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que j'avais fait faire, me faisait espérer de tenir en échec une armée autrichienne.

D'après le nouvel ordre de choses, nous aurions donc pour frontières l'Oglio et un rang de places fortes, telles que Pizzighettone, Crema et Bergame.

Pizzighettone vaut mieux que Mantoue.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

1758. AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Trieste, 11 floréal an V (30 avril 1797).

Les Vénitiens se conduisent tous les jours de plus mal en plus mal; la guerre est ici déclarée de fait; le massacre qu'ils viennent de faire du citoyen Laugier, commandant l'aviso le Libérateur de l'Italie, est la chose la plus atroce du siècle.

Le citoyen Laugier sortait de Trieste; il fut rencontré par la flottille de l'Empereur, composée de 8 à 10 chaloupes canonnières; il se battit une partie de la journée avec elles, après quoi il chercha à se réfugier sous le canon de Venise. Il y fut reçu par la mitraille du fort. Il ordonna à son équipage de se mettre à fond de cale, et lui, avec sa trompe', demanda pourquoi on le traitait en ennemi ; mais, au même instant, il reçoit une balle qui le jette sur le tillac roide mort. Un matelot, qui se sauvait à la nage, fut poursuivi par les Esclavons et tué à coups de rame.

Cet événement n'est qu'un échantillon de tout ce qui se passe tous les jours dans la terre ferme. Lorsque vous lirez cette lettre, la terre ferme sera à nous, et j'y ferai des exemples dont on se souviendra. Quant à Venise, j'ai ordonné que tous les bâtiments de Venise qui se trouvent à Trieste et à Ancône soient sur-le-champ séquestrés ; il y en a ici plusieurs frétés pour l'Amérique, qu'on évalue fort haut, indépendamment d'une cinquantaine d'ordinaires. Je ne crois pas que Lallement trouve de sa dignité de rester à Venise, tout comme M. Quirini à Paris.

Si le sang français doit être respecté en Europe, si vous voulez qu'on ne s'en joue pas, il faut que l'exemple sur Venise soit terrible; il nous faut du sang; il faut que le noble amiral vénitien qui a présidé à cet assassinat soit publiquement justicié.

M. Quirini cherchera à intriguer à Paris; mais les faits et la trahison infàme des Vénitiens qui voulaient assassiner les derrières de farmée, pendant que nous étions en Allemagne, sont trop notoires.

1 Porte-voix.

Je compte qu'ils ont en ce moment-ci assassiné plus de quatre cents de nos soldats; et cependant il n'y a jamais eu en terre ferme plus de troupes vénitiennes, et cependant ils l'ont inondée de leurs Esclavons. Ils ont essayé de s'emparer de la citadelle de Vérone, qui, encore dans ce moment-ci, se canonne avec la ville.

Le Sénat m'a envoyé à Gratz une députation; je l'ai traitée comme elle le méritait. Ils m'ont demandé ce que je voulais; je leur ai dit de mettre en liberté tous ceux qu'ils avaient arrêtés : ce sont les plus riches de la terre ferme, qu'ils suspectent être nos amis parce qu'ils. nous ont bien accueillis; de désarmer tous les paysans; de congédier une partie de leurs Esclavons, puisqu'un armement extraordinaire est inutile; de chasser le ministre d'Angleterre qui a fomenté tous les troubles et qui est le premier à se promener le lion de Saint-Marc sur sa gondole, et la cocarde vénitienne qu'il porte depuis qu'ils nous assassinent; de remettre dans nos mains la succession de Thiéry, qui est évaluée à vingt millions; de nous remettre toutes les marchandises appartenant aux Anglais : leur port en est plein; de faire arrêter ceux qui ont assassiné les Français, ou du moins les plus marquants

des nobles vénitiens.

Tout à l'heure je pars pour Palmanova, de là pour Trévise, et de là pour Padoue.

J'aurai tous les renseignements de tout ce qui a été commis pendant que nous étions en Allemagne; je recevrai également les rapports de Lallement sur l'assassinat de Laugier.

Je prendrai des mesures générales pour toute la terre ferme, et je ferai punir d'une manière si éclatante qu'on s'en souviendra une autre fois.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

1759. A MESSIEURS LES ENVOYÉS DU SÉNAT DE VENISE. Quartier général, Trieste, 11 floréal an V (30 avril 1797).

Je n'ai lu qu'avec indignation, Messieurs, la lettre que vous m'avez écrite relativement à l'assassinat de, Laugier. Vous avez aggravé l'atrocité de cet événement, sans exemple dans les annales des nations. modernes, par le tissu de mensonges que votre Gouvernement a fabriqués pour chercher à se justifier.

Je ne puis pas, Messieurs, vous recevoir; vous et votre Sénat êtes dégouttants du sang français. Quand vous aurez fait remettre en mes mains l'amiral qui a donné l'ordre de faire feu, le commandant de la tour et les inquisiteurs qui dirigent la police de Venise, j'écou

terai vos justifications. Vous voudrez bien évacuer dans le plus court délai le continent de l'Italie.

Cependant, Messieurs, si le nouveau courrier que vous venez de recevoir était relatif à l'événement de Laugier, vous pourriez vous présenter chez moi.

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Quartier général, Palmanova, 11 floréal an V (30 avril 1797).

Le sang français a coulé dans Venise, et vous y êtes encore! Attendez-vous donc qu'on vous en chasse? Les Français ne peuvent plus se promener dans les rues, ils sont accablés d'injures et de mauvais traitements, et vous restez simple spectateur! Depuis que l'armée est en Allemagne, on a, en terre ferme, assassiné plus de quatre cents Français, on a assiégé la forteresse de Vérone, qui n'a été dégagée qu'après un combat sanglant, et, malgré tout cela, vous restez à Venise! Quant à moi, j'ai refusé d'entendre les députés du Sénat, parce qu'ils sont dégouttants du sang de Laugier, et je ne les verrai jamais qu'au préalable ils n'aient fait arrêter l'amiral et les inquisiteurs qui ont ordonné ce massacre, et ne les aient remis entre mes mains. Je sais bien qu'ils chercheront à faire tomber la vengeance de la République sur quelques misérables exécuteurs de leurs atrocités, mais nous ne prendrons pas le change.

Faites une note concise et digne de la grandeur de la nation que vous représentez et des outrages qu'elle a reçus; après quoi, partez de Venise et venez me joindre à Mantoue.

Ils n'ont rien exécuté de ce que je leur ai demandé. Ce sont tous les prisonniers qu'ils ont faits depuis que l'armée française est en Italie qu'ils devraient relàcher, et non pas un seulement, ainsi qu'ils l'ont fait.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

1761.AU GÉNÉRAL BERNADOTTE.

I

J'ai chargé le commandant Bourdé, commandant la force maritime de la mer Adriatique, et qui est en station à Trieste, de faire reconnaître la position d'un bâtiment de guerre vénitien que mon

1 Présumée de Palmanova, 11 floréal an V (30 avril 1797).

intention serait d'enlever à l'abordage. Vous voudrez bien, en conséquence, faire partir pour Trieste 300 grenadiers pour embarquer sur nos cinq frégates; après quoi, vous vous rendrez vous-même à Trieste, et vous concerterez cette opération avec le commandant Bourdé et le capitaine Sibille; et si, après tous les renseignements que vous aurez et le rapport que vous en fera le commandant Bourdé, vous êtes l'un et l'autre dans l'opinion que cette opération puisse réussir, vous donnerez tous les ordres pour séquestrer ce vaisseau. Il faut bien prendre garde, pendant ce temps-là, que les batiments vénitiens qui sont dans le port ne s'en aillent. Vous ferez également à Trieste placer tous ces bâtiments dans un port séparé, afin qu'ils n'aient aucune communication avec le reste, et qu'on ne puisse rien soustraire des marchandises qu'ils contiennent.

Comm. par S. M. le Roi de Suède.

BONAPARTE.

1762. AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

--

Quartier général, Palmanova, 12 floréal an V (1er mai 1797).

Je reçois à l'instant des nouvelles de la République cispadane. Les choix ont été fort mauvais. Les prêtres ont influencé toutes les élections; des cardinaux et des évêques sont venus exprès de Rome pour diriger les choix du peuple; ils voient bien que leur salut ne dépend plus que de leur influence dans le Corps législatif.

La République cispadane, comme la Lombardie, a besoin d'un gouvernement provisoire pendant trois ou quatre ans, pendant lesquels on cherchera à diminuer l'influence des prêtres; sans quoi, vous n'aurez rien fait en leur donnant la liberté. Dans les villages, ils dictent des listes et influencent toutes les élections. Mais, conformément à vos ordres et aux traités, je vais commencer par réunir, sous un même gouvernement provisoire, la Lombardie et la Cispadane; après quoi je prendrai des mesures qui se concilient avec leurs mœurs, pour y diminuer l'influence des prêtres et éclairer l'opinion.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

1763.AU GÉNÉRAL AUGEREAU.

Quartier général, Palmanova, 12 floréal an V (1er mai 1797).

Le général en chef ordonne au général de division Augereau de partir de Milan, en poste, pour se rendre le plus promptement pos

1

sible à Vérone, et y prendre le commandement général de tout le Véronais. Il recevra des instructions du général en chef.

En attendant sa division, qui est encore à Klagenfurt et qui recevra bientôt des ordres de rentrer dans le Véronais, le général Augereau commandera toutes les troupes qui se trouvent dans le Véronais et celles qui y arriveront successivement.

Dépôt de la guerre.

1764.

Par ordre du général en chef.

A MESSIEURS FRANCESCO DONATO ET LEONARDO
GIUSTINIANI, DÉPUTÉS DU SÉNAT DE VENISE.

Mestre, 13 floréal an V (2 mai 1797).

Le général en chef de l'armée française en Italie, Bonaparte, me charge, Messieurs, de vous faire connaître que, quoique vous soyez munis des pleins pouvoirs du grand Conseil, il ne peut pas entrer en pourparlers avec vous sur les différends qui divisent la République française et la République de Venise, si, au préalable, le grand Conseil ne fait arrêter et punir d'une manière exemplaire les trois inquisiteurs qui n'ont cessé de persécuter tous les Vénitiens qui ont accueilli les Français. Le général en chef les trouve les véritables instigateurs des assassinats qui se sont commis sur la terre ferme, où plus de cinq à six cents Français ont péri, làchement assassinés.

Laugier, et ses malheureux compagnons, qui ont été assassinés dans votre port même et sous les yeux de votre Gouvernement, excitera parmi le peuple français un mouvement d'indignation que votre grand Conseil même doit partager.

Le général en chef Bonaparte exige que vous fassiez arrêter le grand amiral qui, de sa galère, a donné le signal de l'assassinat, et que par une punition proportionnée au crime qu'il a commis, la République française soit convaincue du cas que vous faites d'elle.

Le général en chef me charge de vous mander, Messieurs, qu'au surplus il donne des ordres pour qu'il ne soit fait aucune hostilité contre la République de Venise pendant quatre jours, à compter de demain.

Bibliothèque impériale.

Par ordre du général en chef.

1765. AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Quartier général, Palmanova, 13 floréal an V (2 mai 1797).

Je vous envoie ci-joint, mon cher Général, un manifeste relatif aux Vénitiens. Vous voudrez bien faire en sorte qu'il y en ait mille

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