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verse quelques gouttes de cet acide fumant sur du papier, et qu'on ajoute de suite une goutte d'eau sur la tache déjà carbonisée par l'acide, le papier s'enflamme aussitôt avec vivacité.

Observations de M. BOULLAY, pour faire suite au Mémoire de M. WAHREN.

PREMIÈRE NOTE.

Il me semblerait préférable, en conservant d'ailleurs tous les principaux avantages de l'appareil proposé par M. Wahren pour préparer l'éther sulfurique, de placer la cornue de verre au bain de sable dans une chaudière de fonte. L'opération peut marcher très-vite de cette manière (1): 1° en faisant plonger la chaudière jusqu'aux anses dans le fourneau; 2° en ne laissant qu'une couche mince de sable intermédiaire sous la cornue; 3° en recouvrant de cette même matière toute la voûte de la cornue. La fracture des vaisseaux qu'une foule de causes, telles que l'imperfection du charbon ou l'impression de l'air froid, lorsqu'on introduit le combustible, peuvent occasionner, sera nécessairement moins fréquente. Le bain de sable, bien entendu, permet aussi l'emploi du bois ou de toute autre espèce de combustible dont l'économie, dans une opération en grand, est à considérer.

(1) Il est très-vrai que le bain de sable est préférable pour la distillation et pour toute autre préparation; mais les fourneaux employés jusqu'à présent ne sont pas très-propres à l'élévation rapide de la température ou à son abaissement, si, par négligence, on a trop chauffé le bain de sable.

Je me propose de donner, le plus tôt qu'il me sera possible, une description détaillée d'un fourneau propre à toutes sortes de préparations, et dans lequel on pourra, avec tous les combustibles, hausser et abaisser le calorique à volonté. (Note de M. Wahren. )

De plus, la cornue étant tubulée, on pourra profiter des avantages de l'appareil indiqué tome 62, page 245 des Annales de Chimie. Cet appareil est, à la vérité, peu répandu, par le retard apporté à faire connaître sa description plus détaillée et divers perfectionnemens qu'il a subis ; il sera l'objet d'un nouveau Mémoire, et sera incessamment décrit dans ce Bulletin, de manière à rendre son emploi commode et ses usages multipliés.

DEUXIÈME NOTE.

La proportion d'alcohol portée au-delà de parties égales d'acide sulfurique et d'esprit-de-vin rectifié, ne forme pas plus d'éther et n'empêche pas de recueillir de l'alcohol pour premier produit; elle ne fait que hâter le moment où l'acide, par sa supériorité relative dans le mélange, détruit, brûle, charbonne l'alcohol, et cesse de le transformer en éther (1).

Plus on amène promptement le mélange à l'ébullition; moins on en recueille d'alcohol antérieur à l'éther. Je suis parvenu à retirer une très-grande quantité d'alcohol pur, équivalant au quart environ de la quantité employée, d'un mélange propre à faire l'éther sulfurique par une distillation extrêmement lente.

TROISIÈME NOTE,

La rectification de l'éther sulfurique par la potasse, la chaux, la magnésie, et sur-tout par la première de ces bases, ne conserve pas ordinairement d'odeur d'acide sul

(1) Je sais qu'on obtient aussi promptement de l'éther en employant parties égales d'acide sulfurique et d'alcohol; mais j'ai suivi les propor tions données par M. Klaproth, parce que je crois, ainsi que lui, Westrumb et Rose, qui ont adopté ces proportions dans la pharmacopée de Prusse, que l'on obtient plus d'éther que lorsqu'on emploie parties égales dans le mélange, (Note de M. Wahren.)

fureux, sur-tout si l'on évite de pousser la rectification à siccité; elle a de plus l'avantage de saponifier l'huile douce qui peut exister dans l'éther, source assez ordinaire de la mauvaise odeur de ce produit (1). Le muriate de chaux vient ensuite pour amener, par une seconde distillation, l'éther à son plus grand état de légèreté connue. J'en ai de préparé par ces seuls intermèdes, marquant soixante-cinq degrés à l'aréomètre de Beaumé, et d'ailleurs exempt de toute mauvaise odeur et d'acidité. Les moyens proposés par M. Wahren sont exacts, sans doute, mais plus compliqués que ceux que je rapporte. A l'occasion de l'oxide de manganèse, je ne pense pas qu'il sature l'acide sulfureux aussi facilement que la théorie semble le faire croire ; j'en

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(1) M. Tromsdorf a observé que les alcalis décomposent en partie l'éther sulfurique, et ne peuvent être employés ni pour la rectification. ni même pour la séparation de l'éther. (Journal de pharmacie de Tromsdorf, 4, 7, 85, et la note 187.)

J'ai remarqué, en mêlant l'éther obtenu de la première distillation avec la lessive de potasse concentrée, qu'il ne s'est séparé qu'une trèspetite quantité d'éther, même en y ajoutant de l'eau; la même chose arrive en séparant l'éther acétique; de cette manière, ce dernier se trouve presqu'entièrement décomposé.

Un phénomène encore remarquable est celui qu'a observé M. Hermstaedt en rectifiant plusieurs fois l'éther sulfurique sur les alcalis desséchés; parfois il s'enflammait par lui-même (Annales de chimie de Crell, 1784, II, 44.)

Incertain si l'éther de M. Hermstaedt n'était autre chose que l'éther privé de toute son humidité par la potasse, j'ai rectifié de l'éther plusieurs fois sur le muriate de chaux desséché ; mais l'éther que j'ai obtenu ne s'est jamais enflammé par lui-même et n'a éprouvé aucun changement par le muriate de chaux.

M. Foureroy propose la magnésie pour dépouiller l'éther de l'acide sulfureux ; l'ammoniaque l'absorbe encore plus promptement; mais ce dernier change ses propriétés comme les autres alcalis; et si on se sert des sous-carbonates alcalins, il se dégage une trop grande quantité d'éther avec l'acide carbonique. Comme le manganèse est beaucoup moins cher, je l'ai préféré, et il m'a toujours parfaitement réussi.

(Note de M. Wahren.)

citerai pour exemple de l'acide acétique sulfureux, qu'un séjour de plusieurs semaines sur de l'oxide noir de manganèse n'avait pas complétement dépouillé de l'odeur d'esprit de soufre (1).

QUATRIÈME NOTE.

Les résidus d'éther sulfurique ont déjà été employés en France à différens usages; je les ai moi-même conseillés pour former différens sulfates.

Le résidu charbonneux m'a servi avec beaucoup de succès pour la préparation du sulfate de manganèse. Le charbon très-divisé et les matières hydrogénées qui s'y trouvent ont singulièrement facilité la réduction de l'oxide noir de manganèse, et par conséquent sa combinaison avec l'acide sulfurique.

La nécessité de faire soi-même le sulfate de fer pour être certain de l'avoir pur, m'a déjà fait appliquer ces mêmes résidus à la préparation de ce sel métallique. Je ne crois pas inutile de décrire mon procédé.

J'ai mis, dans une chaudière de fer placée sur le feu, douze livres de résidu d'éther et vingt-quatre livres d'eau. J'ai projeté par portions, dans ce liquide, au moment de l'ébullition, s. q. de limaille de fer pur; il en a fallu trois livres quatre onces.. Une violente effervescence due au dégagement de gaz hydrogène s'est manifestée. On a brûlé ce gaz en présentant un corps enflammé à la surface, et en continuant d'agiter le mélange. La liqueur filtrée, évaporée et mise à cristalliser, a fourni environ quinze livres · de vitriol martial, d'un vert tendre et très-agréable, et de la plus grande pureté.

(1) J'ai fait de l'acide acétique en décomposant de l'acétate de plomb par l'acide sulfurique. La liqueur obtenue avait une odeur d'acide sulfureux dont je l'ai entièrement dépouillée par l'oxide noir de manganèse. (Note de M. Wahren. )

CINQUIÈME NOTE.

Au procédé détaillé avec beaucoup de soin par M. Wahren, pour composer le phosphate de soude, il me paraît utile de faire un léger changement. Il consiste à délayer d'abord les os pulvérisés dans deux parties d'eau, avant que d'y ajouter l'acide; autrement il serait très-difficile de détruire l'état d'aggrégation de la masse devenue tellement solide qu'elle ne se délayerait qu'avec la plus grande difficulté, même dans l'eau bouillante.

Observations sur le tartrate de potasse et de soude (sel de seignette); par M. HENRY, chef de la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris.

EXTRAIT PAR M. BOULLAY.

On trouve dans le N° 14 du Journal des Pharmaciens, un Mémoire intéressant dans lequel M. Vauquelin a indiqué les proportions du sel de seignette et fait connaître que pendant la saturation de l'acidule tartareux par le carbonate de soude, il se déposait beaucoup de tartrate calcaire existant tout formé dans la crême de tartre. M. Henry s'étant occupé plusieurs fois de la préparation en grand du tartrate de potasse et de soude a fait les observations

suivantes :

1o. L'addition d'un excès de carbonate de soude pour saturer l'acide libre de la crême de tartre, décompose une partie du tartrate de chaux contenu dans ce sel; alors il se forme du tartrate de soude neutre qui reste dans la liqueur; et le dépôt est un mélange de tartrate et de carbonate de

chaux.

2°. Le tartrate de soude neutre, plus soluble que le sel de seignette, différent de ce dernier sel par sa forme et ses propriétés, reste dans les eaux-mères après les premières

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