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• LES

PRÉCIEUSES RIDICULES

COMÉDIE

NOUVELTE ÉDITION

AVEC LES VARIANTES, UNE NOTICE SUR LA PIÈCE, LE SOMMAIRE De voltaire,
UN APPENDICE ET UN COMMENTAIRE HISTORIQUE,

PHILOLOGIQUE ET LITTÉRAIRE

PAR

GUSTAVE LARROUMET

Maître de conférences à la Faculté des lettres de Paris

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GARNIER FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

6, RUE DES SAINTS-PÈRES, 6

1903

811

1903

1903

AVERTISSEMENT

MM. Garnier frères ont entrepris, il y a quelques années, la publication d'un choix de pièces du théâtre classique ramenées à l'orthographe primitive. Ils espéraient servir ainsi l'étude historique de notre langue, en même temps que celle de notre littérature, et l'accueil fait à cette tentative leur a prouvé qu'ils ne se trompaient pas. Ils ont cru devoir, cependant, tout en poursuivant cette collection, en entreprendre une seconde, conforme à l'usage ordinaire et satisfaire ainsi les partisans de l'une et l'autre →méthode. J'ai donc adapté à la seconde les trois pièces qu'ils m'avaient confiées, le Cid, Andromaque et les Pré*cieuses ridicules, en conservant de mon premier travail tout ce qui pouvait être conservé et en le complétant au besoin.

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Pour les Précieuses ridicules, j'ai essayé de réunir, à l'usage des élèves, les résultats les plus nets de travaux accumulés par la critique au sujet de Molière. Les éditions de M. Louis Moland et de MM. Eugène Despois et Paul Mesnard renferment des renseignements aussi nombreux que sûrs; j'y ai largement puisé, en profitant des études nouvelles qui justifieront longtemps encore de nouvelles

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éditions, même après celles qui peuvent sembler définitives 1.

Le commentaire est surtout historique et philologique et je me suis abstenu des notes purement admiratives. Ici encore, les renseignements d'histoire théâtrale et les souvenirs de la tradition scénique occupent une grande place. S'ils sont nécessaires à la pleine intelligence de Corneille et de Racine, qui, de même que tous les auteurs dramatiques, écrivaient plus encore pour être joués que pour. être lus, ces renseignements sont indispensables avec Molière, comédien et directeur de troupe, celui de tous les maîtres du théâtre qui le mieux connu la scène, qui la perdait le moins de vue, et qui, on le sait, joignait au soin le plus attentif dans l'interprétation de ses pièces l'indifférence la plus insouciante pour leur publication.

Le texte suivi pour la préface et la pièce est celui de l'édition originale. C'est, en effet, à ce qu'il semble, la seule dont Molière se soit occupé. Les recueils de 1666,. 1673 et 1674, 1676 sont de simples réimpressions dirigées par les seuls libraires. Après la mort de Molière, La Grange et Vinot publient, en 1682, la première édition complète des œuvres du poète, d'après ses manuscrits, autant qu'on en puisse juger, mais avec un certain nombre de changements. En 1734, Marc-Antoine Joly entreprend, sur nou

1. Tous ces travaux sont relevés dans la Bibliographie molièresque, de M. P. LACROIX, publiée en 1875, et que nous citons souvent. Ils sont contrôlés les uns par les autres dans une étude d'ensemble de M. F. BRUNETIÈRE, les Dernières recherches sur la vie de Moli re insérée dans ses Etudes critiques sur l'histoire de la littérature française (1880), et qui est elle-même un travail original. Enfin, pour les travaux publiés postérieurement au moment présent (octobre 1886), on les trouvera signalés dans la revue spéciale, le Moliériste, que publie, depuis le mois d'avril 1879, M. G. MONVAL, archiviste de la Comédiençaise.

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veaux frais, le même travail; s'il se permet trop de liberté avec le texte, il emprunte à la tradition de la ComédieFrançaise un certain nombre d'indications utiles. Il convient donc de reproduire le texte original, comme l'ont fait MM. Despois et Mesnard et de donner en variantes les trois classes de textes postérieurs au premier1. Pour ces variantes, sans aller aussi loin que E. Despois, qui a comparé avec tant de soin les différents textes de Molière et qui relève jusqu'aux moindres particularités qu'ils présentent, j'indique toutes celles qui ont un intérêt quelconque et ne paraissent pas être de simples fautes d'impression.

Les Précieuses ridicules n'ont pas seulement leur valeur propre comme pièce, c'est-à-dire le mérite de l'invention et du style; par le sujet qu'elles traitent, les mœurs qu'elles * peignent, le moment où elles parurent, leur retentissement, leurs effets, elles tiennent étroitement à un vaste et important chapitre d'histoire littéraire, celui de l'esprit précieux au xvIIe siècle; elles en font partie intégrante, et, de même qu'elles servent à l'expliquer, elles ne se comprennent bien que par lui. Je ne pourrais songer à écrire ici, avec le développement qu'elle mérite, l'histoire du précieux; du moins ai-je cru devoir en rappeler les dates et les faits principaux; on les trouvera dans la notice. Pour cette partie de ma tâche, je n'avais que l'embarras du choix; si une histoire complète et sans parti pris du *précieux reste encore à écrire, on formerait toute une petite bibliothèque avec les travaux, souvent de premier ordre, qui lui sont consacrés; ceux de Roederer, de V. Cousin, de Sainte-Beuve, de M. Ch.-L. Livet, de - M. l'abbé Fabre, de M. F. Brunetière méritent entre 1. Voyez la classification qu'E. DESPOIS fait de ces diverses éditions dans l'Avertissement de son Molière, t. I, p. VII-IX.

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