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jeune homme en état de faire son service. Saint-Denis fut désigné; il fut présenté à l'Empereur qui l'agréa et il prit dès lors le costume de mameluck en même temps qu'il reçut le surnom d'Ali, en souvenir du second mameluck ramené d'Égypte par le général Bonaparte, dont, à cause de ses violences orientales, l'Empereur avait dû se séparer pour l'établir garçon d'appartement d'abord à Lacken, puis à Fontainebleau. Saint-Denis dit Ali était, dans les campagnes, comme en réserve auprès d'une division du service, tandis que Roustam continuait à servir la personne de l'Empereur. Ce fut ainsi qu'il se trouva bloqué à Mayence avec le service dont il faisait partie lorsque l'Empereur partit de Fontainebleau pour l'île d'Elbe. Il l'y rejoignit, fit avec lui toute la campagne de Waterloo « et au plus près ». Il l'accompagna à Sainte-Hélène, où, le 16 octobre 1819, il épousa Mary Hall, née à Birmingham le 5 décembre 1796, gouvernante de Mlle Hortense Bertrand. Il en eut une fille, née en 1820, qui fut tenue sur les fonts baptismaux par le comte de Montholon et la comtesse Bertrand. L'Empereur se fit apporter l'enfant et lui donna en présent « la plus belle de ses chaînes de la Chine » en lui disant << Puisses-tu être aussi heureuse que tu promets d'être jolie! » Cette fille épousa par la suite un M. Fanche.

Saint-Denis, qui avait repris à Sainte-Hélène le costume des valets de chambre français et qui avait été spécialement chargé de la bibliothèque, fut l'objet des legs suivants :

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Revenu en France, après 1821, il se fixa à Sens, où il demeurait audessus du Café de la Comédie. Il fut désigné, en 1840, pour assister à Sainte-Hélène à la translation des restes mortels de l'Empereur et fit partie de l'expédition de la Belle-Poule. Peu après son retour, sa femme mourut, le 4 octobre 1841. Il semble que, postérieurement à 1853, il reçut de l'empereur Napoléon III la décoration de la Légion d'honneur; au moins lui donne-t-on cette qualité sur sa tombe et il faut espérer que cette assertion est plus exacte que celle relative à la date de sa naissance. Il mourut à Sens le 3 mai 1856, ayant, comme on l'a vu, légué à la ville, par testament du 6 juillet 1855, la plupart des souvenirs de l'Empereur qu'il se trouvait posséder - non tous, car sa fille, Mme Fanche, conservait encore des livres, des cartes annotées, une tabatière, des vêtements et du linge de corps provenant de Napoléon.

F. M.

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LE DUC D'ORLÉANS ET LE DUC D'AUMALE EN AFRIQUE (1840)

En représentant à côté l'un de l'autre les ducs d'Orléans et d'Aumale, Philippoteaux a laissé un souvenir caractéristique de la campagne de 1840 en Afrique.

Le duc d'Orléans, le jeune colonel du 1er de houzards du 30 septembre 1824, avait reçu comme lieutenant-général le baptême du feu sur la tranchée ouverte devant la citadelle d'Anvers. L'Afrique l'avait déjà vu deux fois, en 1835 à l'expédition de Mascara, puis en 1839, où, sous les ordres du maréchal Valée, il traversa les Portes-de-Fer à la tête d'une division.

A cette époque, son jeune frère, le duc d'Aumale, venait d'être promu chef de bataillon au 4° léger. Le 1er avril 1840, il était mis à la disposition du maréchal gouverneur de l'Algérie pour accompagner son frère aîné en qualité d'officier d'ordonnance.

Le 3 avril, à 9 heures du matin, les deux frères quittaient les Tuileries; le 13, ils débarquaient à Alger. Le duc d'Orléans prit à Bouffarick le commandement de sa division en marche pour une expédition qui devait nous assurer la possession de la chaîne de l'Atlas. Le 27 avril, la division d'Orléans a le premier contact avec les Arabes; bien que la troupe ait déjà marché douze heures, la division donne avec vigueur. C'est là, au combat de l'Affroun, que le duc d'Aumale est cité à l'ordre de l'armée d'Afrique « pour avoir chargé volontairement à la tête du 1er régiment de chasseurs d'Afrique ». En quittant le camp de l'Affroun, la division d'Orléans se dirige vers l'Oued-Bourkika. Le 1er mai, elle bivouaquait au camp de la Chiffa; de là, elle se rendait au camp de Mouzaïa, en face du col, où eut lieu la concentration des approvisionnements nécessaires à l'occupation projetée de Médéah. Le duc d'Orléans annonçait alors à sa division qu'elle allait franchir l'Atlas.

Le 12 mai, la division d'Orléans eut en effet l'honneur d'enlever le Téniah de Mouzaïa; le plan d'attaque de son chef fut unanimement adopté. Le duc d'Orléans est au centre à la tête des colonnes d'attaque; le duc d'Aumale est pour la seconde fois mis à l'ordre de l'armée «< pour avoir donné son cheval au colonel Gueswiller,

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démonté, et marché, avec les grenadiers du 23, à l'assaut du col de Mouzaïa ». Ce qui n'est pas dit dans l'ordre, c'est qu'il arriva au sommet de l'Atlas au moment même où le drapeau du 23o était planté sur la position.

Après l'affaire du bois des Oliviers et la prise de Médéah, les princes rentraient en France: hélas! le prince royal ne devait plus revoir l'Algérie. Plus heureux, le duc d'Aumale, promu au grade de lieutenant-colonel du 24 de ligne, devait aller le rejoindre en Afrique. Auparavant, le roi lui avait remis la croix de la Légion d'honneur, cette petite étoile si chère au duc d'Aumale, qu'il préférait à tous ses ordres et que, selon sa suprême volonté, il emporta dans la tombe.

Quant au duc d'Orléans, les rapports officiels du maréchal Valée l'avaient à plusieurs reprises signalé pendant la campagne de 1840. A sa rentrée en France, retenu par ses devoirs de prince héritier, il mit l'armée au premier rang de ses occupations, se consacrant plus particulièrement à l'organisation et à l'inspection des troupes. Il attacha son activité trop tôt interrompue à deux créations qui symbolisent son œuvre de prince militaire français : les fortifications de Paris et les chasseurs à pied.

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SCHAKO DE LIEUTENANT-COLONEL DE CHASSEURS A CHEVAL (1836)

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