Fables de Krilof

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Henri Plon, 1867 - 288 pages
 

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Page 6 - ... civile. C'était jour de marché, notre homme était pressé, Et lorsque l'intérêt se mêle en quelque affaire, La bête en peut pâtir quand l'homme est tracassé. Ce rustre avait-il tort? Je suis d'avis contraire; Mais j'avouerai que nos oisons Pour juger autrement avaient bien leurs raisons. Harcelant les passants qu'ils trouvaient sur leurs voies. Tous en cris déchirants exhalaient leur douleur : « Fut-il jamais plus grand malheur? Nous traiter ainsi, nous, des oies ! Voyez comme un rustre...
Page 104 - Lorsque sur un seul rang nous nous mettrons en ligne. On obéit à l'âne, et chacun se rangea Par ordre, en ligne droite, ainsi qu'il l'exigea. Le concert recommence, et toujours on détonne. Comment donc en finir ? pour rentrer dans le ton, Où faudra-t-il s'asseoir? Comment se tiendra-t-on? On discute, l'on crie, et chacun déraisonne. Au même instant, un rossignol, Par le bruit attiré, vers eux portait son vol. Autour de lui chacun s'empresse, Le suppliant d'agir en qualité d'expert. « De...
Page 114 - II prend ciseaux, aiguille, et, zeste! il vous retranche Sur chaque bras un quart de manche , Adapte les morceaux à l'endroit déchiré, Et le caftan est réparé. Mais Trichka voit avec surprise Que le quart de ses bras va souffrir de la bise : Bah ! voilà bien de quoi se mettre en grand souci ! Pourtant autour de lui l'on fait maint commentaire. « Je ne suis pas un sot , dit Trichka ; Dieu merci ! J'ai remède nouveau pour arranger l'affaire; Attendez, et je vous promets Que mes manches seront...
Page 121 - S'écrie alors Demiane, et la cérémonie, Chez moi, mon bon chéri, n'est jamais de saison. , Mais tends l'assiette encor : l'oukha n'est pas finie. » Quoique l'oukha d'ailleurs fût son mets favori, L'infortuné Phocas, de frayeur, jette un cri. Saisissant à deux mains chapeau , ceinture et canne , II court chez lui , tout ahuri , Et jamais, depuis lors, il ne revit Demiane.
Page 120 - Mon voisin, mon bijou, mange un peu, je t'en prie ! — Voisin, je n'en puis plus! — Tu veux rire, je crois ; Une assiettée encor t'irait bien, je parie. Vraiment, c'est une soupe à s'en lécher les doigts! — Mais trois fois j'en ai pris! — Ah! bon! voilà qu'il compte! Il suffit de vouloir, on n'en a jamais trop. Fais-toi vivre ! Allons, point de honte ! Va, morbleu ! jusqu'au fond du pot : Mais quelle oukha ! comme elle est grasse ! On dirait qu'on a répandu Sur son jus de l'ambre fondu...
Page 11 - Les secrets du monde inconnu ? » Or, voici le fin mot : la statue était creuse ; Des prêtres, dans ses flancs cachés en tapinois, Prêtaient au dieu muet leur esprit et leur voix : Si c'étaient gens experts, la chance était heureuse; L'oracle aux consultants paraissait très-habile; Mais, si le prêtre était un sot, Le dieu n'était qu'un imbécile.
Page 6 - Capitule ont sauvé les murailles? Rome ordonna (notez ceci!) Qu'on leur consacrerait des fêtes ! — Et vous, dit un passant, vaniteux que vous êtes, Vous voulez pour ce fait qu'on vous honore aussi? — Oui, jadis nos aïeux... — Je sais, j'ai lu l'histoire; Mais vous, qu'avez-vous fait qui soit si méritoire! — Nos aïeux, dans l'antiquité. Nous l'avons dit, ont sauvé Rome ! — Oui, ce point n'est pas contesté; Mais, vous, qu'avez-vous fait, en somme? — Nous? Nous n'avons rien fait....
Page 53 - Bientôt toute une meute en jappant les poursuit. Au bout d'une minute à peine , On en comptait la cinquantaine. Déjà l'un des amis s'est armé d'un caillou. « Eh ! que fais-tu, mon cher? lui dit l'autre, es-tu fou? Tu crois par ce moyen les apaiser sans doute; Mais ils...
Page 5 - Une longue perche à la main, Un manant conduisait des oisons à la ville ; Mais s'il faut parler franc, tout le long du chemin, II traitait son troupeau de façon peu civile. C'était jour de marché, notre homme était pressé, Et lorsque l'intérêt se mêle en quelque affaire, La bête en peut pâtir quand l'homme est tracassé. Ce rustre avait-il tort ? Je suis d'avis contraire ; Mais j'avouerai que nos oisons Pour juger autrement avaient bien leurs raisons. Harcelant les passants qu'ils trouvaient...
Page 115 - J'ai remède nouveau pour arranger l'affaire ; Attendez, et je vous promets, Que mes manches seront plus longues que jamais ! » Ce Trichka n'était point un garçon ordinaire ; Prenant donc la besogne à cœur, En rond de son caftan il raccourcit la robe, Et rend aux manches leur longueur A l'aide des morceaux qu'à la jupe il dérobe. Mon Trichka, tout joyeux, croit son succès complet, Mais il porte un caftan... qui n'est plus qu'un gilet. J'ai vu certains messieurs dont tout le temps se passe...

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