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PANDOLF E.

Eft-ce jeu, dites-nous, ou bien fi c'eft folie,
Qui traite de défunt une perfonne en vie?
ANSEL ME.

Hélas! vous êtes mort, & je viens de vous voir.
PANDOLFE.

Quoi? j'aurois trépaffé fans m'en appercevoir ?
ANSEL ME.

Si-tôt que Mafcarille en a dit la nouvelle,
J'en ai fenti dans l'ame une douleur mortelle.
PANDOLF E.

Mais enfin dormez-vous? êtes-vous éveillé ?
Me connoiflez-vous pas ?

ANSELM E.

Vous êtes habillé

D'un corps aérien qui contrefait le vôtre;
Mais qui dans un moment peut devenir tout autre.
Je crains fort de vous voir comme un géant grandir,
Et tout votre vifage affreufement laidir.

Pour Dieu, ne prenez point de vilaine figure;
J'ai prou de ma frayeur en cette conjoncture.
PANDOLF E.

En une autre faifon, cette naïveté
Dont vous accompagnez votre crédulité,
Anfelme, me feroit un charmant badinage,
Et j'en prolongerois le plaifir davantage :
Mais avec cette mort un tréfor fuppofé,
Dont parmi les chemins on m'a défabufé,
Fomentent dans mon ame un foupçon légitime.
Mafcarille eft un fourbe, & fourbe fourbiffime,
Sur qui ne peuvent rien la crainte & le remords,
Et qui pour les deffeins a d'étranges refforts.

ANSELM E.

M'auroit-on joué piéce, & fait fupercherie?
Ah! vraiment, ma raifon, vous feriez fort jolie!
Touchons un peu pour voir: en effet c'eft bien lui.
Malepefte du fot que je fuis aujourd'hui !

De grace, n'allez pas divulguer un tel conte;
On en feroit jouër quelque farce à ma honte:

Mais, Pandolfe, aidez-moi vous-même à retirer
L'argent que j'ai donné pour vous faire enterrer.
PANDOLFE,

De l'argent, dites-vous? ah! voilà l'enclouûre,
C'eft-là le noeud fecret de toute l'avanture;
A votre dam. Pour moi, fans me mettre en fouci,
Je vais faire informer de cette affaire-ci

Contre ce Mafcarille; & fi l'on peut le prendre,
Quoi qu'il puiffe coûter, je veux le faire pendre.
ANSELME feul.

Et moi, la bonne dupe à trop croire un vaurien
Il faut donc qu'aujourd'hui je perde & fens & bien ?
Il me fied bien, ma foi, de porter tête grife,
Et d'être encor fi promt à faire une fottife;
D'examiner fi peu fur un premier rapport....
Mais je voi....

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A ce que je puis voir, votre douleur vous quitte?

LE LIE.

Que dites-vous? Jamais elle ne quittera
Un cœur qui chèrement toujours la gardera.

ANSEL ME.

Je reviens fur mes pas, vous dire avec franchise, Que tantôt avec vous j'ai fait une méprife;

12

Que parmi ces louis, quoiqu'ils paroiffent beaux,!
J'en ai, fans y penfer, mêlé que je tiens faux,
Et j'apporte fur moi de quoi mettre en leur place.
De nos faux monnoyeurs l'insupportable audace

Pullule en cet Etat d'une telle façon,

Qu'on ne reçoit plus rien qui foit hors de foupçon: Mon Dieu, qu'on feroit bien de les faire tous pendre! LELIE.

Vous me faites plaifir de les vouloir reprendre: Mais je n'en ai point vâ de faux, comme je croi. ANSEL ME.

Je les connoîtrai bien, montrez, montrez-les-moi, Eft-ce tout?

Et vous,

Oui.

LELIE.

ANSEL ME.

Tant mieux. Enfin je vous racroche,
Mon argent bien-aimé, rentrez dedans ma poche:
mon brave efcroc, vous ne tenez plus rien.
Vous tuez donc les gens qui fe portent fort bien?
Et qu'auriez-vous donc fait fur moi chétif beau-pere?
Ma foi, je m'engendrois d'une belle maniere,
Et j'allois prendre en vous un beau-fils fort difcret:
Allez, allez mourir de honte & de regret.
LELIE feul.

Il faut dire j'en tiens. Quelle furprise extrême?
D'où peut-il avoir fçû fi-tôt le ftratagême ?

**********

SCENE VII.

**********

LELIE, MASCARILLE.

MASCARILL E.

Quoi? vous étiez forti? je vous cherchois par tout.

Hé bien? en fommes-nous enfin venus à bout? Je le donne en fix coups au fourbe le plus brave. Cà donnez-moi que j'aille acheter notre efclave; Votre rival après fera bien étonné.

LELIE.

Ah! mon pauvre garçon, la chance a bien tourné

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Pourrois-tu de mon fort deviner l'injustice?

MASCARILLE.

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Anfelme inftruit de l'artifice

M'a repris maintenant tout ce qu'il nous prêtoit,
Sous couleur de changer de l'or que l'on doutoit.

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Tout de bon; j'en fuis inconfolable.
Tu te vas emporter d'un courroux fans égal.
MASCARILL E.

Moi, Monfieur? Quelque fot, la colere fait mal,
Et je veux me choyer, quoi qu'enfin il arrive.
Que Célie, après tout, foit ou libre ou captive,
Que Léandre l'achette ou qu'elle refte là,
Pour moi, je m'en foucie autant que de cela.
LELIE.

Ah! n'aye point pour moi fi grande indifférence,
Et fois plus indulgent à ce peu d'imprudence.
Sans ce dernier inalheur, ne m'avoueras-tu pas
Que j'avois fait merveille, & qu'en ce feint trépas
J'éludois un chacun d'un deuil fi vrai-femblable,"
Que les plus clair-voyans l'auroient crû véritable.

MASCARILLE.

Vous avez en effet fujet de vous louer.

LELIE.

Hé bien, je fuis coupable, & je veux l'avouer;
Mais, fi jamais mon bien te fut confidérable,
Répare ce malheur, & me fois fecourable.

MASCARILLE.

Je vous baife les mains; je n'ai pas le loifir.

LE LIE.

Mafcarille, mon fils.

-MASCARILLE.
Point.

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LELIE.

Tu n'auras pas regret de m'arracher la vie?

MASCAR IL LE. GD

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