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1648.

Articles du

persévérance de leurs efforts communs, Les Suédois, par exemple, qui travailloient à obtenir un territoire en Allemagne et des voix à la diète, traversoient la France dans une prétention pareille; et ceux-ci, qui consentoient bien à ce qu'on fît aux protestans des concessions importantes, s'opposoient de leur côté à ce qu'on dépouillât entièrement le clergé catholique, contre lequel les Suédois élevoient des prétentions sans bornes. Trautmansdorff profita souvent de ces dissentions pour obtenir des conditions meilleures ; et enfin, après mille intrigues, la force des circonstances fit convenir d'un accord dont toutes les parties furent satisfaites, parce que tous les avantages faits aux protestans, ne coûtèrent rien aux catholiques, et qu'ils furent pris sur le clergé, Aussi n'y eut-il que le pape qui fit des protestations contre les décisions qui furent prises; et ni l'empereur, ni aucun état catholique ne fut d'humeur à se rengager dans une guerre de religion pour les soutenir.

Les articles de ce traité célèbre sont tra té de de deux sortes. Les uns sont relatifs

Westphalie. aux satisfactions accordées aux puissances intéressées; les autres concerment l'état public de la religion et du gouvernement de l'Allemagne.

Par les premiers, la France fut re

connue tenir en toute souveraineté les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, et la ville de Pignerol, qu'elle possédoit avant la guerre ; et il lui fut de plus abandonné l'Alsace et le droit de garnison dans Philisbourg, en conservant d'ailleurs aux états de la province cédée, tous les droits et priviléges compatibles avec la souveraineté du monarque.

La Suède obtint la Pomeranie citérieure ou occidentale, Stettin, Wis-mar, l'île de Rugen, l'archevêché de Bremen et l'évêché de Verden, qui furent sécularisés ; trois voix à la diète, et cinq millions d'écus impériaux, payables par les Cercles de l'Empire, à l'exception de la Bavière et de l'Au

triche.

L'électeur de Brandebourg reçut l'évêché de Magdebourg, et les évêchés d'Halberstadt, Minden et Camin. Le duc de Meckelbourg les évêchés de Schwerin et de Ratzebourg, et les deux commanderies de Mirow et de Nimirow. Les dues de BrunswickLunebourg l'alternative dans l'évêché d'Osnabruck, possédé tour-à-tour par un catholique, élu par le chapitre, et par un prince de la maison de Brunswick.

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Le landgrave de Hesse-Cassel obtint des abbayes, et il en fut de même de divers autres princes moins marquans.

L'électeur Palatin rentra dans ses possessions, sauf dans le haut Palatinat, qui demeura à la Bavière; et un huitième électorat fut créé en sa faveur, pour subsister jusqu'à l'extinction de la lignée masculine de l'une ou de l'autre · des maisons Palatine et de Bavière.

En compensation du haut Palatinat," qui fut ainsi confirmé à l'électeur de Bavière, celui-ci reuonça à un prêt de treize millions qu'il avoit fait à l'empereur, et ce dernier reçut encore trois millions de la France en indemnité de l'Alsace, dont il avoit donné l'investiture à l'archiduc Ferdinand-Charles,' son cousin.

Quant aux dispositions relatives à la religion et au gouvernement de l'Allemagne, les calvinistes furent admis à participer à tous les droits acquis aux luthériens tous les biens ecclésiastiques possédés par les princes protestans en 1624, et par l'électeur palatin en 1619, leur durent rester, et tout bénéficier catholique ou protestant,' changeant de religion, dut perdre son bénéfice. La chambre impériale, investie du droit de connoître des

diTérens entre les états, fut composée de vingt-six conseillers catholiques et de vingt-quatre protestans ; et le Conseil aulique, dont le jugement des causes féodales étoit la principals attribution, reçut six conseillers pro

testans.

On pourvut aussi à la manière de résoudre la guerre et de faire la paix, de porter des lois générales, d'imposer des contributions, de couvoquer les diètes à des termes fixes (1), et on régla la qualité de ceux qui y auroient entrée et suffrage. On renvoya enfin à la prochaine diete à statuer sur l'élection d'un roi des romains, du vivant. de l'empereur, et sur la faculté de le choisir dans la famille régnante: deux points sur lesquels la maison d'Autriche ent à combattre les intrigues de la France, et vint à bont de les déjouer. Déjà elle l'avoit fait échouer dans ses prétentions à obtenir à la diète, en vertu de sa possession de l'Alsace, dest voix qui l'auroient autorisée à s'immiscer dans les affaires de l'Empire; mais, déchue à cet égard, la France

(1) Ce n'est qu'en 1665 que la diete de. Empire fut déclarée permanente à Ratis

bonne.

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L'Espagne refuse d'y

accéder.

'Retour de la

arriva au même but, en se faisant reconnoître garante, ainsi que la Suède, du traité qui venoit d'être conclu.

L'Espagne, qui dès le commencement de l'année avoit fait sa paix avec les Provinces-Unies, en leur abandonnart leur territoire en Europe, et audehors tous les établissemens commerciaux qu'ils avoient enlevés au Portugal, pendant qu'il faisoit partie de la monarchie espagnole, refusa d'accéder au traité de Westphalie, tant à cause du sacrifice qu'on exigeoit des Pays-Bas et de la Franche-Comté ou du Roussillon et de la Cerdagne, que parce qu'elle se flattoit de trouver dans les troubles de la France, un équivalent à la diversion qu'elle perdoit du côté de l'Allemagne. Enfin le duc de Lorraine, à qui la France consentoit bien de rendre ses états, mais en y conservant des forteresses et des chemins militaires, refusa d'y rentrer à ces conditions; et il préféra de continuer de vivre en aventurier, et à la tête d'un petit corps d'armée, au service des princes qui le payoient le mieux.

Cependant la Cour réconciliée avec Cour à Paris. le parlement, rentra dans la capitale à la fin d'octobre, anx acclamations de tout le peuple énivré. « Il ne

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