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M. le Docteur HAGEL, Délégué d'Autriche-Hongrie, estime qu'il y aurait avantage à insérer dans le paragraphe 6 un nouvel alinéa interdisant l'embarquement des malades à Tor.

M. le Professeur PAGLIANI, Délégué d'Italie, considère cette disposition comme inutile.

M. le Professeur BROUARDEL, Délégué de France, ajoute que l'organisation mème des hôpitaux dans les stations sanitaires comporte nécessairement l'obligation, pour l'autorité sanitaire, de retenir les malades dans ces hôpitaux.

M. MIÉVILLE (Égypte) donne l'assurance que le Conseil sanitaire d'Alexandrie veillera scrupuleusement à l'application d'une semblable mesure.

Le paragraphe 6 de la Section C est adopté par la Conférence, sous le bénéfice des observations qui précèdent.

qui concerne le paragraphe 7 de la Section C, dans la pensée de M. MIÉVILLE, pour faciliter la lecture des dispositions relatives au régime à appliquer, à Tor, aux navires retournant du Hedjaz vers le Nord, il convient que ces dispositions reproduisent in extenso les règles instituées à Camaran pour les navires indemnes lorsqu'il s'agit de la première hypothèse, et, dans le cas de la seconde hypothèse, les règles instituées à Camaran pour les navires infectés avec la modification qui y est apportée par le paragraphe 7 de la Section C, au lieu de se borner à se référer aux règles en question.

M. le Comte DE Kuefstein, Délégué d'Autriche-Hongrie, reconnaît le bien fondé de cette observation. Il ajoute qu'il se propose de signaler à la Commission des voies et moyens quelques légères modifications que comporterait sur un point spécial le régime sanitaire applicable en Égypte d'après la Convention sanitaire de Venise en ce qui concerne les provenances du Nord. Il serait dès lors préférable de réserver la modification proposée par M. Miéville, en ce qui concerne la rédaction actuelle du paragraphe 7 de la Section C, à la Commission des voies et moyens. Le procès-verbal de la présente séance constaterait la demande faite par M. Miéville.

La Conférence se rallie à cette manière de voir et passe à l'examen du paragraphe 8 de la Section C : Mesures sanitaires à appliquer au départ des pèlerins des ports du Hedjaz.

A propos du dernier alinéa de ce paragraphe, qui stipule que la visite médicale et la désinfection obligatoire à terre seront faites à Yambo et à Djeddah

pour les pèlerins embarqués sur les navires se dirigeant vers le Nord, lorsque le choléra règne au Hedjaz, BONKOWSKI PACHA, délégué de Turquie, déclare ne pouvoir accepter cette disposition qu'ad referendum.

M. YACOVLEW, délégué adjoint de Russie, demande quel serait le régime que subiraient à Tor les navires allant vers le Nord, lorsque le choléra n'est pas constaté au Hedjaz, mais existerait au Yémen.

M. le Professeur BROUARDEL fait observer que les communications qui existent entre le Yémen et le Hedjaz ne permettent guère d'envisager l'hypothèse où le Hedjaz serait indemne, quand le Yémen serait atteint par le choléra. Il serait difficile de refuser, à Tor, la libre pratique aux navires indemnes provenant du Hedjaz indemne, parce que le choléra serait constaté au Yémen.

M. MIÉVILLE (Égypte) ajoute que le Conseil sanitaire d'Alexandrie prendra les mesures utiles à l'égard des provenances du Yémen dans le cas où le choléra règnerait.

y

En ce qui concerne le paragraphe 9: Personnel sanitaire et de service pour les stations sanitaires, M. le Docteur THORNE THORNE, Délégué de la Grande-Bretagne, indique qu'il y aurait lieu d'ajouter dans le relevé des conclusions que ce paragraphe n'a été adopté par les représentants de la Grande-Bretagne que sous une réserve relative aux stations sanitaires de Faò et de Mohammerah. Il se propose d'ailleurs de formuler cette réserve dans la prochaine séance.

M. le PRÉSIDENT indique, de son côté, que la réserve que la Délégation des États-Unis a faite sur ce paragraphe n'en constitue pas une à proprement parler, puisqu'elle a déclaré seulement subordonner son acquiescement à la condition que les mesures sanitaires et le personnel chargé de les exécuter dans les différentes stations ne seraient pas sous le contrôle de l'autorité locale.

Après avoir adopté dans son ensemble la Section C, sous le bénéfice des observations énumérées ci-dessus, la Conférence passe à l'examen de la Section D : Surveillance effective des caravanes de pèlerins se dirigeant vers la Mecque et Médine par la voie de terre.

Le vœu que contient ce paragraphe est adopté par la Conférence, la Délégation ottomane s'abstenant d'y prendre part.

M. le Docteur O. SHAKESPEARE, Délégué des États-Unis, déclare, d'un autre côté, qu'il se réserve de formuler des observations générales sur l'ensemble des propositions qui viennent d'être arrêtées par la Conférence, lorsque le projet de Convention aura été préparé.

CONFÉRENCE SANITAIRE.

22

L'examen des propositions de la Commission de la mer Rouge étant clos, M. le PRÉSIDENT demande à M. le Docteur Thorne Thorne, Délégué de la Grande-Bretagne, de fournir quelques renseignements sur les mesures prises dans l'Inde et à Aden à l'égard des pèlerins qui se dirigent vers la mer Rouge.

M. le Docteur THORNE THORNE s'exprime en ces termes :'

« L'Administration de Bombay exige que chaque personne s'embarquant à destination d'Aden, de la mer Rouge, du golfe Persique ou de quelques autres ports, soit soumise à une visite médicale et individuelle faite le médecin du par port, avant que la patente ne soit délivrée.

« Le Gouvernement de l'Inde s'est entendu avec cette Administration pour s'assurer que, quand il y aura à craindre des cas de choléra parmi les pèlerins, une visite spéciale et rigoureuse soit faite avant l'embarquement.

« Le Gouvernement de l'Inde se proposerait, en outre, d'ajouter quelques articles au Native Passengers Act, de manière à donner plein pouvoir au médecin pour empêcher l'embarquement de toute personne qui aurait été en contact avec des malades atteints de germes infectieux. La durée de cet arrêt serait décidée par le médecin lui-même.

«Tout navire partant de l'Inde pour la mer Rouge est obligé de relâcher à Aden, et on a, de plus, décidé, en novembre 1892, d'exiger strictement qu'aucun navire ne puisse quitter ce port sans patente nette.

«S'il y a des cholériques à bord, le navire est obligé de rester à Aden, de débarquer les malades, et de subir un nettoyage et une désinfection.

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D'après une dépêche du 25 mars 1892, on construisait un hôpital pour les cholériques sur une île isolée dans le golfe d'Aden..

«

En 1892, le Gouvernement prescrivait que la patente nette ne fût jamais accordée à Aden qu'après une visite médicale faite à bord par le médecin.

« Un navire à pèlerins ne peut quitter le port de Bombay qu'autant que le capitaine s'est engagé, et deux garants avec lui, à payer, en cas de contravention, une somme dont le maximum est de 5,000 roupies.

« On a décidé aussi, en 1892, de défendre, sans qu'il fût fait de règlement à cet égard, l'embarquement de passagers dépassant le nombre réglementaire, au delà d'Aden, c'est-à-dire dans la mer Rouge. Et l'engagement exigé du capitaine sera libellé de telle manière que l'on ne puisse douter que l'amende est due, que la contravention ait eu lieu ou non dans les eaux anglaises. »

La parole est ensuite donnée, sur sa demande, à M. le Docteur MoÏN-OL-ATebba, Délégué de Perse, pour lire l'exposé suivant :

« Permettez-moi de porter à votre connaissance un projet que m'a suggéré le développement des mesures sanitaires dont nous nous occupons depuis l'ouverture

de cette Conférence. Je n'hésite pas un instant à reconnaître l'utilité des mesures sanitaires que la Conférence propose en ce qui concerne la Perse et je suis heureux de pouvoir affirmer que S. M. I. le Shah a le très vif désir d'améliorer le plus possible le service sanitaire de son Empire ainsi que d'y introduire tous les progrès administratifs que la science européenne lui conseille; mais ici se présente un point fondamental qu'il serait superflu de développer plus longuement devant cette haute Assemblée. Je dois constater seulement avec un profond regret que, par suite d'une foule de circonstances indépendantes de la volonté de notre Gouvernement, la Perse, comme tous les pays d'Asie, est loin de jouir de cette merveilleuse prospérité que des siècles de progrès ont créée en Europe.

En présence de cette différence de situation, il ne serait ni juste, ni même possible de demander immédiatement aux pays d'Orient des sacrifices identiques à ceux que vous avez accomplis au cours de nombreuses années et avec d'immenses ressources.

« Des invasions de choléra malheureusement fréquentes pendant ces dernières années et aussi des perturbations monétaires ont été cause que le budget de la Perse n'est point actuellement en état de faire face aux charges que les réformes proposées par la Conférence ne manqueraient pas de créer dans

notre pays.

«

En ce qui concerne les ressources que S. Exc. M. le comte de Kuefstein a bien voulu indiquer dans son mémoire, je dois dire avec regret qu'elles me paraissent illusoires.

Il est en effet presque impossible de taxer les pèlerins et les transports de cadavres qui se dirigent vers les lieux saints.

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Comme vous le savez, aucun Gouvernement ne saurait toucher en Orient aux susceptibilités religieuses sans créer des dangers que les pays européens ont cessé de connaître. Dans l'état actuel des choses, toute modification aux coutumes religieuses ou locales ne parait malheureusement pas possible.

R

La Perse, d'ailleurs, loin d'être un foyer de choléra, est une des premières victimes du fléau et ce serait pour nos populations déjà si éprouvées un véri

table surcroît d'épreuves que de vouloir leur imposer de nouveaux sacrifices

dont l'Europe profiterait assurément plus largement que nous-mêmes.

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effet

Toute mesure efficace prise par nous pour préserver l'Europe présente en

pour celle-ci un double intérêt sanitaire et financier.

« Le véritable moyen pour arriver au but est indiqué dans la proposition suivante que je me permets de soumettre à votre haute Assemblée à la suite des considérations qui précèdent. « Ce serait de répartir les charges du service sanitaire international à établir en Perse entre les différents proportionnellement à leur population. »

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pays

intéressés et

Ce concours financier du monde civilisé dans un but d'intérêt général et sans peser beaucoup sur vos immenses ressources mettrait la Perse en état de lutter, comme l'Europe, avec plus d'efficacité contre le choléra et lui fournirait la possibilité d'établir à Téhéran un Conseil sanitaire international. Nous pourrions dès lors nous joindre à vous dans cette lutte pour le bien de l'humanité que vous poursuivez avec tant de louables efforts, de justice et de science. J'ajouterai qu'en cas de rejet de la proposition que j'ai eu l'honneur de vous faire, il ne nous serait pas possible d'accéder de notre côté aux desiderata de la Conférence; il ne nous resterait en cela qu'à nous en remettre à la bienveillance de S. M. le Shah, toujours disposée, quand les circonstances le permettent, à favoriser dans son Empire ces réformes adoptées en Europe dont vous avez déjà donné au monde de si nombreux exemples. J'ose espérer, Messieurs, que vous voudrez bien reconnaître le bien fondé de ma demande et que vous voudrez bien adhérer.. y

M. le Professeur BROUARDEL, Délégué de France, fait remarquer que la proposition qui fait l'objet de la communication de M. le Délégué de Perse rentre dans la catégorie de celles que doit examiner la Commission des voies et moyens dont la nomination lui paraît devoir être faite dans la présente séance.

La Conférence s'associe à cette manière de voir.

M. le Comte DE KUefstein, Délégué d'Autriche-Hongrie, dit qu'il se réserve en ce moment de répondre à l'exposé fait par M. le Délégué de Perse, mais il tient à faire ressortir que le mémoire qu'il a soumis précédemment à la Commission du golfe Persique relativement à la question sanitaire en Perse ne contenait aucune proposition de nature à froisser les sentiments religieux. Ce mémoire s'est placé uniquement au point de vue prophylactique et humanitaire. Quant aux ressources financières que ce mémoire visait, elles n'ont été données qu'à titre de simple indication et ne font pas encore l'objet d'une proposition formelle. Il constate que, tout en déclarant illusoires les indications du mémoire, M. le Délégué de Perse en fait, en terminant, la base de sa proposition.

M. le PRÉSIDENT indique que les Commissions relatives au golfe Persique et à la mer Rouge ayant terminé leurs travaux, le moment est venu pour la Conférence de procéder à la nomination de sa troisième Commission, celle des voies et moyens.

Comme cela a été décidé dans la deuxième séance plénière, la nouvelle Commission sera composée de deux membres de chaque Délégation; les autres membres de la Conférence pourront d'ailleurs assister aux séances et prendre part aux discussions..

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