Mélander, général de l'armée impé- les 1648. 1648. Dès le temps de Richelieu, des disPaix de positions pacifiques s'étoient manifesWestphalie, tées entre les puissances belligérantes, et par la médiation du Danemarck, des préliminaires avoient été arrêtés à Hambourg, à la fin de 1641, mais ils n'avoient eu aucunes suites. Une des premières opérations de la régente fut de reprendre ces négociations. On en assigna le siége à Munster et à Osnabruck, villes de Westphalie peu distantes l'une de l'autre. Les catholiques se réunissoient dans la première, et les protestans dans la seconde. L'empereur avoit des envoyés dans toutes les deux. Négociateurs. Malgré les voeux de l'Europe pour l'ouverture de ce congrés, les conférences ne furent entamées que dans les premiers jours de mai de l'année 1644. Les catholiques avoient pour médiateurs Fabio Chigi, nonce du pape, et depuis pape lui-même sous le nom d'Alexandre VII, et le noble vénitien Louis Contarini, qui devint doge de sa république. Les protestans ne reconnurent point de médiateurs. Les plénipotentiaires de la France furent le duc de Longueville, Claude de Mesmes, comte d'Avaux, et Abel Servien. Ceux de la Suède Jean Oxenstiern, fils du grand chancelier Axel, et Adler Salvius, chancelier de la Cour. L'empereur nomma pour traiter avec les premiers, les comtes de Trautmansdorff et de Nassau-Hadamar, et le conseiller Wolmar; et avec les seconds le même comte de Trautmansdorff, celui de Lemberg et le conseiller Crane. Les princes catholiques avoient à leur tête Philippe de Schoenborn, évêque de Wurtzbourg, et les protestans le duc de Saxe- Altenbourg, cousin-germain du fameux Bernard de Saxe-Weimar. 1648. Objet du Mabli nous trace en peu de mots l'objet et le but de ce congrès célèbre : Congrès. Il s'agissoit, dit-il, de débrouiller <«< un chaos immense d'intérêts op« posés, d'enlever à la maison d'Au triche des provinces entières, de << rétablir les lois et la liberté de l'Ema pire opprimé, et de porter en « quelque sorte des mains prophanes « à l'encensoir, en enrichissant les << protestans aux dépens des catho<«<liques, pour établir entre eux une « espèce d'équilibre. » Telle étoit en général la matière des négociations qui alloient s'entamer au congrès. La France y portoit des prétentions, qui sont très-habilement exposées dans les instructions données à ses négociaTom. XI. F 1648. teurs; instructions où sont tracées avec beaucoup d'intelligence, et la manière de les produire sous un jour flateur pour les faire agréer, et la marche lente et circonspecte à suivre pour ne pas effrayer par des demandes trop étendues. Fidèles à leurs instructions, et afin de se gaguer d'abord le suffrage de tous les petits princes allemands, les plénipotentiaires français refusèrent d'ouvrir les conférences avant l'arrivée de ceux-ci, et s'en expliquèrent dans une circulaire répandue avec profusion, et où le despotisme impérial étoit inculpé de leur avoir enlevé jusqu'alors un droit inhérent à leurs intérêts, L'empereur se plaignit en vain qu'on faisoit naître des prétentions insolites, et qu'on calomnioit le légitime exercice de l'autorité impériale, il ne put obtenir à cet égard que des satisfactions sur la forme. Propositions De part et d'autre on produisit enfin réciproques. ses demandes. Les impériaux offroient de prendre pour base du traité celui de Ratisbonne, en 1630; c'est-à-dire à une époque où la France, n'ayant point encore pris part à la guerre, n'avoit point fait de conquêtes en Allemagne, ce qui l'eût mis, en acceptant cette base, dans la nécessité de restituer tout ce qu'elle y avoit conquis. Cettc communication se faisoit dans le temps même où le duc d'Enghien étoit vainqueur à Fribourg, et où Gaston maître de Gravelines, menaçoit toute la Flandre. Aussi les négociateurs français firent-ils des réponses évasives. Ce ne fut que l'année suivante qu'on parla plus sérieusement. Les plénipotentiaires français proposèrent dix-huit articles où il étoit fort pen question de la France, mais beaucoup de l'Empire: le seul objet, disoient-ils emphatiquement, qui leur tenoit à coeur. Les impériaux d'autre part ne parurent pas choqués des demandes excessives des Suédois il sembloit qu'il ne tenoit à rien qu'on ne fût d'accord; mais ce grand désintéressement d'une part, et cette excessive condescendance de l'autre, n'en imposoit qu'aux malhabiles, et le vieux Oxenstiern répondoit à ceux qui le félicitoient de la perspective prochaine de la paix, qu'il y avoit encore bien des noeuds qui ne seroient tranchés qu'avec l'épée. Les événemens de la guerre en effet changeoient à chaque instant les dispositions de toutes les parties, et la jalousie même des alliés entre eux, apportoit des obstacles à l'unité et à la 1648. |