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M. de Bismarck semblait être avant les derniers événements à la hauteur d'une conception aussi généreuse; car, dans ses entretiens particuliers, il se plaisait alors à rattacher étroitement la revision des traités de 1815, désirée par la France, à la transformation de l'Allemagne convoitée par la Prusse.

Mais il n'est pas vraisemblable que le Cabinet de Berlin ait aujourd'hui le moindre souci de fournir aux grandes Puissances l'occasion de discuter les faits accomplis en Allemagne et de poser des limites à son ambition. Ce serait s'exposer à être rappelé au respect des traités qui, enfreints aussitôt que signés, n'attendent qu'une circonstance opportune pour être déchirés. La Prusse n'aurait intérêt à la réunion d'un Congrès que s'il devait entrer dans les convenances de la politique française de lui abandonner l'Allemagne entière, et de lui laisser proclamer l'Empire germanique, ce qui est l'ambition dévorante du Roi.

Pour le moment, tout semble indiquer que M. de Bismarck, après avoir atteint son but principal: la fusion militaire du Midi de l'Allemagne avec la Confédération du Nord, se hâtera d'obtempérer au désir de la Conférence, aux conditions les plus avantageuses pour son amour-propre. Les instructions confidentielles qu'il vient d'adresser à ses Agents en Allemagne leur recommandent une grande modération de langage. Calmer l'opinion publique, arrêter les manifestations populaires, et tempérer le zèle des journalistes, telles seraient les recommandations parties de Berlin.

[En même temps, le Cabinet de Berlin ferait une pression énergique auprès de ceux de Munich et de Stuttgart pour hâter les armements et l'adoption des lois militaires.]

Le Cabinet de Berlin (1), d'après ce qui me revient de bonne source, aurait tout lieu d'être satisfait de l'attitude du Gouvernement italien. Il résulterait en effet de la correspondance du Comte d'Usedom, toujours très influent à Florence, que, dans ses entretiens intimes avec M. Rattazzi, il aurait pu se convaincre que, par reconnaissance aussi bien que par nécessité, l'Italie ne sortirait pas, quel que soit le cours des événements, de la plus

(1) En face de ce paragraphe, note marginale au crayon: A copier pour Florence."

stricte neutralité. La Cour de Prusse se montrerait très rassurée par ces déclarations, qu'elle se plaît à considérer comme un succès véritable pour sa diplomatie.

[Rothan indique en terminant que le Baron de Mengden, Ministre de Russie, vient de recevoir la croix de commandeur de l'Ordre de Wladimir.]

4951. Le MarQUIS DE MOUSTIER À LORD COWLEY, AMBASSADEUR DE GRANDE-BRETAGNE À PARIS. (Minute. Angleterre, 740 (1).)

Paris, 4 mai 1867.

J'ai reçu la lettre en date du 3 mai par laquelle vous m'annoncez que Lord Stanley, pour gagner du temps, vous indique d'une manière générale plusieurs points sur lesquels devraient porter, suivant lui, les résolutions de la Conférence.

Je suis heureux de vous annoncer que je n'ai aucune objection à y faire, et qu'ils s'accordent avec la manière de voir du Gouvernement de l'Empereur.

4952. LE MARQUIS DE MOUSTIER À BENEDETTI, AMBASSADEUR À BERLIN. (Minute. Prusse, 364.)

Paris, 4 mai 1867..

[Le Marquis de Moustier signale à Benedetti les précautions militaires prises par le Danemark, et lui envoie copie de la dépêche de Dotézac du 25 avril.]

4953. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU BARON DE MALARET, MINISTRE À FLORENCE. (Minute. Italie, 368, n° 54.)

[Paris,] 4 mai 1867.

[Le Marquis de Moustier fait connaître au Baron de Malarel la communication de Lord Cowley relative à la réunion de la

(1) Cette lettre a été publiée dans les Arch. diplom., 1867, t. III, p. 932.

Conférence (1), et la proposition du Roi des Pays-Bas relative à la réunion des Plénipotentiaires à Londres, le 7 mai (2). Il a adhéré à l'une et l'autre proposition (3), et il envoie à Malaret les pièces officielles qui y sont relatives. Il lui signale ensuite la démarche du Chevalier Nigra du 2 mai (4), et le prie d'informer le Cabinet de Florence que le Gouvernement impérial adhère pleinement à la participation d'un Plénipotentiaire italien aux travaux de la Conférence.]

4954. LE MARQUIS DE MOUSTIER À BAUDIN, MINISTRE À LA HAYE. (Minute. Pays-Bas, 666, no 11.)

[Paris,] 4 mai 1867.

[Le Marquis de Moustier informe Baudin de la démarche de Lord Cowley du 2 mai, relative à la participation de la Belgique et de l'Italie aux travaux de la Conférence. Le Gouvernement impérial a adhéré à la double suggestion du Cabinet de Londres (5), et Baudin est prié d'en avertir le Comte de Zuylen.]

4955. LE MARQUIS DE MOUSTIER AUX AGENTS DIPLOMATIQUES DE L'EMPEREUR À MUNICH, STUTTGART ET CARLSRUHE. (Minute. Bavière, 242, no 12.)

Paris, 4 mai 1867.

La communication que, par ordre de l'Empereur, j'ai faite hier au Sénat et au Corps législatif (6), vous a appris que la France, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie sont d'accord avec S. M. le Roi des Pays-Bas, Grand-Duc de Luxembourg, pour ouvrir une Conférence dans laquelle seront

(4) Cf. Cowley à Moustier, 30 avril.

(2) Cf. Baudin, télégramme, 1° mai, 11 h. 1.

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(3) Cf. Moustier à Cowley, 1 mai; à Baudin et à Lightenvelt, 11 mai. (4) Note marginale: «Voir la dépêche du Chevalier Nigra du 2 mai 1867." La réponse de Moustier, qui mentionne simplement l'adhésion impériale, a été publiée dans les Arch. diplom., 1867, t. III, p. 938.

(5) Cf. Moustier à La Tour d'Auvergne, 3 mai, no 47.
(6) Elle a été publiée dans les Arch. diplom., 1867, t. II,

p.

883.

résolues les difficultés relatives au Grand-Duché. Vous connaissez les sentiments de modération qui nous ont animés dans toute cette affaire. Pour ménager les susceptibilités, nous nous sommes imposé la plus grande réserve, et nous avons laissé les Cabinets de Londres, de Vienne et de Saint-Pétersbourg rechercher de concert les moyens les plus propres à assurer le maintien de la paix générale. Les trois Cours ont échangé leurs idées, et ont unanimement reconnu que l'arrangement à intervenir devait reposer sur la neutralisation du GrandDuché du Luxembourg, avec toutes les conséquences que ce principe entraîne.

M. l'Ambassadeur d'Angleterre, par une communication en date du 30 avril, m'a indiqué cette base comme ayant obtenu l'assentiment du Cabinet de Londres. Lord Cowley m'a également annoncé que, si la voix générale des Puissances désignait la capitale de l'Angleterre, le Gouvernement de S. M. Britannique verrait avec plaisir la réunion de leurs Représentants dans cette ville, et faciliterait de tout son pouvoir les négociations. J'ai été autorisé par l'Empereur à répondre à M. l'Ambassadeur d'Angleterre que le Gouvernement de Sa Majesté, n'ayant rien de plus à cœur que de voir les difficultés relatives à la question du Luxembourg réglées d'une manière conforme aux intérêts généraux, adhère complètement à la réunion d'une Conférence sur les bases indiquées par le Gouvernement de la Reine, et donne son entier assentiment au choix de Londres comme siège des négociations ("). Après s'être concerté avec le Cabinet anglais, S. M. le Roi des Pays-Bas, en sa qualité de Souverain territorial, a pris à cet égard l'initiative d'une proposition, et, sur sa demande, il a été décidé par l'Autriche, la France, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie que les Plénipotentiaires seraient convoqués à Londres pour le 7 de ce mois (2).

Le Gouvernement de l'Empereur a la conscience d'avoir facilité par son désintéressement l'œuvre de conciliation dont il appartient à la Conférence d'assurer le succès, et les dispositions ma

er mai.

er

(1) Cf. Moustier à Cowley, 1 (2) Cf. Baudin, télégramme, 1o mai, 11 h. 1, Lightenvelt, 1 mai.

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et Moustier à Baudin et à

nifestées par les Puissances donnent tout lieu d'espérer un résultat favorable à l'affermissement de la paix européenne.

4956. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU DUC DE GRAMONT, AMBASSADEUR À VIENNE. (Minute. Autriche, 495, no 57.)

Paris, 4 mai 1867.

[Le Marquis de Moustier transmet au Duc de Gramont la dépêche de M. de Banneville du 25 avril.]

4957. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU DUC DE GRAMONT, AMBASSADEUR À VIENNE. (Minute. Autriche, 495, no 58.)

[Paris,] 4 mai 1867.

[Le Marquis de Moustier envoie au Duc de Gramont son projet de dépêche à Bourée du 26 avril, et le prie de le communiquer au Baron de Beust (1).]

4958. Le MarqUIS DE MOUSTIER AU DUC DE GRAMONT, AMBASSADEUR À VIENNE. (Minute. Autriche, 495, no 59.)

[Paris,] 4 mai 1867.

[Le Marquis de Moustier informe le Duc de Gramont de la communication de Lord Cowley relative à la participation de la Belgique et de l'Italie aux travaux de la Conférence, et de l'adhésion du Gouvernement impérial (2). ]

(1) Cf. Moustier à Talleyrand, 11

3 mai.

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mai, à Malaret et à La Tour d'Auvergne,

(2) Cf. Cowley à Moustier, 2 mai; Moustier à La Tour d'Auvergne, à Baudin et à Malaret, 3 et 4 mai.

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