d'épargner à l'Europe le fléau de la guerre, consente à revenir sur celles de ses

(1) N° 16 bis.

(2) Cf. la dépêche précédente.

(3) Cf. des Méloizes, 21 avril, et la note 2, p. 105.

prétentions qui seraient incompatibles avec la sécurité et la dignité de la France. »

La diplomatie italienne ne reste d'ailleurs pas inactive. Le Ministre du Roi à Berlin s'associera aux démarches qui pourront être faites par les Représentants des grandes Puissances, et il a dû remettre déjà une note où se trouve développée et recomman dée une combinaison analogue à celle qu'ont proposée, dit-on, les Représentants de l'Angleterre et de l'Autriche à Berlin: la Prusse évacuerait la forteresse, et la France renoncerait à toute prétention sur le territoire du Grand-Duché (1).]

D'après les informations parvenues au Gouvernement du Roi, M. de Bismarck aurait bien accueilli les communications dont je viens de parler. Il ne s'est cependant prononcé en aucune façon sur leur contenu, et je dois dire que personne ici, soit dans le Gouvernement, soit dans le monde politique, n'a la moindre confiance dans les dispositions conciliantes de la Prusse, de son Gouvernement et de son Premier Ministre. Ce sentiment de défiance m'a paru particulièrement prononcé chez les hommes d'État italiens qui, à l'occasion des événements de l'année dernière, ont été en relations directes et suivies avec M. le Comte de Bismarck.

En réalité, tout le monde ici redoute la guerre; mais, à tort ou à raison, chacun semble convaincu qu'elle est à peu près inévitable et s'attend à la voir éclater dans un délai très prochain. Ainsi que je l'ai dit à Votre Excellence dans une précédente dépêche, je crois que, si cette hypothèse vient à se réaliser, le Gouvernement italien, d'accord en cela avec la majorité de l'opinion publique, fera ses efforts, au moins dans les premières phases de la lutte, pour maintenir sa neutralité. Il a pour cela plusieurs raisons dont Votre Excellence appréciera la valeur. En premier lieu, on cherche à se persuader que les intérêts de l'Italie ne se trouvent pas matériellement engagés dans les questions qui peuvent amener un conflit entre la France et la Prusse, et cela peut être vrai, à la rigueur, pour l'affaire du Luxembourg. En second lieu, les souvenirs de la campagne de l'année dernière et

(1) Toute cette première partie de la dépêche a été publiée dans les Doc. diplom., 1867, Affaire du Luxembourg, p. 44, et dans les Arch. diplom., 1867, t. II, p. 842-843.

[ocr errors]

des avantages que l'Italie a retirés de l'alliance prussienne constituent pour un certain nombre d'esprits honnêtes un lien qui n'est nullement indissoluble, mais qui ne devrait être rompu que pour des motifs pressants, comme serait par exemple une complication qui viendrait menacer la sécurité de l'Italie elle-même, ou un événement quelconque qui mettrait la France dans la nécessité de recourir à ses alliés. Troisièmement enfin, les embarras financiers de l'Italie sont si graves que l'on se demande comment elle pourrait faire pour subvenir aux dépenses d'une nouvelle entrée en campagne.

Cette dernière considération est, selon moi, la plus sérieuse de toutes. Quant aux deux premières, je crois qu'elles n'ont aux yeux des Italiens eux-mêmes qu'une valeur de circonstance. On sait très bien ici que, si la guerre éclate, elle n'aura point pour cause unique l'affaire du Luxembourg, et l'on comprend mieux encore qu'un échec sérieux de la France pourrait, dans un avenir plus ou moins prochain, compromettre l'existence même de l'Italie. Je ne dirai rien des égards que l'on désire témoigner à la nation prussienne : on nous doit plus que des égards, et je me plais à rendre cette justice aux Italiens qu'aucun d'eux n'imagine d'établir une comparaison entre la France et la Prusse au point de vue des services rendus et des devoirs que le souvenir de ces services peut imposer à l'Italie.

En résumé, le sentiment général, dans le Gouvernement aussi bien que dans le public, est foncièrement sympathique à la France. On désire néanmoins pouvoir se maintenir jusqu'à nouvel ordre dans les limites d'une neutralité bienveillante; mais si, par suite d'événements que je ne prévois pas, nous avions un intérêt majeur à obtenir le concours effectif de l'Italie, je suis persuadé que, mise sérieusement en demeure de choisir entre nous et nos ennemis, elle n'hésiterait point à préférer l'alliance française à l'alliance prussienne. Resterait la question d'argent, que la guerre rendrait encore plus grave, et que, le cas échéant, l'Italie ne saurait certainement résoudre à l'aide de ses seules

ressources.

« PrécédentContinuer »