Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

En 1836, Esmangard, ancien officier de marine, publie «< un avis aux colons »> «< L'affaire, dit-il, n'a pas fait un pas depuis dix ans, il У a eu expropriation de 15,000 familles françaises, sans indemnité. Depuis le 17 avril 1825, le Gouvernement a distribué un million par an à titre de secours, c'est tout ce qu'on obtiendra »>. Cette situation était due à la mauvaise volonté du gouvernement haïtien, qui ne payait pas et adressait d'incessantes démandes de réduction de så dette. Le 27 novembre 1838, le prince de Joinville et l'amiral Baudin sont au Mexique pour la prise du fort de Saint-Jean d'Ulloa. Le prince se détache vers Haïti et adresse au gouvernement haïtien quelques observations pressantes.

Un traité intervient et, le 3 juin 1839, une pétition à la Chambre des députés établit la situation : « La France, dit cette pièce, a fait un traité définitif avec Haïti en diminuant de moitié sa dette. La France, au lieu de 120 millions (d'après une première réduction), consent à ne recevoir que 60 millions et en trente ans. Or, il est dû aux colons 120 millions pour les quatre cinquièmes de l'indemnité primitive qui leur a été allouée (on ne procédait toujours que par acomptes et à titre de secours). Sur 25,838 indemnitaires, 14,000 n'auront à toucher que quelques centimes par an ». En 1840, l'affaire fut réglée à peu près comme vient de l'indiquer cette pétition, mais, après cinquante et un ans de misère, que restait-il des colons émigrés depuis 1789?

On réclame à la Chambre des députés le 23 février 1847; en 1873, on trouve encore une pétition des colons de Saint-Domingue à l'Assemblée nationale et, au budget de 1899, je vois une somme de 2,000 et quelques cent francs inscrite pour l'indemnité de Saint-Domingue.

Dr MAGNAC.

RÉCLAMATION

DES VOLONTAIRES DE FLANDRES POUR AVOIR LE PAS SUR CEUX DE HAYNAULT

EN 1757

Et décision du Roi à cet égard.

Lorsque nous avons écrit pour le Carnet de la Sabretache une courte notice sur les Grassins au sujet du portrait de leur chef qui a figuré à l'Exposition de 1900, nous n'avions pas entre les mains les pièces qui suivent et qui nous ont paru curieuses à reproduire.

Mémoire de MM. les officiers du régiment des volontaires de Haynault, composé du régiment de Grassin et de moitié de celui des Bretons volontaires.

A Monseigneur le comte d'Estrées, commandant en chef l'armée du roy.

Le régiment de Grassin fut formé, le 1er janvier 1744, des six compagnies franches de Dulimont, Romberg, Vandal, Du Bayet et des deux de Bidache. Les trois premières existaient dès l'année 1727'.

Le régiment de la Morlière fut créé à la fin de 1745. Le régiment des volontaires bretons fut levé ensuite.

Après la paix d'Aix-la-Chapelle, la cour réduisit ces trois régiments et en forma un corps sous le nom de volontaires de Flandre, divisé en trois brigades. Chaque brigade conserva son

1. On les trouve mentionnées dans la carte et les divers abrégés du Militaire de France (1732-1740). Ces compagnies formant corps étaient destinées, avec d'autres compagnies franches d'infanterie, de Suisses et de dragons, au service d'éclaireurs et de partisans.

état-major, son uniforme, eut son chef de brigade particulier à qui appartenait la nomination des emplois.

M. de la Morlière eut le commandement du corps entier par son ancienneté de colonel.

Au mois d'avril dernier, la cour a divisé en deux le corps des volontaires de Flandre. La brigade formée du régiment de Grassin, qui a eu ordre de reprendre ses anciens drapeaux et éten- . darts, a formé un régiment; celle de la Morlière qui a repris les siens en a formé un autre. Par l'ordonnance du Roy, l'un des deux régiments doit être nommé les volontaires de Flandre, et l'autre les volontaires du Haynault. M. de la Morlière, nommé colonel de l'un, prit la brigade de son ancien régiment. Il prit aussi le nom de Volontaires de Flandre qui étoit dû à celle des Grassins. M. de Bourgmarye eut celle-cy connue aujourd'hui sous le nom de volontaires de Haynault.

M. de la Morlière prétend aujourd'hui que son régiment ait la droite sur nous et que nos drapeaux suivent les siens, lorsque le contraire a toujours été.

Il allègue que le régiment autrefois Grassin n'existe plus, que les trois régiments furent anéantis (une minute) [sic] pour former le corps des volontaires de Flandre. Comment ce colonel peut-il mettre en avant une pareille raison, puisqu'il se servoit de l'ancienneté du régiment de Grassin pour donner au corps des volontaires de Flandre l'ancienneté sur les volontaires royaux et autres? Si ces trois régiments furent anéantis, le corps des volontaires de Flandre n'auroit dû prendre rang qu'en 1749. Il auroit été le dernier de toutes les troupes du roy.

M. de la Morlière allègue encore que dans l'ordonnance du premier avril qui partage le corps des volontaires de Flandre en deux régiments dont l'un portera le nom de Volontaires de Flandre et l'autre de Volontaires du Haynault, le régiment des volontaires de Flandre est nommé le premier; mais cette ordonnance ne dit pas que c'est le régiment de la Morlière qui portera ce nom; la Cour a vraisemblablement cru que c'étoit le régiment de Grassin comme plus ancien; en outre, c'est l'institution et non le nom qui sert à la préséance des corps.

Nous vous observons, Monseigneur, que la brigade de Bourg

marie, formée du régiment de Grassin, a toujours marché dans le corps des volontaires de Flandre avant celle formée du régiment de la Morlière.

Votre arrangement du rang des troupes d'Autriche avec les nôtres prouve, Monseigneur, que vous scavez mieux que personne qu'il y a des usages qu'il faut respecter. Il est bon que le dernier soldat de l'armée se passionne pour la gloire de son prince, la prospérité de sa patrie et pour l'honneur de son corps. Ces trois sentiments ont peut-être un même principe qu'il ne faut point affaiblir.

Si le régiment que commande M. de la Morlière marche après nous, les choses sont dans l'ordre et personne n'aura sujet de se plaindre; si au contraire ce régiment, qui nous a toujours suivis pendant la dernière guerre, nous précède, nous sommes humiliés. Et que pouvons-nous espérer de nos soldats qui sentent toute la

force de cette mortification?

Nous avons prévenu avec toutes les précautions possibles pendant la route les inconvéniens qui pouvoient s'en suivre d'une prétention si mal fondée, et nous avons espéré, Monseigneur, que vous assignerez à chacun la place que son ancienneté et nos coutumes militaires lui donnent.

Signé BOURGMARYE, DUVIGNEAU, GRANDMAISON, BRANTIGNY,
DELISLE, SUZE, VALIÈRE, DEMAUroy, Dumont de
SIGNÉVILLE, GIBERT, BOUSSONNEL, BORIE DE POMA-
REDE, D'AVERTON D'HUISSEAUX.

Conclusions de Mgr le Maréchal d'Estrées :

Jusqu'à ce qu'il ait plu au roi de régler cette question, ces deux corps auront le pas alternativement pendant quinze jours. A Olsminden, ce 17 juillet 1759.

Signé: L. M. d'Estrées.

De par

le Roy,

Sa Majesté ayant supprimé, par son ordonnance du premier aoust mil sept cent quarante-neuf, le régiment des arquebusiers que commandoit le S Grassin et ceux des fusiliers de la Morlière

et Bretons volontaires, a ordonné en même temps qu'il en seroit tiré ce qu'il y avoit de meilleur tant en hommes qu'en chevaux pour former un nouveau corps sous le titre des volontaires de Flandres, elle auroit jugé à propos de régler par son ordonnance du vingt cinq mars mil sept cent cinquante sept que ce corps seroit séparé pour composer dorénavant deux régimens, l'un sous le titre de volontaires de Flandres, et l'autre sous celui de volontaires de Hainault et voulant régler le rang que ces deux régimens doivent tenir entre eux, elle ordonne que le régiment des volontaires de Flandres qui a été formé le premier aura le rang sur celuy des volontaires de Haynault. Mande et ordonne Sa Majesté aux officiers généraux ayant commandement sur ses troupes de tenir la main à l'exécution du présent ordre.

Fait à Compiègne le premier aoust 1757.

Contręsigné R. DE VOYER.

Notes sur divers officiers cités dans ces pièces.

LOUIS.

Alexis MAGALON DE LA MORLIÈRE, ancien capitaine au régiment de Bourgogne-Infanterie, lieutenant-colonel le 16 décembre 1744, lève par commission le 16 octobre 1745 un régiment de troupes légères de son nom réuni à la paix avec celui des Grassins et les volontaires bretons sous le nom de volontaires de Flandres, brigadier le 27 juillet 1747, maréchal de camp le 10 février 1759, s'est démis de son régiment, a été employé, lieutenant-général le 25 juillet 1762.

N. DE BOURGMARY, brigadier par brevet du 10 mai 1747, s'est retiré en 1758 au château de Fort-Oiseau, près Melun.

DUVIGNAU, ancien capitaine de Béarn, major de la légion du Haynault en 1745; il y a été lieutenant-colonel et s'est retiré à Aiguillon, en Guyenne, en décembre 1759.

GRANMAISON (Thomas-Auguste LE ROY DE), lieutenant de milice en 1735, puis lieutenant à la suite de la compagnie franche des dragons de Jacob, puis de celle de Dumoulin, capitaine dans la cavalerie des Grassins le 1er janvier 1744, chevalier de Saint-Louis en novembre 1746, rang de lieutenant-colonel en 1748, prisonnier de guerre en 1741 et en 1748, capitaine dans la légion de Flandres, à la réforme de 1749, major en 1757, colonel en 1758, enfin brigadier et maréchal de camp en 1762, gouverneur de la citadelle de Cambrai le 1er décembre 1762.

« PrécédentContinuer »