E XII. TIENNE de Garlande quatriéme fils de Guillaume I. du nom, feigneur de Gar- A lande, fut élû évêque de Beauvais environ l'an 1100. fuivant Yves évêque de Chartres épitre 19. qui s'oppofa à fa confirmation. Il fut depuis archidiacre de l'églife de Paris, doyen de S. Aignan d'Orleans, & fait chancelier de France avant 1106. il fut auffi Senêchal aprés la mort de fon frere Guillaume, retenant toujours la charge de chancelier, & l'étoit encore en 1126. Il eut l'adminiftration des principales affaires du royaume pendant l'efpace de neuf ans, donna en mariage Agnés de Garlande fa niece à Amaury III. du nom feigneur de Montfort-l'Amaury, auquel il remit la charge de Senêchal de France, fans le confentement du roy, prétendant qu'elle étoit hereditaire dans fa famille & prit les armes contre fon fouverain & fon bienfaicteur. Il fit fa paix fur la fin de l'année 1130. par l'entremise de la reine Adelais de Savoye, à condition que lui & Amaury feigneur de Montfort renonceroient aux prétentions qu'ils avoient fur la charge de Senêchal, qui demeura en la difpofition du roy; il fe retira l'an 1137. en fon doyenné de S. Aignan d'Orleans, fit lacrer en fa prefence Manaffes de Garlande évêque d'Orleans fon neveu en 1146. mourut le 14. janvier 1150. & fut enterré en l'églife du prieuré de Gournay. Voyez l'hift. des miniftres d'état de M. d'Auteuil page 150. & fuiv. B Echiqueté d'or & d'azur au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or. R XIII. AOUL I. du nom, dit le Vaillant, comte de Vermandois, de Valois, d'Amiens & de Crefpy, feigneur de Peronne, fut fait Senêchal de France en 1131. cu 1132. Voyez fon article & fa genealogie tome 1. de cette hiftoire, page 533. C D'azur à une bande d'argent accompagnée de deux cortices potencées contre potencées d'or. A T XI V. "HIBAUD I. du nom, dit le bon, comte de Blois & de Chartres fut fait Senêchal de France vers l'an 1152. Voyez fon article & fa genealogie tome II. de cette hift. page 845. 1 Il n'y a point eu de SENECHAL DE FRANCE en titre depuis lui: cet office de la couronne fut fupprimé & comme aneanti par fa mort; enforte que l'on ne voit plus dans les histoires aucune mention des SENECHAUX, leur pouvoir a depuis B paffé aux CONNESTABLES & aux GRANDS-MAITRES de France, qui ont partagé entre eux les fonctions & l'autorité attribuées à cette grande charge. C Le P. Daniel hift. de la milicè Françoise tome I. page 168. & fuiv. dit que Guillaume, Raoul, Frederic, Robert, Hugues. Gervais, Guy de Montlhery & tous les autres depuis Geoffroy Grifegonelle comte d'Anjou étoient Senêchaux de France, & non pas grands Senêchaux, comme l'étoient les comtes d'Anjou. Robert abbé du Mont S. Michel mort en 1186. continuateur de la chronique de Sigebert, marque que Henry d'Anjou, dit le jeune, fils d'Henry II. roy d'Angleterre étant à Paris le jour de la Purification 1169. fervit le roy à table en qualité de SENECHAL de France, charge que le roy Robert avoit autrefois donnée à Geoffroy Grifegonelle comte d'Anjou. Atten André du Chefne remarque que l'office de grand Senêchal tomba entre les D mains de Philippes le Bel, fuivant un titre de l'an 1309. en ces termes. dentes quod in emolumentis ratione juramentorum fidelitatis quæ ab epifcopis abbatibus, abbatiffis & aliis prælatis regni noftri confueverunt præftari, certam videlicet librarum parifienfium in quolibet juramento, ratione Dapiferiæ feu Senelcalliæ, quam in manu noftra tenemus, percipimus portionem, nofcat præfentium & futurorum chriftianorum devotio, quod nos ob progenitorum noftrorum & cariffimæ Joanna Franciæ & Navarræ reginæ quondam confortis noftræ animarum remedium & falutem, præfenti edicto ftatuimus, præcipimus & ordinamus quod omnia & fingula emolumenta quæ à datâ præfentium nobis & quibufcumque fuccefforibus noftris Franciæ regibus in perpetuum ratione præmifforum futuris temporibus provenire contigerit, eleemofinariis & fuccefforibus fuis noftri hofpitii, qui pro tempore fuerint, integraliter liberentur & perfolvantur fideliter pauperi E bus puellis nobilibus regni noftri per ejufdem manus eleemofinarii in maritagiorum fuorum fubfidium diftribuenda. Datum Parifiis anno 1309. in menfe Martii. Manufcrit d'André, du Chefne vol. 57. des 59. portez à la bibliotheque du roy. CHARLES dauphin, fils aîné du roy Jean reprefenta le Senêchal de France au facre du roy fon pere en 1350. & étoit vêtu d'une cotte de drap d'or. Extrait du compte d'Etienne de la Fontaine, argentier du roy, A A HISTOIRE DES CONNESTABLES CHAPITRE SECOND. E titre de COMTES qu'avoient ceux qui commandoient dans les provinces de l'empire romain, étoit auffi donné aux officiers qui remplifoient les principales charges publiques; il y avoit des com tes de l'Annone, du Trefor, du Palais, des Domeftiques: & cette qualité étoit diftinguée par les fonctions des offices aufquels elle avoit rapport. La monarchie Françoise, en s'établiflant fur les ruï nes de ce vafte empire, a fuivi long-temps les mêmes ufages & le même gouvernement, elle s'eft fervie d'officiers qui avoient les mêmes titres & les mêmes fonctions; & s'il y a eu de la difference, elle n'a été que dans les noms. B Ceux de Senêchal & de Marêchal en font une preuve, ce font les mêmes fonctions exprimées fous des termes differens, & le nom Allemand qui leur a été donné n'y a rien changé. Le comte de l'Eftable, COMES STABULI, depuis nommé CONSTABULUS, CONNESTABILIS, CONNESTABLE, étoit du nombre de ces grands officiers; il avoit autorité fur les écuries & les chevaux du roy, & les Marêchaux étoient fous lui comme les premiers écuyers de nos rois. Les perfonnes d'une valeur & d'une prudence diftinguée qui ont rempli cette charge, ont quelquefois engagé nos rois à les charger des affaires les plus importantes de l'état, & du commandement de leurs armées & de leurs flottes: ainfi CHARLEMAGNE en voya BURCHARD fon Connêtable en Corfe l'an 807. pour défendre cette ifle contre les Maures, il les battit en mer, en fit perir beaucoup, & leur prit treizò II. chronic. (a) Reginon, liv vaiffeaux; (4) mais ce n'étoit qu'une commiffion paffagere qui ne regardoit que A celui qui en étoit chargé perfonnellement; & Hincmar ne donne pas une grande idée de cette charge, lorfqu'en parlant des trois officiers qui étoient principalement chargez du foin de la maifon des rois, il ajoute: Qua videlicet cura quanquam ad Buticularium, vel ad comitem ftabuli pertineret, maxima tamen cura ad fenefcalcum refpiciebat, eò quod omnia cætera, prater potus vel victus caballorum ad eundem fenefcalcum pertinebat. La fonction de Connêtable, fous la premiere & feconde race de nos rois, étoit donc d'avoir le commandement de l'écurie, & elle n'étoit point differente de celle du grand écuyer & du premier écuyer d'aujourd'huy. Cette charge eft devenue plus confiderable fous la troifiéme race; le Connêtable fignoit, comme grand officier, les lettres de nos rois fous le regne de Philippes I. Et MÅTTHIEU II. du nom, feigneur de Montmorency, pourvû de cette dignité fous celui de Louis VIII. l'a fi fort élevée, qu'elle étoit devenuë la premiere de la couronne; le Connêtable étoit, aprés le roi, le chef des armées de France; il avoit la jurifdiction à la table de marbre à Paris, qui fubfifte encore sous le titre de Connétablie & Marêchauffée de France; il prêtoit ferment entre les mains du roi, & a porté dans la fuite aux deux côtez de l'écu de fes armes, pour marque de fa dignité, deux mains dextres armées fortant d'un nuage & tenans chacune une épée nue la pointe en haut. Ceux qui ont rempli cette grande charge l'ont depuis confervée dans tout fon éclat, mais leur pouvoir ayant paru trop confiderable, l'office de Connêtable a été fupprimé par édit du roi Louis XIII. du mois de janvier 1627. registré au parlement le 13. mars fuivant. On trouvera à la fin de ce Chapitre quelques anciens memoires qui concernent le pouvoir & les droits appartenans à l'office de Connêtable de France, avec la forme du ferment qu'il prêtoit. Voyez les additions de M. le Laboureur, au vol. 2. des memoires de Caftelnau-Mauviffiere, p. 78. de la dignité des Connétables de France, I hiftoire des miniftres détat de M. d'Auteuil, pag. 240. l'histoire des Connêtables, chanceliers & autres officiers, par Jean le Feron & Denis Godefroy, l'ouvrage de ce dernier imprimé à l'imprimerie royale in fol. en 1658. Trefor des chartes, reg. x. fol. 35. reg. xxv1. fol. 27. reg. xxv11. fol. 136. Arreft du parlement de l'année 1224. portant que les Connêtables, bouteiller, chambrier & chancelier de France ont affistance & opinion en la cour des Pairs de France, pour le jugement des Pairs. Voyez auffi le difcours fur les Connêtables, vol. manufcrit d André du Chefne, cotté 57. des 59. portez à la bibliot. du roy, & traité de la juftice militaire de France, par Guillaume Joly, lieutenant general de la Connétablie & maréchauffee de France, avocat en parlement, imprimé à Paris chez Abel Langelier, l'an 1598. petit 8°. dedié au Connétable de Montmorency: il y eft traité de la jurisdiction des Connetables & Marêchaux de France. A I. LBERIC, eft le premier que l'on trouve avoir été Connêtable de France, fous la troifiéme race de nos rois. Il autorifa de fon seing avec plusieurs grands feigneurs & officiers de la couronne, la charte de fondation ou dotation du prieuré de S. Martin des champs de Paris, faite par le roi Henri I. en 1060. BA I I. ALDERIC, Connêtable de France, foufcrivit une charte pour l'abbaye de S. Germain des Prez en 1065. & assista avec le roi & les grands de France à la dedicace de l'église du prieuré de S. Martin des champs, en 1067. B C D I I I. G AUTIER, Connêtable de France, figna la charte de fondation de l'abbaye de I V. A DELELME ou ALEAUME, Connêtable de France, foufcrivit l'acte d'immunité & de franchise, accordée par le roi Philippes I. à l'églife de S. Spire & de S. Loup de Corbeil, le 5. novembre 1071. à la priere de Bouchard, comte de Corbeil, & eft mentionné dans un titre de l'abbaye de S. Pierre le vif de Sens de l'année 1072. |