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» découvrir à des infidèles qu'il rencontra dans son chemin, les sacremens du corps de notre Seigneur qu'il portoit, ni jeter les perles devant ces pour» ceaux ». Dieu même l'aida à cacher ce que les infidèles ne devoient pas voir, et «< après qu'ils » l'eurent tué à coups de bâton et à coups de

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pierres, quelque soin qu'ils prissent de cher» cher, ils ne trouvèrent, ni dans ses mains ni » dans ses habits, aucunes parcelles des sacremens » de Jésus-Christ »; mot à mot, rien des sacremens, rien des mystères, NIHIL MYSTERIORUM, NIHIL SACRAMENTORUM, dont on auroit dû naturellement apercevoir les restes et les particules dans ses mains ou dans ses habits, quelque soin qu'il eût pris de cacher ce sacré dépôt. Aussi est-il seulement parlé du corps, quoiqu'on mette au pluriel les mystères, ou les sacremens, que le langage ecclésiastique emploie indifféremment dans les deux nombres.

La réserve sous la seule espèce du pain, n'est pas moins claire dans les Actes des saints martyrs de Nicomédie, Domna et Indes (1). Les magistrats visitèrent « la maison où demeuroit sainte Domne » avec l'eunuque Indes qui la servoit ». On y trouva << une croix, le livre des Actes des Apôtres, deux »> nappes étendues à plate-terre avec une lampe, » un coffre de bois, où ils mettoient l'oblation » sainte qu'ils recevoient; on n'y trouva point » l'oblation qu'ils avoient eu soin de consumer ». L'auteur de la seconde Réponse, effrayé de (1) Ap. Baron. an. 293. vid. Boll. et Mombrit.

cette croix et de cette lampe, dont șa religion ne lui apprend pas l'usage, s'emporte contre Metaphraste, dont il croit que j'ai tiré ce récit ; mais sans approuver le mépris extrême qu'il témoigne pour cet auteur, dont nous avons tant de restes précieux des anciens Actes, et tant de choses où l'on ressent la plus pure antiquité; pour peu qu'il eût pris garde à ce qu'il lisoit, il eût vu que je ne parle en aucune sorte de la longue histoire de ces saints martyrs que l'on trouve chez Metaphraste. Je ne cite que des actes très-courts, trèsanciens, très-purs, où tout respire la piété et la simplicité ancienne, que Baronius a produits, et qui se trouvent dans les bibliothèques. Ces Messieurs ne veulent pas croire ce que j'ai dit (1), que le terme d'oblation sainte, sancta oblatio, et dans les temps un peu plus bas, sancta oblata, au féminin, signifie le corps de notre Seigneur. La chose est pourtant constante. On n'a qu'à ouvrir l'Ordre Romain, les Sacramentaires, et enfin les autres livres de cette nature, vera à toutes les pages, l'oblation sainte, manifestement distinguée du saint calice et du breuvage sacré ; et ceux qui ne voudront pas prendre cette peine, peuvent voir le mot oblata dans le docte dictionnaire de M. du Cange, qui confirme ce que j'avois dit après les maîtres. Si l'on n'est pas satisfait des exemples que l'on y trouvera, je m'offre d'en montrer par centaines. Mais je ne crois pas que des gens instruits m'obligent à cette (1) Traité de la Commun. pag. 460.

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recherche. On ne s'étonnera pas après cela, que ceux qui ont traduit de grec en latin les Actes des saints martyrs, dont nous parlons, aient suivi cet usage ecclésiastique, et qu'ils aient exprimé le corps de notre Seigneur, ou le mot qui se trouvoit dans l'original, par le mot d'oblation sainte, selon le langage de l'Eglise.

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CHAPITRE XIII.

Suite: vie de sainte Eudoxe.

La vie de sainte Eudoxe, vierge et martyre, nous a été donnée par Bollandus, et le manuscrit grec d'où il l'a tirée, a environ mille ans. Nous y trouvons que cette vierge « cherchée par » des soldats au lieu de retraite où elle s'étoit ren» fermée, avant que de se mettre entre leurs » mains, entra dans l'oratoire, et qu'ayant ouvert » le coffret où l'on gardoit le don des restes du >> saint corps de Jésus-Christ, elle en prit une >> particule, qu'elle cacha dans son sein, et qu'en>> suite elle ne craignit pas d'aller avec ceux qui » vouloient l'emmener (1) ». Et un peu après : << Comme les soldats la dépouillèrent, et la mirent » à demi-nue, le saint et vénérable don de Jésus» Christ, c'est-à-dire, la particule de l'Eucha>> ristie tomba de son sein. On la releva, et on l'apporta au président; mais il n'eut pas plutôt (1) Bolland. tom. 1. Mart. pag. 19. vitæ, cap. XII, XIII, 2x Mss. Vatic.

>> approché ses mains du gage sacré qu'il se chan>> gea en feu ». Ainsi voyons-nous dans saint Cyprien, « qu'une femme ayant ouvert d'une main » indigne le coffret où étoit le Saint du Seigneur, » il en sortit une flamme dont elle fut effrayée (1) ». Et encore en ce même endroit, « qu'une autre, qui osa prendre en mauvais état le Saint du >> Seigneur, ne put ni le manger ni le manier, et » ne trouva que des cendres en ses mains »: Nous voyons ici le même coffret, la même chose sainte, le même feu allumé contre les profanateurs de l'Eucharistie. Voilà ce que gardoient les saints martyrs dès le second siècle de l'Eglise. Car sainte Eudoxe souffrit en ce temps-là.

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Voilà ce qu'ils recevoient tous les jours. De ridicules critiques diront peut-être qu'on trouve dans ce récit des mots, et même des choses qui sont nées beaucoup au-dessous de ces premiers siècles, comme, par exemple, le mot asceterium, qui signifie monastère et l'oratoire où l'on gardoit les dons sacrés; mais qu'il y ait eu de tout temps des vierges sacrées qui vivoient dans une extrême retraite, c'est ce qu'on ne peut révoquer en doute. Il ne leur étoit pas difficile de se mettre trois ou quatre ensemble, et même davantage, si elles vouloient, dans une même maison. Encore qu'il n'y eût pas des monastères en forme, comme on en a vus depuis la paix de l'Eglise, il ne faudroit pas s'étonner que les auteurs qui ont tiré ces histoires des anciens Actes, pour (1) De Lapsis, pag. 189.

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mieux faire entendre les choses, se soient servis des mots qui étoient connus de leur temps. C'est ainsi que nous voyons dans les Actes du martyre de saint Boniface, d'une très-grande antiquité, le monastère où Aglaé se retira; et à prendre les choses par le fond, dans l'extrême régularité et l'extrême retraite que gardoient les vierges chrétiennes, pour ne pas dire la plupart des chrétiens, on pourroit plutôt dire que toutes leurs maisons étoient des monastères, que de dire qu'il n'y en avoit point du tout alors. C'est ce qui fait qu'on trouve quelquefois ces mots dans les récits tirés ou traduits des anciens Actes; et ceux qui les rejettent, sous ce prétexte, n'ont aucun goût de la piété ni de l'antiquité chrétienne. Au reste, il n'y auroit rien d'extraordinaire qu'il y ait eu un lieu particulièrement destiné à la réserve de l'Eucharistie, ni qu'on ait donné à ce lieu un nom saint et religieux; mais enfin, quoi qu'il en soit, on ne peut révoquer en doute, après tant d'autorités et tant d'exemples, que la réserve de l'Eucharistie ne se fît sous une seule espèce par toute l'Eglise, dès les premiers temps du christianisme. Nos adversaires n'ont pas pu tout-à-fait nier ce fait décisif. L'auteur de la seconde Réponse nous le passe pour les solitaires, et il a paru clairement qu'il n'y a pas plus de raison de le contester pour les autres. M. de la Roque, qui, après l'avoir établi dans son Histoire de l'Eucharistie, par tant de beaux témoignages, s'est enfin avisé ici de le nier, apporte

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