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1648, gardoient bien de laisser pénétrer leurs intentions aux magistrats qu'ils séduisoient; au contraire ils n'étaloient devant eux que des principes de désintéressement, de modération, de bienfaisance pour le peuple, et paroissoient n'avoir en vue que la réforme du gouvernement et la gloire de la nation qui seroit l'ouvrage du parlement, s'il vouloit l'entreprendre. Pour soutenir la bonne opinion qu'ils tâchoient de donner d'eux, ils avoient soin que les projets contre la Cour, portés de la chambre de Saint-Louis aux chambres assemblées, ne parussent enfantés que par le pur zèle du bien public. Telle étoit la suppression des intendans de province, qui fut prononcée d'une voix unanime; l'érection d'une chambre de justice, destinée à pressurer les traitans, chose toujours agréable au peuple; enfin, beaucoup de réglemens de finance, bons en eux-mêmes mauvais pour le moment présent, parce qu'ils jetoient l'alarme parmi les prèteurs, qu'ils ôtoient la confiance, et qu'ils faisoient fermer les bourses. Il s'ensuivit que, dans quelques provinces, le peuple voyant le discrédit dans lequel les opérations du parlement faisoient tomber les collecteurs des impôts, re

mais

fusa de

payer. Des paysans attroupés pillèrent les recettes; et le moins qui 1648. en arriva, c'est que chacun s'abstint de verser sa part de contribution, et tout resta en souffrance, en attendant la fin des débats de la magistrature avec le ministère.

Le duc d'Orléans, prié par la reine, On les élude, vint aux assemblées des chambres, et il s'y rendit assidu, pour tâcher de mettre des bornes à l'étendue et à la multiplicité des prétentions. 11 représenta que les intendans étoient nécessaires pour la marche, la distribution la subsistance des troupes dans les provinces ; qu'ils seroient difficilement suppléés à cet égard; qu'au lieu de les révoquer, il n'y avoit qu'à restreindre leurs fonctions et leurs pouvoirs, et que la Cour se prêteroit volontiers à des arrangemens. Quant à la chambre de justice, on éleva une difficulté ; savoir, si les membres seroient tirés de toutes les compagnies souveraines, ou bien uniquement du parlement. Il y eut à ce sujet des débats qui empêchèrent la formation de la chambre, et c'est ce que le ministère demandoit. Sur d'autres matières, comme la confection d'un nouveau tarif des entrées de Paris, le paiement des rentes de l'Hôtel-de-Ville,

1648.

Lit de justice.

et d'autres objets de finance, on suscitoit des incidens pour faire perdre de vue l'objet principal, et réfroidir le zèle des Frondeurs: mais ces stratagêmes n'aboutissoient qu'à retarder la décision et non à changer les opinions.

Cependant, comme le premier préHistoire du sident espéroit beaucoup du bénéfice du temps, p. 225. temps, il secondoit l'expédient des délais, en profitant des moindres ouvertures pour rompre les assemblées, ou pour les rendre inutiles. A cet effet, furent employées les longues déliberations, les harangues étudiées, les digressions, les conférences chez le duc d'Orléans, et d'autres moyens par lesquels on amuse les corps plus aisement que les particuliers: mais, à la fin, la diligence vint d'où venoient auparavant les retards. Les coffres du roi se vidoient sans se remplir; tout languissoit. Les armées n'étoient pas payées, et il y avoit à craindre la sédition du ventre, la pire de toutes, disoit Gaston, qui ajoutoit que les ennemis triomphoient de ces désordres, et devenoient moins traitables sur l'article de la paix, qu'ils comptoient faire ou différer, selon leur volonté, à l'aide de nos mésintelligences. La régente prit donc le parti de finir toutes les tracasseries, en ac

cordant de bonne grâce au parlement 1648.
une partie de ce qu'il paroissoit disposé
à se faire donner de force. Le roitint.
pour cela un lit de justice le 31 juillet.

La déclaration qui y fut lue, portoit remise du quart des tailles pour l'année suivante, révocation de l'édit du toisé, et de plusieurs droits pécuniaires établis successivement sur les denrées et marchandises; suppression, de douze charges des maîtres des requêtes, dont la création avoit occasionné les premiers murmures de la magistrature: il fut fait de plus, sur le maniement des finances, des réglemens qui sembloient devoir mettre un frein à la cupidité des partisans. Le chancelier ajouta, que le roi établiroit incessamment une chambre de justice. pour rechercher les anciennes déprédations; et il finit par une défense de continuer les assemblées de la chambre de Saint-Louis, et une injonction de rendre la justice aux sujets du roi.

blées recom

Il falloit bien peu connoître les Les assem hommes, pour imaginer qu'avec ces mencent. concessions, la plupart équivoques, Rep, t., on satisferoit la jeunesse frondeuse du Page 116, parlement, et qu'après avoir pris part aux affaires d'état, elle reviendroit sans peine aux affaires ennuyeuses du barTom. XI.

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