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4694. LE COLONEL SCHMITZ, ATTACHÉ MILITAIRE À FLORENCE, AU MARECHAL NIEL, MINISTRE DE LA GUERRE. (Copie. Mémoires et documents. Hollande, 149, n° 42.)

Florence, 14 avril 1867.

Je crois devoir faire connaître à Votre Excellence que la Légation prussienne attend ici, sous peu de jours, M. le Conseiller de Bernhardi, qui, investi de la confiance du Comte de Bismarck, fait avec nous toute la campagne de 1866.

a

Je ne puis rattacher la présence de ce personnage à Florence, en ce moment, qu'à des pourparlers entre M. de Bismarck et le nouveau Président du Conseil, M. Ratazzi, qui peut ne pas être aussi dévoué à la politique anti-française que son prédécesseur, le Baron Ricasoli.

Votre Excellence n'a peut-être que faire de ce renseignement; mais j'ai été témoin, en juillet 1866, à Ferrare, des menées et intrigues de M. de Bernhardi, lors de la mission du Prince Napoléon, et je sais quelle influence le Comte d'Usedom a exercée sur M. Ricasoli par son intermédiaire; c'est ce qui m'engage à vous faire cette communication.

Dans les circonstances actuelles, Votre Excellence désirera peutêtre connaître la force de l'armée italienne; en voici le résumé exact, dégagé de tous les détails qui seraient d'un mince intérêt pour vous, en ce moment :

Infanterie 85 régiments (285 bataillons), 106,000 hommes;

ORIG. DIPL. -XVI.

1

IMPRIMEBIK NATIONALM

Cavalerie 19 régiments (114 escadrons), 18,000 hommes, 13.000 chevaux;

Artillerie mobilisable (de campagne): 5 régiments (80 batteries), 11,500 hommes, 3,850 chevaux;

Génie 2 régiments (28 compagnies), 4,000 hommes.

On parle de réduire encore ces forces; ainsi la suppression des buit régiments de grenadiers, formant un effectif de 9,300 hommes, est imminente.

4695. ROTHAN, CONSUL GÉNÉRAL À FRANCFORT, AU MARQUIS DE MOUSTIER. (Orig. Prusse, Francfort, 1, no 40 (1).)

Francfort, 14 avril 1867.

(Cabinet, 17 avril 1867; Dir. pol., 8 février 1868.)

Votre Excellence voudra bien me permettre de revenir sur l'interpellation que les Députés de la Hesse septentrionale ont adressée dans la séance du 9 avril au Président fédéral (2): «Quels obstacles s'opposent encore à l'entrée de tout le Grand-Duché dans la Confédération du Nord, et les obstacles, s'il y en a, sont-ils de nature permanente ou passagère? C'est dans ces termes précis que la question a été posée devant le Parlement.

Les journaux n'ont donné en général qu'un compte rendu très incomplet de cet incident; quelques-uns même, destinés plus particulièrement à être lus à l'étranger, tels que l'Europe, ont évité non seulement d'en faire ressortir la portée, mais ils n'ont reproduit le discours de M. de Bismarck que d'une manière sommaire et tronquée dans sa partie essentielle. Ces déclarations, dont Votre Excellence trouvera le texte ci-joint, ne laissent pas cependant que d'avoir leur importance, surtout rattachées aux débats qui ont eu lieu le lendemain et qui ont fourni au Premier Ministre l'occasion de généraliser sa pensée sur l'admission de tous les États du Midi dans la Confédération du Nord. Après cette

(1) En tête, note au rayon: Copier pour l'Empereur.

Idem pour

M. Rouher; idem pour le Ministre: idem pour Vienne, pour Berlin, pour

Londres."

(2) Cf. Rothan, 11 avril, et Benedetti, 10 avril, no 78.

discussion, qui mérite, je le crois, de fixer l'attention de Votre Excellence (1), il est évident que la politique prussienne s'est placée sur une pente qui ne lui permettra plus de s'arrêter, et qu'elle continuera ses empiètements, étape par étape, jusqu'au jour où le Sud et le Nord se seront étroitement fusionnés dans un grand État unitaire. Si, par ses traités d'alliance et les conventions militaires qui en ont été la suite, la Prusse a enfreint l'esprit des préliminaires de Nikolsbourg, elle se trouve dès à présent sur le point de violer les textes mêmes de la paix de Prague, en franchissant la ligne du Mein par l'admission de la Hesse méridionale, qui ne tardera pas à être suivie de celle des trois autres États. dès que leurs Gouvernements auront jugé à propos d'en formuler la demande..

Il est vrai que, en ce qui concerne la Hesse, M. de Bismarck veut bien faire dépendre son entrée de deux conditions: il désire que le Grand-Duché renouvelle officiellement sa demande du 14 août dernier, et il entend obtenir préalablement l'assentiment de la Bavière, qu'il sait acquis d'avance, et, ce qui est plus sérieux, le consentement de l'Autriche. A en juger par les termes de son discours, ce consentement ne serait guère douteux, depuis que l'attitude du Cabinet de Vienne s'est modifiée et que les relations entre les deux pays ont pris un caractère amical. Les termes calculés dont le Président du Conseil s'est servi en parlant de l'Autriche (2) ont été accueillis par les applaudissements du Parlement dans une pensée facile à saisir. Peut-être ne s'est-il agi que d'une manœuvre à notre adresse, qui pourrait bien avoir pour but de vouloir nous inquiéter.

Dans un moment comme celui-ci, l'opinion a d'ailleurs besoin d'être rassurée sur l'attitude éventuelle du Cabinet de Vienne, et l'on comprend qu'il ait tenu à cœur au Premier Ministre du Roi Guillaume de tranquilliser les appréhensions des partisans que l'Autriche compte encore en Allemagne et même en Prusse.

(1) Cf. Benedetti, 10 avril, n° 79.

(2) Les voici, tels que les traduit Benedetti, dans sa dépêche du 10 avril, n° 78: «En outre, comme nous désirons vivre en paix et en bonne intelligence avec le Gouvernement autrichien, nous nous expliquerons d'abord avec lui sur la question; toutefois l'attitude qu'a prise tout récemment le Cabinet impérial ne nous fait pressentir aucune résistance de sa part."

Il restera à savoir si les espérances émises par le Président du Conseil seront justifiées, et si le Gouvernement autrichien se prétera à cette concession, qui serait une aggravation des stipulations de Prague et qui bientôt l'amènerait à voir se constituer définitivement l'Empire germanique par l'entrée successive dans la Confédération du Nord des trois autres Cours..

Les personnes qui considèrent comme probable une alliance secrète entre la Prusse et l'Autriche ne pourront s'empêcher de suivre attentivement les négociations engagées à ce sujet. La solution, quelle qu'elle soit, sera significative; car il serait difficile de ne pas admettre une entente sur les bases que j'ai indiquées dans ma dépêche n° (1), si M. de Beust devait permettre la violation de la paix de Prague dans une de ses parties importantes. Cela n'indiquerait-il pas une abdication définitive et complète en Allemagne, au prix de concessions jugées équivalentes par le Cabinet de Vienne?

En tout cas, il ressort du débat qui vient d'avoir lieu au sein du Parlement, que cette fois encore M. de Bismarck, cédant à des exigences parlementaires, a cru devoir subordonner ses rapports internationaux aux intérêts de sa politique allemande, et que, s'il s'est abstenu d'appuyer l'amendement Lasker, qui a été adopté à une grande majorité, il s'est bien gardé de le combattre. Cet amendement, dont Votre Excellence trouvera le texte dans le compte rendu de la séance, n'a besoin d'aucun commentaire. Il abandonne au Président du Conseil fédéral, juge de la question d'opportunité, l'admission des États du Midi, sans qu'il soit nécessaire pour cela de modifier la Constitution. Si M. de Bismarck devait se montrer contrarié de ce vote, il ne resterait plus qu'une chose à souhaiter, c'est qu'il voulût bien, après la clôture dn Parlement, lorsqu'il n'aura plus le prétexte de ses difficultés intérieures, mettre un terme à cette politique d'équivoque,' regrettable à tous les points de vue. En jouant au plus fin avec tout le monde et en ne tenant compte que de ses convenances, il pourrait bien arriver un jour qu'il justifiât le mot qu'il s'appliquait, il y a quelques années à Francfort, avec cette liberté de langage qu'on lui connaît, sous une forme prophétique : «Vous verrez que je

(1) En blanc dans le texte.

Cf. Rothan, 6 avril, n° 36.

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