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Voisin, François Philippe

CANAL DE SUEZ

PAR

VOISIN BEY

INSPECTEUR GÉNÉRAL DES PONTS ET CHAUSSÉES EN RETRAITE ANCIEN DIRECTEUR GÉNÉRAL DES TRAVAUX DE CONSTRUCTION DU CANAL

TOME TROISIÈME

I

HISTORIQUE ADMINISTRATIF

ET

ACTES CONSTITUTIFS DE LA COMPAGNIE

DEUXIÈME PARTIE

PÉRIODE DE L'EXPLOITATION

2o DE 1883 A 1902

PARIS

Vve CH. DUNOD, ÉDITEUR

49, Quai des Grands-Augustins, 49

---

TC

791

V89

V-3

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DEUXIÈME PARTIE

PÉRIODE DE L'EXPLOITATION
(2o DE 1883 A 1902)

PROGRAMME DE LONDRES DU 30 NOVEMBRE 1883
SPÉCIFIANT LES CONDITIONS DÉSIRABLES

POUR L'ADMINISTRATION FUTURE DU CANAL

DOUBLEMENT DU CANAL. NOMBRE DES ADMINISTRATEURS RÉTABLI A 32 ET INTRODUCTION DANS LE CONSEIL DE 7 ADMINISTRATEURS CHOISIS PARMI LES ARMATEURS ET NÉGOCIANTS ANGLAIS. — DÉTAXES SUCCESSIVES SUR LE DROIT STATUTAIRE DE TRANSIT DE 10 FRANCS JUSQU'A RÉDUCTION A 5 FRANCS DE CE DROIT DE TRANSIT.

(1883-1884)

1. Accord provisoire du 10 juillet 1883 entre le Gouvernement anglais et la Compagnie. 1. Origines de l'idée du doublement du Canal maritime. 2. Avis du Contentieux du Gouvernement égyptien sur la question du monopole de la Compagnie. - 23. Vues de la Compagnie sur la question d'établissement d'un second canal. - 4. Accord provisoire du 10 juillet 1883.

II. Discussions dans le Parlement anglais sur l'accord provisoire du 10 juillet 1883. Abandon de cet accord. - 1. Discussions à la Chambre des Communes. - 2. Discussion à la Chambre des Lords.

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III. Accord intervenu dans le Meeting de Londres du 30 novembre 1883 entre la Compagnie et les armateurs anglais. - 21. Rappel sommaire des précédents. 22. Pourparlers entre M. de Lesseps et les armateurs anglais. 23. Procès-verbal du Meeting de Londres. 24. Explications sur les divers articles du programme de Londres données par M. de Lesseps à l'Assemblée générale des actionnaires du 12 mars 1884. 25. Nouvelles explications données à l'Assemblée générale des actionnaires du 29 mai 1884. - 26. Détaxe de 0 fr. 50, décidée en exécution du programme de Londres pour être appliquée à partir du 1er janvier 1893.

I.

Accord provisoire du 10 juillet 1883 entre le Gouvernement anglais et la Compagnie

$ 1.

ORIGINES DE L'IDÉE DE DOUBLEMENT DU CANAL MARITIME

On a vu, précédemment, que la Commission instituée par le Président de la Compagnie à la fin de l'année 1882 pour l'étude du programme des travaux d'amélioration à exécuter au Canal (jusqu'à concurrence d'une dépense de 30 millions) en conformité de la Convention du 21 février 1876, avait, au cours de ses séances et dans sa délibération finale du 9 janvier 1883 où fut arrêté le dit programme, envisagé en même temps le projet de création d'une double voie maritime, dont l'idée avait été émise par les membres anglais de la Commission.

L'idée de la nécessité à prévoir, pour une époque plus ou moins rapprochée, d'une nouvelle et très notable amélioration du Canal, indépendamment des travaux de la Convention de 1876, avait déjà été sommairement indiquée par le Président de la Compagnie dans son rapport à l'Assemblée générale des actionnaires du 6 juin 1882. Le Président, en effet, dans la première partie de ce raport exposant la situation générale de l'entreprise, recommandait aux actionnaires de ne pas oublier, dans leur prospérité, qu'ils devaient au commerce universel l'amélioration de la voie qu'ils avaient ouverte entre les deux mers »; puis, en conclusion, après avoir fait remarquer que les travaux prévus par la Convention de 1876 seraient suffisants pour un trafic de 12 millions de tonnes, double du trafic alors existant, le Président avait annoncé, pourtant, « que l'Administration ne perdrait pas de vue un développement plus grand encore du trafic, et que l'Assemblée pouvait compter sur sa vigilance attentive pour que l'œuvre fùt toujours digne de ceux qui l'avaient exécutée ».

A la suite de la publication de la délibération rappelée ci-dessus du 9 janvier 1883, des nouvelles assez confuses

ENTRE LE GOUVERNEMENT ANGLAIS ET LA COMPAGNIE

furent répandues sur la situation et l'avenir de l'entreprise : Le canal ne devenait-il pas insuffisant, eu égard au développement du transit? Les Anglais ne seraient-ils pas tentés de construire une voie concurrente? Dans le cas où la Compagnie, pour écarter cette idée ou ce projet prendrait les devants et entreprendrait elle-même les travaux, quelle en serait l'importance et la Société ne s'en trouverait-elle pas lourdement grevée ?

Ces nouvelles ne manquèrent pas de peser sur les cours des titres de la Compagnie.

Pour rassurer les actionnaires au sujet de l'idée mise en avant de la nécessité d'une seconde voie maritime entre la Méditerranée et la mer Rouge, M. de Lesseps fit publier, le 22 février 1883, par le journal de la Compagnie, les explications suivantes :

Il serait matériellement impossible de creuser cette nouvelle voie en dehors du thalweg de l'isthme de Suez où la science avait pu réussir à exécuter le Canal maritime universel concédé à la Compagnie.

Or, si l'on reconnaissait la nécessité du creusement d'une seconde voie, à établir dans certaines parties du Canal pour éviter la rencontre ou l'arrêt momentané des navires, la Compagnie l'exécuterait elle-même avec l'approbation des actionnaires réunis en Assemblée générale.

Du reste, les travaux extraordinaires déjà votés par les actionnaires, en vertu d'un accord avec toutes les Puissances maritimes, pour une somme de 30 millions, dont le solde se trouvait être encore de 23 millions, étaient poursuivis suivant un programme ayant prévu l'éventua lité d'une seconde voie parallèle à la première.

En conséquence, contrairement à ce qui avait été dit, les travaux en cours ne deviendraient pas inutiles le jour où le développement du trafic amènerait un pareil doublement de la voie maritime de la Compagnie.

Le 26 avril 1883, le Ministre des Affaires Étrangères de la Grande-Bretagne (Lord Granville) reçut deux députations importantes, l'une composée de délégués des Chambres de Commerce, l'autre représentant le Syndicat des armateurs. Ces deux députations venaient soumettre au Ministre des mémoires «< insistant sur la nécessité de prendre des me

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