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Les dangers d'une trop longue vie ont toujours été le sujet d'éloquentes et plaintives déclamations, soit en vers, soit en prose:

OVIDIUS.

Inferias hosti peperi! quò ferrea resto?

Quidve moror? quò me servas damnosa senectus? Quo, Di crudeles, nisi quò nova funera cernam, Vivacem differtis anum? 14 Metam., 516.

(Hecuba lugens Polyxenam Achilli mactatam.)

VIRGILIUS.

Tuque, o sanctissima conjux,

Felix morte tud, neque in hunc servata dolorem! Contra ego vivendo vici mea fata, superstes Restarem ut genitor.

Nec vos arguerim, Teucri, nec fœdera, nec quas Junximus hospitio dextras. Sors ista senectæ

Debita erat nostræ.

(Evandrus filium deflens a Turno interemptum.)

JUVENALIS.

11 Æn., 60.

Hæc data pœna diu viventibus, ut, renovatá Semper clade domus, multis in luctibus, inque Perpetuo mœrore, et nigrá veste senescant. [sunt Quanquam animi vigeant sensus, ducenda tamen Funera natorum; rogus adspiciendus amatæ Conjugis, et fratris, plenæque sororibus urnæ.

Longa dies Priamo quid contulit? Omnia vidit
Eversa, et flammis Asiam ferroque cadentem

Optas ætatem si Nestoris, oro parumper Attendas, quantum de legibus ipse queratur

Fatorum, et nimio de stamine; quum videt acris Antilochi barbam ardentem; nam quærit ab omni, Quisquis adest, socio, cur hæc in tempora duret, Quod facinus dignum tam longo admiserit ævo. Hæc eadem Peleus, raptum quum luget Achillem. JUVENALIS, 10 Sat., 231.

Les autres vers de Juvénal sur Marius et Pompée ne sont pas moins beaux. Mais il est temps de remonter à la source de ces idées éminemment philosophiques. Juvénal et les autres poëtes latins n'ont fait que mettre en beaux vers la belle prose de Cicéron sur la trop longue vie de Pompée, qui, étant parvenu au faîte de la gloire et de la puissance, aurait été heureux de succomber à une grande maladie dont il fut attaqué à Naples.

Utrum, si tum esset exstinctus, a bonis rebus, an a malis decessisset? Certe a miseris. Non enim cum socero bellum gessisset, non imparatus arma sumpsisset; non ex Italia fugisset; non, exercitu amisso, nudus in servorum ferrum et manus incidisset. Is, propagatione vitæ, quot, quantas, quam incredibiles hausit calamitates!

Ce

CICERO, I Tuscul., 86 (1).

que Cicéron avait dit de Pompée, Sénèque le dit de Cicéron lui-même :

Cogita, quam multis diutius vixisse nocuerit.

(1) Provida Pompeio dederat Campania febres

Optandas; sed multæ urbes, et publica vota

Vicerunt. Igitur fortuna ipsius, et urbis
Servatum victo caput abstulit.

JUVENALIS, 10 sat.

M. Cicero, si eo tempore, quo Catilinæ sicas devitavit, quibus pariter cum patriá petitus est, concidisset, liberatá republicá, conservator ejus; si denique filiæ suæ funus secutus fuisset, etiam tunc felix mori potuit. Non vidisset strictos in civilia capita mucrones, nec aivisa percussoribus occisorum bona, ut etiam de suo perirent, non hastam consularia spolia vendentem, nec cædes, nec locata publicè latrocinia, bella, rapinas, tantùm CatilinaSENECA, Consolatio ad Marciam, 20.

rum.

Mentis inops, longáque venis confecta senectá. Et vixisse diu nimiùm nocet. OVIDIUS, 6 Met., 38. γῆρας, οἷον τοῖς ἔχουσιν εἶ κακόν !

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EURIPIDE, Phanic, fragm., 5.

Non malè ait Callimachus, multò sæpius lacrymasse Priamum quam Troïlum. CICERO, Tusc. (1).

Plutarque a traduit cette pensée :

Μεῖον γὰρ ὄντως Τρωΐλος γ ̓ ἐδάκρυσεν

* Πρίαμος.

Consolatio ad Apollonium, 113.

HORACE.

Acte 1, scène 3.

CURIACE A CAMILLE.

L'aurait-on jamais cru? Déjà les deux armées,
D'une égale chaleur au combat animées,
Se menaçaient des yeux, et, marchant fièrement,
N'attendaient, pour donner, que le commandement;
Quand notre dictateur devant les rangs s'avance,

(1) Ce vers de Callimaque n'est point parvenu jusqu'à nous.

Demande à votre prince un moment d'audience; Et, l'ayant obtenu : « Que faisons-nous, Romains, « Dit-il, et quel démon nous fait venir aux mains? « Souffrons que la raison éclaire enfin nos âmes : « Nous sommes vos voisins; nos filles sont vos femmes; « Et l'hymen nous a joints par tant et tant de nœuds, Qu'il est peu de nos fils qui ne soient vos neveux.

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« Nous ne sommes qu'un sang et qu'un peuple en deux

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Pourquoi nous déchirer par des guerres civiles, [villes. <«< Où la mort des vaincus affaiblit les vainqueurs, <<< Et le plus beau triomphe est arrosé de pleurs?

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<< Nos ennemis communs attendent avec joie

Qu'un des partis défaits leur laisse l'autre en proie, « Lassé, demi-rompu, vainqueur, mais pour tout fruit, « Dénué d'un secours par lui-même détruit.

<<< Ils ont assez longtemps joui de nos divorces; << Contre eux dorénavant joignons toutes nos forces;

<< Et noyons dans l'oubli ces petits différends

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Qui de si grands guerriers font de mauvais parents. « Que si l'ambition de commander aux autres <«< Fait marcher aujourd'hui vos troupes et les nôtres, « Pourvu qu'à moins de sang nous voulions l'apaiser, « Elle nous unira, loin de nous diviser.

<< Nommons des combattants pour la cause commune.

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Que chaque peuple aux siens attache sa fortune;

« Et, suivant ce que d'eux ordonnera le sort,

«Que le parti plus faible obéisse au plus fort;

<< Mais sans indignité pour des guerriers si braves; Qu'ils deviennent sujets sans devenir esclaves,

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<< Sans honte, sans tribut, et sans autre rigueur [queur. « Que de suivre en tous lieux les drapeaux du vain« Ainsi nos deux États ne feront qu'un empire.

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<«< Si l'on reprocha à Corneille d'avoir pris dans <«<les poëtes espagnols les beautés les plus touchan<«tes du Cid, on dut le louer d'avoir transporté sur « la scène française, dans les Horaces, les morceaux <<< les plus éloquents de Tite-Live, et même de les << avoir embellis. »

(Préface de VOLTAIRE sur Horace.)

« J'ose dire que dans ce discours, imité de Tite<< Live, l'auteur français est au-dessus du romain : il << est plus nerveux et plus touchant. >>

(Note de VOLTAIRE sur ce Discours.)

TITUS LIVIUS.

Lib. I, Historia romanæ, cap. 23.

Metius Suffetius, Albanorum dictator, ad Tullum Hostilium, regem Romanorum.

Injurias et non redditas res ex fodere, quæ repetitæ erant, ego regem nostrum Cluilium causam hujusce esse belli, audisse videor; nec te dubito, Tulle, eadem præ te ferre. Sed, si vera potius quam dictu speciosa dicenda sunt, cupido imperii duos cognatos vicinosque populos ad arma stimulat. Neque rectè an perperam, interpretor; fuerit ista ejus deliberatio, qui bellum suscepit. Me Albani gerendo bello ducem creavere. Illud te, Tulle, monitum volo.

Etrusca res, quanta circa nos teque maxima sit, quò propiores vos, hoc magis scis. Multùm illi

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