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ne s'y opposent pas (1). J'espère que le Gouvernement français donnera son appui à cette proposition. Dans une conversation que j'ai eu l'honneur d'avoir avec Votre Excellence chez la Princesse Mathilde, elle m'a laissé comprendre que, pour son compte, le Gouvernement français aurait désiré l'admission de l'Italie à la Conférence, et je n'ai pas manqué de faire part à mon Gouvernement de ces dispositions bienveillantes de la France.

Maintenant, je désirerais pouvoir les confirmer d'une manière un peu plus positive. M'autorisez-vous à le faire? Je vous serais fort obligé, Monsieur le Ministre, si vous vouliez bien, par un petit mot, me mettre à même de faire connaître à Florence vos résolutions à ce sujet.

4930. LE MARQUIS DE MOUSTIER À BOURÉE, AMBASSADEUR À CONSTANTINOPLE. (Télégr. à chiffrer. Copie. Turquie, 371.)

Paris, 2 mai 1867, 6h 1/4 soir.

La démarche que je vous ai tracée (2) a surtout pour objet de faire comprendre à la Porte que les opérations militaires projetées par Omer Pacha aggraveraient encore la situation au point de vue européen. Dans ma pensée, cette démarche devait être concertée avec vos Collègues comme la première. Il est donc nécessaire que vous leur en donniez connaissance, et que vous leur demandiez de faire entendre le même conseil à Fuad Pacha(3).

4931. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU BARON FORTH-ROUEN, MINISTRE À DRESDE. (Minute. Saxe, 143, no 3.)

[Paris,] 2 mai 1867.

Votre correspondance m'est exactement parvenue jusqu'au no 43 inclusivement (4), et je vous remercie des utiles informations que vous m'avez communiquées.

J'ai lu avec un intérêt particulier le compte rendu de vos der

(1) Cf. Cowley à Moustier, 2 mai.

(2) Cf. Moustier à Bourée, télégramme, 28 avril, midi 20.

(3) Cf. Bourée à Moustier, télégramme, 29 avril, 7 h. soir, et 30 avril, 4 h. 1/2 soir.

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nières conversations avec M. le Baron de Beust. Je n'avais pas moins remarqué le rapport que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, le 16 avril dernier, sur la situation générale et l'état de l'opinion publique en Saxe, ainsi que la dépêche dans laquelle vous m'avez transmis les détails de votre entretien avec M. le Baron de Friesen (1). Les appréciations émises par le Ministre des Affaires étrangères de Saxe m'ont d'autant plus frappé qu'elles concordent, sur plusieurs points importants, avec celles dont m'avait fait part l'Ambassadeur de Sa Majesté à Berlin.

4932. LE MARQUIS DE MOUSTIER À BAUDIN, MINISTRE À LA HAYE. (Minute. Pays-Bas, 666, n° 10.)

[Paris,] 2 mai 1867.

Le Consul général de l'Empereur à Francfort m'a rendu compte d'un entretien qu'il a eu récemment avec M. le Colonel de Tiller, ancien Commissaire militaire de l'Autriche près la Diète(2). M. de Tiller a fait part à M. Rothan des indications qu'il a recueillies sur le plan de campagne qui aurait été adopté par l'État-Major général prussien dans la prévision d'une guerre contre la France.

Les informations que me transmet notre Consul général empruntent de la source à laquelle elles ont été puisées un caractère particulier d'autorité, et je ne crois pas inutile de vous envoyer ci-joint une copie de la dépêche qui les résume. Vous verrez que les plans attribués au Gouvernement prussien auraient pour but de mettre tout d'abord les Pays-Bas à sa discrétion, et vous y trouverez une preuve de plus de la communauté d'intérêts qui rattache la Hollande à la France.

4933. BENEDETTI, AMBASSADEUR À BERLIN, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Orig. Prusse, 364, no 120.)

Berlin, 2 mai 1867.
(Cabinet, 4 mai; Dir. pol., 6 mai.)

J'ai eu l'honneur de vous mander par le télégraphe (3) que j'avais rencontré M. le Comte de Bismarck au dîner offert par le Ministre

(1) Celle du 19 avril.

(2) Cf. Rothan, 27 avril, no 52.

(3) Cf. Benedetti, télégramme, 30 avril, 10 h. 1/4 soir.

ORIG. DIPL.

XVI.

19

IMPRIMERIE NATIONALE,

de Russie à l'occasion de la fête de l'Empereur Alexandre, et que le Président du Conseil m'avait recherché avec l'intention visible de s'entretenir avec moi. M'étant conformé à vos instructions, notre dernière conversation remontait au 2 avril. En m'abordant, il s'est vivement félicité, en termes chaleureux et avec cette cordialité qu'il sait déployer quand elle convient à ses desseins, de la voie dans laquelle est entrée l'affaire du Luxembourg. Il connaissait la note qui avait paru le matin au Moniteur, et on lui avait télégraphié de Stuttgart que des ordres donnés de Paris pour l'achat de chevaux avaient été contremandés: «La paix, m'a-t-il dit, est donc assurée. Mais il n'a jamais dépendu que de vous, lui ai-je répondu, qu'elle ne fût pas troublée. — Je ne puis vous dire, m'a-t-il répliqué, combien j'en suis heureux.» Et il a ajouté, avec cette liberté de langage qui lui est familière : « Nous avons fait ici et nous allions faire encore bien des bêtises.»

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Il tenait, m'a-t-il dit encore, à s'expliquer directement avec nous, et il m'a appris qu'il avait dans ce but invité M. le Comte de Goltz à en exprimer le désir, sinon officiellement avec vous, du moins à titre officieux; il voudrait, si j'ai bien compris, qu'il ne pût s'élever aucun dissentiment, à la Conférence de Londres, entre les Plénipotentiaires de la France et de la Prusse, et qu'ils y parussent avec une situation analogue à celles de leurs Collègues. Ce résultat, selon lui, pourrait être obtenu au moyen d'un concert préalable qu'il appelle de tous ses vœux. Il m'a demandé si Votre Excellence se proposait de se charger elle-même du soin de représenter la France à la Conférence.

Je lui ai répondu que j'ignorais totalement vos intentions à cet égard.

Pour sa part, il préférerait que les Ministres des Affaires étrangères eussent à s'acquitter eux-mêmes de cette mission. Il ne m'en a pas cependant donné les raisons, et il s'est borné à me dire qu'il y trouverait personnellement l'avantage de se soustraire pendant quelque temps aux devoirs et aux fatigues qui l'accablent à Berlin. Je n'ai pas besoin d'ajouter que je n'ai pas encouragé le Président du Conseil à pousser plus loin ses confidences, et vous ne serez pas surpris si je ne suis pas en mesure de vous donner d'autres renseignements sur ses véritables intentions. Je suppose d'ailleurs que M. de Goltz vous aura mis à même de les pressentir,

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et même de les apprécier. Je tenais seulement, pour ma part, à vous faire connaître l'empressement que le Président du Conseil a mis à s'entretenir avec moi, devant une assistance qui était fort. attentive et devait nécessairement le remarquer.

Je n'ai d'ailleurs rien à changer aux observations que m'a suggérées la presse de Berlin et que je me suis permis de vous soumettre dans mes dernières dépêches. Elle continue à soutenir que la Prusse ne doit évacuer la forteresse de Luxembourg que s'il lui est offert des garanties ou des sûretés sur lesquelles on ne s'explique pas, et à justifier à sa manière, comme vous le verrez dans un article de la Correspondance provinciale que je traduis dans une autre dépêche (1), le revirement qui s'est opéré dans l'attitude du Gouvernement prussien. Est-ce là une manière de se prémunir contre le reproche d'avoir prétendu, jusqu'à ces derniers jours, qu'on avait le droit et qu'on était tenu de conserver la garnison qu'on entretient dans le Grand-Duché, et les garanties qu'on revendique devront-elles se borner à celles qui résulteront de la neutralisation, ou bien a-t-on d'autres vues, et, ainsi que l'insinue la Correspondance de Berlin, veut-on que la Conférence sanctionne, comme étant désormais de droit public européen, tous les arrangements que la Prusse a pris, soit avec les États du Nord, soit avec les États du Midi de l'Allemagne ? M. de Bismarck ne m'a rien dit qui me permette d'édifier Votre Excellence à ce sujet; il s'est borné à me témoigner les dispositions qui lui sont habituelles quand il recherche une entente, et je ne saurais que les signaler à votre attention, afin que vous puissiez juger du langage de l'Ambassadeur de Prusse à Paris par l'attitude qu'on reprend ici avec moi.

A ce propos, je prierai Votre Excellence de vouloir bien me faire savoir, quand elle le jugera opportun, si je dois continuer à m'abstenir de chercher, de mon côté, l'occasion de m'entretenir avec M. de Bismarck. Des intermédiaires qu'il emploie habi

(1) «Notre Gouvernement, y est-il dit, suivait avec attention les armements considérables qui se faisaient en France. Mais les nouvelles les plus récentes annoncent qu'on vient de les ralentir. Notre gouvernement peut dès lors se dispenser de prendre les mesures de précaution que l'aspect de plus en plus grave de la situation semblait lui commander.» (Benedetti, 2 mai 1867, n° 121.)

tuellement sont venus me donner à entendre que le Président du Conseil le regrette. Je n'ai pas relevé ces insinuations, et je n'y ai pas répondu.

Je vous ai télégraphié qu'avant la fin de son dîner M. d'Oubril a porté un toast au succès des Conférences pacifiques de Londres. Nous étions, le Président du Conseil et moi, à la droite et à la gauche de Mme d'Oubril, et j'avais remarqué que M. d'Oubril avait posé à M. de Bismarck une question à laquelle ce dernier avait répondu affirmativement, en ajoutant de prendre mon avis, quand le Ministre de Russie m'a demandé s'il pouvait, sans me déplaire, proposer à ses convives de boire au maintien de la paix, et je me suis empressé d'y acquiescer à mon tour. A peine M. d'Oubril avait-il porté son toast que M. de Bismarck avança son verre de mon côté, témoignant ostensiblement de son désir de s'y

associer.

Cette manifestation, dont mon Collègue a pris l'initiative dans une réunion officielle à laquelle assistaient, avec tous les Représentants étrangers, les Ministres, plusieurs Généraux et les grands dignitaires de la Cour de Prusse, a été diversement appréciée. On s'est demandé si elle était opportune, et, en général, on l'a considérée comme peu conforme aux traditions réservées de la diplomatie. Pour ma part, je suis porté à croire que M. d'Oubril a voulu prouver que les journaux qui attribuaient aux démarches de l'Angleterre et de son Représentant à Berlin la prochaine réunion de la Conférence, n'étaient pas exactement renseignés, et que la Russie était fondée à revendiquer sa part dans ce résultat.

M. de Bismarck m'a donné spontanément l'assurance le que Roi n'avait pas renoncé à visiter l'Exposition, et il m'a annoncé que, suivant ses informations, l'Empereur Alexandre quitterait Saint-Pétersbourg le 1er juin, avec l'Impératrice, qu'il conduirait à Kissingen, et que, de là, il se proposait de se rendre à Paris.

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