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de ce sel, je l'ai pulvérisé parfaitement, et je l'ai mis dans une capsule de verre que je plaçai à une température d'environ 32° centigrades. Après douze heures d'exposition, la matière n'avait pas sensiblement changé de couleur, mais elle avait perdu les 2,653,79 (50 grains) de son poids primitif.

Analyse par l'alcohol.

J'ai introduit ce résidu du poids de 97 gram., 346,21 mil. (3 onces, 1 gros, 34, 12 grains) dans un matras, et j'ai versé dessus six fois son poids d'alcohol à 37° + o; j'ai laissé ce mélange en macération, avec le soin de l'agiter de tems en tems; vingt heures après, l'alcohol avait acquis une teinte jaunâtre ; je le séparai par la filtration, et le résidu desséché ne pesait plus que 96 grammes, 72,40 mil. (3 onces, 1 gros, 10,12 grains), ce qui prouve que l'alcohol lui avait enlevé 1 gram., 273,82 millig. (24 grains) de son poids.

Mis à évaporer dans une grande capsule de verre, et à une chaleur modérée, la couleur de cet alcohol se fonça graduellement et en même tems vers les parois, et vers le fond de la capsule, j'aperçus un dépôt brun-marron. Ayant évaporé à siccité, j'obtins pour résidu une masse d'un brungrisâtre, qui recueillie, et desséchée avec soin, pesait 1 gram., 114,59 mil. ( 21 grains), ce qui dénote qu'il y a eu 159,23 milligr. (3 grains) de perte par l'acte de l'évaporation de l'alcohol.

Cette masse attirait fortement l'humidité de l'air, et avait une saveur amère et astringente; l'acide sulfurique en dégageait des vapeurs d'acide muriatique, que rendait trèssensible l'approche du gaz ammoniacal.

Cette matière enlevée par l'alcohol, puis séparée par l'évaporation de ce véhicule, fut mise dans un petit matras avec 61 gram., 143 mil. d'eau froide distillée. Je 'filtrai après six heures de contact, et je recueillis sur le filtre une

substance de couleur brun-marron, qui; soigneusement desséchée, pesait 424,61 milligr. (8 grains).

La teinture de violettes verdissait, par son mélange avec la liqueur filtrée; la teinture de noix de galle la précipitait en brun-violet, qui passait en peu de tems au bleu-noirâtre. L'acide sulfurique a produit, au bout d'une demiheure, quelques petits flocons grisâtres très-légers. L'acide oxalique a eu à peu près le même effet; l'eau de chaux l'a précipitée en vert-pomme qui a passé graduellement au jaunâtre. L'ammoniaque liquide y a occasionné un précipité gélatineux et très-abondant, la solution de nitrate d'argent, un précipité abondant et entièrement insoluble. Dans l'acide nitrique, par le sulfure hydrogéné d'ammoniaque, il s'est formé un précipité noir très-volumineux, qui s'est aussitôt réuni au fond du verre à expérience. Avec le même réactif, en très-petite quantité, le précipité était d'un beau vert d'émeraude.

Ces premiers essais m'ayant convaincu que cette liqueur contenait du muriate de fer et du muriate de magnésie, avec excès de base, il ne s'agissait plus que de déterminer la quantité existante de ce dernier sel, pour connaître le poids de ces deux corps enlevés par l'alcohol au remède en question; à cet effet, je précipitai tout le sel de fer par le prussiate triple de potasse; je filtrai, et fis ensuite évaporer.

Le produit de cette opération, dont le poids s'élevait à 424,61 milligr. (8 grains), fut reconnu de nouveau et avec plus de certitude par les réactifs appropriés, pour être du muriate de magnésie.

Analyse par l'acide muriatique.

La substance de couleur brun-marron, pesant 424,61 mil. (8 grains), échappée à l'action des 61 gram. 143 mil. d'eau froide distillée, mise dans une suffisante quantité d'acide muriatique étendu d'un peu d'eau, fut dissoute très-rapidement et en totalité. Je fis évaporer à siccité cette

dissolution dont la couleur était verdàtre, et le résidu fut reconnu, d'une manière non équivoque, pour être de l'oximuriate de fer; dès lors, je ne doutai plus que cette substance, du poids de 424,61 milligr., et qui était un peroxide de fer, ne provînt d'une portion d'oximuriate de ce métal, enlevé par l'alcohol, décomposé ensuite par l'évaporation de ce même véhicule, lequel en se vaporisant avait entraîné la petite quantité d'acide muriatique mise à l'état libre.

Analyse par l'eau froide distillée.

Le résidu, du poids de 96 gram. 72,40 milligr. (3 onces 1 gros 10,12 grains), qui n'avait pas été attaqué par l'alcohol, et qui n'avait pour ainsi dire pas changé de couleur, a été mis dans un matras avec seize fois son poids d'eau froide distillée; le mélange se troubla aussitôt et prit une couleur jaunâtre qui avait assez l'apparence de l'eau de la Seine, immédiatement après la chute des grandes pluies. Ce mélange trouble s'éclaircissait par le repos, et chaque fois que je l'agitais, il redevenait comme dans son premier état; après douze heures de macération, je le filtrai, et j'obtins une liqueur parfaitement claire et incolore; il resta sur le filtre une matière d'un gris-jaunâtre qui desséchée pesait 955,37 milligr. (18 grains). Je fis évaporer la liqueur dans une grande capsule de porcelaine, à une chaleur modérée, et lorsquelle fut réduite à 0,15 environ de son poids, je la transportai dans un lieu frais ; elle ne tarda pas à se convertir en un sel cristallisé en petites pyramides hexahédres, accompagnées de quelques prismes très-courts, qui avaient une saveur amère désagréable et légèrement salée, inaltérables à l'air; l'eau, à la température ordinaire, n'en prit que les 0,06 de son poids.

L'acide sulfurique et oxalique, l'ammoniaque liquide, l'eau de chaux, la teinture de noix de galle n'ont produit Ileшe Année. - Novembre.

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aucun changement par leur mélange avec une solution de ce sel; le nitrate de baryte y produisit un précipité blanc très-abondant.

D'après tous ces faits, il est impossible de ne pas reconnaître ce sel pour du sulfate de potasse.

Il reste encore à examiner cette matière d'un gris-jaunâtre, et du poids de 955,37 milligr. ( 18 grains), qui n'a été attaquée ni par l'alcohol, ni par l'eau. Elle n'avait pas d'odeur, ni de saveur; elle était extrêmement divisée, et impalpable sous les doigts : sa trop petite quantité ne m'a pas permis de la soumettre à l'analyse chimique; je suis néanmoins très-autorisé à croire, d'après toutes ses propriétés physiques, que cette substance est une des espèces d'argile (le tripoli).

Conclusion.

Il résulte du travail qui précède sur le sel de Descroizilles, que les cent grammes que j'ai analysés contenaient :

1o. Muriate de fer, en partie à l'état d'oximuriate,.

2o. Muriate de magnésie,

3o. Sulfate de potasse,

ג

gram. milligr.

onc. gros. grains.

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4°. Tripoli (l'une des espèces d'argile), D'après toutes les observations citées ci-dessus, il est certain que le sulfate de potasse forme la base du spécifique dont il s'agit, que le muriate de fer ajouté par l'auteur et décélé par les réactifs appropriés, est un mélange demuriate et d'oximuriate de ce métal, et que la portion qui se trouve à l'état de muriate simple lors du mélange, passe bientôt à celui d'oximuriate en absorbant l'oxigène de l'air atmosphé rique lorsqu'on le laisse en contact. Il n'y a pas: qu'il entre une plus grande quantité de ce sel de fer dans la composition de ce remède : les taches faites au papier qui le renfermait, lesquelles étaient formées par le sel ferru

de doute

gineux, le prouvent suffisamment ; mais il me fut impossible d'en déterminer la quantité absorbée. Quant au muriate de magnésie, ainsi qu'au tripoli dont l'existence a aussi été reconnue, il est bien certain qu'on ne les a fait entrer dans la composition de ce remède que pour le déguiser.

L'auteur annonce dans son prospectus, que l'envie a cherché à détruire dès son origine ce sel de santé, mais qu'heureusement on n'a pu y réussir, etc..

Cependant il n'a pas fallu être consommé dans la carrière des analyses chimiques, pour parvenir à décéler les principes constituans de ce prétendu remède universel.

ANALYSE

De l'eau minérale de Bléville;

PAR M. DUPRAY.

Ier. Propriétés physiques.

L'EAU minérale de Bléville est inodore; elle a une saveur douce, martiale; exposée à l'air, elle se couvre d'une pellicule irisée; après quelques heures, elle se trouble et laisse précipiter une matière rougeâtre; ensuite elle reprend sa transparence. A défaut d'aréomètre de Nicholson, on l'a comparée à l'eau distillée dans une bouteille de huit onces, et la pesanteur spécifique n'a pas paru différente. N'ayant pas de thermomètre sur le lieu, il n'a pas été possible de faire mention de sa température.

§ II. Essais par les réactifs.

1o. La teinture de tournesol, délayée au point de paraître bleue, n'est pas sensiblement altérée ; l'eau de Bléville

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