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tiquoit bien plus d'exercices que je ne vous ai pas marqués. S. Louis, roi admirable et pour la guerre et pour la paix, et qui, avec un soin non pareil, administroit la justice, manioit les affaires, oyoit tous les jours deux messes disoit vêpres et complies avec son chapelain, faisoit sa méditation, visitoit les hôpitaux tous les vendredis, se confessoit, et prenoit la discipline, entendoit très-souvent des prédications, faisoit fort souvent des conférences spirituelles, et avec tout cela ne perdoit pas une seule occasion du bien public extérieur, qu'il ne fît et n'exécutât diligemment; et sa cour étoit plus belle et plus florissante qu'elle n'avoit jamais été du temps de ses prédécesseurs. Faites donc hardiment ces exercices selon que je vous les ai marqués, et Dieu vous donnera assez de loisir et de force de faire tout le reste de vos affaires. Oui, quand il devroit arrêter le soleil, comme il fit du temps de Josué; nous faisons toujours assez quand Dieu travaille avec nous.

Le monde dira que je suppose presque partout que ma Philothée ait le don de l'oraison mentale, et que néanmoins chacun ne l'a pas ; si que cette Introduction ne servira pas pour tous. Il est vrai, sans doute, j'ai présupposé cela; et il est vrai encore que chacun n'a pas le don de l'oraison mentale; mais il est vrai

aussi que presque chacun le peut avoir, voire les plus grossiers, pourvu qu'ils aient de bons conducteurs, et qu'ils veuillent travailler pour l'acquérir, autant que la chose le mérite; et s'il s'en trouve qui n'aient pas ce don en aucune sorte de degré, ce que je ne pense pas pouvoir arriver que fort rarement, le sage Père spirituel leur fera aisément suppléer le défaut par l'attention qu'il leur enseignera d'avoir, ou à lire, ou à ouïr lire les mêmes considérations qui sont mises ès méditations.

CHAPITRE X VIII.

Trois derniers et principaux avis pour cette Introduction.

REFAITES tous les premiers jours du mois la protestation qui est en la première partie, après la méditation, et à tous momens protestez de la vouloir observer, disant avec David : Non, jamais éternellement je n'oublierai vos justifications, 6 mon Dieu ! car en icelles vous m'avez vivifiée; et quand vous sentirez quelque détraquement en votre ame , prenez votre protestation en main, et prostérnée en esprit d'humilité, proférez-la de tout votre cœur, et vous trouverez un grand allégement.

Faites profession ouverte de vouloir être dévote : je ne dis pas d'être dévote, mais je dis de le vouloir être; et n'ayez point de honte des actions communes et requises qui nous conduisent à l'amour de Dieu : avouez hardiment que vous vous essayez de méditer, que vous aimeriez mieux mourir qne de pécher mortellement ; que vous voulez fréquenter les sacremens, et suivre les conseils de votre directeur, bien que souvent il ne soit pas nécessaire de le nommer pour plusieurs raisons; car cette franchise de confesser qu'on veut servir Dieu, et qu'on s'est consacré à son amour d'une spéciale affection, est fort agréable à sa divine majesté, qui ne veut point que l'on ait honte de lui ni de sa croix ; et puis elle coupe chemin à beaucoup de semonces que le monde voudroit faire au contraire, et nous oblige de réputation à la poursuite. Les philosophes se publioient pour philosophes, afin qu'on les laissât vivre philosophiquement; et nous devons nous faire connoître pour desireux de la dévotion, afin qu'on nous laisse vivre dévotement. Que si quelqu'un vous dit que l'on peut vivre dévotement sans la pratique de ces avis et exerci ne le niez pas; mais répondez amiablement que votre infirmité est si grande qu'elle

ces

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requiert plus d'aide et de secours qu'il n'en faut pas pour les autres.

Enfin, très-chère Philothée, je vous conjure par tout ce qui est de sacré au ciel et en la terre, par le baptême que vous avez reçu, par les mamelles que Jésus-Christ suça, par le cœur charitable duquel il vous aima, et par les entrailles de la miséricorde en laquelle vous espérez; continuez et persévérez en cette bienheureuse entreprise de la vie dévote: nos jours s'écoulent, la mort est à la porte : La trompette, dit S. Grégoire de Nazianze, sonne la retraite qu'un chacun se prépare; car le jugement est proche. La mère de saint Symphorien voyant qu'on le conduisoit au martyre, crioit après lui: Mon fils, mon fils, souviens toi de la vie éternelle, regarde le ciel, et considère celui lequel y règne, la fin prochaine terminera bientôt la briève course de cette vie. Ma Philothée, vous dirai-je de même, regardez le ciel, et ne le quittez pas pour la terre, regardez l'enfer, ne vous y jetez pas pour les momens, regardez JésusChrist, ne le reniez pas pour le monde; et quand la peine de la vie dévote vous semblera dure, chantez avec S. François :

A cause des biens que j'attends,
Les travaux me sont passe-temps.

Vive Jésus ! auquel avec le Père et le SaintEsprit, soit honneur et gloire, maintenant et toujours, et ès siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Manière de réciter dévotement le chapelet, et de bien servir la Vierge Marie.

Vous prendrez votre chapelet par la croix, que baiserez après vous en être signé, et vous disant vous mettrez en la présence de Dieu, le Credo tout entier.

Sur le premier gros grain vous invoquerez Dieu, le priant d'agréer le service que vous lui voulez rendre, et de vous assister de sa grace pour le bien dire.

Sur les trois premiers petits grains vous demanderez l'intercession de la sacrée Vierge, la saluant au premier, comme la plus chère fille de Dieu le père; au second, comme mère de Dieu le fils; et au troisième, comme épouse bien aimée de Dieu le Saint-Esprit.

Sur chaque dizaine, vous penserez à un des mystères du rosaire, selon le loisir que aurez, vous ressouvenant du mystère que vous vous proposerez, principalement en prononçant les très-saints noms de Jésus et de Marie, les passant par votre bouche avec une grande révérence de cœur et de corps, S'il

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